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CHAPITRE VI.

Cérémonies et Prières de la Messe.

Il ne reste donc plus qu'à justifier les rites du sacrifice. Or, supposons que la messe soit une cérémonie antique, dont on trouve les prières et la description dans les jeux séculaires d'Horace, ou dans quelques tragédies grecques; comme nous ferions admirer ce dialogue qui ouvre le sacrifice chrétien !

. Je m'approcherai de l'autel de Dieu. B. Du Dieu qui réjouit ma jeunesse.

. Faites luire votre lumière et votre vérité; elles m'ont conduit dans vos tabernacles et sur votre montagne sainte.

R. Je m'approcherai de l'autel de Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse.

. Je chanterai vos louanges sur la harpe, Seigneur; mais, mon ame, d'où vient ta tristesse, et pourquoi me troubles-tu ? R. Espérez en Dieu, etc.

Ce dialogue est un véritable poëme lyrique entre le prêtre et le cathécumène ; le premier, plein de jours et d'expérience, gémissant sur la misère de l'homme, pour lequel il va offrir le sacrifice; le second, rempli d'espoir et de jeunesse, chantant la victime par qui il sera racheté.

Suit le Confiteor, prière admirable par sa moralité. Le prêtre implore la miséricorde du Tout-Puissant pour le peuple et pour lui

même.

Le dialogue recommence.

. Seigneur, écoutez ma prière !

R. Et que mes cris s'élèvent jusqu'à vous. Alors le sacrificateur monte à l'autel, s'incline, et baise avec respect la pierre sacrée, qui dans les anciens jours cachoit les os des martyrs.

Souvenir des catacombes.

En ce moment le prêtre est saisi d'un feu divin: comme les prophètes d'Israël, il entonne le cantique chanté par les anges sur le berceau du Sauveur, et dont Ezéchiel entendit une partie dans la nue.

<< Gloire à Dieu dans les hauteurs du ciel » et paix aux hommes de bonne volonté sur

la terre! Nous vous louons, nous Vous » bénissons, nous vous adorons, roi du ciel, » dans votre gloire immense ! etc. >>

L'épître succède au cantique. L'ami du Rédempteur du monde, Jean, fait entendre des paroles pleines de douceur, ou le sublime Paul, insultant à la mort, découvre les mystères de l'Etre suprême. Prêt à lire une leçon de l'évangile, le prêtre s'arrête, et supplie l'Eternel de purifier ses lèvres avec le charbon de feu dont il toucha les lèvres d'Isaïe. Alors les

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paroles de J. C. retentissent dans l'assemblée; c'est le jugement sur la femme adultère; c'est le Samaritain versant le baume dans les plaies du voyageur; ce sont les petits enfans bénis dans leur innocence.

Que peuvent faire le prêtre et l'assemblée, après avoir entendu de telles paroles? Déclarer sans doute qu'ils croyent fermement à l'existence d'un Dieu, qui laissa de tels exemples à la terre. Le symbole de la foi est donc chanté en triomphe la philosophie qui se pique d'applaudir aux grandes choses, auroit dû remarquer que c'est la première fois que tout un peuple a professé publiquement le dogme de l'unité d'un Dieu : Credo in unum Deum.

Cependant le sacrificateur prépare l'hostie sans tache, pour lui, pour les vivans, pour les morts. Il présente le calice: «< Seigneur, » nous vous offrons la coupe de notre salut. » Il bénit le pain et le vin. « Venez, Dieu éternel, bénissez ce sacrifice. Il lave ses mains.

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« Je laverai mes mains entre les innocens... » Oh ! ne me faites point finir mes jours parmi » ceux qui aiment le sang.

Souvenir des persécutions.

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Tout étant préparé, le célébrant se tourne vers le peuple, et dit:

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Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice.

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Le prêtre reste un moment en silence, puis tout-à-coup, annonçant l'éternité, Per omnia saecula saeculorum, il s'écrie:

« Elevez vos cœurs ! »

Et mille voix répondent :

Habemus ad Dominum: « Nous les élevons » vers le Seigneur. »

La préface est chantée sur l'antique récitatif de la tragédie grecque, et les Dominations les Puissances, les Vertus, les Anges et les Séraphins sont invités à descendre avec la grande victime, et à répéter avec le choeur des fidèles, le triple Sanctus et l'hozannah éternel.

Enfin, l'on touche au moment terrible. Le canon, où la loi éternelle est gravée, vient de s'ouvrir; la consécration s'achève par les paroles de J. C. Seigneur, dit le prêtre, en s'inclinant profondément, « que l'hostie sainte » vous soit agréable comme les dons d'Abel, » le juste, comme le sacrifice d'Abraham, »notre patriarche, comme celui de votre grand-prêtre Melchisedech; nous vous supplions d'ordonner que ces dons soient portés à votre autel sublime, par les mains de votre ange, en présence de votre divine

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majesté ! »

A ces mots le mystère ineffable s'accomplit, l'agneau descend pour être immolé :

O moment solemnel ! ce peuple prosterné,:

» Ce temple dont la mousse a couvert les portiques, »Ses vieux murs, son jour sombre et ses vitraux gothiques, » Cette lampe d'airain, qui dans l'antiquité,

» Symbole du soleil et de l'éternité,

» Luit devant le Très-Haut, jour et nuit suspendue ;

» La majesté d'un Dieu parmi nous descendue,

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Les pleurs, les vœux, l'encens qui montent vers l'autel,

» Et de jeunes beautés, qui sous l'œil maternel

>> Adoucissent encor par

leur voix innocente

»De la religion la pompe
pompe attendrissante ;

» Cet orgue qui se tait, ce silence pieux,
» L'invisible union de la terre et des cieux,
» Tout enflamme, agrandit, émeut l'homme sensible :
Il croit avoir franchi ce monde inaccessible,
» Où sur des harpes d'or l'immortel Séraphin,
» Au pied de Jéhovah, chante l'hymne sans fin.
» Alors de toutes parts un Dieu se fait entendre ;
» Il se cache au savant, se révèle au cœur tendre :
>> Il doit moins se prouver qu'il ne doit se sentir » (1).

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CHAPITRE VII.

La Fête-Dieu.

Il n'en est pas des fêtes chrétiennes comme des cérémonies débordées du paganisme; on n'y traîne pas en triomphe un boeuf-dieu, un bouc sacré; on n'est pas obligé, sous peine

(1) M. de la Harpe a dit que ce sont-là vingt des plus beaux vers de la langue française; nous ajouterons seulement qu'ils peignent avec la dernière exactitude le sacrifice chrétien.

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