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aux soucis du mariage; il dit aux vierges : « La pudeur, en colorant vos joues, vous rend excellemment belles. Retirées loin de la vue des hommes, comme des roses solitaires, vos grâces ne sont point soumises à leurs faux jugements; toutefois vous descendez aussi dans la lice pour disputer le prix de la beauté, non de celle du corps, mais de celle de la vertu : beauté qu'au- | cune maladie n'altère, qu'aucun âge ne fane, et que la mort même ne peut ravir. Dieu seul s'é- | tablit juge de cette lutte des vierges; car il aime les belles âmes, même dans les corps hideux.... Une vierge ne connoît ni les inconvénients de la grossesse ni les douleurs de l'enfantement. Elle est le don du ciel et la joie de ses proches. Elle exerce dans la maison paternelle le sacerdoce de la chasteté : c'est une victime qui s'immole chaque jour pour sa mère. »

personnage divin: il faut qu'autour de lui règnent la vertu et le mystère; retiré dans les saintes ténèbres du temple, qu'on l'entende sans l'apercevoir; que sa voix solennelle, grave et religieuse, prononce des paroles prophétiques, ou chante des hymnes de paix dans les sacrées profondeurs du tabernacle; que ses apparitions soient courtes parmi les hommes, qu'il ne se montre au milieu du siècle que pour faire du bien aux malheureux : c'est à ce prix qu'on accorde au prêtre le respect et la confiance. Il perdra bientôt l'un et l'autre, si on le trouve à la porte des grands, s'il est embarrassé d'une épouse, si l'on se familiarise avec lui, s'il a tous les vices qu'on reproche au monde, et si l'on peut un moment le soupçonner homme comme les autres hommes.

Enfin le vieillard chaste est une sorte de divinité : Priam, vieux comme le mont Ida, et blanchi comme le chêne du Gargare, Priam dans son palais, au milieu de ses cinquante fils, offre le spectacle le plus auguste de la paternité; mais Platon sans épouse et sans famille, assis au pied d'un temple sur la pointe d'un cap battu des flots, Platon enseignant l'existence de Dieu à ses disciples, est un être bien plus divin: il ne tient point à la terre ; il semble appartenir à ces démons, à ces intelligences supérieures, dont il nous parle dans ses écrits.

Dans l'homme, la virginité prend un caractère sublime. Troublée par les orages du cœur, si elle résiste, elle devient céleste. « Une âme chaste, dit saint Bernard, est par vertu ce que l'ange est par nature. Il y a plus de bonheur dans la chasteté de l'ange, mais il y a plus de courage dans celle de l'homme. » Chez le religieux, elle se transforme en humanité, témoin ces Pères de la Rédemption et tous ces Ordres hospitaliers consacrés au soulagement de nos douleurs. Elle se change en étude chez le savant; elle devient méditation dans le solitaire : caractère essentiel de l'âme et de la force mentale, il n'y a point d'homme qui n'en ait senti l'avantage pour se livrer aux travaux de l'esprit; elle est donc la première des qualités, puisqu'elle donne une nou-soleil, son image, dans le temps. velle vigueur à l'âme, et que l'âme est la plus belle partie de nous-mêmes.

Mais si la chasteté est nécessaire quelque part, c'est dans le service de la Divinité. « Dieu, dit Platon, est la véritable mesure des choses; et nous devons faire tous nos efforts pour lui ressembler'. » L'homme qui s'est dévoué à ses autels y est plus obligé qu'un autre. « Il ne s'agit pas ici, dit saint Chrysostôme, du gouvernement d'un empire ou du commandement des soldats, mais d'une fonction qui demande une vertu angélique. L'âme d'un prêtre doit être plus pure que les rayons du soleil'. » — « Le ministre chrétien, dit encore saint Jérôme, est le truchement entre Dieu et l'homme. » Il faut donc qu'un prêtre soit un

1 Resp.

2 Lib. VI, de Sacerd.

Ainsi la virginité, remontant depuis le dernier anneau de la chaîne des ètres jusqu'à l'homme, passe bientôt de l'homme aux anges, et des anges à Dieu, où elle se perd. Dieu brille à jamais unique dans les espaces de l'éternité, comme le

Concluons que les poëtes et les hommes du goût le plus délicat ne peuvent objecter rien de raisonnable contre le célibat du prêtre, puisque la virginité fait partie du souvenir dans les choses antiques, des charmes dans l'amitié, du mystère dans la tombe, de l'innocence dans le berceau, de l'enchantement dans la jeunesse, de l'humanité dans le religieux, de la sainteté dans le prêtre et dans le vieillard, et de la divinité dans les anges et dans Dieu même.

CHAPITRE X.

SUITE DES PRÉCÉdents.

LE MARIAGE.

L'Europe doit encore à l'Église le petit nombre de bonnes lois qu'elle possède. Il n'y a peut

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rine'.

être point de circonstance en matière civile qui | laissé au frère la liberté d'épouser sa sœur uté-
n'ait été prévue par le droit canonique, fruit de
l'expérience de quinze siècles, et du génie des
Innocent et des Grégoire. Les empereurs et les
rois les plus sages, tels que Charlemagne et Al-
fred le Grand, ont cru ne pouvoir mieux faire
que de recevoir dans le code civil une partie
de ce code ecclésiastique où viennent se fondre
la loi lévitique, l'Évangile et le droit romain.
Quel vaisseau pourtant que cette Église! qu'il est
vaste, qu'il est miraculeux!

L'Église n'a pas borné là ses précautions. Après
avoir suivi quelque temps le Lévitique, touchant
les Affins, elle a fini par déclarer empêchements
dirimants de mariage tous les degrés d'affinité
correspondants aux degrés de parenté où le ma-
riage est défendu 2. Enfin elle a prévu un cas qui
avoit échappé à tous les jurisconsultes : ce cas est
celui dans lequel un homme auroit entretenu un
commerce illicite avec une femme. L'Église dé-
En élevant le mariage à la dignité de sacre- clare qu'il ne peut choisir une épouse dans la fa-
ment, Jésus-Christ nous a montré d'abord la mille de cette femme au-dessus du second degré 3.
grande figure de son union avec l'Église. Quand Cette loi, connue très-anciennement dans l'Église 4,
on songe que le mariage est le pivot sur lequel mais fixée par le concile de Trente, a été trouvée
roule l'économie sociale, peut-on supposer qu'il si belle, que le code françois, en rejetant la tota-
soit jamais assez saint? On ne sauroit trop admi-lité du concile, n'a pas laissé de recevoir le ca-
rer la sagesse de celui qui l'a marqué du sceau
de la religion.

L'Église a multiplié ses soins pour un si grand acte de la vie. Elle a déterminé les degrés de parenté où l'union de deux époux seroit permise. Le droit canonique, reconnoissant les générations simples, en partant de la souche, a rejeté jusqu'à la quatrième le mariage que le droit civil, en comptant les branches doubles, fixoit à la seconde ainsi le vouloit la loi d'Arcade, insérée dans les Institutes de Justinien 2.

:

I

Mais l'Église, avec sa sagesse accoutumée, a suivi dans ce règlement le changement progressif des mœurs3. Dans les premiers siècles du christianisme, la prohibition de mariage s'étendoit jusqu'au septième degré ; quelques conciles même, tels que celui de Tolède 4 dans le sixième siècle, défendoient, d'une manière illimitée, toute union entre les membres d'une même famille.

L'esprit qui a dicté ces lois est digne de la pureté de notre religion. Les païens sont restés bien au-dessous de cette chasteté chrétienne. A Rome, le mariage entre cousins germains étoit permis; et Claude, pour épouser Agrippine, fit porter une loi à la faveur de laquelle l'oncle pouvoit s'unir à la nièce 5. Solon avoit

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non.

Au reste, les empêchements de mariage de parent à parent, si multipliés par l'Église, outre leurs raisons morales et spirituelles, tendent politiquement à diviser les propriétés, et à empêcher qu'à la longue tous les biens de l'État ne s'accumulent sur quelques têtes.

L'Église a conservé les fiançailles, qui remontent à une grande antiquité. Aulu-Gelle nous apprend qu'elles furent connues du peuple du Latium 5; les Romains les adoptèrent"; les Grecs les ont suivies ; elles étoient en honneur sous l'ancienne alliance; et dans la nouvelle, Joseph fut fiancé à Marie. L'intention de cette coutume est de laisser aux deux époux le temps de se connaître avant de s'unir 7.

Dans nos campagnes, les fiançailles se montroient encore avec leurs grâces antiques. Par une belle matinée du mois d'août, un jeune paysan venoit chercher sa prétendue à la ferme de son futur beau-père. Deux ménétriers, rappelant nos

tianisme, le pape a le droit de dispenser de la loi canonique,
selon les circonstances. Comme une loi ne peut jamais être
assez générale pour embrasser tous les cas, cette ressource
des dispenses et des exceptions étoit imaginée avec beaucoup
de prudence. Au reste, les mariages entre frères et sœurs dans
l'Ancien Testament tenoient à cette loi générale de popula-
tion, abolie, comme nous l'avons dit, à l'avénement de Jé-
sus-Christ, lors du complément des races.

I PLUT., in Solon.

2 Conc. Lat.

3 Ibid., cap. IV, sess. 24.

4 Conc. Anc., cap. ult., an 304.

5 Noct. Att., lib. IV, cap. IV.

6 L. 2, ff., de Spons.

7 SAINT AUGUSTIN en rapporte une raison aimable: Constitutum est, ut jam pactæ sponsæ non statim trudantur, ne vilem habeat maritus datam, quam non suspiraverit sponsus dilatam.

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anciens minstrels, ouvroient la pompe en jouant sur leur violon des romances du temps de la chevalerie, ou des cantiques des pèlerins. Les siècles, sortis de leurs tombeaux gothiques, sembloient accompagner cette jeunesse avec leurs vieilles mœurs et leurs vieux souvenirs. L'épousée recevoit du curé la bénédiction des fiançailles, et déposoit sur l'autel une quenouille entourée de rubans. On retournoit ensuite à la ferme; la dame et le seigneur du lieu, le curé et le juge du village s'asseyoient avec les futurs époux, les laboureurs et les matrones, autour d'une table où étoient servis le verrat d'Eumée et le veau gras des patriarches. La fête se terminoit par une ronde dans la grange voisine; la demoiselle du château dansoit, au son de la musette, une ballade avec le fiancé, tandis que les spectateurs étoient assis sur la gerbe nouvelle, avec les souvenirs des filles de Jéthro, des moissonneurs de Booz, et des fiançailles de Jacob et de Rachel.

La publication des bans suit les fiançailles. Cette excellente coutume, ignorée de l'antiquité, est entièrement due à l'Église. Il faut la rapporter au delà du quatorzième siècle, puisqu'il en est fait mention dans une décrétale du pape Innocent III. Le même pape l'a transformée en règle générale dans le concile de Latran; le concile de Trente l'a renouvelée, et l'ordonnance de Blois l'a fait recevoir parmi nous. L'esprit de cette loi est de prévenir les unions clandestines, et d'avoir connoissance des empêchements de mariage qui peuvent se trouver entre les parties contractantes. Mais enfin le mariage chrétien s'avance; il vient avec un tout autre appareil que les fiançailles. Sa démarche est grave et solennelle, sa pompe silencieuse et auguste; l'homme est averti qu'il commence une nouvelle carrière. Les paroles de la bénédiction nuptiale (paroles que Dieu même prononça sur le premier couple du monde), en frappant le mari d'un grand respect, lui disent qu'il remplit l'acte le plus important de la vie; qu'il va, comme Adam, devenir le chef d'une famille, et qu'il se charge de tout le fardeau de la condition humaine. La femme n'est pas moins instruite. L'image des plaisirs disparoît à ses yeux devant celle des devoirs. Une voix semble lui crier du milieu de l'autel : « O Ève ! sais-tu bien ce que tu fais? Sais-tu qu'il n'y a plus pour toi d'autre liberté que celle de la tombe? Sais-tu ce que c'est que de porter dans tes entrailles mortelles l'homme immortel et fait à l'image d'un Dieu ? » Chez les

anciens, un hyménée n'étoit qu'une cérémonie pleine de scandale et de joie, qui n'enseignoit rien des graves pensées que le mariage inspire: le christianisme seul en a rétabli la dignité.

C'est encore lui qui, connoissant avant la philosophie dans quelle proportion naissent les deux sexes, a vu le premier que l'homme ne peut avoir qu'une épouse, et qu'il doit la garder jusqu'à la mort. Le divorce est inconnu dans l'Église catholique, si ce n'est chez quelques petits peuples de l'Illyrie, soumis autrefois à l'État de Venise, et qui suivent le rit grec1. Si les passions des hommes se sont révoltées contre cette loi, si elles n'ont pas aperçu le désordre que le divorce porte au sein des familles, en troublant les successions, en dénaturant les affections paternelles, en corrompant le cœur, en faisant du mariage une prostitution civile, quelques mots que nous avons à dire ici ne seront pas sans doute écartés.

Sans entrer dans la profondeur de cette matière, nous observerons que, si par le divorce on croit rendre les époux plus heureux ( et c'est aujourd'hui un grand argument), on tombe dans une étrange erreur. Celui qui n'a point fait le bonheur d'une première femme, qui ne s'est point attaché à son épouse par sa ceinture virginale ou sa maternité première, qui n'a pu dompter ses passions au joug de la famille, celui qui n'a pu renfermer son cœur dans sa couche nuptiale, celui-là ne fera jamais la félicité d'une seconde épouse: c'est en vain que vous y comptez. Lui-même ne gagnera rien à ces échanges: ce qu'il prend pour les différences d'hu meur entre lui et sa compagne n'est que le penchant de son inconstance et l'inquiétude de son désir. L'habitude et la longueur du temps sont plus nécessaires au bonheur, et même à l'amour, qu'on ne pense. On n'est heureux dans l'objet de son attachement que lorsqu'on a vécu beaucoup de jours, et surtout beaucoup de mauvais jours, avec lui. Il faut se connoître jusqu'au fond de l'âme; il faut que le voile mystérieux dont on couvroit les deux époux dans la primitive Église soit soulevé par eux dans tous ses replis, tandis qu'il reste impénétrable aux yeux du monde. Quoi ! sur le moindre caprice, il faudra que je craigne de me voir privé de ma femme et de mes enfants, que je renonce à l'espoir de passer mes vieux jours avec eux ! Et qu'on ne dise pas que cette frayeur me forcera à devenir meilleur époux : non; on ne

Fid. FRA-PAOLO, sur le concile de Trente.

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s'attache qu'au bien dont on est sûr, on n'aime | vivent, renaissent et meurent ensemble; ensem-
point une propriété que l'on peut perdre.
ble ils élèvent les fruits de leur union; en pous-
sière ils retournent ensemble, et se retrouvent
ensemble par delà les limites du tombeau.

Ne donnons point à l'Hymen les ailes de l'A-
mour; ne faisons point d'une sainte réalité un
fantôme volage. Une chose détruira encore votre
bonheur dans vos liens d'un instant : vous y se-
rez poursuivi par vos remords, vous comparerez
sans cesse une épouse à l'autre, ce que vous avez
perdu à ce que vous avez trouvé; et, ne vous y
trompez pas, la balance sera tout en faveur des
choses passées : ainsi Dieu a fait le cœur de
l'homme. Cette distraction d'un sentiment par un
autre empoisonnera toutes vos joies. Caresserez-
vous votre nouvel enfant, vous songerez à celui
que vous avez délaissé. Presserez-vous votre
femme sur votre cœur, votre cœur vous dira que
ce n'est pas la première. Tout tend à l'unité dans
l'homme: il n'est point heureux s'il se divise; et,
comme Dieu qui le fit à son image, son âme cher-
che sans cesse à concentrer en un point le passé,
le présent et l'avenir'.

CHAPITRE XI.

L'EXTRÊME-ONCTION.

Mais c'est à la vue de ce tombeau, portique silencieux d'un autre monde, que le christianisme déploie sa sublimité. Si la plupart des cultes antiques ont consacré la cendre des morts, aucun n'a songé à préparer l'âme pour ces rivages inconnus dont on ne revient jamais.

Venez voir le plus beau spectacle que puisse présenter la terre; venez voir mourir le fidèle. Cet homme n'est plus l'homme du monde, il n'appartient plus à son pays; toutes ses relations avec la société cessent. Pour lui le calcul par le temps finit, et il ne date plus que de la grande ère de l'éternité. Un prêtre assis à son chevet le console. Ce ministre saint s'entretient avec l'agonisant de l'immortalité de son âme, et la scène sublime que l'antiquité entière n'a présentée qu'une seule fois, dans le premier de ses philosophes mourants, cette scène se renouvelle chaque jour sur l'humble grabat du dernier des chrétiens qui expire.

Voilà ce que nous avions à dire sur les sacrements d'Ordre et de Mariage. Quant aux tableaux qu'ils retracent, il seroit superflu de les décrire. Quelle imagination a besoin qu'on l'aide à se représenter ou le prêtre abjurant les joies de la vie pour se donner aux malheureux, ou la jeune fille se vouant au silence des solitudes pour trouver le silence du cœur, ou les époux promettant de s'aimer au pied des autels? L'épouse du chrétien n'est pas une simple mortelle : c'est un être extraordinaire, mystérieux, angélique; c'est la chair de la chair, le sang du sang de son époux. L'homme, la chair, le sang du sang de son époux. L'homme, en s'unissant à elle, ne fait que reprendre une partie de sa substance; son âme ainsi que son corps sont incomplets sans la femme; il a la force; elle a la beauté : il combat l'ennemi et laboure le champ de la patrie; mais il n'entend rien aux détails domestiques, la femme lui manque pour ap-tie échappée de son corps, devient presque visible prêter son repas et son lit. Il a des chagrins, et sur son visage. Déjà il entend les concerts des séla compagne de ses nuits est là pour les adoucir; raphins; déjà il est prêt à s'envoler vers les réses jours sont mauvais et troublés, mais il trouve gions où l'invite cette Espérance divine, fille de des bras chastes dans sa couche, et il oublie tous la Vertu et de la Mort. Cependant l'ange de la ses maux. Sans la femme, il seroit rude, grossier, paix, descendant vers ce juste, touche de son solitaire. La femme suspend autour de lui les sceptre d'or ses yeux fatigués, et les ferme délifleurs de la vie, comme ces lianes des forêts qui cieusement à la lumière. Il meurt, et l'on n'a point décorent le tronc des chênes de leurs guirlandes entendu son dernier soupir; il meurt, et, longparfumées. Enfin, l'époux chrétien et son épouse temps après qu'il n'est plus, ses amis font silence autour de sa couche, car ils croient qu'il sommeille encore: tant ce chrétien a passé avec douceur!

Enfin le moment suprême est arrivé; un sacrement a ouvert à ce juste les portes du monde, un sacrement va les clore; la religion le balança dans le berceau de la vie; ses beaux chants et sa main maternelle l'endormiront encore dans le berceau de la mort. Elle prépare le baptême de cette seconde naissance; mais ce n'est plus l'eau qu'elle choisit, c'est l'huile, emblème de l'incorruptibilité céleste. Le sacrement libérateur rompt peu à peu les attaches du fidèle ; son âme, à moi

'On peut consulter le livre de M. DE BONALD, sur le Divorce: c'est un des meilleurs ouvrages qui aient paru depuis longtemps.;

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LIVRE SECOND.

VERTUS ET LOIS MORALES.

CHAPITRE PREMIER. VICES ET VERTUS SELON LA RELIGION.

La plupart des anciens philosophes ont fait le partage des vices et des vertus; mais la sagesse de la religion l'emporte encore ici sur celle des hommes.

Ne considérons d'abord que l'orgueil, dont l'Église fait le premier des vices. C'est le péché de Satan, c'est le premier péché du monde. L'orgueil est si bien le principe du mal, qu'il se trouve mêlé aux diverses infirmités de l'âme il brille dans le souris de l'envie, il éclate dans les débauches de la volupté, il compte l'or de l'avarice, il étincelle dans les yeux de la colère, et suit les grâces de la mollesse.

C'est l'orgueil qui fit tomber Adam; c'est l'orgueil qui arma Caïn de la massue fratricide; c'est l'orgueil qui éleva Babel et renversa Babylone. Par l'orgueil, Athènes se perdit avec la Grèce; l'orgueil brisa le trône de Cyrus, divisa l'empire d'Alexandre, et écrasa Rome enfin sous le poids de l'univers.

Dans les circonstances particulières de la vie l'orgueil a des effets encore plus funestes. Il porte ses attentats jusque sur Dieu.

En recherchant les causes de l'athéisme, on est conduit à cette triste observation, que la plupart de ceux qui se révoltent contre le ciel ont à se plaindre en quelque chose de la société ou de la nature (excepté toutefois des jeunes gens séduits par le monde, ou des écrivains qui ne veulent faire que du bruit). Mais comment ceux qui sont privés des frivoles avantages que le hasard donne ou ravit dans ses caprices, ne savent-ils pas trouver le remède à ce léger malheur, en se rapprochant de la Divinité? Elle est la véritable source des grâces: Dieu est si bien la beauté par excellence, que son nom seul prononcé avec amour suffit pour donner quelque chose de divin à l'homme le moins favorisé de la nature, comme on l'a remarqué de Socrate. Laissons l'athéisme à ceux qui, n'ayant pas assez de noblesse pour s'élever au-dessus des injustices du sort, ne montrent dans leurs blasphèmes que le premier vice de l'homme chatouillé dans sa partie la plus sensible.

Si l'Église a donné la première place à l'orgueil dans l'échelle des dégradations humaines, elle n'a pas classé moins habilement les six autres vices capitaux. Il ne faut pas croire que l'ordre où nous les voyons rangés soit arbitraire: il suffit de l'examiner pour s'apercevoir que la religion passe excellemment, de ces crimes qui attaquent la société en général, à ces délits qui ne retombent que sur le coupable. Ainsi, par exemple, l'envie, la luxure, l'avarice et la colère suivent immédiatement l'orgueil, parce que ce sont des vices qui s'exercent sur un sujet étranger, et qui ne vivent que parmi les hommes; tandis que la gourmandise et la paresse, qui viennent les dernières, sont des inclinations solitaires et honteuses, réduites à chercher en elles-mêmes leurs principales voluptés.

Dans les vertus préférées par le christianisme, et dans le rang qu'il leur assigne, même connoissance de la nature. Avant Jésus-Christ, l'âme de l'homme était un chaos; le Verbe se fit entendre, aussitôt tout se débrouilla dans le monde intellectuel, comme à la même parole tout s'étoit jadis arrangé dans le monde physique : ce fut la création morale de l'univers. Les vertus montèrent comme des feux purs dans les cieux : les unes, soleils éclatants, appelèrent les regards par leur brillante lumière; les autres, modestes étoiles, cherchèrent la pudeur des ombres, où cependant elles ne purent se cacher. Dès lors on vit s'établir une admirable balance entre les forces et les foiblesses; la religion dirigea ses foudres contre l'orgueil, vice qui se nourrit de vertus : elle le découvrit dans les replis de nos cœurs, elle le poursuivit dans ses métamorphoses; les sacrements marchèrent contre lui en une armée sainte, et l'Humilité vêtue d'un sac, les reins ceints d'une corde, les pieds nus, le front couvert de cendre, les yeux baissés et en pleurs, devint une des premières vertus du fidèle.

CHAPITRE II.

DE LA FOIL.

Et quelles étoient les vertus tant recommandées par les sages de la Grèce? La force, la tempérance et la prudence. Jésus-Christ seul pouvoit enseigner au monde que la Foi, l'Espérance et la Charité sont des vertus qui conviennent à l'ignorance comme à la misère de l'homme.

C'est une prodigieuse raison, sans doute, que

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