Ses triomphes iront aussi loin que les temps:
Tu combats, tu convaincs, tu confonds l'hérésie; Et quoi qu'ose sa frénésie,
Elle tremble à te voir les armes en la main, Tandis que les rayons dont ta couronne brille, Sur nous, qui sommes ta famille, Répandent du salut l'espoir le plus certain.
Ils n'y répandent pas cette seule espérance, Ils y joignent l'esprit qui mène à son effet : Un esprit de douceur, qu'en Dieu tout satisfait, Un esprit de clarté, de conseil, de science; La sagesse à la force en nous s'unit par eux, La crainte filiale au respect amoureux,
Qui donne un vol sublime aux âmes les plus basses : Tous ces trésors sur nous par toi sont épanchés, Et Dieu t'a départi toute sorte de grâces Pour faire en ta faveur grâce à tous nos péchés.
La charmante Esther vient ensuite;
Ut per divinam gratiam; Hæresisque perfidiam
Confutas, beatissima, Fundens super familiam
Spem quæ manet certissima.
Benignus sapientiæ
Spiritus, et dulcedinis, Consilii, scientiæ,
Timoris, fortitudinis,
Lumen divini numinis,
Omni genere gratiæ Te replevit, ut hominis Causa sis indulgentiæ.
Figurata Edissa per connubium
Assuérus l'épouse et la fait couronner, Et la part qu'en son lit on le voit lui donner Montre l'heureux succès d'une sage conduite; La superbe Vasthi, que son orgueil déçoit, Rejette avec mépris l'ordre qu'elle en reçoit, Et son propre festin par sa perte s'achève. Quelle vicissitude en ce grand changement! L'arrogance fait choir, l'humilité relève :
L'une y trouve son prix, l'autre son châtiment.
que ces deux beautés ont peu de ressemblance! En l'une on voit un cœur à la vertu formé,
Un cœur humble, un cœur doux, et digne d'être aimé, Mais qui ne sait aimer qu'avec obéissance;
En l'autre, une fierté qui ne veut point de loi, Qui croit faire la reine en dédaignant son roi, Et que l'orgueil du trône a rendue indocile; Cet orgueil obstiné ne sert qu'à la trahir, Et prépare à sa chute une pente facile Par l'horreur que lui fait la honte d'obéir.
fuit per Esther, quæ populum suum liberavit. (Esther
Assuero conjungitur, Thalamum subit regium, Coronatur, præficitur Cunctis; Vasthi deponitur, Amittit regni solium; Superba Vasthi tollitur, Esther habet dominium.
Notat Esther cor humile,
Cor contritum humiliter, Cor dulce, cor amabile, Cor diligens veraciter, Cor contemplans sublimiter : Vasthi notat cor fragile, Exaltans se perniciter, Superbum et indocile.
Sainte Vierge, est-il rien au monde
Ou plus humble, ou plus doux, ou plus charmant Est-il rien sous les cieux qui fasse mieux la loi
Aux schismes dont la terre abonde? Non, il n'est rien si gracieux, Rien si beau, rien si précieux,
Si nous en croyons l'Ecriture; Et même sous l'obscurité
L'énigme y fait trop voir qu'aucune créature
N'approche de ta pureté.
Tu veux donc bien qu'Esther ait place en ton image, Que ses traits les plus beaux servent d'ombres aux tiens, Toi dont les actions, toi dont les entretiens
Ont tant d'humilité, tant d'amour en partage. Parmi tout ce qu'envoie aux siècles à venir
La lecture ou le souvenir,
Ta bonté, ta douceur ne trouvent point d'égales : Elles charment Dieu même aussi bien que nos yeux, Et plus ici tu te ravales,
Et te quid est humilius
Per cuncta mundi climata, Dulcius, amabilius,
Destruens cuncta schismata? Te sacra probant dogmata Nil esse gratiosius, Sacra probant ænigmata
Te nihil esse mundius.
Designat Esther igitur
Te, qua nunquam humilior In creaturis legitur Fuisse, nec suavior, Pulchrior, amabilior; Dulcior nulla dicitur,
Et propter hoc sublimior
Plus il t'élève haut dans l'empire des cieux.
Mêmes vertus en elle ébauchoient ton mérite, Et son pouvoir au tien n'a pas moins de rapport : Aman en fait l'épreuve, et son perfide effort Voit retomber sur lui l'orage qu'il excite. Un Juif voit tant d'orgucil sans fléchir les genoux; Pour ce mépris d'un seul il veut les perdre tous, Il en fait même au Roi signer l'ordre barbare : L'affligé Mardochée à sa nièce en écrit. Ne tremblez plus, ô Juifs : une beauté si rare Veut périr, ou sauver son peuple qu'on proscrit.
Esther, tendre et sensible au mal qui le menace, Y hasarde sa vie, et se présente au Roi; Le Roi, pour l'affranchir des rigueurs de sa loi, Vers des appas si doux tend le signal de grâce; Esther avec respect le convie au festin,
Lui peint d'elle et des siens le malheureux destin, Et de son favori l'insolence et les crimes :
In Judæos invidia
Sævit Aman perversitas, Damnat eos perfidia, Crudelisque dolositas, Mardochæi benignitas
Esther scribit euprepia, Mutetur ut crudelitas Decreti Regis impia.
Condolet Esther fratribus Totius sui generis; His auditis rumoribus, Regem adit, qui fœderis Signum dedit; pestiferis Morti datis complicibus,
Ce lâche tout surpris demeure sans parler; Et les siens avec lui sont livrés pour victimes A ce peuple innocent qu'il vouloit s'immoler.
Ce que fait Esther pour ses frères,
Tu le fais pour tes serviteurs : Tu fais retomber nos misères
Sur la tête de leurs auteurs;
Quoi qu'attente leur perfidie,
La grâce, qui te donne un Dieu pour ton époux,
En un moment y remédie;
rudes soient leurs coups,
Ta pitié, par elle enhardie,
Ose tout et peut tout pour nous.
L'implacable ennemi de l'homme Sous l'orgueilleux Aman dépeint,
C'est l'ange en qui jamais cet orgueil ne s'éteint, Le serpent déguisé qui fit mordre la pomme: Chassé du paradis, il nous le veut fermer;
Damnatur Aman sceleris, Ejus notis criminibus.
Tu es Esther, perfidiam Aman reprimens graviter, Famulorum miseriam Exterminans benigniter. Regi summo feliciter Desponsata per gratiam, Coronata perenniter Regis tenes potentiam.
Vere notat inimicum
Aman humani generis, Dirum serpentem lubricum, Jure pulsum de superis,
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