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déchirantes que les plus cruelles tortures", éloignez de votre pensée et de votre bouche tout blasphème, toute plainte, et dites avec David, avec le grand-prêtre Héli Dieu est le maître de faire tout ce qui lui : paraît bon. Par là les maux que l'on supporte pour le nom de Jésus-Christ tournent au profit du chrétien et à la gloire de Jésus-Christ. Qu'arrivera-t-il? Peutêtre le Seigneur, apaisé par cette abnégation de vous-même, éloignera-t-il les tribulations, ou les adoucira; du moins y gagnerez-vous l'avantage de rendre plus tolérables par votre patience des maux que l'impatience n'aurait fait qu'irriter. Ne cessons pas de nous faire les uns aux autres ces raisonnements, par lesquels nous sommes assurés de glorifier le Dieu que nous servons. Soyons ses martyrs, qui que nous soyons, non pas seulement dans l'adversité, mais dans la prospérité; dans l'adversité, en adorant sa main paternelle qui nous châtie et nous corrige; dans la prospérité, en bénissant sa miséricorde qui tempère nos épreuves par les consolations qu'elle y mêle. Ce plan de conduite fera de notre vie entière un témoignage continuel, par lequel nous manifesterons aux fidèles et aux infidèles la sagesse, la bonté, la miséricorde et la volonté de Dieu le Père, de Jésus-Christ son Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

a Enumération des maladies : pleurésie, ischiasis (jaunisse), goutte, paralysie, calcul, ulcération du rein ou de la vessie.

T. 1.

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XIII.

DE LA GLOIRE DU MARTYRE.

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On a publié, sous le nom de notre saint évêque de Carthage, un traité qui a pour titre : De la louange du Martyre; mais l'on convient généralement qu'il n'est point de saint Cyprien. L'affectation, la dureté et l'obscurité de langage ne permettent pas de le lui attribuer; c'est ainsi qu'en parlent Tillemont, D. Ceillier, Cave, Dupin. Les premières périodes surtout en sont presque inintelligibles. Il est adressé à Moïse, Maxime et autres confesseurs de Rome; on le rapporte à l'an 250, avant qu'ils eussent souffert pour la foi. Ce qu'il offre de plus remarquable, c'est le passage suivant : « J'étais présent, dit l'auteur, et je » dois ce témoignage à la vérité, lorsque d'impitoya

bles bourreaux s'acharnaient sur les victimes aban» données à leur fureur, sans pouvoir ébranler leur » constance; j'ai entendu des spectateurs dire: 11

y a là quelque chose de grand et d'héroïque, il >> est impossible de le dissimuler, à souffrir de la » sorte, et à conserver toute la force de son âme au » milieu d'aussi cruelles tortures. D'autres, se mê>> lant à la conversation, ajoutaient : Cet homme a, je crois, des enfants; il est marié, et il a sa femme » dans sa maison. Cependant ni la considération de

«

» ses enfants, ni le soin que l'on doit à des person› nes chères, ne le font point changer de résolution. > On devrait bien examiner la chose à fond, et re» chercher quelle est la valeur des motifs qui le font agir; car enfin, quelle que soit cette religion, il n'est » pas possible qu'il n'y ait là quelque chose de grand qui fait braver les tortures et la mort. Telle est en > effet la force du martyre, qu'elle oblige à croire > celui-là même qui en veut à votre vie. »

Dans la peinture qu'il fait des supplices des damnés dans les enfers, son génie descriptif semble avoir fourni à la poésie les pinceaux dont elle a crayonné ce séjour lamentable du crime et du désespoir. « L'enfer, dit-il, retentit incessamment de sanglots, de gémissements et d'imprécations; à travers l'épaisse » obscurité que forme une nuit éternelle, s'élèvent des » tourbillons de flammes échappées du sein d'un bra» sier ardent qui ne s'éteint jamais. De ce feu, pareil » à un vaste incendie, sortent des colonnes enflam»mées qui se partagent pour s'appesantir sur les ré» prouvés et varier leurs tourments, en proportion des » crimes qu'elles punissent. Ici une mort lente les poursuit sous des formes diverses et les dévore sans » les anéantir. Ceux-ci traînent après eux de lourdes » chaînes, ceux-là restent affaissés sous un poids qui » les écrase, ceux-là roulent perpétuellement préci» pités dans un abîme, où les tient suspendus une » main toute-puissante et impitoyable; d'autres, en» chaînés à une roue toujours en mouvement, tour» nent avec elle sans pouvoir s'en détacher un seul » moment, déchirés à la fois et par le feu et par le fer qui les investissent de toutes parts. »

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Il met en contraste le paradis, dont il fait également une description poétique semblable à celles des

Champs-Elyséens, tracée par les pinceaux d'Homère, de Virgile ou de Fénelon.

L'auteur termine en demandant que les prières des martyrs lui obtiennent la grâce d'être associé lui-même à l'honneur de leur confession et à la gloire de leur triomphe.

XIV.

DES SPECTACLES".

Cyprien au peuple fidèle, salut.

Autant je suis profondément affligé lorsqu'il ne se présente point à moi d'occasion de vous écrire en dédommagement à la peine que j'éprouve à être éloigné de vous, autant je sens renaître ma joie et mon bonheur, quand je puis correspondre avec vous par lettres. Je me crois, dans ces moments-là, près de vous. Tout assuré que je suis de l'entière confiance que vous donnez à mes paroles, la meilleure preuve est dans le fait. L'exactitude à ne laisser échapper aucune occasion ne laisse nulle équivoque sur ce sentiment. En conséquence, bien que je ne doute nul

a Il s'est élevé quelques doutes sur le véritable auteur de ce traité, écrit en forme de lettre et adressé au peuple fidèle par un évêque qui regrette de n'avoir pas autant qu'il le voudrait le moyen de communiquer avec ses diocésains; ce qui convient à saint Cyprien éloigné de son troupeau par la persécu tion. Tous les critiques s'accordent à dire qu'il est excellent, plein d'esprit et de piété. Tel est le jugement qu'en portent Tillemont, D. Ceillier. Lombert et Feil n'en parlent point, par Ja raison que Pontius a gardé le silence sur cet écrit du saint évêque. Il fut composé dans le temps où les exorcismes étaient encore fréquents dans l'Eglise, et où les fidèles portaient l'Eucharistie dans leurs maisons.

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