Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

une milice priante, par l'institution du rosaire. L'erreur impie de manichéens détruisait tous les mystères de la foi chrétienne; ce q rendait la séduction le plus à craindre, c'est que le peuple était for peu instruit. Un des moyens les plus efficaces que saint Dominiqu employa donc pour obtenir de Dieu la conversion des hérétiques, e pour instruire en même temps les fidèles, fut l'institution et à pratique du saint rosaire, qui consiste à réciter quinze Pater, ei après chaque Pater une dizaine d'Ave Maria, pour honorer le quinze principaux mystères de la vie de Jésus-Christ et de celle de să sainte Mère. Le chapelet ou la couronne en est la troisième partie. Le tout commence par le Credo ou l'acte de foi. Après chaque dizain, l'on ajoute Gloria Patri, pour rendre gloire de tout au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. On répète ainsi cent cinquante fois la salutation angélique, à l'imitation des cent cinquante psaumes: aussi le rosaire est-il appelé quelquefois le psautier de la Vierge Des quinze mystères, on distingue cinq joyeux, cinq douloureux, cinq glorieux. Les cinq premiers sont : le mystère de l'Incarnation. par lequel le Fils de Dieu s'est fait homme dans les entrailles de Marie; le mystère de la visitation, par lequel saint Jean est sanctifié dans le sein de sa mère; le mystère de Jésus-Christ naissant a Bethlehem; le mystère de l'enfant Jésus présenté au temple; k mystère de l'enfant Jésus retrouvé au temple. Les cinq mystères douloureux: l'agonie de notre Seigneur au jardin des Olives, s cruelle flagellation, son couronnement d'épines, son portement de croix et enfin son crucifiement. Les mystères glorieux sont : Jésu ressuscité des morts, Jésus montant au ciel, Jésus envoyant le Saint-Esprit, Jésus élevant au ciel sa sainte Mère, Jésus l'y couronnant d'une gloire incomparable. Pour se faciliter la pensée et la méditation de ces principaux mystères, bien des personnes er joignent un à chaque dizain de salutation angélique, en cette manière: Je vous salue, Marie! Vous êtes bénie entre toutes les

femmes, et béni est le fruit de vos entrailles, Jésus, qui est ressuscité des morts, qui est monté au ciel, qui a envoyé son Saint-Esprit. qui vous a fait monter au ciel, qui vous y a couronnée de gloire. La dévotion du saint rosaire est devenue la dévotion de tous les peuples chrétiens. L'an 1575, l'Eglise en a fait une fête en mémoire de la fameuse bataille de Lépante, gagnée contre les Tures. le jour même où les confréries du Rosaire faisaient à Rome et dans le monde chrétien des processions publiques. Pour s'étonner è cette popularité du rosaire, il faut ne pas le connaître. Le signe de la croix par où il commence, n'est-ce pas le signe du chrétien? Le Credo, n'est-ce pas cette même profession de foi que les martyr

[ocr errors]

tre?

[ocr errors]

A

Finstite

[ocr errors]
[ocr errors]

L'erreu: récitaient à leur baptême et sous le fer des bourreaux? Le Pater, chrétien n'est-ce pas la prière que le Seigneur lui-même a daigné nous aple per prendre? L'Ave Maria, n'est-ce pas cette salutation, commencée me sale au nom du ciel par un archange, continuée par la sainte mère de Jean-Baptiste, que faisait parler l'Esprit-Saint, achevée par la des her sainte Eglise de Dieu, avec laquelle le même Esprit est éternellement? Le Gloria Patri, n'est-ce pas cette glorification éternelle porque le ciel et la terre, les anges et les hommes, tous les siècles et tous les lieux rendent à la Trinité adorable? Les quinze principaux mystères, n'est-ce pas le résumé de l'Evangile? En vérité, je ne sache pas une pratique mieux faite pour faciliter l'attention, la piété, la dévotion dans la prière, la méditation de l'esprit et du cœur. Nous le disons pour les savants qui l'ignorent, et non pas pour les ignorants qui le savent par expérience.

ist et d

[ocr errors]

tout

ciaqu

quack tier!

Cuq de

de Tcx

les

at Jest

-Chrs

[ocr errors]

es C

[ocr errors]

Dominique était dans sa quarante-sixième année lorsqu'il commença à recueillir le fruit de ses longs mérites. Les croisés triomphants lui ouvrirent, en 1215, les portes de Toulouse, et la Providence, qui donne rendez-vous à la même heure aux éléments les plus divers, lui envoya deux hommes dont il avait besoin pour asseoir les premiers fondements de l'ordre des frères prêcheurs. Tous deux étaient citoyens de Toulouse, d'une naissance distinguée et d'un mérite remarquable. L'un, qui se nommait Pierre Cellani, ornait une grande fortune par une grande vertu; l'autre, qui ne nous est connu que sous le nom de Thomas, était éloquent et de mœurs singulièrement aimables. Poussés par une même inspiration de l'Esprit-Saint, ils se donnèrent ensemble à Dominique, et Pierre Cellani lui fit présent de sa propre maison. Dominique y rassembla ceux qui s'étaient attachés à lui : ils étaient au nombre de six, Pierre Cellani, Thomas et quatre autres.

Le saint revêtit ses compagnons de l'habit qu'il portait lui-même, c'est-à-dire d'une tunique de laine blanche, d'un surplis de lin, d'une chape et d'un capuce de laine noire. C'était l'habit des chanoines réguliers, dont il avait gardé l'usage depuis son entrée au chapitre d'Osma. Lui et les siens s'en servirent jusqu'à un événement mémorable dont nous parlerons en son lieu, et qui fut la cause d'un changement dans ce costume. Ils commencèrent aussi à mener une vie uniforme sous une certaine règle. Cet établissement se fondait avec la coopération et par l'autorité de l'évêque de Toulouse, qui était toujours Foulques, ce généreux moine de Citeaux que nous avons vu dès l'origine attaché aux projets d'Azévédo et de Dominique. Nous avons de lui un acte de 1215, où il déclare que, voulant extirper l'hérésie, bannir les vices, enseigner aux hommes la

TOME XVII.

29

[ocr errors]

règle de la foi et les former aux bonnes mœurs, il institue pour prédicateurs dans son diocèse le frère Dominique et ses compagnons; ensuite, du consentement du chapitre cathédral et de tout le clergé du diocèse, il leur assigne à perpétuité la sixième partie des dîmes dont jouissent les fabriques et les églises paroissiales, afin de servir à leurs besoins, et qu'ils puissent se reposer de temps en temps de leurs fatigues. S'il reste quelque chose à la fin de l'année, nous voulons et ordonnons qu'on l'emploie à l'ornement de nos s églises paroissiales, ou au secours des pauvres, selon qu'il paraîtra convenable à l'évêque; car, puisqu'il est réglé par le droit qu'une | certaine portion de dîmes doit être consacrée aux pauvres, nous sommes tenus sans doute d'admettre au partage ceux qui embrassent la pauvreté pour Jésus-Christ, dans le but d'enrichir le monde de leur exemple et du don céleste de la doctrine, de telle sorte que ceux de qui nous recevons les choses temporelles, reçoivent de nous directement ou indirectement les choses spirituelles 1.

Cet acte de munificence ne fut pas le seul à venir en aide à l'ordre naissant des frères prêcheurs. Simon, comte de Montfort, fit don à son saint ami Dominique du château et de la terre de Cassanel, dans le diocèse d'Agen. Il avait déjà confirmé plusieurs donations en faveur du monastère de Prouille, dont il avait lui-même augmenté les possessions. Son estime et son attachement pour Dominique ne s'étaient pas bornés à ce genre de témoignage; il l'avait prié de baptiser sa fille, un instant fiancée à l'héritier du royaume d'Aragon, et de bénir le mariage de son fils aîné, le comte Amauri, avec Béatrix, fille du dauphin de Vienne.

Nous verrons un jour Dominique, vieilli et près de retourner à Dieu, se repentir d'avoir accepté des possessions temporelles; il s'en débarrassera comme d'un fardeau avant d'entrer dans la tombe, laissant pour patrimoine à ses enfants cette providence quotidienne qui soutient toute créature laborieuse, et dont il est écrit: Charge le Seigneur du souci de ta vie, et lui-même te nourrira 2.

A l'approche du concile de Latran, Dominique se rendit à Rome en la compagnie de l'évêque Foulques de Toulouse. Ils cruren: l'occasion favorable pour expliquer au Pape le dessein qu'ils avaien formé d'instituer un ordre de prédicateurs, et le lui exposèrent avec beaucoup d'humilité et de respect. Innocent III, après y avoir mûrement pensé, conseilla au saint fondateur de retourner en Lan guedoc pour y choisir, de concert avec ses compagnons, celle de anciennes règles qui lui paraîtrait la plus propre à former la nos

[blocks in formation]

D

[ocr errors]

P

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

t

velle milice dont il souhaitait enrichir l'Eglise. C'était le moyen de sauver le décret du concile de Latran sur la multiplication des ordres religieux, et de donner à un dessein tout neuf le sceau et la protection de l'antiquité.

Dominique eut à Rome une autre joie bien vive : ce fut d'y voir saint François, dont le Pape déclara devant le concile qu'il avait approuvé la règle, quoique sans bulle. Ces deux hommes que Dieu suscitait dans le temps pour la gloire de son nom et de son Eglise, ne se connaissaient pas. Tous deux habitaient Rome au moment du concile, et il ne paraît pas que le nom de l'un eût jamais frappé l'oreille de l'autre. Une nuit, Dominique étant en prière, selon sa coutume, vit Jésus-Chrit irrité contre le monde, et sa mère qui lui présentait deux hommes pour l'apaiser. Il se reconnut pour l'un des deux; mais il ne savait qui était l'autre, et le regardant attentivement, l'image lui en demeura présente. Le lendemain, dans une église, on ignore laquelle, il aperçut sous un froc de mendiant la figure qui lui avait été montrée la nuit précédente, et, courant à ce pauvre, il le serra dans ses bras avec une sainte effusion, entrecoupée de ces paroles: Vous êtes mon compagnon, vous marcherez avec moi, tenons-nous ensemble, et nul ne pourra prévaloir contre nous '. Il lui raconta ensuite la vision qu'il avait eue, et leur cœur se fondit l'un dans l'autre entre ces embrassements et ces discours. Cette sainte amitié entre les deux fondateurs a continué jusqu'à présent entre les deux ordres. Chaque année, à Rome, le général des franciscains, assisté de ses frères, officie à la fête de saint Dominique chez les frères prêcheurs, et le général des dominicains à la fête de saint François chez les frères mineurs. Les uns et les autres chantent ensemble cette antienne : Le séraphique François et l'apostolique Dominique nous ont enseigné votre loi, ô Seigneur 2.

Dans le concile de Latran, le Pape régla aussi l'affaire du comte de Toulouse, qui s'y était rendu en personne avec son fils. Après avoir entendu les députés et les raisons de part et d'autre, Innocent III, avec l'approbation de la plus grande et de la plus saine partie du concile, donna sa sentence. Il ordonne que le comte Raymond, sous lequel la foi et la paix n'ont jamais pu être gardées dans le pays, en soit exclus pour toujours, et demeure en quelque autre lieu convenable pour y faire pénitence, avec une pension de quatre cents marcs d'argent. La comtesse, sa femme, sœur du roi défunt d'Aragon, étant vertueuse et catholique, suivant le témoignage de

• Gérard de Frachet. Vies des Frères, l. 1, c. 1. — 2 Lacord. Vie de S. Dom.

tout le monde, jouira paisiblement des terres de sa dot. Mais tou le pays que les croisés ont conquis sur les hérétiques sera laissé, sauf le droit des églises et des personnes catholiques, au comte de Montfort, qui a plus travaillé que les autres en cette affaire, pour le tenir de ceux de qui il relève de droit. Le reste du pays qui n'a pas été conquis par les croisés sera gardé aux ordres de l'Eglise par des personnes capables de maintenir la paix et la foi, pour être remis en tout ou en partie au fils unique du comte Raymond, s'il s'en rend digne, quand il sera venu en âge '.

Les derniers canons du concile de Latran regardent les Juifs, et ont pour but de réprimer leurs usures et leurs insolences : il y est ordonné qu'ils porteront quelque marque sur leur habit pour les distinguer des chrétiens, comme cela se pratiquait déjà dans quelques provinces; il est défendu de leur conférer des offices publics 2.

Après les canons du concile, qui précautionnent la chrétienté contre les ennemis du dedans, suit un décret particulier touchant la croisade, pour défendre la chrétienté contre les ennemis du dehors. Le jour du rendez-vous y est fixé au premier de juin 1217. Alors, dit le concile, tous ceux qui veulent passer par mer s'assem-. bleront dans le royaume de Sicile, les uns à Brindes, les autres à Messine, où le Pape promet de se trouver en personne. Ceux qui doivent marcher par terre seront prêts pour le même jour; et le Pape promet de leur envoyer un légat. Le reste du décret contient les mêmes clauses que les bulles de la croisade, particulièrement celle de l'année 1213, avec quelques additions. On défend aux chrétiens d'avoir leurs vaisseaux aux terres orientales habitées par les Sarrasins, pendant quatre ans, afin que les croisés trouvassent plus de facilités pour s'embarquer. On défend les tournois pendant. trois ans, et on ordonne que la paix sera observée au moins durant quatre ans par toute la chrétienté, sous peine de censures ecclésiastiques et avec menace d'exciter la puissance séculière contre les désobéissants.

Trois puissants princes s'étaient enrôlés dans la croisade: André, roi de Hongrie; Frédéric, roi d'Allemagne, élu empereur; Jean, roi d'Angleterre. Mais ce dernier n'était guère en état d'accomplir son vou, l'eût-il voulu sincèrement. Ses barons révoltés occupaient la ville de Londres. Le chef de l'Eglise universelle, qui était en même temps leur suzerain féodal, les avait généralement excommuniés, pour les faire rentrer dans le devoir. Mais comme cette

'Labbe, t. 11, p. 253. Mansi, t. 22.

2 Can. 68, 69, 70.

ex

ti:

pli

de

bi

2

les

« ZurückWeiter »