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DE

L'ACADÉMIE DE MACON,

SOCIÉTÉ DES ARTS, SCIENCES, BELLES - LETTRES

ET D'AGRICULTURE, de Saône-et-Loire.

RÉDIGÉES ET MISES EN ORDRE

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Bates

Nijhoff

7-23-26 13492

ACADÉMIE DE MACON.

PROCÈS-VERBAL

DE LA SÉANCE DU 28 JANVIER 1858.

Présidence de M. J. de PARSEVAL-GRANDMAISON, président.

Membres présents: MM. Aubert, Bouchard, Bournel, Boussin, Chavot, Duperron, Dunand, Fournier, Gueneau d'Aumont, Lacroix, Martigny, Mastier, Monnier, de Parseval-Grandmaison, Pellorce, Ch. Pellorce.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. Bellin, juge-suppléant au tribunal civil de Lyon, fait hommage à l'Académic de divers ouvrages dont il est l'auteur, et demande le titre de membre correspondant. M. Chavot est chargé d'en faire l'examen et d'en rendre compte.

M. le docteur Aubert communique à l'Académie le travail suivant :

MESSIEURS,

Vous savez que l'on désigne sous le nom générique de glandes certains organes destinés à puiser dans le sang les éléments de divers liquides utiles à la vie, tels que la bile, les larmes, le lait, la salive, etc.

Certaines glandes, comme le foie, les reins, la mamelle, ont un nom qui leur est propre, tandis que d'autres, comme les glandes salivaires, les glandes lacrymales, sont caractérisées seulement par la nature du liquide qu'elles produisent.

On appelle sécrétion la propriété commune à tous ces organes d'élaborer un liquide spécial à chacun d'eux.

De tous les liquides sécrétés, le lait est sans contredit celui qui attire le plus l'attention du médecin et celle du naturaliste, à raison de sa propriété alimentaire qui le rend indispensable dans les premiers temps de la vie, non-seulement de l'homme, mais encore de tous les animaux mammifères.

Et remarquez, Messieurs, que ce nom de mammifères donné à la classe la plus élevée du règne animal est précisément tiré de la présence, dans tous les ordres de cette classe, de l'organe sécréteur du lait, de la mamelle enfin.

Après cette preuve zoologique de l'importance de la sécrétion lactée, je pourrais en donner d'autres tirées des maladies qui surviennent lorsqu'une cause quelconque modifie outre mesure la production de ce précieux liquide, soit dans sa quantité, soit dans sa qualité.

Ces maladies intéressent tantôt la mère, tantôt le nourrisson; souvent tous deux en souffrent à la fois, et la mort de l'un et de l'autre peut en être la conséquence.

C'est pour ce motif que le médecin interdit souvent à la mère de nourrir son enfant, et que le choix d'une bonne nourrice offre quelques difficultés.

Il arrive parfois que, durant l'allaitement le plus régulier, une cause imprévue vient à diminuer, à suspendre même complétement le travail de la sécrétion lactée. Le plus souvent, il est vrai, cette suspension n'est que passagère, et la médecine abonde en moyens de rétablir promptement la fonction. Mais il est des cas rebelles contre lesquels jusqu'ici tous les efforts sont restés ineflicaces; au point que les accoucheurs sont unanimes à conseiller le changement de nourrice ou l'allaitement artificiel, deux moyens qui ne sont pas toujours possibles ni sans danger pour l'enfant.

Il est pénible de lire dans le Répertoire général des sciences médicales, tome XVII, article Lactation, que « la suppression du lait ou l'agalaxie est le plus souvent au-dessus des ressources de la médecine, » et que les médicaments réputés producteurs du lait, dont quelques-uns agissent sur certaines femmes, « sont chez la plupart absolument inefficaces. »

Et comme confirmation de cette triste vérité, si l'on ouvre le formulaire médical le plus accrédité de nos jours, on n'y trouve à la table, depuis la re jusqu'à la 7me édition, aucune mention de la maladie qui nous occupe.

C'est dans un de ces cas rebelles, où chaque jour de délai aggrave la situation, que j'ai été amené à essayer un moyen nouveau; voici dans quelles circonstances:

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Au mois de mars 1855, une femme de 26 ans, brune, mère de trois enfants, allaitait le dernier depuis onze mois et demi, quand il fut atteint d'une double pneumonie ou fluxion de poitrine.

Voulant reprendre le plus tôt possible l'allaitement forcément suspendu, je fis, dès le début de la maladie, exercer plusieurs fois

par jour la succion des seins. La mère prenait assez d'exercice et de nourriture, et quand le petit convalescent dut cesser la diète, il trouva la source du lait presque tarie.

Les efforts pour téter depuis le 45 mars ne purent rappeler la sécrétion nourricière qui disparut bientôt complétement.

L'enfant, refusant le biberon et la presque totalité des aliments légers qu'on lui offrait, dépérissait à vue d'œil, et dans son état de faiblesse, il était à craindre que le lait et surtout les soins d'une nourrice fussent loin de valoir pour lui le lait et les soins maternels. J'avais lu dans les auteurs et observé moi-même plusieurs fois que l'application générale des courants électriques provoquait la transpiration, activait la circulation, et, par suite, les sécrétions en général. J'avais éprouvé que, si l'on touche avec la langue les deux éléments d'une pile, il en résulte une salivation plus abondante. Je pensai qu'en localisant l'action électrique dans les seins, je parviendrais à réveiller leur activité engourdie.

La jeune mère ayant consenti à cet essai, j'appliquai le 20 mars des excitateurs humides alternativement aux deux côtés de chaque sein, et graduant la force d'un courant à intermittences rapides, je produisis de fortes vibrations dans la glande, en ayant soin de ne pas causer la moindre douleur et d'éviter la contraction des muscles pectoraux.

La première séance, de 20 minutes de durée, produisit une moiteur générale, de la douleur de tête et quelques nausées, en même temps qu'un fourmillement et un gonflement sensible du sein droit. L'enfant put dès ce jour en tirer quelques gouttes de lait.

Les jours suivants, la mère n'éprouva plus de malaises; le lait augmenta peu à peu, au point que, pendant l'application électrique, les seins gonflés éprouvaient la sensation bien connue des mères qui précède immédiatement la montée du lait.

Cinq séances suffirent, et l'enfant bien rétabli, grâce au lait maternel, fut sevré à la fin du mois de mai.

N'ayant lu nulle part le récit d'un fait pareil, j'envoyai celui-ci à l'Union Médicale, avec des détails sur l'effet quotidien de l'électricité, et ce journal le publia dans le mois d'octobre 1855.

L'année suivante, également au mois d'octobre, appliquant l'électricité aux seins d'une seconde femme pour un tout autre motif, je fus très-surpris de voir apparaître en abondance un lait qui n'était nullement désiré. Je reviendrai tout à l'heure sur ce fait, que je mentionne ici pour le citer à son rang de date.

Le 12 novembre 1856, dans une séance de la Société Médicale des hôpitaux de Paris, M. Becquerel, professeur agrégé de la

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