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niroient contre ses dogmes, jamais on ne nous persuadera qu'une religion fondée sur une pareille base, soit une religion humaine. Celui qui a pu faire adorer une croix; celui qui a offert, pour objet de culte aux hommes P'humanité souffrante, la vertu persécutée ; celui-là, nous le jurons, ne sauroit être qu'un Dieu.

Jésus-Christ apparoît au milieu des hommes, plein de grâce et de vérité; l'autorité et la douceur de sa parole entraînent. Il vient pour être le plus malheureux des mortels, et tous ses prodiges sont pour les misérables. Ses miracles, dit Bossuet, tiennent plus de la bonté que de la puissance. Pour inculquer ses préceptes, il choisit l'apologue ou la parabole qui se grave aisément dans l'esprit des peuples. C'est en marchant dans les campagnes, et d'après les choses qui se présentent à ses yeux, qu'il donne ses divines leçons. En voyant les fleurs d'un champ, il exhorte ses disciples à espérer dans la Providence, qui supporte les foibles plantes, et nourrit les petits oiseaux; en appercevant les fruits de la terre, il instruit à juger de l'homme par ses œuvres; on lui apporte un petit enfant et il recommande l'innocence ; se trouvant au milieu des bergers, il se donne à lui-même le titre de pasteur des ames, et se représente, rapportant sur ses épaules, la

brebis égarée. Au printemps il s'assied sur une montagne, et tire des objets environnans, de quoi instruire la foule assise à ses pieds : c'est du spectacle même de cette foule pauvre et malheureuse, qu'il fait naître ses béatitudes : Bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui ont faim et soif, etc. Ceux qui observent ses préceptes, et ceux qui les méprisent, sont comparés à deux hommes qui bâtissent deux maisons, l'une sur un roc, l'autre sur un sable mouvant selon quelques interprètes, il montroit, en parlant ainsi, un hameau florissant sur une colline, et au bas de cette colline, des cabanes détruites par une inondation (1). Quand il demanda de l'eau à la femme de Samarie, il lui peignit sa doctrine sous la belle image d'une source d'eau vive.

Les plus violens ennemis de Jésus-Crist n'ont jamais osé attaquer sa divine personne. Celse, Julien, Volusien (2) avouent ses miracles, et Porphyre raconte que les oracles mêmes des payens l'appeloient un homme illustre par sa piété (3). Tibère avoit voulu le mettre au rang des Dieux (4); selon Lampridius, Adrien lui avoit élevé des temples, et Alexandre-Sévère

(1) Fortin. on the truth of the christ. relig. pag. 218. (2) Orig. cont. Cels. I. 11. Jul. Ap. Cyril. lib. VI. Aug. ep. 3, 4, tom. II.

(3) Euseb. dem. III, ev. 3. (4) Tert. Apologet.

le révéroit avec les images des ames saintés, entre Orphée et Abraham (1). Pline a rendu un illustre témoignage à l'innocence de ces premiers chrétiens, qui suivoient de près les exemples du Rédempteur. Il n'y a point de philosophes de l'antiquité à qui l'on n'ait reproché quelques vices; les patriarches même ont eu des foiblesses; le Christ seul est sans tache ; c'est la plus brillante copie de cette beauté souveraine qui réside sur le trône des cieux. Pur et sacré comme le tabernacle du Seigneur, ne respirant que l'amour de Dieu et des hommes, infiniment supérieur, par l'élévation de son ame, à la vaine gloire du monde, il poursuivóit, à travers les douleurs, la grande affaire de notre salut, forçant les hommes, par l'ascendant de ses vertus, à embrasser sa doctrine, et à imiter une vie qu'ils étoient contraints d'admirer.

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Son caractère étoit aimable, ouvert et tendre; sa charité sans bornes. L'apôtre nous en donne une idée en deux mots : Il alloit fai sant le bien. Sa résignation à la volonté de Dieu éclate dans tous les momens de sa vie : il aimoit, il connoissoit l'amitié l'homme qu'il tira du tombeau, Lazare, étoit son ami; ce fut pour le plus grand sentiment de la vie, qu'il fit son plus grand miracle. L'amour de

· (5) Lamp. in Alex. Sev. cap. 4 et 31.

la patrie trouva chez lui un modèle : « Jéru» salem, Jérusalem, s'écrioit-il, en pensant » au jugement qui menaçoit cette cité coupa»ble, j'ai voulu rassembler tes enfans, » comme la poule rassemble ses poussins sous » ses ailes; mais tu ne l'as pas voulu! » Du haut d'une colline, jetant ses tristes yeux sur cette ville condamnée pour ses crimes, à une horrible destruction, il ne put retenir ses larmes: Il vit la cité, dit l'apôtre, et il pleura! Sa tolérance ne fut pas moins remarquable, quand ses disciples le prièrent de faire descendre le feu sur un village de Samaritains, qui lui avoit refusé l'hospitalité : il répondit avec indignation: Vous ne savez pas ce que vous demandez !

Si le Fils de l'Homme étoit sorti du ciel avec toute sa force, il eût eu sans doute peu de peine à pratiquer tant de vertus, à supporter tant de maux; mais c'est ici la gloire du mystère le Christ ressentoit des douleurs ; son cœur se fondoit comme celui d'un homme ; il ne donna jamais aucun signe de colère que contre la dureté de l'ame et l'insensibilité. Il répétoit éternellement: Aimez-vous les uns les autres. Mon père, s'écrioit-il sous le fer des bourreaux : Pardonnez-leur; car ils ne savent ce qu'ils font. Prêt à quitter ses disciples bien-aimés, il fondit tout-à-coup en larmes ; il ressentit toutes les terreurs du tom

beau, toutes les angoisses de la croix : une sueur de sang coula le long de ses joues divines; il se plaignit que son père l'avoit abandonné. Lorsque l'ange lui présenta le calice, il dit : « O » mon Père ! fais que ce calice passe loin de » moi; cependant, si je dois le boire, que ta » volonté soit faite. >> Ce fut alors que ce mot, où respire toute la sublimité de la douleur, échappa à sa bouche: Mon ame est triste jusqu'à la mort. Ah! si la morale la plus pure, et le cœur le plus tendre; si une vie passée à combattre l'erreur et à soulager les maux des hommes, sont les attributs de la divinité, qui peut nier celle de Jésus-Christ? Modèle de toutes vertus, l'amitié le voit endormi dans le sein de Jean, ou léguant sa mère à ce disciple; la tolérance l'admire dans le jugement de la femme adultère ; par-tout la piété le trouve bénissant les pleurs de l'infortuné; dans son amour pour les enfans, son innocence et sa candeur se décèlent ; la force de son ame brille au milieu des tourmens de la croix ; et son dernier soupir est un soupir de miséricorde.

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