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Delicta juventutis meae, etc.

« O mon Dieu, ne vous souvenez, ni des »fautes de ma jeunesse, ni de mes igno»rances (1)!

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Les plaintes du Roi-prophète sont entrecoupées par les soupirs du saint Arabe.

<< O Dieu, cessez de m'affliger, puisque mes » jours ne sont que néant ! Qu'est-ce que » l'homme pour mériter tant d'égards, et pour » que vous y attachiez votre cœur ?.... »

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Lorsque vous me chercherez le matin » vous ne me trouverez plus (2).

« La vie m'est ennuyeuse, je m'abandonne » aux plaintes et aux regrets.... Seigneur, » vos jours sont-ils comme les jours des mor» tels, et vos années éternelles, comme les » années passagères de l'homme (3)? »

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« Pourquoi, Seigneur, détournez-vous votre visage et me traitez-vous comme votre » ennemi? Devez-vous déployer toute votre puissance contre une feuille que le vent em» porte, et poursuivre une feuille séchée (4)? » « L'homme né de la femme vit peu de temps, » et il est rempli de beaucoup de misère; il

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(1) Ibid. ps. 24.

(2) Ibid. I.re leç.

(3) Ibid. II leç.

(4) Office des Morts, IV lec.

» fuit comme une ombre qui ne demeure jamais » dans un même état. »

<< Mes années coulent avec rapidité, et je » marche par une voie par laquelle je ne re» viendrai jamais (1).

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<< Mes jours sont passés, toutes mes pensées » sont évanouies, toutes les espérances de mon » cœur dissipées.... Je dis au sépulcre, vous » serez mon père, et aux vers, vous serez ma

» mère et mes sœurs. >>>

De temps en temps le dialogue du Prêtre et du Choeur interrompt la suite des cantiques. Le Prêtre. « Mes jours se sont évanouis » comme la fumée; mes os sont tombés en » poudre.

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Le Chœur. « Mes jours ont décliné comme >> l'ombre.

Le Prêtre, « Qu'est-ce que la vie? Une » petite vapeur. »

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Le Chœur. « Mes jours ont décliné comme » l'ombre.

Le Prêtre. « Les morts sont endormis dans » la poudre, »,

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Le Chœur. «Ils se réveilleront, les uns dans » l'éternelle gloire, les autres dans l'opprobre » pour y demeurer à jamais.

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Le Prêtre. « Ils ressusciteront tous; mais » non pas tous comme ils étoient.

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(1) Ibid. VII leg.

Le Choeur. « Ils se réveilleront. >>

A la communion de la Messe, le Prêtre dit : << Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur; ils se reposent dès à présent dé » leurs travaux, car leurs bonnes œuvres les » suivent. »

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Au lever du cercueil, on entonne le pseaume des douleurs et des espérances. «<Seigneur, je » crie vers vous du fond de l'abyme; que mes >> cris parviennent jusqu'à vous. »

En portant le corps, on recommence le dialogue: qui dormiunt; » ils dorment dans la poudre, - ils se réveilleront »

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Si c'est pour un Prêtre, on ajoute : « une » victime a été immolée avec joie dans le taber»nacle du Seigneur. »

En descendant le cercueil dans la fosse! <<< nous rendons la terre à la terre, la cendre » à la cendre, la poudre à la poudre.

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Enfin, au moment où l'on jette la terre sur la bière, le Prêtre s'écrie, dans les paroles de l'Apocalypse une voix d'en-haut fut entendue, qui disoit bienheureux sont les morts! Cependant ces superbes prières n'étoient pas les seules que l'église offrît pour les Trépassés : de même qu'elle avoit des couronnes de fleurs pour le cercueil de l'enfant, et des voiles sans tache comme son innocence; de même elle avoit des oraisons analogues à l'âge et au sexe de la victime. Si quatre vierges; vêtues de

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lin, et parées de feuillages, apportoient la dépouille d'une de leur compagne, dans une nef tendue de rideaux blancs, le Prêtre récitoit à haute voix, sur cette jeune cendre, une hymne à la virginité. Tantôt c'étoit l'Ave, maris stella, cantique où il règne une grande fraîcheur, et où l'heure de la mort est représentée comme l'accomplissement de l'espérance; tantôt c'étoient des images tendres et poétiques empruntées de l'Ecriture: Elle a passé comme l'herbe des champs; ce matin, elle fleurissoit dans toute sa grâce, le soir nous l'avons vue séchée. N'est-ce pas là la fleur qui languit touchée par le tranchant de la charrue; le paveau qui penche sa tête abattue par une pluie d'orage? PLUVIA CUM FORTE GRAVANTUR,

Mais quelle oraison funèbre le pasteur prononçoit-il sur l'enfant décédé, dont une mère en pleurs lui présentoit le petit cercueil? Il entonnoit l'hymne que les trois enfans Hébreux chantoient dans la fournaise, et que l'église répète le dimanche au lever du jour : Que tout bénisse les œuvres du Seigneur! La religion bénit Dieu d'avoir couronné l'enfant par la mort, d'avoir délivré ce jeune ange des chagrins de la vie; elle invite toute la nature à se réjouir autour du tombeau de l'innocence; ce ne sont point des cris de douleur, ce sont des cris d'allégresse qu'elle fait entendre. C'est dans le même esprit qu'elle chante encore

le Laudate, pueri, Dominum, qui finit par cette strophe: Qui facit habitare sterilem in domo: matrem filiorum laetantem. « Le Sei»gneur qui rend féconde une maison stérile, » et qui fait que la mère se réjouit dans ses » fils. » Quel cantique pour des parens affligés! L'église leur montre l'enfant qu'ils viennent de perdre, vivant au bienheureux séjour, et leur promet d'autres enfans sur la terre!

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Enfin non satisfaite d'avoir donné cette attention si morale à chaque cercueil, la religion a couronné toutes les choses de l'autre vie par une cérémonie générale, où elle réunit la mémoire des innombrables habitans du sépulcre; vaste communauté de morts, où le grand est couché auprès du petit; république de parfaite égalité, où l'on n'entre point sans ôter son casque ou sa couronne, pour passer par la porte abaissée du tombeau. Quelle conception religieuse que celle-là où l'on a imaginé de célébrer les funérailles de la famille entière d'Adam, et de recevoir dans une urne universelle toutes les larmes qui ont coulé pour les trépassés, depuis le commencement du monde! C'est avec de merveilleuses angoisses que l'ame mêle ses tribulations pour les anciens morts, aux peines qu'elle ressent pour ses amis nouvellement perdus. Le chagrin prend, par cette union, quelque chose de souverainement beau, comme une moderne douleur acquiert le grand

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