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Y voit plus que n'a révélé

D'aucun de ses pareils l'énigmatique histoire :
Il voit un signe au ciel si merveilleux en soi,
Il y voit un crayon si parfait de ta gloire,
Qu'il doute s'il y voit ou ta figure ou toi.

Il y voit une femme en beautés singulière :
Le soleil la revêt de ses propres rayons;
La lune est sous ses pieds avec même lumière
Qu'en son plus grand éclat d'ici nous lui voyons;
Douze astres forment sa couronne;

Et si tant de splendeur au dehors l'environne,
Ce que
le dedans cache est encor plus exquis:
Elle est pleine d'un fils qu'à peine l'on voit naître,

Qu'aussitôt le souverain maître

Lui fait place en son trône, et le reçoit pour fils.

Est-elle autre que toi, cette femme admirable?
Et son lumineux appareil

D'astres, de lune et de soleil,

Prophetis ænigmaticum

Signum datum, quod utile,
Præcedens ut mirificum.

Erat patens cœlestibus

Amicta solis lumine

Mulier, lunam pedibus

Supponens, cujus culmine,

Capitis pro tegimine,

Duodecim sideribus

Sertum fulgebat, numine
Suis plenis visceribus.

Nihil te magis proprie
Per istam intelligitur
Mulierem, quæ serie

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N'est-il pas de ta couche un apprêt adorable?
Est-ce une autre que toi que de tous ses trésors
Et remplit au dedans et revêt au dehors

Le brillant soleil de justice?

Et fait-il commencer par une autre en ces lieux
Ce royaume de Dieu, si doux et si propice,

Qui réunit la terre aux cieux?

La milice du ciel, qui sous tes lois se range,
Comme la lune sous tes pieds,

Y fait incessamment résonner ta louange,
Et sert d'illustre base au trône où tu te sieds;
De tes plus saints aïeux la troupe glorieuse
Fait la couronne précieuse

Des astres qui ceignent ton front;

Le nombre en est égal à celui des apôtres,

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Et nous donne l'exemple et des uns et des autres,
Pour être un jour par toi près de Dieu ce qu'ils sont. 770

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Des grâces que sa main sur toi seule épandit
Joint à tant de vertus, joint à tant de crédit
La gloire de la voir toujours surabondante.
Vierge par excellence, et mère du Très-Haut,

Toujours sans tache et sans défaut,
Lumière que jamais n'offusque aucun nuage,
De tant de plénitude épands quelque ruisseau,
Et de tant de splendeurs dont brille ton visage,
Laisse jusque sur nous tomber un jour nouveau.

En toi toutes les prophéties
Qui de toi jamais ont parlé,
Par le plein effet éclaircies,

Font voir ce que leur ombre a si longtemps voilé :

Les énigmes de l'Écriture,

Dont s'enveloppe ta figure,

Ont perdu leur obscurité,

Et ce que t'annoncent les anges,
Ce qu'ils te donnent de louanges
Est rempli par la vérité.

Generis omnis gratiæ,
Totaque multitudine
Virtutum et potentiæ:
Tu decus excellentiæ,
Tu lux carens fuligine
Culpæ, tu splendor gloriæ,
Mundum decorans lumine.

In te totum perficitur

Quidquid verbis propheticis
De te, Virgo, prædicitur,
Et legis ænigmaticis ;
Sive quidquid angelicis
Tibi verbis exprimitur,
Finitis verbis typicis,
Res manifesta cernitur.

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Refuge tout-puissant de la foiblesse humaine,
Incomparable vierge, étoile de la mer,

Calme-nous-en les flots prêts à nous abîmer;

De nos vieux ennemis dompte pour nous la haine;
Purge en nous tout l'impur, tout le terrestre amour, 795
Toi qui conçois ton Dieu, toi qui le mets au jour

Sans en être un moment moins

pure;

Toi, la pierre angulaire en qui l'on voit s'unir
Les vérités à la figure,

Ou plutôt la figure en vérités finir.

Les figures ont peint l'excès de ta puissance;
Fais-nous-en ressentir l'effet:

Parle, prie; et Dieu satisfait

Laissera désarmer sa plus juste vengeance.
Tu te sieds à sa dextre1, à côté de ton fils;

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La tienne, de ce trône où lui-même est assis,

Peut aux plus lâches cœurs rendre une sainte audace

De là de tous les tiens tu secours les besoins;

Salve, solamen hominum,
Salve, munda stella maris,
Salve, purgatrix criminum,
Salve, virgo singularis.
Consortio carens maris,
Concipis, paris Dominum.
Tu lapis es angularis,
Quæ das figuris terminum.

Tu supra cœli solium

Ad dextram Dei resides,
Juxta proprium filium
Coli regina præsides,
Confirmans mentes desides,
Præstans eis auxilium,

1. A sa dextre, a sa droite. Voyez le Lexique,

Et comme ta prière obtient pour eux sa grâce,
L'œuvre de leur salut est l'œuvre de tes soins.

Cette adorable chair qu'il forma de la tienne,
Ce sang qu'il tira de ton sang,

Quelque haut rang au ciel que l'un et l'autre tienne,
T'ont cru devoir le même rang :

Comme sans cesse il considère

Qu'il prit et l'un et l'autre en ton pudique flanc,
Sans cesse il te chérit, sans cesse il te révère;
Et comme il est ton fils aussi bien que ton Dieu,
L'amour et le respect qu'il garde au nom de mère
Ne t'auroient pu jamais souffrir en plus bas lieu.

Ce fils t'élève ainsi sur toute créature,
Te fait ainsi jouir de la société

De cette immense Trinité

Et tuis servis provides
Impetrando subsidium.

Ubi namque sanctissima
Caro, quam Dei filius
Sumpsit ex te mundissima,
Inthronisatur celsius,
Creatis gloriosius,
Ratio vult certissima
Esse te non inferius,
Vel sede magis infima.

Ibi mater cum filio
Gaudes in cœli patria
Trinitatis consortio,

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1. Il y a ubi dans le texte latin de l'édition originale de Corneille. Le dernier mot de la prière étant tui, il faut que la dernière strophe commence par un i (voyez ci-dessus, p. 7, note 1). Ibi est en effet la leçon des éditions complètes de saint Bonaventure.

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