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Avec le soleil couchant l'église chante

encore:

Coeli Deus sanctissime.

Grand Dieu, qui fais briller sur la voûte étoilée
Ton trône glorieux,

Et d'une blancheur vive à la pourpre mêlée,
Peins le ceintre des cieux.

Cette musique d'Israël, sur la lyre de Racine, ne laisse pas d'avoir quelque charme : on croit moins entendre un son réel, que cette voix morale et mélodieuse, qui, selon Platon réveille au matin les hommes épris de la vertu, en chantant de toute sa force dans leurs

cœurs.

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Mais, sans avoir recours à ces hymnes, les prières les plus communes de l'église sont admirables; il n'y a que l'habitude de les répéter dès notre enfance, qui nous empêche d'en sentir la beauté. Tout retentiroit d'acclamations, si l'on trouvoit dans Platon ou dans Sénèque > une profession de foi aussi simple, aussi pure, aussi claire que celle-ci.

« Je crois en un seul Dieu, père tout-puis»sant, créateur du ciel et de la terre, et de » toutes choses visibles et invisibles. >>

L'oraison dominicale est l'ouvrage même d'un Dieu qui connoissoit tous nos besoins; qu'on en pèse bien toutes les paroles :

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« Notre Père qui es aux cieux Reconnoissance d'un Dieu unique. Que ton nom soit sanctifié; »

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Culte qu'on doit à la Divinité : vanité des choses du monde ; Dieu seul mérite d'être sanctifié.

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Que ton règne nous arrive; »

Immortalité de l'ame.

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Que ta volonté soit faite sur la terre » comme au ciel: »

Mot sublime, qui comprend tous les attributs de la divinité; sainte résignation qui embrasse tout l'ordre physique et moral de l'univers.

« Donne-nous aujourd'hui notre pain quo» tidien; »>

Comme cela est touchant et philosophique! Quel est le seul besoin réel de l'homme? Un peu de pain; encore il ne le lui faut qu'aujourd'hui (hodiè); car demain existera-t-il? « Et pardonne-nous nos offenses, comme » nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés;

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C'est la morale et la charité en deux mots. << Ne nous laisse point succomber à la ten>>tation; mais délivre-nous du mal. »

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Voilà le cœur humain tout entier; voilà l'homme et toute sa foiblesse! Qu'il ne demande point des forces pour vaincre ; qu'il ne prie que pour n'être point attaqué, que pour ne point souffrir. Celui qui a fait la nature

humaine pouvoit seul la connoître aussi

bien.

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Nous ne parlerons point de la salutation. angélique, véritablement pleine de grâce, ni de cette confession que le chrétien fait chaque jour aux pieds de l'Eternel. Jamais les loix ne remplaceront la moralité d'une telle coutume. Songe-t-on bien quel frein c'est pour l'homme que cet aveu pénible, qu'il renouvelle matin et soir : J'ai péché par mes pensées, par mes paroles, par mes œuvres. Pythagore avoit recommandé une pareille confession à ses disciples: il étoit réservé au christianisme de réaliser tous ces beaux songes moraux que rêvoient les sages de Rome et d'Athènes.

En effet, le christianisme est, à la fois, une sorte de secte philosophique', et une antique législation. Delà lui viennent les abstinences, les jeûnes, les veilles, dont on retrouve des traces dans les anciennes républiques, et que pratiquoient les écoles savantes de l'Inde, de l'Egypte et de la Grèce : plus on examine le fond de la question, plus on est convaincu que la plupart des insultes prodiguées au culte chrétien, retombent sur l'antiquité. Mais revenons aux prières.

Les actes de foi, d'espérance, de charité, de contrition disposoient encore le cœur à la vertu : les oraisons des diverses cérémonies chrétiennes relatives à des objets civils ou religieux, ou même à de simples accidens de la

vie, présentoient des convenances parfaites, des sentimens élevés, de grands souvenirs, et un style à-la-fois simple et magnifique. A la messe des noces, le prêtre lisoit l'épître de S. Paul Mes frères, que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur; et à l'évangile : « En ce temps-là, les Phari» siens s'approchèrent de Jésus pour le tenter, » et lui dirent, est-il permis à un homme de quitter sa femme?... Il leur répondit: Il » est écrit que l'homme quittera son père et » sa mère, et s'attachera à sa femme.

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A la bénédiction nuptiale, le célébrant, après avoir répété les paroles que Dieu même prononça sur Adam et sur Eve: crescite et multiplicamini, ajoutoit.

«O Dieu! unissez, s'il vous plaît, les esprits » de ces époux, et versez dans leurs cœurs une » sincère amitié. Regardez d'un œil favorable » votre servante... Faites que son joug soit » un joug d'amour et de paix; faites que, >> chaste et fidèle, elle suive toujours l'exemple >> des femmes fortes; qu'elle se rende aimable » à son mari comme Rachel; qu'elle soit sage >> comme Rebecca; qu'elle jouisse d'une longue >> vie, et qu'elle soit fidèle comme Sara..... qu'elle obtienne une heureuse fécondité; qu'elle mène une vie pure et irréprochable, >> afin d'arriver au repos des saints et au

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» royaume du ciel: faites, Seigneur, qu'ils voient tous deux les enfans de leurs enfans » jusqu'à la troisième et quatrième générations, et qu'ils parviennent à une heureuse » vieillesse.»

A la cérémonie des relevailles, on chantoit le pseaume Nisi Dominus: « Si l'Eternel ne » bâtit la maison, c'est en vain que travaillent » ceux qui la bâtissent. »

A la cérémonie de la commination, ou de la dénonciation de la colère céleste au commencement du carême, on prononçoit ces malédictions du Deuteronome:

Maudit celui qui a méprisé son père et sa

» mère.

» Maudit celui qui égare l'aveugle en che>> min, etc. >>

Dans la visite aux malades, le prêtre disoit

en entrant...

‹ Paix à cette maison et à ceux qui l'habitent. Puis au chevet du lit de l'infirme:

«Père de miséricorde, conserve et retiens ce malade dans le corps de ton église, comme » un de ses membres. Aie égard à sa contri»tion, reçois ses larmes, soulage ses douleurs, » selon que tu connoîtras lui être salutaire. >> Ensuite il lisoit le spseaume In te, Domine: Seigneur, je me suis retiré vers toi, délivre» moi par ta justice. »

Quand on se rappelle que c'étoit presque

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