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traducteurs, antiquaires, journalistes, il n'y a pas une branche des sciences que les Jésuites n'aient cultivée avec éclat. Bourdaloue rappeloit l'éloquence romaine, Brumoy introduisoit la France au théâtre des Grecs, Gresset marchoit sur les traces de Molière : les Lecomte, les Parrennin, les Charlevoix, les Ducerceau, les Sanadon, les Duhald, les Noël, les Bouhours, les Daniel, les Tournemine, les Meimbourg, les Larue, les Jouvency, les Rapin, les Vanière, les Commire, les Syrmond, les Bougeant, les Petau, ont laissé des noms qui ne sont pas sans honneur. Que peut-on reprocher aux Jésuites? Un peu d'ambition si naturelle au génie. <«<< Il sera toujours beau, dit M. de

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Montesquieu, en parlant de ces pères, de » gouverner les hommes, en les rendant heu» reux. » Pesez la masse du bien que les Jésuites ont fait ; rappelez vous les écrivains celèbres qu'ils ont donnés à la France, ou qui se sont formés dans leurs écoles, les royaumes entiers conquis à notre commerce par leur habileté, leurs sueurs et leur sang; les miracles de leurs missions au Canada, au Paraguay, à la Chine et vous verrez que le peu de mal dont on les accuse, ne balance pas un moment les services qu'ils ont rendus à la société.

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CHAPITRE V I.

Papes et Cour de Rome. Découvertes modernes, etc.

AVANT de passer aux services que l'église a rendus à l'agriculture, rappelons ce que les papes ont fait pour les sciences et les beaux-arts. Tandis que les ordres religieux travailloient dans toute l'Europe à l'éducation de la jeunesse, à la découverte des manuscrits, à l'explication de l'antiquité, les pontifes romains, prodiguant aux savans les récompenses et jusqu'aux honneurs du sacerdoce, étoient le principe de ce mouvement général vers les lumières. Certes, c'est une grande gloire pour l'église qu'un pape ait donné son nom au siècle, qui commence l'ère de l'Europe civilisée, et qui, s'élevant du milieu des ruines d'Athènes et de Rome, emprunta ses clartés du siècle d'Alexandre, pour les réfléchir sur le siècle de Louis.

Ceux qui représentent le christianisme comme arrêtant le progrès des lumières, contredisent manifestement tous les témoignages historiques. Par-tout la civilisation a marché sur les pas de l'évangile; au contraire des religions. de Mahomet, de Brhama et de Confucius, qui ont borné les progrès de la société, et forcé l'homme à vieillir dans son enfance.

Rome chrétienne étoit comme un grand port, qui recueilloit tous les débris des naufrages des arts. Constantinople tombe sous le joug des Turcs; aussitôt l'église ouvre mille retraites honorables aux illustres fugitifs de Byzance et d'Athènes. L'imprimerie, proscrité en France, trouve une retraite en Italie. Des cardinaux épuisent leurs fortunes à fouiller les ruines de la Grèce, et à acquérir des manuscrits. Le siècle de Léon X avoit paru si beau au savantabbé Barthélemi, qu'il l'avoit d'abord préféré à celui de Périclès, pour sujet de son grand ouvrage : c'étoit dans l'Italie chrétienne qu'il prétendoit conduire un moderne Anacharsis.

« A Rome, dit-il, mon voyageur voit Michel » Ange, élevant la coupole de saint Pierre; » Raphaël, peignant les galeries du Vatican; » Sadolet ét Bembe, depuis cardinaux, rem» plissant alors, auprès de Léon X, la place » de secrétaires ; le Trissin, donnant la pré»mière représentation de Sophronisbe, pre»mière tragédie, composée par un moderne;

Beroald, bibliothécaire du Vatican, s'occupant à publier les annales de Tacite, qu'on » venoit de découvrir en Westphalie, et que Léon X avait acquises pour la somme de cinq cents ducats d'or; le mêine pape, proposant » des places aux savans de toutes les nations » qui viendraient résider dans ses états, et » des récompenses distinguées à ceux qui lui

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apporteroient des manuscrits inconnus....... » Par-tout s'organisoient des universités, des colléges, des imprimeries pour toutes sortes de langues et de sciences, des bibliothèques » sans cesse enrichies des ouvrages qu'on y publioit, et des manuscrits nouvellement apportés des pays où l'ignorance avoit con»servé son empire. Les académies se multiplioient tellement, qu'à Ferrare on en comp» toit dix à douze ; à Bologne, environ quatorze; → à Sienne, seize. Elles avoient pour objet les » sciences, les belles lettres, les langues, l'his » toire, les arts. Dans deux de ces académies, » dont l'une étoit simplement dévouée à Platon, » et l'autre à son disciple Aristote, étoient » discutées les opinions de l'ancienne philosophie, et pressenties celles de la philoso»phie moderne. A Bologne, ainsi qu'à Venise >> une de ces sociétés veilloit sur l'imprimerie, » sur la beauté du papier, la fonte des carac

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tères, la correction des épreuves, et sur » tout ce qui pouvoit contribuer à la perfec>tion des éditions nouvelles.

» Dans chaque état, les capitales, et même » des villes moins considérables, étoient ex» trêmement avides d'instruction et de gloire : » elles offroient presque toutes aux astrono » mes des observations, aux anatomistes des » amphithéâtres, aux naturalistes des jardins » de plantes, à tous les gens de lettres des

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> collections de livres, de médailles et de mo» numens antiques; à tous les genres de con»noissances, des marques éclatantes de con» sidération, de reconnoissance et de respect.

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» Les progrès des arts favorisoient le goût des >> spectacles et de la magnificence. L'étude de. » l'histoire et des monumens des Grecs et des » Romains inspiroient des idées de décence, » d'ensemble et de perfection qu'on n'avoit » point eues jusqu'alors. Julien de Médicis, » frère de Léon X, ayant été proclamé citoyen » romain, cette proclamation fut accompagnée de jeux publics; et sur un vaste théâtre, >> construit exprès dans la place du Capitole, » on représenta, pendant deux jours, une » comédie de Plaute, dont la musique et l'appareil extraordinaire excitèrent une admi>> ration générale.»

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Les successeurs de Léon X et de Médicis ne laissèrent point s'éteindre cette noble ardeur pour les travaux du génie. Les évêques pacifiques de Rome rassembloient dans leur villa les précieux débris des âges. Dans les palais des Borghèse et des Farnèse, le voyageur admiroit les chefs-d'œuvre de Praxitèle et de Phidias; c'étoient des papes qui achetoient, au poids de l'or, les statues de l'Hercule et de l'Apollon; c'étoient des papes qui, pour conserver les ruines trop insultées de l'antiquité,

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