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voyant en danger, il donna une bülle du dix-neuvième de mars où il dit: Si notre décès arrive avant le premier jour de septembre prochain, les cardinaux qui se trouveront à Rome, sans appeler ni attendre les absents, choisiront le lieu qu'ils voudront, au dedans ou au dehors de la ville, pour l'élection de notre successeur ; ils pourront allonger ou abréger le temps marqué aux absents pour les attendre avant l'entrée au conclave; sans même y entrer, ils pourront élire un Pape, qui sera reconnu pour tel sur le choix de la plus grande partie, quand bien même la moindre y contredirait. Et nous chargeons leurs consciences d'élire un digne pasteur et d'exécuter ce que dessus le plus promptement possible'. Dans cette bulle, le Pape marquait le terme du mois de septembre, parce qu'il se proposait, s'il eût vécu, de retourner alors à Avignon; mais Dieu ne le permit pas. Sainte Brigittè avait prédit à ce Pape que, quand même il viendrait à Rome, s'il n'exécutait pas fidèlement ce qui lui était recommandé pour la pacification de l'Italie et la réformation de l'Eglise, sa vie lui serait abrégée 2, Grégoire XI mourut donc à Rome, le vingt-sept mars 1378. Son corps fut porté d'abord à Saint-Pierre, où on lui fit un service solennel. Le lendemain, il fut transféré et enterré dans l'église de Sainte-Marie-la-Neuve, qui avait été son titre de cardinal. Il avait tenu le Saint-Siége sept ans deux mois et vingt-sept jours.

Grégoire XI aima beaucoup ses parents, son père, ses frères et ses neveux, et les conserva dans l'état où Clément VI, son oncle, les avait placés. Il les avait près de lui et fit plusieurs choses par leur conseil en leur faveur, particulièrement dans la promotion de quelques sujets dont on aurait pu trouver de plus convenables pour la science et pour les mœurs. Toutefois, il aima singulièrement les hommes de lettres, et il en plaça un bon nombre de son temps.

En résumé, le pape Grégoire XI eût été un excellent Pontife romain, s'il avait été moins Français et plus Romain. On en peut dire à peu près autant de tous les Papes d'Avignon. Quelqu'un pensera que c'est là un petit défaut; mais ce petit défaut va, dès ce moment, attirer sur l'Eglise et sur le monde des maux incalculables et qui ne sont pas encore finis. Leçon terrible de la Providence, à qui fait les Papes et à qui fait les cardinaux.

'Raynald, 1378, n. 2. — 2 Revelat., 1. 4, c. 139.

FIN DU VINGTIÈME VOLUME.

RÉPONSE DE L'AUTEUR

A UNE ATTAQUE

CONTRE LES TROIS PREMIERS VOLUMES DE CETTE HISTOIRE.

A M. le rédacteur de l'Ami de la Religion.

Nancy, le 24 juin 1845.

Monsieur,

Dans vos numéros du 17 et du 19 juin 1845, vous reproduisez un article du Journal historique de Liége, de l'année dernière, sur ou contre l'Histoire universelle de l'Eglise catholique, dont je suis l'auteur. Voici quelques particularités à cet égard. A Liége, on fait une contrefaçon de cette histoire. Naturellement, un auteur français n'aime pas de se voir ainsi, à la frontière, privé du fruit de son travail. Cependant je me disais : Puisqu'on réimprime l'ouvrage, il paraît qu'on le trouve bon. En France, les trois premiers volumes furent imprimés en 1842. L'Ami de la Religion, avec quelques autres journaux, voulut bien en faire l'éloge: de quoi je vous remercie, monsieur le rédacteur. J'appris en même temps qu'on lisait cette histoire dans des communautés religieuses et dans des séminaires. Cela me fit plaisir; car je pensais que, s'ils y trouvaient quelque chose à reprendre, ils auraient la charité de m'avertir, et que je profiterais de leurs avis pour une nouvelle édition. Effectivement, dès la fin de l'année 1842, on fut obligé de réimprimer les cinq premiers volumes à mille exemplaires, et de tirer les suivants à 2,500 au lieu de 1,500. Et aujourd'hui on me demande une édition nouvelle. Et cependant, jusqu'aujourd'hui, je n'ai reçu de France aucune observation critique contre la doctrine, quoique j'en aie sollicité de côté et d'autre. Comme bien des Français ont dû lire, surtout les trois premiers volumes, avec une attention

particulière et sans rien passer à l'auteur, je commençais à me rassurer quelque peu après trois ans.

Mais, pendant la troisième année, l'on m'envoie la livraison d'août 1844 du Journal historique de Liége, imprimé chez Kersten, où je ne sais qui signale, dans les trois volumes, des choses que n'y ont vues ni l'Ami de la Religion ni les nombreux lecteurs de ces volumes en France. Je reconnus tout d'abord que l'auteur de l'article ignore beaucoup de faits qui se sont passés en France depuis 1831, qu'il se méprend assez souvent sur le sens de l'écrivain qu'il censure, qu'il lui fait dire quelquefois ce qu'il ne dit pas, et même le contraire de ce qu'il dit, qu'enfin il ne comprend pas toujours la valeur des termes que lui-même emploie. Il me répugnait, au moment qu'on imprimait le treizième volume, de répondre à cette attaque étrange et étrangère sur les trois premiers. Je pensais d'ailleurs que les lecteurs belges trouveraient bien la réponse par eux-mêmes. Effectivement, dans l'intervalle, un ecclésiastique belge en publia une à Liége même. Cependant on m'adressa une seconde fois l'article en question.. J'envoyai dès-lors une réponse à l'attaque, réponse que je crus fort modérée. Une personne vénérable, qui en eut connaissance, la jugea trop vive, et me pria de la retirer, pour ne pas entretenir une division fàcheuse entre des écrivains catholiques au moment où l'Eglise avait besoin de toutes ses forces, témoignant du reste combien elle était peinée de l'attaque qu'on s'était permise. J'accédai à de si respectables désirs. D'ailleurs, en considérant toutes les circonstances, - j'étais amené à conclure: Un écrivain français peut bien être contrefait en Belgique, ou même diffamé, mais je ne vois guère comment il pourrait y obtenir justice. Je ne dis pas que ma conclusion soit sans reproche; mais je la fais connaître exprès, parce que de telles habitudes peuvent faire à la Belgique plus de tort qu'elle ne pense, et lui aliéner ses meilleurs amis.

Aujourd'hui, que l'Ami de la Religion a transporté l'attaque en France, je viens vous demander, monsieur le rédacteur, la liberté de me défendre. Je le ferai non-seulement pour moi, mais encore pour l'Ami de la Religion, qui a recommandé les trois premiers volumes, mais aussi pour mes nombreux lecteurs de France, qui, loin de m'adresser aucun blâme, m'ont encouragé et félicité. Du reste, je ne prétends nullement soutenir ce qu'on trouverait répréhensible, je promets au contraire de le corriger; je veux seulement bien exposer l'état des choses, et montrer que le critique belge s'est mépris en plusieurs points; et cela, pour que les lecteurs intelligents et charitables puissent me donner des conseils plus sûrs.

L'an 1826, je prenais part à des discussions littéraires sur la philosophie et sur les rapports entre l'Eglise universelle et les gouvernements civils. Ces discussions ayant lieu entre catholiques sincères, je m'aperçus bientôt que, pour les mettre tous d'accord, il ne faudrait que bien éclaircir les questions et les faits, et en bien présenter l'ensemble. Je me dévouai dès-lors à ce travail. C'est sous ce point de vue que je prie tout le monde de me juger et de m'aider; car telle est la tendance de tout ce que je fais je n'en ai point d'autre.

Pour ne m'égarer point, je pris dès-lors l'engagement que je rcnouvelle ici : J'ai promis et je promets à Dieu la soumission la plus entière à toutes les doctrines du Saint-Siége. J'ai promis et je promets à Dieu de défendre, envers et contre tous, toutes les doctrines du Saint-Siége. Je ne demande à Dieu la vie et la santé que pour cela.

Une des questions à éclaircir était les rapports entre la raison commune et la raison individuelle. Dès l'année 1828, j'eus avec M. Bouvier, par l'intermédiaire du Mémorial catholique, une correspondance, anonyme de ma part, sur la question de la certitude. Après deux ou trois lettres, nous nous trouvâmes parfaitement d'accord. L'année suivante, ayant eu d'emprunt les Lieux théolo¬ giques de Melchior Cano, j'en fus tellement satisfait, que je les transcrivis en grande partie, bien convaincu que, si j'avais pu les lire auparavant, la question de la raison commune et de la raison individuelle aurait pu s'éclaircir sans grande peine; car je ne crois pas qu'on puisse mieux penser et dire que cet auteur. Ces dispositions, je les ai manifestées dans la préface suivante de la troisième édition du Catéchisme du Sens commun.

<< Cet opuscule a été écrit dans l'origine bien plus pour exposer l'état de la question qui se débattait alors, que pour donner des idées définitivement arrêtées. C'est dans cette vue que l'auteur, avant les deux éditions publiques en France, en avait fait une édition privée, tirée à un petit nombre d'exemplaires, pour consulter plus facilement les personnes capables de lui donner d'utiles conseils. En 1828, le Catéchisme du Sens commun fut traduit en italien, et inséré avec beaucoup d'éloges dans les Mémoires de Modène. Cependant l'Amico d'Italia, recueil périodique qui se publiait à Turin, observa que ce que l'on y disait sur l'autorité d'Aristote était fort incomplet, et par là même inexact. En France, d'autres personnes. y trouvèrent d'autres défauts; du nombre de ces personnes est l'auteur lui-même. Aussi, lorsque dans les commencements de l'année présente 1842, on lui demanda de réimprimer cet opuscule, il déclara qu'on ne le pouvait sans y faire des modifications et des addi

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