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dominicale (1), que S. Augustin appelle par cette raison oratio fidelium, et S. Chrysostôme Evxor. Les cathécumènes ne pouvoient assister à toutes les cérémonies, et l'on ne traitoit des mystères devant eux qu'en paraboles obscures (2).

Le nom de laïc fut inventé pour distinguer l'homme qui n'étoit pas engagé dans les ordres du corps général du clergé. Le titre de clerc se forma en même temps: laici et Kлpxoś se lisent à chaque page des anciens auteurs. On se servoit de la dénomination d'ecclésiastique, tantôt en parlant des chrétiens en opposition aux Gentils (3), tantôt en désignant le clergé, par rapport au reste des fidèles; enfin, le glorieux titre de catholique, ou d'univer selle, fut attribué à l'église dès sa naissance. Eusèbe, Clément d'Alexandrie et S. Ignace en portent témoignage (4). Poleimon, le juge, ayant demandé à Pionos, martyr, de quellé église il étoit, le confesseur répondit: De l'église catholique; car Jésus-Christ n'en connoît point d'autre (5).

(1) Constit. apost. lib. VIII, cap. 8 et 12.

(2) Theodór. Epit. div. dogm. cap. 24. Aug. Serm.

ad Neophytos in append. t. X, p. 845.

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(3) Eus. lib. IV, cap. 7; lib. V, cap. 27. Cyril. catéch 15, n. 4.

(4) Eus, lib. IV, cap. 15, Clem, Alex. Strom. lib. VII, Ignat. cap. ad Smyrn. n. 8.

(5)- Act. Pion. ap.

Bar. an. 254, n. 9.

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N'oublions pas dans le développement de cette hiérarchie, que S. Jérôme compare à celle des anges, n'oublions pas les voies par où la chrétienté signaloit et sa sagesse et sa force nous voulons dire les conciles et les persécutions. « Rappelez en votre mémoire, » dit la Bruyère, rappelez ce grand et premier >> concile, où les pères qui le composoient, » étoient remarquables chacun par quelques » membres mutilés, ou par les cicatrices qui » leur étoient restées des fureurs de la persécu >tion: ils sembloient tenir de leurs plaies le >> droit de s'asseoir dans cette assemblée géné» rale de toute l'église. »

Déplorable esprit de parti! M. de Voltaire, qui montre par-tout l'horreur du sang et l'amour de l'humanité, cherche à persuader qu'il y eut peu de martyrs dans l'église primitive (1); et comme s'il n'eût jamais lu les historiens Romains, il va presque jusqu'à nier cette première persécution dont Tacite nous a fait une si affreuse peinture. L'auteur de Zaïre, qui connoissoit la puissance du malheur, a craint qu'on ne se laissât toucher par le tableau des souffrances des chrétiens; il a voulu leur arracher cette couronne de martyre, qui les rendoit intéressans aux cœurs tendres, et leur ravir jusqu'au charme de leurs pleurs.

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Ainsi nous avons tracé le tableau de la hié

(1) Dans son Essai sur les Maurs.

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rarchie apostolique; joignez-y le clergé régulier, dont nous allons bientôt nous entretenir, et vous aurez l'église entière de Jésus-Christ. Nous osons l'avancer, aucune autre religion sur la terre n'a offert un pareil systême de bienfaits, de prudence et de prévoyance, de force et de douceur, de loix morales et de loix religieuses. Rien n'est plus sagement ordonné que ces cercles, qui partant du dernier chantre du village, vont toujours s'élevant jusqu'au trône pontifical, qu'ils supportent et qui les couronne. L'église ainsi, par ses différens degrés, touchoit à tous nos besoins et à toutes nos misères: arts, lettres, sciences, législation, politique, hommes illustres dans tous les genres, institutions littéraires civiles et religieuses, fondations pour l'humanité, tous ces magnifiques bienfaits nous arrivoient par les rangs supérieurs de la hiérarchie, tandis que les détails de la charité et de la morale étoient répandus par les degrés inférieurs, chez les dernières classes du peuple. Si jadis l'église fut pauvre, depuis le dernier échelon jusqu'au premier, c'est que toute la chrétienté étoit indigente comme elle. Mais ce seroit peut-être un manque de vues droites sur la nature humaine d'exiger que le clergé fût resté indigent, quand l'opulence croissoit autour de lui. Il auroit alors perdu toute considération; il y

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auroit eu dans la société certaines classes qu'il n'auroit pu atteindre, et qui se fussent soustraites à son autorité morale. Le chef de l'église étoit prince, pour pouvoir parler aux princes; les évêques, marchant de pair avec les grands, osoient les instruire de leurs devoirs; les prêtres séculiers et réguliers au-dessus des nécessités de la vie, se mêloient aux riches dont ils épuroient les mœurs; et le simple curé se rapprochoit du pauvre qu'il étoit destiné à soulager par ses bienfaits, et à consoler par son exemple.

Ce n'est pas que le plus indigent des prêtres ne pût aussi instruire les grands du monde, et les rappeler à la vertu; mais il ne pouvoit ni les suivre dans les habitudes de leur vie comme le haut clergé, ni leur tenir un langage qu'ils eussent parfaitement entendu. ·La considération même dont il jouissoit, venoit en partie des ordres supérieurs de l'église. Il convient d'ailleurs de toutes façons à de grands peuples, d'avoir un culte honorable et des autels où l'infortuné puisse trouver des secours (1). Au reste, il n'y a rien d'aussi beau dans

(i) Lorsqu'un philosophe moderne a dit au pauvre qui lui demandoit la charité, au nom de Dieu : « Eh! mon

ami, tu me glaces la main; que ne me demandes-tu » au nom de l'humanité? » Le philosophe a dit un mot horrible que les anciennes républiques auroient peut-être puni de mort.

l'histoire des institutions civiles et religieuses, que ce qui concerne l'autorité, les devoirs et l'investiture du prélat, parmi les chrétiens. On y voit la parfaite image du pasteur des peuples et du ministre des autels. Aucune classe d'hommes n'a plus honoré l'humanité que celle des évêques, et l'on ne pourroit trouver ailleurs plus de vertus, de grandeur et de génie.

Le chef apostolique devoit être sans défaut de corps, et pareil au prêtre sans tache, que Platon dépeint dans ses loix. Choisi dans l'assemblée du peuple, il étoit peut-être le seul magistrat légal qui existât dans les temps barbares. Comme cette place auguste entraînoit une responsabilité immense, tant dans cette vie que dans l'autre, elle étoit loin d'être briguée. Les Bazile et les Ambroise fuyoient au désert, dans la crainte d'être élevés à une dignité dont les devoirs effrayoient même leurs vertus.

Non-seulement l'évêque étoit obligé de remplir ses fonctions religieuses, comme d'enseigner la morale, d'administrer les sacremens, d'ordonner les prêtres; mais encore tout le poids des loix civiles et des débats politiques retomboit sur lui. C'étoit un prince à appaiser, une guerre à détourner, une ville à défendre. L'évêque de Paris, au neuvième siècle en sauvant par son courage la capitale de la France, empêcha peut-être la France entière de passer sous le joug des Normands.

LOR

INS

FORD

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