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ESDRAS; prêtre et docteur de la loi ancienne; il était fils de Saraïas, souverain ponlife des Juifs, que Nabuchodonosor fit mourir pendant la captivité des Hébreux à Babylone. Il gagna les bonnes grâces du roi Artaxerxès Longue-Main, et disposa ce prince à rendre la liberté à ses compatriotes. Artaxerxès, en renvoyant les Juifs dans lear patrie, leur donna Esdras pour chef; et, pour témoigner de plus en plus l'estime qu'il avait pour ce grand homme, il donna de rithes présents pour le temple, el commanda aux gouverneurs des provinces voisines de fournir aux Juifs tout ce dont ils auraient besoin pour l'exercice de leur religion et la solennité du culte divin. Esdras, de retour à Jerusalem, exhorta ses compatriotes à rompre les mariages illégitimes qu'ils avaient ntractés pendant leur captivité; et, pour leur rappeler le souvenir des fautes qu'ils avaient commises, il fit une lecture du livre de la loi, en présence de tout le peuple assemblé, qui témoigna son repentir par ses larmes. L'action la plus mémorable d'Esdras est la révision des livres saints, qu'il rétablit dans leur pureté originale, en corrigeant les fautes qui s'y étaient glissées par la Deligence des copistes. Il substitua les caractères chaldéens auxquels les Juifs s'éLaient accoutumés pendant leur captivité, aux caractères dont ils se servaient auparaFan, et qui maintenant sont connus sous le Don de Samaritaios. Il compusa lui-même T'histoire du retour de la captivité, qui comprend un espace de 82 ans. Cet ouvrage est a nombre des livres canoniques de l'Antien Testament. Il y a deux livres qui porlent le nom d'Esdras; il n'est l'auteur que du premier; le second a été composé par Nehemie. On trouve aussi dans les Bibles des livres qui portent le nom de troisième et de quatrième d'Esdras, qui ont plusieurs fois éte ciles par les anciens Pères; mais l'Eglise ne les reconnaît pas pour authentiques.

ÉSES, dieux adorés par les Tyrrhéniens, el qui présidaient au bon destin. Leur nom tient de aloa, sort.

ESKÉNANE, les enfers ou plutôt le pays des ames, suivant la croyance des Mingwés, peuple de l'Amérique septentrionale, plus Connu en Europe sous le nom d'Iroquois. Comme tous les indigènes du NouveauMonde, les Mingwés pensaient que l'âme accomplissait, après sa séparation d'avec le torps, un voyage long et périlleux, à travers des regions inconnues. Si elle avait mal vécu For la terre, elle arrivait dans un pays stéle, où elle était condamnée à souffrir éterDellement les tortures de la fam et de la soif; si au contraire elle avait bien vécu, e le trouvait une contrée délicieuse où l'attendaient d'éternelles fetes. Ce pays des âmes Bail gouverné par Faroniawagon et par son aleule Ataensik.

l'antique Orphée, arrachant à la mort son épouse Eurydice; nous la rapportons ici tout entière, tant parce qu'elle est bien propre à faire connaître ce qu'ils entendaient par le pays des âmes, que pour donner une idée du style et des conceptions de ces peuples réputés barbares.

Un jeune Mingwé, appartenant à la famille de la Grande-Tortue, avait une sœur nommée le Petit-Epi, qu'il aimait par-dessus toute chose. A la vérité, nulle jeune fille n'était aussi habile qu'elle à cultiver le maïs, à préparer les peaux, à orner les bottines de chevreuil avec le poil du porc-épic : elle était en outre si belle, que les chefs de trois villages avaient voulu répudier leurs femmes pour l'épouser; mais le Petit-Epi se trouvait heureuse près de son frère, qui était un bon chasseur et un grand guerrier.

Cependant la maladie tomba sur le village, et la jeune fille fut atteinte une des premières. Son frère partit en vain pour lui rap porter de la chair d élan, le Petit-Epi avait perdu la faim; elle res ait la tête appuyée sur son bras replié comme un faon que la flèche a blessé. On appela les Agotsinochen (voyants), pour deviner ce qui rendait le Petit-Epi malade; mais ils ne purent le dé couvrir, et la belle jeune fille mourut. Le frère fut désespéré de cette perte. Il plaça dans la tombe du Petit-Epi ce qu'il avait de plus précieux en colliers, en ornements, en fourrures; puis il part.t pour la guerre, espérant se consoler en enlevant beaucoup de chevelures anx Leni-Lenapés.

Mais le souvenir de sa sœur lui revenait sans cesse. Il comprit qu'il ne pouvait vivre, s'il ne parvenait à la faire revenir sur la terre, et il supplia son okki de lui révéler les moyens de la retrouver. L'okki lui envoya un rêve par lequel il lui conseillait de s'adresser à un célèbre solitaire nommé Sononkwiretsi, ou la Longue-Chevelure. Le jeune Mingwé se rendit à sa cabane, lui exposa son désir, et, après avoir reçu ses instructions, il partit pour l'Eskénane.

Il marcha plusieurs mois vers l'ouest, trouvant à chaque pas des difficultés nouvelles qu'il put cependant surmonter, grâce aux avertissements de la Longue-Chevelure. Enfin, il arriva à une rivière qu'il fallait traverser sur une liane; encore ce pont était-il gardé par un chien terrible qui s'efforçait de précipiter dans l'onde ceux qui tentaient le passage. Mais le Mingwe avait pris ses précautions: au moment où il arriva au bord de la rivière, il lâcha tout à coup une martre que le chien se mit à poursuivre, et il profita du moment pour franchir le pont.

I rencontra ensuite la cabane du génie charge de conserver les cerveaux des morts; il lui fit présent d'une provision de pémican (1) qu'il avait apporté, et l'esprit reconnaissant lui donna une gourde pour renfermer l'âme du Petit- Epi. Enfin, peu de jours après, il aperçut une campagne ravissante parcourue par les âmes de toutes les bêtes

Outre ce rapport général de l'Eskenane avec les enfers des anciens Grecs, les MingWes ont une tradition qui rappelle celle de (1) Viande séchée au soleil, puis pilée et couverte de graisse fondue. Elle sert de provision pour les longs voyages.

fauves qui s'étaient successivement séparées de leurs formes dans le monde des vivants. Bientôt il entendit de loin le son du tambour et du chichikwé (1) qui marquaient la cadence pour la danse des âmes. Et, entraîné à l'instant par une sorte de charme tout-puissant, il se mit à courir vers le lieu où retentissait cette musique fascinante. A son aspect trois âmes se séparèrent de la ronde et viurent, selon l'usage, pour le recevoir; mais, en reconnaissant un vivant, elles s'enfuirent épouvantées

Il arriva donc seul à la demeure d'Ataensik c'était une cabane tapissée de fourrures précieuses et de colliers apportés par les morts. Le jeune Mingwé y trouva le dieu Taroniawagon assis près de son aïeule, et il leur dit : « Vous qui êtes des esprits, vous devez savoir pourquoi je suis venu vers vous du pays des vivants. Un grand oiseau noir a plané sur le village des Mingwés, et le vent de ses ailes a fait tomber les guerriers et les jeunes filles, comme les feuilles des arbres tombent à la lune des amours de l'élan (octobre). Ma sœur, le Petit-Epi, a été déposée dans la terre après beaucoup d'autres, et, de puis ce temps, mon âme est malade. Permettez donc, esprits des morts, qu'elle revienne avec moi au pays des Mingwés. Voici un collier que je vous offre pour ouvrir vos bras dans lesquels vous retenez le Petit-Epi, puis un second pour lier vos pieds, afin que vous ne puissiez la poursuivre, puis un troisième pour essuyer vos yeux, si vous pleurez son départ.» Taroniawagon et Ataensik répondirent : « Voilà qui est bien. Tu peux emmener le Petit-Epi. »

Cependant la vieille voulut auparavant offrir un festin au jeune Mingwé, et elle lui servit sous différentes formes des serpents dont le poison l'eût infailliblement tué, si Taroniawagon ne l'eût averti de n'en point manger. Le jeune homme s'approcha ensuite des ames qui dansaient sous les arbres; il se cacha derrière le feuillage, et, aidé par Taroniawagon, il surprit sa sœur au moment où elle passait près de lui, et l'enferma dans la calebasse qu'il avait apportée. Il reprit aussitôt la route du pays des vivants. Mais il avait tant de hâte d'y arriver qu'il oublia de redemander, en passant, au génie précédemment rencontré, le cerveau du Petit-Epi.

11 atteignit enfin son village, où il annonça le succès de son entreprise. Toute la tribu se réunit pour déterrer le corps de la jeune fille et y faire rentrer l'âme avec les cérémonies que Taroniawagon avait indiquées au Mingwé. Tout était prêt pour cette résurrection, lorsque le jeune homme, poussé par une curiosité irrésistible, voulut voir si l'âme se trouvait bien toujours dans la calebasse magique il entrouvrit celle-ci; mais au même instant, l'âme captive, se sentant libre, s'en. vola, et le voyage du Mingwé se trouva ainsi rendu inutile. Il ne rapporta d'autre avantage de son entreprise que celui d'avoir été à l'Eskénane, et d'en pouvoir donner des

(1) Calebasse dans laquelle sont enfermés de petits

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nouvelles sûres, qui ont été transmises à la postérité.

L'Eskénane semble calqué sur l'enfer des Grecs et des Latins; on y retrouve les lieux de plaisir et le séjour des souffrances; Taroniawagon et Ataensik rappellent Pluton et Proserpine. On y trouve également un fleuve infernal et le chien Cerbère. La légende da Mingwé a des rapports frappants avec l'Or phée grec. Dans les deux mythes, c'est l'a mour (conjugal ou fraternel) qui conduit un vivant dans l'empire des morts; c'est l'éloquence de sa prière qui touche les dieux infernaux; c'est sa curiosité impatiente qui rend inutile ce qu'il avait obtenu.

ESMUN, un des Cabires Phéniciens, le troisième des enfants de Sydyket d'une Titanide. Sanchoniaton et Damascius le confon dent avec Asclepius ou Esculape. Damascius dit que « c'était un jeune homme d'une si grande beauté, qu'Astronoé, reine de Phénicie, mère des dieux, soupira pour lui. Mais celui-ci, qui ne prenait plaisir qu'à tendre des piéges aux animaux des forêts, s'apercevant que la déesse lui en tendait à lui-même, et qu'il ne pouvait lui échapper par la fuite, se rendit eunuque d'un coup de hache. Astronoé, affligée de cet événement, lui donna le titre de Paan; et lui ayant rendu sa chaleur vivifiante, le mit au rang des dieux. C'est à cause de cette chaleur vitale qu'il fut appelé Esmun par les Phéniciens; quoique d'autres pensent que ce fut parce que ce mot signifie huitième, et que ce nom lui fut donné à cause qu'il était le huitième fils de Sydyk. C'est lui qui portait la lumière au milieu des ténèbres. » Le nom d'Esmun est en effet un mot oriental, qui peut signifier huitième comme l'observe Damascius (en hébreu,

haschmini, huitième). Il peut aussi avoir la signification de feu vital, car la première syllabeesch veut dire le feu dans les langues de l'Orient, el a schemen est le nom du ciel

ESPERANCE. 1. Les Grees en avaient fait une divinité qu'ils appelaient Elpis. Les Romains la révéraient pareillement, et lui avaient érigé plusieurs temples. Ils lui offraient des sacrifices le 5 du mois d'août. Les poeles la supposaient sœur du Sommeil qui sus pend nos peines, et de la Mort qui les finit. Pindare l'appelle la nourrice des vieillards. On la représentait sous la figure d'une jeune nymphe, à l'air serein, souriant avec grace, couronnée de fleurs naissantes qui annon◄ cent des fruits, et tenant à la main un bouquet de ces mêmes fleurs. On lui affectait la couleur verte, comme emblème de la ver dure nouvelle qui présage la récolte des grains

2. L'Espérance est, dans le christianisme, la seconde des trois vertus théologales. Elle nous fait espérer en Dieu, c'est-à-dire meltre notre confiance dans ses bontés et dans ses promesses. Les iconologistes la personnifient sous la figure d'une jeune fille, appuyée sur cailloux.

une anere de navire et les yeux levés vers le ciel. Foy. VERTUS THÉOLOGALES.

ESPRIT (SAINT-). C'est la troisième personne de la sainte Trinité, qui, selon la trovance de l'Eglise catholique, procède, par toie de spiration, du Père et du Fils, ne fait avec eux qu'une seule et même divinité et leur est égale en toutes choses. Ces vérités sont appuyées sur plusieurs passages de l'Ecriture et sur la tradition. Le concile de Nicée n'avait pas insisté ex professo, dans son symbole, sur la divinité du Saint-Esprit, parce qu'alors cela n'était pas nécessaire ; cela donna lieu à quelques hérétiques, comme les pneumatomaques et les macédoniens de soutenir que le Saint-Esprit n'était pas Dieu; mais ils furent condamnés par plusieurs conciles. Cette erreur a été renouvelee par ceux d'entre les protestants qui prennent la qualification d'unitaires. Voy. ce

mol.

Quant à ce qui regarde la procession du Saint-Esprit, il était dit seulement dans le Symbole du concile de Constantinople, que le Saint-Esprit procède du Père; sur quoi on jugea à propos d'ajouter, dans le premier concile de Tolède, tenu en 400, qu'il procède aussi du Fils, Filioque. Cette addition fut reçue dans toutes les Eglises d'Occident, comme une explication utile des paroles du concile de Constantinople, dont la trop grande brièveté pouvait exciter des disputes; car la croyance générale de l'Eglise avait toujours été que le Saint-Esprit procède également du Père et du Fils. Cependant les Grecs trouvèrent mauvais qu'un concile eût fait des additions aux définitions d'un concile precedent, et soutinrent que cela n'était pas permis. Photius, patriarche de Constantinople, saisit avidement ce prétexte pour exciler le schisme qu'il méditait; et l'Eglise grecque, pour un si faible sujet, se sépara de l'Eglise latine. Toutefois, dans le concile general de Florence, tenu l'an 1439, les députés des Grecs reconnurent que le SaintEsprit procède également des deux premières personnes, approuvèrent l'addition Filioque, et se réunirent à l'Eglise romaine. Mais cette réunion dura peu, et la plupart des Eglises d'Orient persévérèrent dans leur erreur. De là la distinction qui existe encore maintenant entre les Grecs unis et les Grecs schismatiques.

Dans l'ancienne loi, il est souvent parlé du Saint-Esprit ou Esprit de Dieu, mais sans que sa nature soit nettement déterminée ; doù il résulte que les Juifs regardaient cet Esprit comme une émanation de la divinité, mais non comme une personne divine; ce mystère ne fut révélé que dans la loi nouvelle. Bien que les trois personnes divines Concourent toutes, comme ne faisant qu'un seal Dieu, à tous les actes de la divinité, le Saint-Esprit est celle qui vivifie et anime tous les êtres que le Père a tirés du néant, et qui sanctifie tous ceux que le fils a rachetés. Voy. TRINITÉ.

Le Saint-Esprit s'est manifesté deux fois d'une manière visible; la première, au bap

tême de Jésus-Christ, lorsqu'il descendit sur la personne du Sauveur sous la forme et l'apparence d'une colombe; la seconde, le jour de la Pentecôte, lorsqu'il descendit sur les apôtres et sur les disciples assemblés dans le cénacle sous la forme de petites flammes ou langues de feu. C'est pourquoi les peintres et les sculpteurs le représentent souvent sous la forme d'une colombe; ils le peignent aussi sous la forme de petites flammes, lorsqu'ils veulent représenter la scène de la Pentecôte.

ESPRIT (ORDRE DU SAINT-). Cet ordre, qui a fait des chevaliers jusqu'à Charles X, fut établi en France par le roi Henri III, en souvenir de ce que, le jour de la Pentecôte, il avait reçu deux couronnes, celle de Pologne et, plus tard, celle de France. Le roi s'en déclara chef souverain, et en unit pour jamais la grande maîtrise à la couronne. Il en solennisa la fête le 31 décembre 1578 et le premier jour de janvier 1579, en l'église des Augustins de Paris. Les statuts de cet ordre. comprennent 93 articles. Le nombre des chevaliers fut limité à cent, parmi lesquels étaient compris neufs prélats; tous devaient faire preuve de noblesse, à l'exception du grand aumônier, qui était commandeur de droit.

La croix de l'ordre est d'or, à huit rais, émaillée, chaque rayon pommelé d'or, une fleur de lis d'or dans chacun des angles de la croix, et dans le milieu une colombe d'argent. Les chevaliers et officiers ont, de l'autre côté de cette colombe, un Saint-Michel, au lieu que les prélats portent la colombe des deux côtés de la croix, n'étant associés qu'à l'ordre du Saint-Esprit et non à celui de SaintMichel. Le collier de l'ordre, auquel est sus pendue la croix, était composé de fleurs de lis, d'où naissent des flammes et des bouillons de feu; d'H couronnés avec des festons et des trophées d'armes. C'est ainsi que le roi Henri IV le régla avec le chapitre, l'an 1597, en changeant quelque chose à celui qu'Henri III avait ordonné.

Voici les cérémonies qui étaient observées à la réception d'un chevalier. Le jour où il devait être reçu, il se rendait à l'église, en habit de novice, c'est-à-dire avec les chausses et le pourpoint de toile d'argent, la cape et la toque noires. Là, il se mettait à genoux devant le roi, et mettant la main sur le livre des Evangiles présenté par le chancelier de l'ordre, il prononçait le serment qui suit: « Je jure et voue à Dieu, en la face de son Eglise, et vous promets, Sire, sur ma foi et honneur, que je vivrai et mourrai en foi et religion catholique, sans jamais m'en départir, ni de l'union de notre mère sainte Eglise apostolique et romaine; que je vous porterai entière et parfaite obéissance, sans jamais y manquer, comme un bon et loyal sujet doit faire. Je garderai, et défendrai, et soutiendrai de tout mon pouvoir, l'honneur, les querelles et droits de Votre Majesté royale, envers et con.re tous; qu'en temps de guerre je me mettrai à votre suite en l'équipage tel qu'il appartient à personne de ma qualité; et en paix, quand il se présentera quelque occa·

poc

sion d'importance, toutes et quantes fois qu'il vous plaira me mander pour vous servir contre quelque personne qui puisse vivre et mourir, sans nul excepter, et ce jusqu'à la mort; qu'en telles occasions je n'aban connerai jamais votre p_rsonne, où le lieu où vo is m'aurez ordonné de servir, sans votre exprès congé et commandement, signé de voire propre main, ou de celui auprès duquel vous m'aurez ordonné d'êt e, sinon quand je lui aurai fait apparoir d'une juste et lég time occasion; que je ne sortirai jamais de voire royaume spécialement pour aller au service d'aucun prince étranger, sans votre dit commandement; et je ne prendrai pension, gages, ou état, d'autre roi, prince potentat et seigneur que ce soit; ni m'obligerai au service d'autre personne vivante que de Votre Majesté seule; que je vous révélerai fidèlement tout ce que je saurai ci-après importer à votre service, à l'Etat et conservation ou présent ordre du Saint-Esprit, duquel il vous plaît m'honorer: et ne consentirai, ni permettrai jamais, en tant qu'à moi sera, qu'il soit rien innové ou att né contre le service de Dieu, ni contre voire autorité royale, et au préjudice dudit ordre, lequel je mettrai peine d'entretenir et augmenter de tout mon voir. Je garderai et observerai très-religieusement tous les s'atuts et ordonnances d'icelui; je porterai à jamais la croix cousue, et celle d'or au cou, comme il m'est ordonné par lesdits statuts; et me trouverai à toutes les assemblées des chapi res gé éraux, toutes les fois qu'il vous plaira me le commander, ou bien vous ferai présenter mes excuses, lesquelles je ne tiendrai pour bonnes, si e les ne sont approuvées et autorisées de Votre Majesté, avec l'avis de la plus grande partie des commandeurs qui seront près d'elle, signé de votre main, et scellé du -ceau de Fordre, dont je serai tenu de retirer acte. » Après que le chevalier a prononcé ce van, et qu'il l'a signé de sa main, le prévôt présen ́e au roi le manteau et le mantele de l'ordre; le roi en les donnant au chevalier lui dit : « L'ordre vous revêt et vous couvre du manteau de son aimable compagnie et union fraternelle, à l'exaltation de notre foi et religion catholique; au nom du Père, et du Fils, et du SaintEsprit. » Le grand trésorier présente ensuite å Sa Majesté le collier qu'elle met au cou du chevalier, en lui disant : « Recevez de notre main le collier de notre ordre du benoit Saint-Esprit, auquel nous, comme souverain grand-maitre, vous recevons; el ayez en perpétuelle souvenance la mort et passion de Notre Seigneur et Rédempteur JésusChrist. En signe de quoi nous vous ordonnons de porter à jamais cousue à vos hab ts extérieurs la croix d'icelui, et la croix d'or au col avec un ruban de couleur bleu céleste; et Dieu vous fasse la grâce de ne contrevenir jamais a x vœux et serments que vous venez de faire, lesquels ayez perpétuellement en votre cœur; élant cert in que si vous y contrevenez en aucune sorte, vous serez privé de cette comp gnie, et encourrez les peines portées par les statuts de l'ordre; au

nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.. A quoi le chevalier répond: « Sire, Dieu m'en donne la grâce, et plutôt la mort que jamais y faillir, remerciant très-humb'ement Voire Majesté de l'honneur et bien qu'il vous a pla me faire. » En achevant il baise la main da roi.

L'ordre du Saint-Esprit, supprimé par la révolution française, a été rétabi par b Bourbons lors de leur restauration sur le trône de leurs ancêtres. Il a elé aboli de nouveau en 1830; et il n'y a pas d'apparence qu'il soit jamais rétabli.

ESPRIT AU DROIT DESIR (ORDRE DC SAINT-),

Louis de Tarente, roi de Jérusalem el de Sicile, comte de Provence, mari de la reine Jeanne, avart institué, l'an 1353, l'ordre du Saint-Esprit au droit désir. Il était placé sous la protection de Saint-Nicolas de Bari, dont l'image pondait au bas du collier de Ford e. Les chevaliers portaient sur lears armes et leurs habits celte devise: Si Dru plait; quelques autres ajoutent un nesd d'or, en témoignage d'union et d'ami ié. Le troubles qui suivirent la mort du roi Louis furent cause que cet ordre ne lui survécut pas. On a prétendu que Henri II, revenant de Pologne en France, pour y prendre posses sion de la couronne, prit connaissance à Venise des statuts de cet ordre, contenus dans un précieux manuscrit, et que c'est ce qui lui inspira le dessein d'eriger un nouvel ordre du Saint-Esprit.

ESPRIT (CHEVALIERS DE L'HÔPITAL DUSUNT,

Suivat quelques auteurs, le pape Paul instina, à Rome, l'an 1458, des chevalers de l'Hôpital du Saint-Esprit, qui portai-al use croix patée blanche.

Le

ESPRIT (CHANOINES RÉGULIERS DU SAINTDans le x siècle, frère Guy, quatrième fils de Gu llaume, fils de Sibille, seigneur de Mont pellier, fonda dans cette ville un hôpit auquel il donna le nom du Saint-Esprit. bon ordre qu'il y établit lui attira en peu de temps beaucoup de frères ou associes, qui se dévouèr ut comme lui au service des pauvres, et qui allèrent dans plusieurs villes du royaume fonder de p reils établissements Le pape Innocent ill confirma leur institut, déclara la maison de Montpellier chef-lieu de Fordre, et décida que toutes les maisons deja établies ou à établir reconnaîtraient à per pétuite frère Guy et ses successeurs pour Superieurs généraux. En 1262, frère Guy alla à Rome pour y prendre soin de l'hip tal de Sainte-Marie in Saxia, que le pape unit à cel i de Montpelier par un bref de l'année 1204. Cet ordre s'est conservé en l'o logue et fleurit encore en Italie. Ses princi pales maisons, en France, etaient à Dijon, Besançon, Poligny, Bar-sur-Aube, Sain ePhante, en Alsace. Les religieux étaient haLillés comme les ecclésiastiques; ils p taient seu ement une croix de toile blanche à douze pomies sur le côté gauche de leur soutane et de leur manteau. Ils avaient, dans

l'église, une aumusse de drap noir, doublée et bordée d'une fourrure noire.

ESPRIT (GRAND). 1. Les peuplades de l'Amérique septentrionale, que nous traitons de sauvages et de barbares, avaient et ont encore sur la divinité des idées beaucoup p'os just s que bien des peuples réputés sages de l'ancien monde. La grande fimi le des Tenappés, les Canadiens el plusieurs autres nations reconnaissent et adorent, sous le Bom de KITCHI-MANITOU ou Grand Esprit, an dieu suprême, invisible, souverainement bon, auteur et conservateur de toutes choses. Ils le regardent comme la source de tout bien et seul digne d'être adoré. C'est lui, disent-ils qui a créé tout ce qui existe, et qui règle par sa providence les principaux evénement de la vie. Les calamités qui assiégent le genre humain sont à leurs yeux des chitim nis que sa justice inflige à notre perversité. C'est pourquoi les missionnaires catholiques ont conservé presque partout le terme de Kitchi-Manitou, comme expression generique du nom de Dieu chez ces peuples. A côté de lui ils placent un génie malfaisant, Matchi-Manitou (mauvais esprit), sans être pour cela dualistes, parce que la plupart le regardent à peu près comme nous faisons le demon, et non point comme une puissance egale au Grand Esprit. Voyez MANITOU, KITCHI-MANITOU, MATCHI-MANITOU.

2. Les platoniciens admettaient un esprit répandu dans l'univers, principe de toute géneration et de la fécondité des êtres, flamme pure, vive et toujours active, à laquelle ils donnaient le nom de Dieu. Virgile a développé en beaux vers ce système poétique, qui a servi de base au spinosisme.

ESPRITS. On entend en général par le mot Esprits des substances intelligentes suMais perures à notre nature humaine. Je-til des Esprits? Si nous posons cette quest on à sa plupart de ceux qui se disent philo-ophes en ce siècle, leur réponse sera un sou ire de dedain et de pitié. Suivant eux, croire aux Esprits, c'est l'effet d'une absurde superstition. Plusieurs même prétendent que l'esprit humain n'est que le résultat de l'organisation de la matière, et D'est en aucune sorte une substance distincte du corps. D'après ce système, l'homme qui se differerait des autres animaux ou de la matière inerte que par une organisation un pu moins imparfaite, serait en même temps

nec plus ultra de la création. Et cependant 's reconnaissent qu'il y a dans la nature une chaine ascendante des êtres qui arrive par one gradation insensible du minéral au vézeal, du végétal au mollusque, du mollusque à l'homme. lis avouent qu'il y a entre thaque règne des êtres qui participent en meme temps au règne inférieur et au règne superieur, tellement qu'il est fort difficile, pour ne pas dire impossible, de déterminer auquel des deux ils appartiennent réellebent. Or, si nous voyons dans les animaux Pintelligence s'accroî re à mesure qu'on passe du zoophyte aux mollusques, aux

reptiles, aux poissons, aux oiseaux, aux mammifères, à l'homme, pourquoi l'échelle ascendante s'arrêterait-elle à ce dernier ? Pourquoi l'homme, doué d'un corps et d'un esprit, ne serait-il pas l'anneau qui servirait à monter à un degré supérieur comprenant les êtres purement spirituels, lesquels comblent en que que sorte la distance qui sépare l'homme de Dieu ? Les hommes deses pèrent de trouver jamais l'extrémité de l'échelle des astres; ils viennent naguère d'avoir l'assurance que jamais ils ne pourront déterminer le terme des planètes qui appartiennent à notre système sol ire, et ils s'imaginent avoir parcouru dans son entier la gradation des êtres animés !

Quoi qu'en disent les matérialistes, il y a eu de tout temps et il y a encore des effets surnaturels; or, s'il y a des effets qui ne peuvent être produits par les corps, il faut nécessairement qu'il y ait dans l'univers autre chose que des corps. Donc, quand la religion ne nous aurait pas enseigné d'une manière claire et évidente l'existence d'esprits séparés des corps, on serait for cé d'admettre qu'il y a des êtres purement spirituels. Mais l'Ecriture ne nous permet aucun doute sur ce point. C'est assurément de tous les artieles de foi, le mieux établi, le moins contesté, et le plus universellement répandu dans le monde. Maimonides prouve avec beaucoup d'érudition et de jugement, qu'avant Moïse, les Sabéens, les Egyptiens et les Chaldéens admettaient des genies bons et mauvais. Tous les anciens poëtes et philosophes ont reconnu ce dogme, et nous ne craignons pas d'avancer que toutes les nations anciennes et modernes sont unanimes sur ce point. On se tromperait si l'on s'imaginait que c'est une preuve de la grossièreté de quelques nations. Les peuples les plus civilisés n'ont point différé en ce point de ceux qu'on appelait barbares; et on peut voir dans les ouvrages de Porphyre, de Jamblique et de saint Clément d'Alexandrie, combien la doctrine des Grecs élai semblable à celle des Egyptiens, touchant l'existence des bons et des méchants Esprits, c'est-à-dire des anges et des démons.

Toutefois, il paraît que tous les peuples n'ont pas cru les esprits purement spirituels; plusieurs leur ont prêté un corps, mais un corps subtil, éthéré, formé par conséquent d'éléments moins grossiers que le corps humain. Les uns prétendaient qu'ils étaient immortels; d'autres voulaient qu'ils fussent assujettis à peu près aux mêmes besoins que l'homme, et soutenaient qu'ils pouvaient engendrer, souffrir, être blessés et mourir com ne nous; d'autres pensaient qu'ils pouvaient à volonté changer de corps, et prendre les figures qu'il leur plaisait. Les uns leur assignaient le ciel pour séjour; d'autres, les airs ou l'espace sublunaire ; d'autres, la surface ou les entrailles de la terre; d'autres les montagnes ou les sombres forêts; d'autres enfin voulaient qu'ils fussent répandus dans tous les corps de la nature,

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