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Lettres.

EPISTOLÆ.

I.

O amor, quid te appellem nescio, bonum, an malum; dulcem, an asperum; suavem, an injucundum. Ita enim utroque plenus es, ut utrumque esse videaris. Amari a nobis nostros honestum est; lædi, acerbum. Et tamen hoc ejusdem est interdum animi, ejusdemque pietatis; et, cum specie dissentiat, ratione concordat. Amor quippe nos facit nostros amare, amor interdum cogit offendere. Utrumque unum est, cum tamen aliud amoris habeat gratiam, aliud odii patiatur offensam. Quam grave hoc, quæso, mi dilectissimi, aut quam acerbum est, ut causa odii, amor esse cogatur!

Quod quidem, cum sæpe aliis, tum etiam mihi

LETTRES.

I.

4

O amour, je ne sais comment te nommer, bon ou mauvais, doux ou amer, suave ou désagréable; car, tu es si plein de douceur et d'amertume, que tu sembles être l'une et l'autre chose. Il est beau d'aimer les nôtres, amer de les froisser, et cependant, deux effets si opposés viennent quelquefois du même cœur, de la même tendresse, et, bien que divers en apparence, ils ne laissent pas, après tout, de se ressembler. C'est l'amour qui nous fait aimer les nôtres, c'est l'amour qui nous contraint parfois à les offenser. Au fond, c'est une même chose, quoique d'une part il se trouve des dehors d'amour, de l'autre des dehors de haine. Qu'il est pénible, n'est-ce pas, mes amis, qu'il est amer de voir l'amour devenir un sujet d'éloignement!

Je crains bien aujourd'hui que ce malheur ne me soit

accidisse nunc satis vereor; ut, dum adulescentem hunc, quem ad vos misi, tradere individuis meis cupio, uni studens, multis molestus sim et amor ejus offensa sit cæterorum, quanquam ii qui satis diligunt, non cito offendantur. Sed ego insinuationem meam minus gratam fore quibusdam timens, etiam imminutionem gratiæ offensam puto. Placere enim dilectis meis plurimum cupiens, molestiam illorum, reatum meum credo; et nisi eis satis placuero, supplicium displicentis fero. Quanquam hoc metuendum in vobis omnino non sit, qui totum me in vos recipientes, etiam apud alios pro me timetis. Tantum enim abest ut displicere ego caritati ac sensui vestro possim, ut etiam illud mecum reformidetis, ne ego quibusdam forte displiceam, mi dulcissimi ac dilectissimi mei.

Adulescens quem ad vos misi, Agrippinæ cum suis captus est, quondam inter suos non parvi nominis, familia non obscurus, domo non despicabilis, et de quo aliquid fortasse amplius dicerem, nisi propinquus meus esset. Hoc enim fit ut minus dicam, ne de meipso dicere videar, de illo plura dicendo. Matrem ergo is de quo dico, Agrippinæ viduam reliquit, probam, honestam, et de qua forsitan audacter dicere valeam, vere viduam. Nam præter cæteras castimoniæ sapientiæque virtutes, est etiam fide nobilis, quæ om

arrivé, comme à beaucoup d'autres; je crains qu'en désirant vous confier le jeune homme qui vous a été envoyé de ma part, je n'importune plusieurs des miens, pour en servir un seul, et que l'affection pour l'un ne vienne à heurter les autres, quoique, au reste, les vrais amis ne se choquent pas sitôt. Pour moi, dans la crainte que ma recommandation ne déplaise à quelques personnes, je regarde le désagrément que je vous cause comme un échec à votre amitié; car, ambitionnant surtout de plaire à ceux qui me sont chers, lorsqu'il m'arrive de les molester, je m'en fais un vif reproche; et si je ne puis leur plaire à un souverain degré, je souffre comme leur ayant déplu. Au reste, sur ce point, je n'ai rien à appréhender de votre part, vous qui me recevant tout entier en votre cœur, craignez même pour moi que je ne revienne point aux autres. Bien loin de me croire importun à votre affection, à votre pensée, vous allez jusqu'à redouter avec moi, amis bien doux et bien chers, que je ne heurte peut-être certaines gens.

Le jeune homme que je vous ai adressé, a été pris à Cologne avec les siens; il avait naguère un grand nom parmi ceux de sa ville, il est de bonne maison, d'origine estimable; je vous en dirais davantage peut-être, s'il n'était mon parent. Si je m'en tiens là, c'est afin de ne point paraître dire de moi, ce que je pourrais ajouter de plus à son égard. Ce jeune homme, donc, laisse à Cologne une mère veuve, probe, honnête, et dont je puis dire hardiment, ce me semble, qu'elle est une véritable veuve. Car ce n'est pas seulement par la modestie et la sagesse qu'elle est recommandable; elle ne l'est pas moins par le zèle de sa foi, vertu qui relève l'éclat de

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