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tuelle est essentiellement composée de ces deux éléments, quoique le second soit subordonné au premier; 3o le concours de ces éléments est nécessaire pour établir la règle absolue de la foi, c'est-à-dire pour constituer l'acte par excellence de la souveraineté spirituelle.

Ces trois propositions forment l'essence et le résumé de notre ouvrage.

Tout notre premier volume est consacré à établir que l'Église est une monarchie tempérée efficacement d'aristocratie; et que la souveraineté spirituelle est composée de ces deux éléments. Les textes évangéliques et les actes des conciles généraux nous fournissent des preuves abondantes et invincibles de ce grand caractère tempéré, imprimé par la Sagesse divine à la constitution de l'Église.

Dans le second volume, nous discutons à fond, autant qu'il nous a été possible, la théorie de la monarchie pure, absolue, illimitée du Pontife romain; et cette discussion nous fournit une nouvelle confirmation des conclusions de notre premier volume. Cette double étude, historique et critique, nous conduit à notre conclusion dernière, c'est-à-dire à la nécessité du concours des deux éléments de la souveraineté spirituelle, pour constituer l'acte suprême de la souveraineté, ou la règle absolue de la foi.

Voilà notre œuvre dans ses traits généraux. Elle laisse intacts et inviolables tous les droits, tous les priviléges divins du Souverain Pontificat et du Siége apostolique; mais, en même temps, elle confirme,

dans l'intérêt d'une pondération nécessaire, tous les droits divins, tous les droits séculaires de l'épiscopat. Ce n'est pas un vain enthousiasme aristocratique qui arme notre bras pour la défense de l'épiscopat. Nous n'avons qu'un but exposer et défendre, selon qu'il nous a été donné de la concevoir, l'institution évangélique, l'œuvre de notre unique Maître, de notre unique amour, Notre-Seigneur Jésus-Christ!

L'ultramontanisme a pris parmi nous, depuis quelques années et par l'effet de causes que nous ne voulons pas signaler ici, un tel ascendant, que notre livre, bien qu'il porte le caractère de la modération et de la conciliation, devait être en butte à ses plus violentes attaques. Nous nous y attendions, rien ne nous a surpris; et le sentiment d'un devoir impérieux a pu seul nous décider à nous exposer à ces colères.

Nous userons du droit de défense; mais, en soutenant le débat selon nos forces, nous nous appliquerons à en écarter tout ce qui peut le passionner. Nos honorables adversaires, même ceux qui ne se piquent guère d'observer à notre égard les règles d'une stricte justice, trouveront ici, nous osons l'espérer, tous les égards qui leur sont dus; et Dieu nous fera la grâce de n'oublier jamais que c'est avec des frères que nous discutons, et pour des intérêts qui, au fond, sont également chers aux uns et aux autres. Puisse la lumière se faire et ramener parmi nous l'unité parfaite!

Après NN. SS. les évêques de Poitiers et de Nîmes, auxquels nous avons déjà répondu, le premier adversaire qui se présente à nous est un écrivain dont le talent et le caractère nous inspirent la plus haute estime; nous voulons parler du R. P. Matignon, de la Compagnie de Jésus.

CHAPITRE I.

LES ÉTUDES RELIGIEUSES ET LE R. P. MATIGNON.

I.

Le titre de l'article inséré dans les Études religieuses est un indice de l'état des esprits : Une résurrection du gallicanisme. Qu'elle s'appelle gallicane, ou de tout autre nom qu'on voudra lui donner, la doctrine de l'épiscopat français, qui affirmait le caractère efficacement tempéré de la monarchie pontificale, est-elle morte? Peut-on appeler morte une doctrine qui, il y a quelques années à peine, était enseignée dans presque tous les séminaires de France? une doctrine qui a eu de nos jours les plus illustres représentants les cardinaux de la Luzerne, de Bausset et d'Astros, l'archevêque de Quélen, l'archevêque Affre, l'évêque Frayssinous, et tant d'autres qu'il n'est pas nécessaire de nommer? Le procédé de l'écrivain des Études est-il assez

respectueux pour ces grandes et vénérables mémoires? Croit-il qu'il suffise d'un trait de plume pour effacer tout un passé qui étend ses racines sous le sol qui nous porte et laisse dans notre histoire, comme dans nos mœurs, sa profonde empreinte ?

Nous n'avons rien appris, dit-on, de ce grand mouvement doctrinal auquel nous assistons et qui date presque du commencement de ce siècle. Ce grand mouvement doctrinal a été résumé par nous dans les chapitres que nous avons consacrés au comte Joseph de Maistre et à M. de Lamennais. Nous croyons avoir démontré combien leur doctrine est peu solide. Ces deux écrivains sont-ils les nouvelles lumières qui ont éclairé l'Église gallicane? En dehors d'eux, que reste-t-il? Nous sommes bien loin de nier le mérite des théologiens et des canonistes contemporains. Mais où sont les docteurs qui ont jeté des clartés nouvelles sur la controverse agitée entre l'école de Bellarmin et celle de Bossuet?

Non, de nos jours, les doctrines controversées entre catholiques n'ont pas fait un pas essentiel. Mais, nous le reconnaissons avec bonheur, par l'effet même des épreuves et des malheurs du Saint-Siége, le sentiment d'amour pour la papauté et pour le Pontife vénérable qui occupe le trône apostolique est devenu plus vif, plus général, plus profond. Nous nous associons de tout cœur à ce sentiment; nous rendons grâce à Dieu de son extension. Ce sentiment nous avertit du respect que nous devons porter dans toutes les discussions qui ont trait au pouvoir

pontifical; mais il ne nous dispense pas d'aborder des questions devenues nécessaires.

Entrons donc dans le vif des difficultés soulevées par le respectable rédacteur des Études religieuses.

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Il affirme d'abord que la principale question traitée dans notre livre est celle de l'infaillibilité pontificale. Faisons-lui remarquer tout de suite que cette question est exclue formellement, expressément de tout le premier volume1. La question fondamentale de notre ouvrage est celle de savoir si l'Église est une monarchie efficacement tempérée d'aristocratie, ou bien une monarchie pure, indivisible, absolue. Nous prétendons que la solution de la grande question de l'infaillibilité dépend entièrement de la nature même de la monarchie ecclésiastique. Nous prétendons que si la souveraineté spirituelle est composée, de droit divin, de deux éléments essentiels, la papauté et l'épiscopat, l'infaillibilité, qui est le plus haut attribut de cette souveraineté, est et doit être composée aussi des mêmes éléments, sans qu'il soit porté aucune atteinte à la subordination du second élément au premier. Ainsi nous ne nions pas, d'une manière

1 Du concile général et de la paix religieuse, t. Ier, p. 144.

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