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Louis; puis, poussant plus loin sa vénération pour l'historien et pour son langage, il est parvenu, à l'aide de l'examen le plus consciencieux de textes émanés de la chancellerie de Joinville, à reconnaître et à fixer des règles grammaticales dont il a su faire l'application au texte même de la vie du saint roi. C'est par cette restitution, non du texte respectueusement conservé, mais des formes et des règles grammaticales rigoureusement appliquées, que M. N. de Wailly a pu reconstituer un Joinville nouveau, ou plutôt le reproduire sous sa forme primitive et véritable.

C'est par le résultat de ce travail difficile, qui n'exigeait pas moins de sagacité que de prudente réserve, que M. de Wailly a pu nous représenter l'œuvre de Joinville, telle qu'avaient dû la lire les contemporains. La Société de l'Histoire de France a regardé comme une bonne fortune d'obtenir de M. de Wailly qu'il publiât, dans sa collection, un Joinville ainsi restitué; vous avez pu apprécier vousmêmes ce travail d'érudition, puisque l'édition de la Vie de saint Louis fait partie des volumes qui vous ont été distribués l'an dernier, et qu'elle a été imprimée avec une rapidité, sans exemple jusqu'ici dans nos publications précédentes, et sans aucun préjudice pour l'exactitude d'un texte ainsi modifié.

Chroniques des Églises d'Anjou. Le volume arriéré dont le Conseil espérait le plus la mise au jour pendant l'exercice de 1868 était celui qui contient les Chroniques ecclésiastiques et monastiques d'Anjou. Il en a été si souvent question, dans les précédents rapports, et la perspective d'une terminaison prochaine vous a été si souvent exposée que nous aurions souhaité n'avoir plus à vous présenter cette année que le volume lui-même. Il aurait porté auprès de vous son excuse, et aurait fait valoir le mérite de chroniques laborieusement recueillies et collationnées, et la consciencieuse érudition de celui qui les a rassemblées avec un amour vraiment patriotique. En vous donnant l'assurance que cette publication, enfin terminée, vous sera distribuée dans un délai très-rapproché, avec les Tables et une Introduction qui sont imprimées, je puis ajouter que la santé longtemps compromise de M. Marchegay a été la principale cause de ces retards, et que la participation de

son collaborateur, M. Mabille, aura enfin levé les derniers obstacles qui retardaient l'achèvement définitif d'un recueil commencé depuis tant d'années.

Mémoires de Mme de Mornay. Lettres inédites de Duplessis-Mornay à sa femme, de Mme Duplessis-Mornay et de leurs enfants. — En vous faisant connaître, l'an dernier, la décision prise par votre Conseil de publier une édition nouvelle des Mémoires de Mme Duplessis-Mornay, et de confier le soin de cette édition à Mme C. de Witt, fille de notre illustre président, j'avais essayé d'indiquer l'intérêt qu'ils devaient offrir, et je vous avais fait connaître qu'ils seraient complétés par une Correspondance entièrement inédite de Duplessis-Mornay et de sa famille. De ces deux projets, l'un est réalisé avec l'exactitude et le soin scrupuleux sur lesquels la Société pouvait à bon droit compter, l'autre est à la veille de l'être. Depuis plusieurs mois le premier volume vous a été distribué, et vous avez pu apprécier l'intérêt de ces Mémoires, écrits par une des plus grandes, des plus zélées et des plus vertueuses dames de la société protestante du seizième siècle. La partie du second volume, qui contient la fin des Mémoires, est imprimée déjà depuis assez longtemps; elle va être très-prochainement complétée par le choix de Lettres qui vous avait été annoncé et dont le manuscrit, présenté au Conseil par M. Guizot dans notre dernière réunion, a été mis immédiatement sous presse.

Il serait superflu de vous rappeler, messieurs, le caractère de ces Mémoires, généralement trop peu connus, dont la lecture attachante inspire tant de sympathie pour l'auteur et dont les récits éclairent à un point de vue nouveau la dernière période des troubles religieux de la France pendant la seconde moitié du seizième siècle. Mais permettez-moi de vous indiquer très-sommairement l'ensemble des Lettres qui compléteront les Mémoires, et dont j'ai pu prendre connaissance, grâce à l'obligeante communication de M. Guizot. Vous n'avez peut-être pas oublié, qu'indépendamment des nombreuses Lettres politiques, dogmatiques et religieuses de Duplessis - Mornay, déjà publiées en partie, soit au dix-septième siècle, dans la collection des écrits de Mornay, imprimée à Leyde (de 1626 à 1652), soit dans la nouvelle édition commencée en 1821, par

MM. Auguis et de La Fontenelle, une collection considérable de papiers de cette famille était conservée en Vendée par M. Audé. Celui-ci s'est empressé, avec le concours de M. Marchegay, de communiquer à M. Guizot les lettres qui ont paru rentrer plus directement dans l'esprit de la publication commencée pour la Société; c'est le choix fait par M. Guizot et par Mme de Witt, dans ces documents, qui complétera le deuxième volume des Mémoires, avec quelques autres lettres empruntées aux archives de M. le duc de la Trémoille. Le nombre eût pu aisément s'accroître encore, n'étaient la convenance de se borner aux lettres de famille et la nécessité de ne pas dépasser les limites d'un volume qui comprend déjà les sept dernières feuilles des

Mémoires.

Les Lettres choisies et soigneusement classées par Mme de Witt sont au nombre de soixante-seize, et il est regrettable que celles de Mme de Mornay y soient représentées par deux seulement, d'une médiocre importance. L'une d'elles (de Nérac, 17 octobre 1587) est relative à des objets de toilette, réclamés d'une amie, pour elle et ses enfants. Il n'en est pas de même de celles de son mari, qui lui sont toutes adressées, au nombre de cinquante et une, et qui, pour la plupart, offrent un vif intérêt, soit par le tableau des mœurs d'une grande famille protestante du seizième siècle, soit par les événements auxquels plusieurs d'entre elles se rattachent, soit par la peinture de l'esprit public et de l'état moral, des troubles et agitations de plusieurs provinces à cette époque, soit surtout par la connaissance parfaite qu'elles présentent du caractère de Mornay et de sa famille.

La formule qui termine constamment ces lettres : Vostre fidèle et loyal mary à jamais, n'est point une vaine formule. Ecrites dans la plus tendre intimité, dans les épanchements les plus affectueux de l'amour conjugal et paternel, dans les préoccupations les plus vives de la santé et du bienêtre de celle à qui elles s'adressent et de leurs enfants, ces lettres suffiraient seules pour faire apprécier, au point de vue de l'esprit de famille, l'ami tout dévoué de Henri IV, l'un des plus ardents et des plus intègres promoteurs de la Réforme. Elles suffiraient aussi pour le faire juger au point de vue de la foi chrétienne; il n'en est peut-être pas une

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seule qui ne renferme des témoignages de sa confiance en Dieu, tels que ceux-ci : « Commettons toutes choses à Dieu, lequel je prie te vouloir garder et conserver et notre petite famille. » Ou bien : « Je t'embrasse, m'amye, de tout mon « cœur, et supplie le créateur qu'il te garde et conserve.... » Ou bien : « Je désire que ta santé soit ton soin principal, et, du << reste, Dieu pourvoira à nos affaires; je le prie de te bénir et conduire en tout. » Ou bien : « Je prie Dieu qu'il bé« nisse les estudes de nostre fils et la nourriture de nos « filles. » Ou bien encore : « Ne t'attriste point de la perte « de nos amys, ils gaignent en mourant. »

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L'éducation et l'instruction de son fils; le dévouement « au maistre » (Henri), alors seulement roi de Navarre, une plainte sincère des troubles et des embarras de la cour d'Henri III et des malheurs de la guerre civile, se montrent aussi en maints passages de ces lettres.

Elles embrassent un intervalle de dix-huit années, depuis 1585 jusqu'en 1603, avec de fréquentes interruptions. Une seule se rapporte à 1585 et aux débuts de la Ligue; deux au mois de décembre 1587, pendant que de Mornay marchait au secours du roi de Navarre à son retour de Béarn; seize, datées du 1er janvier au 4 février 1588, sont écrites pendant le voyage du roi de Navarre à Montauban, à la suite de la défaite des reîtres qu'il avait levés en Allemagne; ving cinq sont écrites du 20 février au 19 juin 1588, de La Rochelle et de Saint-Jean-d'Angely, avant et pendant le voyage de Mme de Mornay en Béarn pour voir Catherine de Bourbon, sœur de Henri, et pour prendre les eaux des Pyrénées; une seule se rapporte à l'année 1590; huit autres, de 1593, sont écrites après l'abjuration de Henri IV et pendant la conférence de Mantes; cinq, de 1594 et 1595, sont adressées d'Ancenis pendant la négociation de Bretagne avec le duc de Mercœur; une seule, qui paraît se rapporter à l'année 1603, est écrite pendant un voyage pour les affaires du roi comme intendant général des mines. On ne possède donc, ou du moins on ne connaît qu'une bien petite partie de la correspondance de Mornay avec sa femme, mais ce qui en a été conservé suffit pour en faire apprécier l'importance et le vif intérêt. Les autres lettres, au nombre de quinze, sont écrites par le fils et les deux filles de Mornay. Celles du fils (1599-1605), adressées d'Italie, de Westphalie, de Paris,

de Gueldre, à M. et à Mme de Mornay, sont les plus remarquables, soit par les renseignements historiques qu'elles présentent, soit par un talent véritable de rédaction, fruit de l'excellente éducation qu'il devait en grande partie à sa mère, qui eut la douleur de le perdre à peine âgé de vingt-cinq ans, peu de temps après la dernière lettre

retrouvée.

L'impression des Lettres est commencée; le volume qui les contient sera complété par une Introduction de M. Guizot et par une Table générale des matières des deux volumes. Ainsi que vous le voyez, messieurs, cette Correspondance sera un digne complément des Mémoires dont elle éclaire et confirme plusieurs récits. Elle amènera peut-être un jour la découverte d'autres lettres analogues de la même famille, conservées dans quelques collections ignorées jusqu'ici; et nous ne doutons pas que vous ne vous félicitiez d'une publication qui fera beaucoup d'honneur à l'éditeur choisi par

le Conseil.

Froissart.- La publication des Chroniques de Froissart est maintenant entrée dans une nouvelle période. Il ne s'agit plus de savoir si la Societé verra enfin se réaliser un projet annoncé depuis plus de trente ans; il n'est plus question d'examiner le plan qui devra être adopté pour cette édition. Le plan proposé par le nouvel éditeur, M. Luce, et longuement discuté dans le Conseil, a été définitivement admis. L'impression d'un premier volume du texte et des variantes. est depuis longtemps terminée. Le dévouement consciencieux de l'éditeur, les vérifications et collations de manuscrits, pour lesquelles n'ont été épargnés ni veilles, ni frais, ni voyages, la surveillance active et intelligente du commissaire responsable, M. L. Delisle, garantissaient la meilleure réalisation possible des espérances du Conseil et de la Société. Il semblerait donc qu'après tant de lenteurs et d'hésitations, antérieures au choix de l'éditeur chargé aujourd'hui de cette importante publication, le but était atteint, ou du moins la première étape parcourue, et que vous devriez déjà, messieurs, être en possession de ce premier volume depuis si longtemps attendu. Le nouveau retard apporté à cette distribution doit vous être expliqué, car il est la conséquence d'un désir nouveau de perfectionnement que plus d'un

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