Y voit plus que n'a révélé D'aucun de ses pareils l'énigmatique histoire : Il y voit une femme en beautés singulière : Et si tant de splendeur au dehors l'environne, Qu'aussitôt le souverain maître Lui fait place en son trône, et le reçoit pour fils. Est-elle autre que toi, cette femme admirable? D'astres, de lune et de soleil, Prophetis ænigmaticum Signum datum, quod utile, Erat patens cœlestibus Amicta solis lumine Mulier, lunam pedibus Supponens, cujus culmine, Capitis pro tegimine, Duodecim sideribus Sertum fulgebat, numine Nihil te magis proprie 740 745 750 N'est-il pas de ta couche un apprêt adorable? Le brillant soleil de justice? Et fait-il commencer par une autre en ces lieux Qui réunit la terre aux cieux? La milice du ciel, qui sous tes lois se range, Y fait incessamment résonner ta louange, Des astres qui ceignent ton front; Le nombre en est égal à celui des apôtres, 755 760 765 Et nous donne l'exemple et des uns et des autres, Des grâces que sa main sur toi seule épandit Toujours sans tache et sans défaut, En toi toutes les prophéties Font voir ce que leur ombre a si longtemps voilé : Les énigmes de l'Écriture, Dont s'enveloppe ta figure, Ont perdu leur obscurité, Et ce que t'annoncent les anges, Generis omnis gratiæ, In te totum perficitur Quidquid verbis propheticis 775 780 785 790 Refuge tout-puissant de la foiblesse humaine, Calme-nous-en les flots prêts à nous abîmer; De nos vieux ennemis dompte pour nous la haine; Sans en être un moment moins pure; Toi, la pierre angulaire en qui l'on voit s'unir Ou plutôt la figure en vérités finir. Les figures ont peint l'excès de ta puissance; Parle, prie; et Dieu satisfait Laissera désarmer sa plus juste vengeance. 800 805 La tienne, de ce trône où lui-même est assis, Peut aux plus lâches cœurs rendre une sainte audace De là de tous les tiens tu secours les besoins; Salve, solamen hominum, Tu supra cœli solium Ad dextram Dei resides, 1. A sa dextre, a sa droite. Voyez le Lexique, Et comme ta prière obtient pour eux sa grâce, Cette adorable chair qu'il forma de la tienne, Quelque haut rang au ciel que l'un et l'autre tienne, Comme sans cesse il considère Qu'il prit et l'un et l'autre en ton pudique flanc, Ce fils t'élève ainsi sur toute créature, De cette immense Trinité Et tuis servis provides Ubi namque sanctissima Ibi mater cum filio 810 815 820 1. Il y a ubi dans le texte latin de l'édition originale de Corneille. Le dernier mot de la prière étant tui, il faut que la dernière strophe commence par un i (voyez ci-dessus, p. 7, note 1). Ibi est en effet la leçon des éditions complètes de saint Bonaventure. |