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coup à la contemplation, mais à une contemplation incompréhensible, dont le but est un anéantissement qui va jusqu'à détruire l'être. Cet anéantissement doit-il être entendu au pied de la lettre ou dans le sens moral? Esti réel ou mystique? La question est fort agitée par les savants de l'Europe; elle ne l'est peut-être pas moins par les docteurs boudChistes. Elle ne peut être résolue qu'après une lecture attentive de cet article qui est un extrait littéral des livres de cette religion. Voyez aussi l'article BOUDDHISME.

Nous avons déjà donné plusieurs vies abrégees de ce grand législateur aux art. BOUDDHA. BOUDS, CHEKIA-MOUNI, etc. Mais comme chacune des nombreuses contrées, où sest propagé le bouddhisme, a ajouté ou modifié quelque chose au thème primitif, nous croyons que cet ouvrage serait incomplet, si nous n'exposions ici la conception chinoise de la vie du philosophe. Nous la donnons d'après une traduction faite sur les originaux par le savant Deshauterayes, un des plus érudits sinologues du siècle dernier.

Histoire de Fo Chekia-Mouni.

La 24 année du règne de Tchao-wang, quatrième empereur de la dynastie des Tcheou (1027 ou 1028 avant l'ère chrétienne, au 8 jour du 4 mois, il parut plusieurs prodiges. L'empereur consulta à ce sujet Su-Yeon, premier président du tribunal des mathematiques, qui lui répondit : « Un grand saint naît dans l'Occident, et tant de prodiges pronostiquent qu'après lus de mille ans, la religion fameuse de ce saint pénétrera dans cet empire. » Ce fut précisément dans ce moment que Fo naquit.

La 52 année de Mou-wang, successeur de Tchao-wang (948 ou 949 avant l'ère chrétienne), au 15 jour du second mois, il parut encore plusieurs prodiges. L'empereur consulta à cette occasion le premier president du tribunal des mathématiques, nommé Houto, qui donna cette réponse : « Un grand saint s'éteint dans l'Occident, » et précisément dans ce même moment Fo s'éteignait.

Ce que nous venons de dire est un récit des benzes, duquel il n'est fait aucune mention dans les histoires chinoises. Le songe suivant se trouve à la vérité dans l'histoire, à l'endroit où elle traite des bonzes, mais elle ne l'assure pas; elle dit seulement : On le raconte ainsi, c'est ainsi que nous l'avons reçu. Voici ce songe :

La 3 année de Ming-ti, empereur de la seconde dynastie des Han (61 de l'ère chrétienne), l'empereur vit en songe un homme de couleur d'or qui avait 16 pieds de haut, et qui, tout brillant de lumière, vola dans la cour du palais. Il consulta sur ce songe les grands de sa cour; le grand maître du palais, nommé Fou-Y), répoydit : « J'ai ouï dire qu'on adorait dans l'Occident un homme appelé Fo, qui acquit autrefois la sagesse; ne serait-ce pas ce même homme dont l'image s'est présentée à votre majesté? » L'empe reur dépêcha dans l'Occident le chef des doctours Wang-soun, et avec lui dix-sept

autres envoyés pour en rapporter le culte de Fo.

Ces députés étant arrivés chez les Tarlares Youe-chi, alors maîtres de l'Inde, rencontrèrent deux brahmanes, dont l'un s'appe lait Chekia-Molem, et l'autre Cho-fa-lam, et 1 s amenèrent à la Chine avec des images de Fo Chekia Mouni, peinte sur une toile line des Indes, et 42 chap tres des livres canoni ques indiens qu'ils mirent avec les images sur un cheval blanc; ils arrivèrent à Loyang, ville impériale de la Chine, la 10 année du young-ping (7 de l'ère chrétienne), Alors seulement les Chinois furent en pos session des trois choses précieuses; savoir: Fo, sa doctrine, et l'institut des bonzes Hochang. L'empereur demanda à Chekia-Motem pourquoi Chekia-Mouni n'avait pas voulu naître à la Chine. Chekia-Motem répondit: « Le royaume Kia-po-li-wei est situé au centre de toutes les terres du monde, et c'est dans ce royaume que tous les Fo sont nés. Tous ceux qui ont du goût pour la sagesse y viennent renaître, et, par une première conversion vers Fo, ils y acquièrent la veri table sagesse. Les hommes des autres contrées n'avaient rien en eux qui pût attirer Fo c'est pourquoi il ne leur est pas apparu, mais son éclat ei sa splendeur se répandent jusqua eux, car chez les uns en cent ans, chez d'au tres en mille aus, et chez quelques autres après plus de mille ans, il nait des saints qu leur annoncent l'illustre religion de Foet h convertissent. » Peu de temps après l'introduction du culte de Fo à la Chine, il s'eleva sur son sujet une grande dispute; mais l'empereur ayant fait apporter les livres de celle religion et ceux des autres sectes, et les ayant tons fait jeter au feu pour terminer ce diffe rend par un coup d'éclat, tous se trouvèrent brûlés, excepté ceux de la religion de Force qui mit fin à la dispute, et fit fleurir cette religion

Généalogie de Fo Chekia-Mouni. San-moto, le premier de tous les rois que les hommes élurent, transmit son royaume par ses descendants à Chi-chense-wang, issu de lui à la 33 génération; celui-ci fut le pre mier de tous qui obtint la dignité de pont et régua sur les quatre terres ou grandes iles dont le monde est composé. Depuis ce ro jusqu'a Sesse-kie-wang, 1,010,056 rois on d.oite Egne ont tenu l'empire du monde. La roi Ses e-ki-wang eut quatre fils, Sing-fan, Pé-fan, Hou-fan et Kan-lou-fan. Le roi Sing fan out deux fils, Sta-to et Nan-1o. Le o Pé-fan eut aussi deux fils, Ti-chaa et Nani kia. Hou-fan eut de même deux fils, Wi-leovto et Potli-hia. Enfin Kan-lou-fan eut aussi deux fils, Onan-to et Aipo.

Siita-tó, fils de Sing-fan, eut un fils unique nommé Lo-heon-to-Siita-to céda son royaume à son frère Nan-to, et se mit sous la conduse et la discipline d'un brahmane nommé ku tan: il prit ensuite l'habit des brahmanes, et fut surnommé le petit Kiu-tan; de la le Je la nom de kiu-tan devint le nom propre famille de Siita-to. De plus, le quatrième tils

J'un roi de cette race, nommé Yi-mo, se reira dans les montagnes Pin-soué; le roi Yimo, son père, l'ayant appris, dit en soupirant: Mon fils est un homme véritablement Chékia, c'est-à-dire puissant. » Le Fo Jont il s'agit ici avait donc pour nom de race hé ou Chekia en chinois, Chaka en japonais, e qui, en indien, veut dire puissant. Son nom enfance était Siita-to, et il fut aussi appelé omme parmignardise Mouni cu plutôt Mani, u, en langue indienne, veut dire pierre préeuse. Ainsi, le nom de famille Chekia lui enait du fils du roi Yi-mo dont il descennt; le nom de Siita-to, de son ancien aïeul i portait ce même nom, et le nom de Kiu, de la famille brahmane Kiutan, dont même Siita-to avait autrefois pris le m(1).

Vie de Fo Chékia-Mouni.

En fort long espace de temps s'étant écoulé pcis la régénération du monde présent, que l'âge de l'homme se trouva réduit à atans, dans la neuvième période moyenne, ekia-Mouni, le Fo d'aujourd'hui, naquit. ais, avant de renaître, son nom était ChenPoussa. Ce Chen-hoei Poussa, qui, par lois de la transmigration, avait déjà paru asieurs fois dans le monde sous différents ms, sous la figure de différents personnas, et en divers temps, ayant enfin, mis le ble à ses mérites, était passé dans le ciel pele Teou-liu, qui est le quatrième des cieux de la cupidité, dont nous parlerons as la suite. Etant dans le ciel, comme le omment marqué où il devait devenir Fo s'apebait, il fut annoncé par cinq présages. Chen-hoei Poussa tint ce discours aux bitants des cieux dont il était le maître : Je vous apprends que mon origine est aussi Brenne que les éternelles révolutions des enerations du monde; mais ce n'est qu'à e seule vie nouvelle que je vais prendre, il est attaché de délivrer et de sauver tout qui respire il faut donc que j'aille retre dans l'ile ou terre appelée Yen-fou-ti Inde Orientale). Comment et en quelle falle convient-il de naître ? » Alors les habiits des cieux ayant tenu conseil sur ce et, il fut conclu qu'il naîtrait dans le raume Kia-pi-lo-wei, situé au milieu des ndes, dans la famille du roi Sing-fan, dont femme vertueuse et chaste s'appelait Mo(2). Pour l'exécution de ce conseil, ssa sous l'apparence d'un éléphant blanc as le sein de cette reine, lorsqu'elle dorst: et dix mois après, c'est-à-dire le huime jour du quatrième mois de l'année, il tit du sein de sa mère par le côté droit. Il reçu sur la fleur d'une espèce de nénuar qui est en grande vénération aux Indes, d'abord, levant la main droite, il s'écria ne vois terrible: «Je suis le seul vénéble sur la terre et dans les cieux.» Dès fut né, on l'appela Siita-to, qui, en inPn, signifie subitement heureux. Mais nous pellerons toujours de son nom ordinaire Cette étymologie de Mouni est fausse. Mouni dien signifie le saint solitaire (le moine).

DICTIONN. DES RELIGIONS. II.

il se

Chékia, jusqu'à ce qu'il parvienne à la dignité de Fo.

Sept jours après sa naissance, la reine Mo-ye, sa mère, mourut et s'en alla droit au ciel, où elle prit naissance sous le nom de reine qui conserve la nature. Sa mère étant morte, sa tante, sœur de sa mère, lui servit de nourrice; elle s'appelait Moho-potou-poli; Moho, en indien Maha, signifie grande. Elle convoqua des brahmanes pour tirer l'horoscope de l'enfant : ce qu'ils en dirent surprit et réjouit en même temps son père putatif. Ayant été présenté au temple dédié au ciel des contents d'eux-mêmes, toutes les statues des dieux se levèrent devant lui par honneur, el, se prosternant à ses pieds, l'adorèrent, ce qui étonna extrêmement son père. A sept ans, le roi, son père, lui donna pour maître un habile brahmane, qui avoua tout aussitôt que son disciple en savait plus que lui, comme ayant la science infuse. Devenu plus grand, le roi voulut éprouver aux exercices la force de son fils: entre autres choses, on lui présenta un arc très-fort que personne ne pouvait bander; il le banda aisément et en décocha une flèche. A dix-sept ans, on lui donna pour femme une fille très-vertueuse nommée Ye-chou-to-lo, avec laquelle il n'eut aucun commerce, vaquant toujours à la contemplation. Son serviteur fidèle s'appe

lait Onan-to.

Chékia se tenait toujours enfermé dans le palais de son père; il demanda enfin la permission de s'aller promener. Dans sa première promenade, il rencontra un vieillard tout courbé c'était le chef des cieux qui s'était ainsi déguisé, et qui continua de se déguiser en d'autres formes dans les promenades suivantes. La vue de ce vieillard lui fit faire des réflexions sur le triste état où l'on se trouvait en vieillissant, et ces réflexions l'engagèrent à retourner promptement au palais.

Dans une deuxième promenade, il rencontra un malade : les réflexions qu'il fit sur les maladies dont il pouvait être atteint comme les autres hommes, le déterminèrent à raccourcir encore plus sa promenade. Le roi, surpris d'un retour si prompt, comprit bien que son fils n'aimait pas le monde, et, craignant qu'il n'embrassât la vie religieuse, il lui donna, pour l'en détourner, un brahmane courtisan, qui devait l'accompagner quand il

sortirait.

A la troisième promenade, il rencontra un mort que l'on conduisait au bûcher. Le brahmane le voyant extrêmement frappé de ce triste objet, prit occasion de lui dire que tous les rois qui avaient embrassé la vie religieuse ne l'avaient fait qu'après avoir goû te les cinq genres de volupté, qui consistent dans la jouissance des richesses, des plaisirs charnels, des plaisirs de la bouche, de la gloire mondaine ou de la réputation, et de ce qui peut satisfaire la curiosité, et il l'exhorta d'en faire autant, jusqu'à ce qu'il eût engendré un fils pour lui succéder. Chékia répon(2) Mo-yé, en indien Maya, signifie l'illusion.

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it en liberté, il se rendit dans une forêt, où et par conséquent tiennent encore à l'étr avaient fait, avant lui, les autres Fo, el se d'abord il se coupa les cheveux, comme erétit de l'habit de brahmane. A cette nou- jouissent d'une véritable tranquillité de velle, le roi dépêcha vers lui pour le faire re- prit. Ceux-là possèdent l'avantage de f traite d'hommes immortels, où, apercevant gent dans le vide; ils n'imaginent plus qui venu brahmane, se transporta dans une re- plus à l'imagination ni au corps; ils se ple renir, mais ce fut inutilement. Chékia, de- pouvoir plus rien imaginer. Ils ne tiennel

les uns mettre toute leur espérance dans les
herbes et les fleurs, les autres n'user que
d'écorces pour tout soulagement, d'autres ne
se repaître que de fruits et de fleurs, d'autres
adresser leur culte au soleil et à la lune, ou
Peau, ou au feu, d'autres se coucher sur
nes, d'autres dormir tout près du feu
au, d'autres encoré ne manger

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hommes pourraient-ils la concevoir, eux dont la prudence et la pénétration sont émoussées par l'avarice, la concupiscence, la colère, la haine, le dérèglement d'esprit, les erreurs des fausses opinions? » Ces réflexions lui firent prendre le parti de ne leur point découvrir sa religion, de peur qu'au lieu de la recevoir et de la suivre, ils n'en fissent un sujet de railleries, et ne se confirmassent encore plus dans leurs opinions erronées. Mais les chefs des cieux s'étant prosternés à ses pieds, et lui ayant représenté qu'après avoir anéanti la vie et la mort, et quitté femmes et biens pour trouver la véritable religion, il était juste qu'il l'enseignât aux autres; il se rendit à leur désir.

Il se mit donc à prêcher, disant que toutes les misères de ce monde tiraient leur origine l'existence imaginaire qui est en chacun hommes; que l'étude de la sagesse conit à extirper ces misères par l'extinction e existence; que ceux qui ignoraient "e saintes distinctions, c'est-à-dire degrés distincts de contemplation, nt être délivrés de ces misères; e sauvé, il fallait faire rouler e religieuse de ces quatre diss douze œuvres méritoires; nos perceptions, nos pennos connaissances, qui ses imparfaites, étaient vai», comme ayant cette fausse exispour fondement. Il envoya ensuite sieurs de ses disciples précher sa doctrine. Pour lui, il passa dans un certain royaume d'où, après avoir vaincu le dragon de feu que l'on y adorait, il convertit, par des miracles et des prodiges, ces adorateurs du feu. Il alla convertir un autre royaume, commençant par le roi, et ordonnant à ceux de ses disciples qui voulaient être cénobites, de se couper la barbe et les cheveux, et de revêtir l'habit de brahmane. Ses disciples s'énonçaient comme par oracle; en voici un exemple : « Toutes les choses intelligibles ou compréhensibles ont leur racine dans le néant; si vous pouvez vous tenir à cette racine, vous pourrez alors être appelés sages.>>

e corps
ager un peu
angea donc du riz
s'étant assis sur un lit

e d'un arbre, il s'abandon-
mplation la plus profonde. Les
, surpris de le voir dans cet état de
tection, mirent tout en usage pour le dis-
fraire les uns, sous la forme de filles las-
eives, tâchaient de le séduire; d'autres fai-
Balent beaucoup de bruit pour troubler ses
méditations; d'autres employaient les mena-
ces pour l'épouvanter; mais tous leurs efforts
furent inutiles. Il avait alors trente ans ; et,
dans cette même année, la 8 nuit du 2o mois,
après quelques prodiges qui apparurent, se
trouvant tout d'un coup environné d'une lu-
mière miraculeuse, il acquit la véritable sa-
gesse qui égalise ou identifie toutes choses,
c'est-à-dire il devint Fo. I contempla les
trois mondes, c'est-à-dire le ciel, la terre et
l'enfer, sans que cette vue lui causât aucune
émotion, aucun sentiment; il découvrit les
causes pourquoi tout ce qui naît vieillit et
meart, que ces causes avaient leur source
dans la naissance même des êtres, et que
ceux qui n'admettaient point de naissance
ne pouvaient ni vieillir ni mourir. Sept
jours s'étant ainsi écoulés, Fo dit en lui-
même : « La sagesse que j'ai acquise est ex-
trémement profonde et très-difficile à com-
prendre; il n'est donné qu'aux seuls Fo d'en
Dénétrer les mystères. Comment donc les

Fo apprit un jour à ses disciples ce qu'ils avaient été autrefois; que ce qu'ils avaient fait de bien dans les vies précédentes n'avait pas été oublié dans cette vie présente (puisqu'il leur faisait mériter d'être admis au nombre de ses disciples); que pour lui, s'étant de tout temps appliqué à la vertu, et n'ayant jamais perdu de vue le dessein de devenir Fo par la pure contemplation, il était enfin parvenu au comble de la sagesse; qu'il les exhortait donc à s'attacher de toutes leurs forces à l'étude de cette sagesse, qui pourrait seule les rendre heureux.

Pendant l'espace de 49 ans, Fo ayant prêché plus de trois cents fois, et s'étant fait un très-grand nombre de disciples, comme il sentait approcher sa fin ou son extinction (car les Fo ne meurent pas, ils s'éteignent), il rendit compte de sa conduite à un grand nombre de ses disciples assemblés; après quoi il leur dit, qu'ayant achevé la grande

dit : « Je ne conçois aucun véritable plaisir dans les cing genres de voluptés que vous dites, et la crainte que me donnent la vieillesse, les maladies et la mort, m'empêche de m'y attacher; mais, ajouta-1-il, ces rois dont vous parlez, dans quelle voie sont-ils enfin entrés? ne roulent-ils pas pour leurs cupidités en des corps de démons, ou de bêtes, ou d'hommes ? Pour moi, je veux éviter par la feite des voluptés les peines de ces Transmigrations.

Dans une quatrième promenade qu'il fit, il rencontra un religieux mendiant; l'ayant interrogé, le religieux répondit: «Il n'y a rien de durable ici-bas; je nourris mon âme de I sainte doctrine, afin qu'après avoir traversé le fleuve des peines de ce monde, je 'me trouve à l'autre bord, qui est celui de la sagesse et de la félicité. » Chékia, que ses Trois premières promenades avaient attristé, se sentit consolé dans celle-ci; il prit donc la résolution de quitter le monde et d'embrasser l'état religieux. Le roi, s'en apercevant, fit tout ce qu'il put pour l'en détourner; il engagea même la femme de son fils et plusieurs autres femmes de mettre tout en œuvre pour le distraire de son dessein; sur quoi Chokia dit à son père : « Ne faut-il pas un jour se séparer de tout ce qu'on aime? Permettez-moi donc d'embrasser la vie religieuse. » Le roi n'y consentant pas, Chekia ajouta : « Je me rendrai à vos volontés, si vous pouvez remplir ces quatre souhaits qui m'occupent sans cesse : 1o de ne jamais vieillir; 2 d'ère exempt de maladie; 3° de ne pas mourir; 4 de n'admettre aucune différence dans tous les êtres. »>< «Qui le pourrait? » dit le roi. Et voyant qu'il ne pouvait pas le réduire par la raison, il ordonna aux gardes des portes de la ville de l'empêcher de sortir; et ensuite, comme il le pressait de donner du moins un successeur au royaume, avant de se faire religieux, Chékia, poussant son doigt contre le sein de sa femme, elle conçut aussitôt un fils, nommé Sohou ou So-heou-lo, qui, dans ce même moment, descendit du ciel pour passer dans son sein.

Chekia avait alors dix-neuf ans, et le temps où il devait renoncer au mondé étant venu, les chefs des cieux, après s'être prosternes devant lui, le firent sortir miraculeusement par une des portes de la ville, sans que les gardes s'en aperçussent. Dès qu'il se vit en liberté, il se rendit dans une forêt, où d'abord il se coupa les cheveux, comme avaient fait, avant lui, les autres Fo, et se evétit de l'habit de brahmane. A cette nouvelle, le roi dépêcha vers lui pour le faire revenir, mais ce fut inutilement. Chekia, devenu brahmane, se transporta dans une retraite d'hommes immortels, où, apercevant les uns mettre toute leur espérance dans les herbes et les fleurs, les autres n'user que d'écorces pour tout soulagement, d'autres ne se repaître que de fruits et de fleurs, d'autres adresser leur culte au soleil et à la lune, ou à l'eau, ou au feu, d'autres se coucher sur des épines, d'autres dormir tout près du feu ou de l'eau, d'autres encore ne manger

qu'une fois par jour, et d'autres une fo seulement de deux jours en deux jours tous enfin se tourmenter étrangement, leur demanda en vue de quoi ils vivaier de la sorte. Ceux-ci lui répondirent: «E vue de renaître dans les cieux. » Il leur r pliqua : « Quoiqu'on jeuisse dans les cien d'une joie pleine et entière, cependant quan le terme de cette félicité est accompli, il fa de nouveau subir les lois de la transmigra tion, et par conséquent retomber dans misère; pourquoi donc vous tant tourmente pour n'obtenir, en récompense, qu'un no vel état misérable? »

-((

Chékia, abandonnant ceux-ci, courut d'a côte et d'autre, traversant sans peine montagnes et les vallées; et ayant renco tré, dans un désert, des pénitents contem platifs, occupés de l'immortalité, il leur d manda quel art ils employaient contre nécessité de naître, de vieillir, de deven malade et de mourir. Ils lui répond rent <«La naissance de tout ce qui respire vie d'un principe d'ignorance; ce principe di gorance vient de la négligence; celle-ci, la stupidité, de la contagion de l'amour; ce le-ci, de la vapeur subtile des cinq plus p tites choses. Cette vapeur vient des c grandes choses; celles-ci, de l'avarice, de Concupiscence, de l'indignation, de la col el de tous les divers geures de vices. De vient que tout ce qui vit roule comme da un corele de naissance, de vieillesse, de ma ladie, de mort, de tristesse et de souffrance -Je comprends bien les causes que apportez de la vie et de la mort, dit Chélt mais quel moyen employez-vous po anéantir l'une et l'autre? » — « Ceux, repo dirent-ils, qui entreprennent d'abolir est rement la vie et la mort, doivent se livret la plus profonde contemplation; or, la cas templation se divise en quatre degrés: premier est de ceux qui, se réveillant com en sursaut de leur assoupissement, et se de pouillant tout à coup du vice et des erreur de leurs fausses opinions, conservent po tant encore l'idée de ce réveil, c'est-da regardent encore en arrière; le 2', de cea qui, ayant chassé l'idée de réveil, ressente de cette action une certaine joie humaise imparfaite; le 3', de ceux qui, rejetani ce voie vaine, changent par la rectification sens, l'esprit en une joie parfaite et radial et par conséquent tiennent encore à l'et le enfin, de ceux qui, ne ressentanti ni douleur et ne participant plus aux sen jouissent d'une véritable tranquillite d prit. Ceux-là possèdent l'avantage de pouvoir plus rien imaginer. Ils ne tiense plus à l'imagination ni au corps; ils se ple gent dans le vide; ils n'imaginent plus q y ait des choses différentes et opposees tre elles; ils entrent dans le néant; les i ges ne font aucune impression chez eux se trouvent enfin dans un état où il n'y a imagination, ni inimagination, et cet s'appelle la délivrance totale et finale de tre : c'est là cet heureux rivage où les phal sophes s'empressent d'arriver. » - Clicki

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