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point d'ici; seulement, ne fais de mal à aucun des miens. Mais Dieu se contenta du désir de sa servante: le sicaire se retira confus avec tous ses compagnons.

Alors les enfants spirituels de Catherine l'entourèrent, pour la féliciter d'avoir échappé aux mains des impies. Mais elle, non médiocrement affligée, leur dit en pleurant : Oh! malheureuse que je suis! je comptais qu'aujourd'hui le Seigneur tout-puissant compléerait ma gloire, et que, comme par sa miséricorde, il a daigné m'accorder la blanche rose de la virginité, il daignerait aussi m'accorder la rose empourprée du martyre. Mais, ô douleur ! voilà que je me trouve frustrée de mon désir. Ce qui est arrivé à cause de mes péchés sans nombre, qui, par un juste jugement de Dieu, m'ont privée d'un si grand bien. Oh! que mon âme eût été heureuse, si elle avait vu mon sang répandu pour l'amour de celui qui m'a rachetée de son sang!

Quoique la fureur de la sédition fût calmée pour le moment, sainte n'était pas tout-à-fait en sûreté avec sa compagnie. D'ailleurs, telle était la terreur générale des habitants, que pas un n'osait la recevoir chez lui. Alors ses enfants spirituels lui conseillèrent de retourner à Sienne. Elle leur répondit qu'elle ne pouvait quitter le territoire de Florence, jusqu'à ce qu'on y eût proclamé la paix entre le père et les enfants; que tel était l'ordre qu'elle avait reçu du Seigneur. Enfin ils trouvèrent un homme craignant Dieu, qui la reçut dans sa maison, mais secrètement, à cause de la fureur du peuple. Peu de jours après, elle se retira de la ville, mais non de son territoire, dans une certaine solitude. Enfin, par la providence divine, l'effervescence populaire s'étant calmée et les auteurs ayant été punis par la justice, la sainte vierge rentra dans Florence et finit par y faire accepter et proclamer la paix. Alors elle dit à ses enfants spirituels: Maintenant nous pouvons nous en aller, attendu que, par la grâce de Jésus-Christ, j'ai exécuté ses ordres et ceux de son vicaire, et ceux que j'ai trouvés rebelles à l'Eglise, je les laisse en paix et réconciliés à cette bonne mère. Retournons donc à Sienne, d'où nous sommes venus. Ce qui en effet eut lieu1.

Au moment où s'effectua cette pacification de Florence, le pape Grégoire XI avait cessé de vivre. Il tomba malade à Rome le cinquième de février 1378. Dès sa jeunesse, il avait été faible et valétudinaire, et, quoiqu'il n'eût pas encore atteint sa quarante-septième année, il était fort tourmenté de la gravelle. Se KAR

'Vita, n, 419–427.

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voyant en danger, il donna une bulle du dix-neuvième de mars, où il dit: Si notre décès arrive avant le premier jour de septembre prochain, les cardinaux qui se trouveront à Rome, sans appeler ni attendre les absents, choisiront le lieu qu'ils voudront, au dedans ou au dehors de la ville, pour l'élection de notre successeur; ils pourront allonger ou abréger le temps marqué aux absents pour les attendre avant l'entrée au conclave; sans même y entrer, ils pourront élire un Pape, qui sera reconnu pour tel sur le choix de la plus grande partie, quand bien même la moindre y contredirait. Et nous chargeons leurs consciences d'élire un digne pasteur et d'exécuter ce que dessus le plus promptement possible'. Dans cette bulle, le Pape marquait le terme du mois de septembre, parce qu'il se proposait, s'il eût vécu, de retourner alors à Avignon; mais Dieu ne le permit pas. Sainte Brigitte avait prédit à ce Pape que, quand même il viendrait à Rome, s'il n'exécutait pas fidèlement ce qui lui était recommandé pour la pacification de l'Italie et la réformation de l'Eglise, sa vie lui serait abrégée 2. Grégoire XI mourut donc à Rome, le vingt-sept mars 1378. Son corps fut porté d'abord à Saint-Pierre, où on lui fit un service solennel. Le lendemain, il fut transféré et enterré dans l'église de Sainte-Marie-la-Neuve, qui avait été son titre de cardinal. Il avait tenu le Saint-Siége sept ans deux mois et vingt-sept jours.

Grégoire XI aima beaucoup ses parents, son père, ses frères et ses neveux, et les conserva dans l'état où Clément VI, son oncle, les avait placés. Il les avait près de lui et fit plusieurs choses par leur conseil en leur faveur, particulièrement dans la promotion de quelques sujets dont on aurait pu trouver de plus convenables pour la science et pour les mœurs. Toutefois, il aima singulièrement les hommes de lettres, et il en plaça un bon nombre de son temps.

En résumé, le pape Grégoire XI eût été un excellent Pontife romain, s'il avait été moins Français et plus Romain. On en peut dire à peu près autant de tous les Papes d'Avignon. Quelqu'un pensera que c'est là un petit défaut; mais ce petit défaut va, dès ce moment, attirer sur l'Eglise et sur le monde des maux incalculables et qui ne sont pas encore finis. Leçon terrible de la Providence, à qui fait les Papes et à qui fait les cardinaux.

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RÉPONSE DE L'AUTEUR

A UNE ATTAQUE

CONTRE LES TROIS PREMIERS VOLUMES DE CETTE HISTOIRE.

A M. le rédacteur de l'Ami de la Religion.

Nancy, le 24 juin 1845.

Monsieur,

Dans vos numéros du 17 et du 19 juin 1845, vous reproduisez un article du Journal historique de Liége, de l'année dernière, sur ou contre l'Histoire universelle de l'Eglise catholique, dont je suis l'auteur. Voici quelques particularités à cet égard. A Liége, on fait une contrefaçon de cette histoire. Naturellement, un auteur français n'aime pas de se voir ainsi, à la frontière, privé du fruit de son travail. Cependant je me disais : Puisqu'on réimprime l'ouvrage, il paraît qu'on le trouve bon. En France, les trois premiers volumes furent imprimés en 1842. L'Ami de la Religion, avec quelques autres journaux, voulut bien en faire l'éloge: de quoi je vous remercie, monsieur le rédacteur. J'appris en même temps qu'on lisait cette histoire dans des communautés religieuses et dans des séminaires. Cela me fit plaisir; car je pensais que, s'ils y trouvaient quelque chose à reprendre, ils auraient la charité de m'avertir, et que je profiterais de leurs avis pour une nouvelle édition. Effectivement, dès la fin de l'année 1842, on fut obligé de réimprimer les cinq premiers volumes à mille exemplaires, et de tirer les suivants à 2,500 au lieu de 1,500. Et aujourd'hui on me demande une édition nouvelle. Et cependant, jusqu'aujourd'hui, je n'ai reçu de France aucune observation critique contre la doctrine, quoique j'en aie sollicité de côté et d'autre. Comme bien des Français ont dù lire, surtout les trois premiers volumes, avec une attention

particulière et sans rien passer à l'auteur, je commençais à me rassurer quelque peu après trois ans.

Mais, pendant la troisième année, l'on m'envoie la livraison d'août 1844 du Journal historique de Liége, imprimé chez Kersten, où je ne sais qui signale, dans les trois volumes, des choses que n'y ont vues ni l'Ami de la Religion ni les nombreux lecteurs de ces volumes en France. Je reconnus tout d'abord que l'auteur de l'article ignore beaucoup de faits qui se sont passés en France depuis 1831, qu'il se méprend assez souvent sur le sens de l'écrivain qu'il censure, qu'il lui fait dire quelquefois ce qu'il ne dit pas, et même le contraire de ce qu'il dit, qu'enfin il ne comprend pas toujours la valeur des termes que lui-même emploie. Il me répugnait, au moment qu'on imprimait le treizième volume, de répondre à cette attaque étrange et étrangère sur les trois premiers. Je pensais d'ailleurs que les lecteurs belges trouveraient bien la réponse par eux-mêmes. Effectivement, dans l'intervalle, un ecclésiastique belge en publia une à Liége même. Cependant on m'adressa une seconde fois l'article en question. J'envoyai dès-lors une réponse à l'attaque, réponse que je crus fort modérée. Une personne vénérable, qui en eut connaissance, la jugea trop vive, et me pria de la retirer, pour ne pas entretenir une division fàcheuse entre des écrivains catholiques au moment où l'Eglise avait besoin de toutes ses forces, témoignant du reste combien elle était peinée de l'attaque qu'on s'était permise. J'accédai à de si respectables désirs. D'ailleurs, en considérant toutes les circonstances, j'étais amené à conclure: Un écrivain français peut bien être contrefait en Belgique, ou même diffamé, mais je ne vois guère comment il pourrait y obtenir justice. Je ne dis pas que ma conclusion soit sans reproche; mais je la fais connaître exprès, parce que de telles habitudes peuvent faire à la Belgique plus de tort qu'elle ne pense, et lui aliéner ses meilleurs amis.

Aujourd'hui, que l'Ami de la Religion a transporté l'attaque en France, je viens vous demander, monsieur le rédacteur, la liberté de me défendre. Je le ferai non-seulement pour moi, mais encore pour l'Ami de la Religion, qui a recommandé les trois premiers volumes, mais aussi pour mes nombreux lecteurs de France, qui, loin de m'adresser aucun blâme, m'ont encouragé et félicité. Du reste, je ne prétends nullement soutenir ce qu'on trouverait répréhensible, je promets au contraire de le corriger; je veux seulement bien exposer l'état des choses, et montrer que le critique belge s'est mépris en plusieurs points; et cela, pour que les lecteurs intelligents et charitables puissent me donner des conseils plus sûrs.

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