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caractère antique, quand celui qui l'exprime a nourri son génie des vieilles tragédies d'Homère. La religion seule étoit capable d'élargir assez le cœur de l'homme, pour qu'il pût contenir des soupirs et des amours, égaux en nombre à la multitude des morts, qu'il avoit à honorer.

DU CHRISTIANISME,

Ου

BEAUTÉS

POÉTIQUES ET MORALES

DE

LA RELIGION CHRÉTIENNE.

QUATRIÈME PARTIE.

SUITE DU CULTE.

LIVRE SE CON D.

TOMBEA U X.

CHAPITRE PREMIER.

TOMBEAUX ANTIQUES.

L'Egypte, les Grecs et les Romains.

ES

Les derniers devoirs qu'on rend aux hommes seroient bien tristes, s'ils étoient dépouillés des signes de la religion. La religion a pris.

naissance aux tombeaux, et les tombeaux ne peuvent se passer d'elle: il est beau que le cri de l'espérance s'élève du fond du cercueil, et que le prêtre du Dieu vivant escorte au monument la cendre de l'homme ; c'est en quelque sorte l'immortalité qui marche à la tête de la

mort.

Les funérailles nous ont conduit à nous entretenir des tombeaux, qui tiennent une si grande `place dans notre histoire. Afin de mieux appré cier le culte dont on les honore chez les chrétiens, voyons dans quel état ils ont subsisté chez les peuples idolâtres.

Il existe un pays sur la terre, qui doit une partie de sa célébrité à ses tombeaux, et de toutes les nations de l'Europe, la nation Françoise semble y prendre le plus d'intérêt. Ce peuple de S. Louis est travaillé intérieurement d'une certaine grandeur, qui le force à se mêler, dans tous les coins du globe, aux choses grandes comme lui-même. Cependant est-il certain que des momies soient des objets fort dignes de curiosité? On diroit que l'ancienne Egypte ait craint que la postérité ignorât un jour ce que c'étoit que la mort, et qu'elle ait voulu, à travers les temps, lui faire parvenir des échantillons de cadavres.

Vous ne pouvez faire un pas dans cette terre sans rencontrer un monument. Voyez-vous un obélisque? c'est un tombeau; les débris d'une

colonne c'est un tombeau; une cave souterraine? c'est encore un tombeau. Et lorsque la lune, se levant derrière la grande pyramide, vient à apparoître sur le sommet de ce sépulcre immense, vous croyez appercevoir le phare même de la mort, et errer véritablement sur le rivage où jadis le nautonnier des enfers passoit toutes les ombres..

Chez les Grecs et les Romains, les morts ordinaires reposoient à l'entrée des villes. Les tombeaux sont bien placés sur les routes publiques; ce sont les vrais monumens du voyageur.

Outre ces communs lieux de sépulture, on exposoit les cénotaphes des hommes fameux, aux bords de la mer. Le navigateur découvroit, ou le petit tombeau de sable de Pompée près de la ville d'Alexandre, ou la statue de Caton sur un écueil non loin des ruines de Carthage. Platon et Pythagore, en voguant à la terre d'Egypte, où ils alloient s'instruire touchant les dieux, passoient devant l'île d'Io, à la vue du tombeau d'Homère : le chantre d'Achille reposoit sous la protection de Thétis, et son Ombre, dans les douces nuits de l'Ionie, pouvoit disputer aux syrènes le prix des concerts.

CHAPITRE II.

TOM BEAUX

MODERNE S.

La Chine et la Turqnie.

LES Chinois ont une coutume touchante; ils enterrent leurs proches dans leurs jardins. Il est doux d'entendre, dans tous les bois, la voix des ombres de ses pères, et d'avoir toujours quelques souvenirs au désert.

A l'autre extrémité de l'Asie, les Turcs ont à-peu-près le même usage. Le détroit des Dardanelles présente un spectacle bien philosophique. D'un côté, s'élèvent les promontoires de l'Europe avec toutes ses ruines; de l'autre, serpentent les côtes de l'Asie, bordées de cimetières Islamistes. Que de mœurs diverses ont animé ces rivages! Que de peuples y sont ensevelis, depuis les jours où la lyre d'Orphée y rassembla des sauvages, jusqu'aux jours qui ont rendu ces fameuses contrées à la barbarie! Pélages, Hellènes, Grecs, Méoniens, peuples d'Ilus, de Sarpédon, d'Énée, habitans de l'Ida, du Tmolus, du Méandre et du Pactole, sujets de Mithridate, esclaves des Césars, Romains, Vandales, hordes de Goths, de Huns, de Francs, d'Arabes; vous avez tous sur ces bords étalé le culte des tombeaux, et en cela seul vos mœurs ont été pareilles. La mort se jouant à son gré des choses et des destinées humaines,

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