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« On étoit si 'convaincu, dit Héricourt, » que l'obligation de recevoir les étrangers » étoit un devoir dans l'épiscopat, que S. Gré»goire voulut, avant de consacrer Floren

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tinus, évêque d'Ancône, qu'on exprimât si » c'étoit par impuissance ou par avarice qu'il » n'avoit point exercé jusqu'alors l'hospitalité » envers les étrangers (1).

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On vouloit que l'évêque haït le péché, et non le pécheur (2) ; qu'il supportât le foible qu'il eût un cœur de père pour les pauvres (3). Il devoit néanmoins garder quelque mesure dans ses dons, et ne point entretenir de profession dangereuse ou inutile, comme les baladins et les chasseurs (4); véritable loi politique, qui frappoit d'un côté sur le vice dominant des Romains, et de l'autre sur celui des Barbares.

Si l'évêque avoit des parens dans le besoin, il lui étoit permis de les préférer à des étrangers, mais non pas de les enrichir : « Car, dit » le canon, c'est leur état d'indigence, et non » les liens du sang qu'il doit regarder en >> pareil cas (5) »:

Faut-il s'étonner qu'avec tant de vertus, les

(1) Loix eccl. de Fr. p. 751.

(2) Id. ib. can. Odio.

(3) Id. loc. cit.

(4) Id. ib. can. Don. qui venatoribus.

(5) Id. ib. p. 742, can. Est probanda.

évêques obtinssent la vénération de tous les peuples? On courboit la tête sous leur bénédiction, on chantoit Hosannah ! devant eux; on les appeloit très-saints, très-chers à Dieu, et ces titres étoient d'autant plus magnifiques, qu'ils étoient justement acquis.

Quand les nations se civilisèrent, les évêques, plus circonscrits dans leurs devoirs religieux, jouirent du bien qu'ils avoient fait aux hommes, et cherchèrent à leur en faire encore, en s'appliquant plus particulièrement au maintien de la morale, aux œuvres de charité et au progrès des lettres. Leurs palais devinrent le centre de la politesse et des arts. Appelés par leurs souverains au ministère public, et revêtus des premières dignités de l'église, ils y déployèrent des talens qui firent l'admiration de l'Europe. Jusques dans ces derniers temps, les évêques de France ont été des exemples parfaits de modération et de lu mière. On pourroit sans doute citer quelques exceptions; mais tandis que les hommes seront encore sensibles aux grands traits de vertu, on se souviendra que plus de soixante évêques catholiques ont erré fugitifs chez des peuples protestans, et qu'en dépit de tous les préju

gés religieux, et de toutes les préventions qui s'attachent à l'infortune, ils se sont attiré le respect et la vénération de ces peuples; que le disciple de Luther et de Calvin est venu entendre le prélat romain exilé, prêcher dans quelque retraite obscure, l'amour de l'humanité et le pardon des offenses; enfin, on se souviendra que tant de nouveaux Cyprien, persécutés pour leur religion, que tant de courageux Chrysostôme se sont dépouillés du titre qui faisoit leurs combats et leur gloire, sur un simple mot du chef de l'église; heureux de sacrifier, avec leur prospérité première, éclat de douze ans de malheur, à la paix de leur troupeau !

que

Quant au clergé inférieur, c'étoit sans doute à lui qu'on étoit redevable de ce reste de bonnes incurs, que l'on trouvoit encore chez la foule, tant dans les villes dans les campagnes. Le paysan sans religion est une bête féroce, il n'a aucun frein d'éducation ni de respect humain : une vie pénible a aigri son caractère, la propriété lui a enlevé l'innocence du Sauvage; il est timide, grossier, défiant, avare, ingrat sur-tout. Mais, par un miracle bien frappant, cet homme naturellement per

vers, devient excellent dans les mains de la religion. Autant il étoit lâche, autant il est brave; son penchant à trahir se change en une fidélité à toute épreuve, son ingratitude en un dévouement sans bornes, sa défiance en une confiance absolue.

On a pu reprocher aux curés des préjugés d'état ou d'ignorance; mais, après tout, la simplicité du cœur, la sainteté de la vie, la pauvreté évangélique, la charité de JésusChrist, en faisoit un des ordres le plus respectable de la nation. On en a vu plusieurs qui sembloient moins des hommes, que des esprits bienfaisans descendus sur la terre pour soulager les misérables. Souvent ils se refusèrent le pain pour nourrir les nécessiteux; souvent ils se dépouillèrent de leurs habits. pour en couvrir l'indigent. Qui oseroit reprocher à de tels hommes quelque sévérité d'opinion? Qui de nous, superbes philanthropes, voudroit, durant les rigueurs de l'hiver, être réveillé, au milieu de la nuit, pour aller administrer au loin, dans les campagnes, le moribond expirant sur la paille? Qui de nous youdroit avoir sans cesse le cœur brisé du

spectacle d'une misère qu'on ne peut secourir,

se voir environné d'une famille dont les joues hâves et les yeux creux annoncent l'ardeur de la faim et de tous les besoins? Consentirionsnous à suivre les curés de Paris, ces anges d'humanité dans le séjour du crime et de la douleur, pour consoler le vice sous les formes les plus dégoûtantes, pour verser l'espérance dans un cœur désespéré? Qui de nous, enfin, voudroit se séquestrer du monde des heureux, pour vivre éternellement parmi les souffrances, et ne recevoir, en mourant, pour tant de bienfaits , que l'ingratitude du pauvre et la

calomnie du riche ?

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