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DU CHRISTIANISME,

O U

BEAUTÉS

DE

LA RELIGION CHRÉTIENNE.

QUATRIEME PARTIE.

CULT E.

LIVRE TROISIÈM E.

VUE GÉNÉRALE DU CLERGÉ.

CHAPITRE PREMIER.

De Jésus-Christ et de sa Vie.

VERS le temps de l'apparition du Rédempteur sur la terre, les nations étoient dans l'attente de quelque personnage fameux. « Une cons>> tante et ancienne tradition, dit Suétonne, étoit alors répandue dans l'Orient, qu'un » homme s'élevroit de la Judée, et obtien

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» droit l'empire universel (1). » Tacite raconte le même fait, presque dans les mêmes mots. Selon ce grand historien, « la plupart des Juifs » étoient convaincus, d'après un oracle con» servé dans les anciens livres de leurs prê» tres, que dans ce temps-là (le temps de Vespasien) l'Orient prévaudroit, et que quelqu'un, sorti de Judée, régneroit sur le » monde (2). »

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Enfin Joseph, parlant de la ruine de Jérusalem, rapporte que les Juifs furent principalement poussés à la révolte contre les Romains, par une obscure (3) prophétie, qui leur annon çoit que vers cette époque, un homme s'élevroit parmi eux, et soumettroit l'univers (4). Le Nouveau Testament offre aussi des traces de cette espérance répandue alors dans Israël: la foule qui court au désert, demande à S. JeanBaptiste, s'il est le grand Messie, le Christ

(1) Percrebuerat Oriente toto vèstus, et constans opinio esse in fatis, ut eo tempore Judaea profecti rerum potirentur. Suet. in Vespas.

(2) Pluribus persuasio in erat antiquis sacerdotum litteris continens, eo ipso tempore fore, ut valesceret Oriens, profectique Judaea rerum potirentur. Tacit. Hist.

lib. V.

(3) Auqiboros, applicable à plusieurs personnes, et voilà pourquoi les historiens Latins l'attribuèrent à Vespasien.

(4) Joseph. de Bell. Judaic. page 1283.

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de Dieu, si long-temps attendu; et les disciples d'Emaüs sont saisis de tristesse, lorsqu'ils reconnoissent que Jean n'est pas l'homme qui doit racheter Israël. Les soixante-dix semaines de Daniel, ou les quatre cent quatre-vingt-dix depuis la reconstruction du temple, étoient accomplis; enfin, Origène, Origène, après avoir rapporté toutes ces traditions des Juifs ajoute «qu'un grand nombre d'entr'eux avoué» rent Jésus-Christ, pour le libérateur promis » par les prophètes (1).

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Cependant le ciel prépare les voies du Fils. de l'Homme. Les nations long-temps désunics de mœurs et de gouvernement, entretenoient des inimitiés héréditaires; tout-à-coup le bruit des armes cesse, et les peuples réconciliés, ou vaincus, viennent se perdre dans le peuple Romain.

D'un côté, la religion et les mœurs sont parvenues à ce degré de corruption, qui produit de force les changemens; de l'autre, les dogmes de l'unité d'un Dieu et de l'immortalité de l'ame, commencent à se répandre. Ainsi les chemins s'ouvrent de toutes parts à la nouvelle doctrine, et une langue universelle va servir à la propager. Ce vaste empire Romain se compose de nations, les unes sauvages, les

(1) Καὶ πεπισεκεναι αυτον ειναι τον προφήτε νομενον.
Orig. cont. Cels.p. 127.

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autres policées, toutes infiniment malheureuses la simplicité du Christ, pour les premières; ses vertus morales, pour les secondes ; pour toutes sa miséricorde et sa charité sont des moyens de salut que le ciel ménage. Et ces moyens sont si efficaces que, deux siècles après Jésus-Christ, Tertullien disoit déja aux juges de Rome : « Nous ne sommes que d'hier, » et nous remplissons tout, vos cités, vos îles, » vos forteresses, vos camps, vos colonies, vos » tribus, vos décuries, vos conseils, le palais, » le sénat, le forum ; nous ne vous laissons » que vos temples. » Sola relinquimus tem· pla (1).

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A la grandeur des préparations naturelles, s'unit l'éclat des prodiges; les vrais oracles depuis long-temps muets dans Jérusalem recouvrent la voix, et les fausses sybilles se taisent. Une nouvelle étoile se montre dans l'Orient; Gabriel descend vers Marie, un chœur d'esprits bienheureux, chante au haut du ciel, pendant la nuit : Gloire à Dieu; paix aux hommes ! Tout-à-coup le bruit se' répand que le Sauveur a vu le jour dans la Judée il n'est point né dans la pourpre, mais dans l'humble asyle de l'indigence; il n'a point été annoncé aux grands et aux superbes; mais les anges l'ont révélé aux petits et aux simples;

(1) Tertul. Apologet. cap. 37.

il n'a point réuni autour de son berceau, les heureux du monde mais les infortunés; et par ce premier acte de sa vie, il s'est déclaré de préférence le Dieu des misérables.

Arrêtons-nous ici, pour faire une réflexion. Nous voyons, depuis le commencement des siècles, les rois, les héros, les hommes éclatans devenir les dieux des nations. Mais voici que le fils d'un charpentier, dans un petit coin de la Judée, est un modèle de douleurs et de misère ; il est flétri publiquement par un supplice; il choisit ses disciples entre la plus vile populace; il ne prêche que sacrifices, que renoncement aux pompes du monde, au plaisir, au pouvoir; il préfère l'esclave au maître, le pauvre au riche, le lépreux à l'homme sain; tout ce qui pleure pleure, tout tout ce qui a des plaies, tout ce qui est abandonné du monde, et fui des hommes, fait ses délices : la puissance, la fortune et le bonheur sont au contraire éternellement menacés par lui; il renverse toutes les notions communes de la morale; il établit des relations nouvelles entre les hommes, un nouveau droit des gens, une nouvelle foi publique; il élève ainsi sa divinité, il triomphe de la religion des César s'assied sur leur trône, et parvient à subjuguer la terre non, quand la voix du monde entier s'élevroit contre Jésus-Christ, quand toutes les lumières de la philosophie se réu

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