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celle qui nous a montré dans la Fʊi la source des
vertus. Il n'y a de puissance que dans la convic-
tion. Un raisonnement n'est fort, un poëme n'est
divin, une peinture n'est belle, que parce que
l'esprit ou l'œil qui en juge est convaincu d'une
certaine vérité cachée dans ce raisonnement, ce
poëme, ce tableau. Un petit nombre de soldats,
persuadés de l'habileté de leur général, peuvent
enfanter des miracles. Trente-cinq mille Grecs
suivent Alexandre à la conquête du monde ; La-
cédémone se confie en Lycurgue, et Lacédémone
devient la plus sage des cités; Babylone se pré-
sume faite pour les grandeurs, et les grandeurs
se prostituent à sa foi mondaine : un oracle donne
la terre aux Romains, et les Romains obtiennent
la terre; Colomb, seul de tout un monde, s'obs-pliquons la foi à ces mêmes affaires humaines,
tine à croire un nouvel univers, et un nouvel
univers sort des flots. L'amitié, le patriotisme,
l'amour, tous les sentiments nobles, sont aussi
une espèce de foi. C'est parce qu'ils ont cru que
les Codrus, les Pylade, les Régulus, les Arrie,
ont fait des prodiges. Et voilà pourquoi ces cœurs
qui ne croient rien, qui traitent d'illusions les at-
tachements de l'âme, et de folie les belles actions,
qui regardent en pitié l'imagination et la tendresse
du génie, voilà pourquoi ces cœurs n'achèveront
jamais rien de grand, de généreux : ils n'ont de
foi que dans la matière et dans la mort, et ils sont
déjà insensibles comme l'une, et glacés comme
l'autre.

condition sa raison à celle d'un autre homme, ne
soit capable d'exécuter. Ce qui prouve que les
plus éminentes vertus, quand on les sépare de
Dieu, et qu'on les veut prendre dans leurs sim-
ples rapports moraux, touchent de près aux plus
grands vices. Si les philosophes avoient fait cette
observation, ils ne se seroient pas tant donné de
peine pour fixer les limites du bien et du mal. Le
christianisme n'a pas eu besoin, comme Aristote,
d'inventer une échelle, pour y placer ingénieuse-
ment une vertu entre deux vices; il a tranché la
difficulté d'une manière sûre, en nous montrant
que les vertus ne sont des vertus qu'autant qu'elles
refluent vers leur source, c'est-à-dire vers Dieu.
Cette vérité nous restera assurée, si nous ap-

mais en la faisant survenir par l'entremise des
idées religieuses. De la foi vont naître les vertus
de la société, puisqu'il est vrai, du consentement
unanime des sages, que le dogme qui commande
de croire en un Dieu rémunérateur et vengeur
est le plus ferme soutien de la morale et de la
politique.

Enfin, si vous employez la foi à son véritable
usage (4), si vous la tournez entièrement vers le
Créateur, si vous en faites l'œil intellectuel par
qui vous découvrez les merveilles de la Cité sainte
et l'empire des existences réelles, si elle sert d'ai-
les à votre âme, pour vous élever au-dessus des
peines de la vie, vous reconnoîtrez que les livres
saints n'ont pas trop exalté cette vertu, lorsqu'ils
ont parlé des prodiges qu'on peut faire avec elle.
Foi céleste! foi consolatrice! tu fais plus que de
transporter les montagnes, tu soulèves les poids
accablants qui pèsent sur le corps de l'homme.

CHAPITRE III.

DE L'ESPÉRANCE ET DE LA CHARITÉ.

Dans le langage de l'ancienne chevalerie, bailler sa foi, étoit synonyme de tous les prodiges de l'honneur. Roland, du Guesclin, Bayard, étoient de féaux chevaliers, et les champs de Roncevaux, d'Auray, de Bresse, les descendants des Maures, des Anglois, des Lombards, disent encore aujourd'hui quels étoient ces hommes qui prêtoient foi et hommage à leur Dieu, leur dame et leur roi. Que d'idées antiques et touchantes s'attachent à notre seul mot de foyer, dont l'étymologie est si remarquable! Citerons-nous les martyrs, «< ces héros qui, selon saint Ambroise, sans armées, sans légions, ont vaincu les tyrans, adouci les lions, ôté au feu sa violence, et au glaive sa pointe 1?» La foi même, envisagée sous ce rapport, est une force si terrible, qu'elle boulever-sance habite auprès de la nécessité; car nécesseroit le monde, si elle étoit appliquée à des fins perverses. Il n'y a rien qu'un homme, sous le joug d'une persuasion intime, et qui soumet sans

'AMBROS., de Off., cap. XXXV.

L'Espérance, seconde vertu théologale, a presque la même force que la foi le désir est le père de la puissance; quiconque désire fortement obtient. « Cherchez, a dit Jésus-Christ, et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira. » Pythagore disoit, dans le même sens : La puis

sité implique privation, et la privation marche
avec le désir. Père de la puissance, le désir ou
l'espérance est un véritable génie; il a cette vi-
rilité qui enfante, et cette soif qui ne s'éteint ja-
mais. Un homme se voit-il trompé dans ses pro-

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jets, c'est qu'il n'a pas désiré avec ardeur; c'est qu'il a manqué de cet amour qui saisit tôt ou tard l'objet auquel il aspire, de cet amour qui, dans la Divinité, embrasse tout et jouit de tous les mondes, par une immense espérance toujours sa tisfaite, et qui renaît toujours.

Il y a cependant une différence essentielle entre la foi, et l'espérance considérée comme force. La foi a son foyer hors de nous; elle nous vient d'un objet étranger; l'espérance, au contraire, naît au dedans de nous, pour se porter au dehors. On nous impose la première; notre propre désir fait naître la seconde ; celle-là est une obéissance, celle-ci un amour. Mais, comme la foi engendre plus facilement les autres vertus, comme elle découle directement de Dieu, que par conséquent étant une émanation de l'Éternel, elle est plus belle que l'espérance, qui n'est qu'une partie de l'homme, l'Église a dû placer la foi au premier rang.

Mais l'espérance offre en elle-même un caractère particulier : c'est celui qui la met en rapport avec nos misères. Sans doute elle fut révélée par le ciel, cette religion qui fit une vertu de l'espérance! Cette nourrice des infortunés, placée auprès de l'homme, comme une mère auprès de son enfant malade, le berce dans ses bras, le suspend à sa mamelle intarissable, et l'abreuve d'un lait qui calme ses douleurs. Elle veille à son chevet solitaire, elle l'endort par des chants magiques. N'est-il pas surprenant de voir l'espérance, qu'il est si doux de garder, et qui semble un mouvement naturel de l'âme, de la voir se transformer, pour le chrétien, en une vertu rigoureusement exigée? En sorte que, quoi qu'il fasse, on l'oblige de boire à longs traits à cette coupe enchantée, où tant de misérables s'estimeroient heureux de mouiller un instant leurs lèvres. Il y a plus (et c'est ici la merveille), il sera récompensé d'avoir espéré, autrement d'avoir fait son propre bonheur. Le fidèle, toujours militant dans la vie, toujours aux prises avec l'ennemi, est traité par la religion dans sa défaite, comme ces généraux vaincus que le sénat romain recevoit en triomphe, par la seule raison qu'ils n'avoient pas désespéré du salut final. Mais si les anciens attribuoient quelque chose de merveilleux à l'homme que l'espoir n'abandonne jamais, qu'auroient-ils pensé du chrét en, qui, dans son étonnant langage, ne dit plus entretenir, mais pratiquer l'espérance?

Quant à la Charité, fille de Jésus-Christ, elle signifie, au sens propre, gráce et joie. La religion, voulant réformer le cœur humain, et tourner au profit des vertus nos affections et nos tendresses, a inventé une nouvelle passion : elle ne s'est servie, pour l'exprimer, ni du mot d'amour, qui n'est pas assez sévère, ni du mot d'amitié, qui se perd au tombeau, ni du mot de pitié, trop voisin de l'orgueil; mais elle a trouvé l'expression de charitas, charité, qui renferme les trois premières, et qui tient en même temps à quelque chose de céleste. Par là, elle dirige nos penchants vers le ciel, en les épurant et les reportant au Créateur; par là, elle nous enseigne cette vérité merveilleuse, que les hommes doivent, pour ainsi dire, s'aimer à travers Dieu, qui spiritualise leur amour, et ne laisse que l'immortelle essence, en lui servant de passage.

Mais, si la charité est une vertu chrétienne, directement émanée de l'Éternel et de son Verbe, elle est aussi en étroite alliance avec la nature. C'est à cette harmonie continuelle du ciel et de la terre, de Dieu et de l'humanité, qu'on reconnoît le caractère de la vraie religion. Souvent les institutions morales et politiques de l'antiquité sont en contradiction avec les sentiments de l'âme. Le christianisme, au contraire, toujours d'accord avec les cœurs, ne commande point des vertus abstraites et solitaires, mais des vertus tirées de nos besoins et utiles à tous. Il a placé la charité comme un puits d'abondance dans les déserts de la vie. « La charité est patiente, dit l'Apôtre, elle est douce, elle ne cherche à surpasser personne, elle n'agit point avec témérité, elle ne s'enfle point.

<< Elle n'est point ambitieuse, elle ne suit point ses intérêts, elle ne s'irrite point, elle ne pense point le mal.

« Elle ne se réjouit point dans l'injustice, mais elle se plaît dans la vérité.

« Elle tolère tout, elle croit tout, elle espère tout, elle souffre tout 1. »

CHAPITRE IV.

DES LOIS MORALES OU DU DÉCALOGUE.

Il est humiliant pour notre orgueil de trouver que les maximes de la sagesse humaine peuvent se renfermer dans quelques pages. Et dans ces pages encore, combien d'erreurs ! Les lois de Minos

IS. PAUL. ad Corinth., cap. XIII, v. 4 et seq..

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et de Lycurgue ne sont restées debout, après la
chute des peuples pour lesquels elles furent éri-
gées, que comme les pyramides des déserts, im-
mortels palais de la mort.

Lois du second Zoroastre,

Le temps sans bornes et incréé est le créateur de tout. La parole fut sa fille ; et de sa fille naquit Orsmus, dieu du bien, et Arimhan, dieu du mal. Invoque le taureau céleste, père de l'herbe et de l'homme.

L'œuvre la plus méritoire est de bien labourer

son champ.

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Ne jure point par les dieux.
Jeune homme, n'examine point la loi.

La loi déclare infâme quiconque n'a point d'ami.

Que la femme adultère soit couronnée de laine et vendue.

Que vos repas soient publics, votre vie frugale,

Prie avec pureté de pensée, de parole et d'ac-et vos danses guerrières".

tion'.

(Nous ne donnerons point ici les lois de Lycur

Enseigne le bien et le mal à ton fils âgé de cinq gue, parce qu'elles ne font en partie que répéter

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celles de Minos.)

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N'élève point de temple, et ne confie l'histoire | tions, sans erreurs, qui fit cesser nos incertitudu passé qu'à ta mémoire.

des, qui nous apprît ce que nous devons croire
de Dieu, et quels sont nos-véritables rapports avec
les hommes; si ce code s'annonçoit avec une as-
surance de ton et une simplicité de langage incon-

Homme, tu es libre: sois sans propriété.
Honore le vieillard, et que le jeune homme ne
puisse déposer contre lui.
Le brave sera récompensé après la mort, et nues jusqu'alors, ne faudroit-il pas en conclure

le lâche, puni'.

Lois de Pythagore.

Honore les dieux immortels, tels qu'ils sont établis par la loi.

Honore tes parents.

Fais ce qui n'affligera pas ta mémoire.
N'admets point le sommeil dans tes yeux avant

d'avoir examiné trois fois dans ton âme les œu-
vres de ta journée.

Demande-toi : Où ai-je été? Qu'ai-je fait? Qu'aurois-je dû faire?

Ainsi, après une vie sainte, lorsque ton corps retournera aux éléments, tu deviendras immortel et incorruptible: tu ne pourras plus mourir.

Tel est à peu près tout ce qu'on peut recueillir de cette antique sagesse des temps, si fameuse. Là, Dieu est représenté comme quelque chose d'obscur; sans doute, mais à force de lumière : des ténèbres couvrent la vue lorsqu'on cherche à contempler le soleil. Ici, l'homme sans ami est déclaré infâme; ce législateur a donc déclaré infâmes presque tous les infortunés? Plus loin, le suicide devient loi; enfin, quelques-uns de ces sages semblent oublier entièrement un Être suprême. Et que de choses vagues, incohérentes, communes, dans la plupart de ces sentences! Les sages du Portique et de l'Académie énoncent tour à tour des maximes si contradictoires, qu'on peut souvent prouver par le même livre que son auteur croyoit et ne croyoit point en Dieu, qu'il reconnoissoit et ne reconnoissoit point une vertu positive, que la liberté est le premier des biens, et le despotisme le meilleur des gouvernements.

Si, au milieu de tant de perplexités, on voyoit paroître un code de lois morales, sans contradic

TAC., de Mor, Germ.; STRAB. CES., Com. Edda, etc. On pourrait ajouter à cette table un extrait de la Républi que de Platon, ou plutot des douze livres de ses lois, qui sont, à notre avis, son meilleur ouvrage tant par le beau tableau des trois vieillards qui discourent en allant à la fontaine, que par la raison qui règne dans ce dialogue. Mais ces préceptes n'ont point été mis en pratique; ainsi nous nous abstiendrons d'en parler.

Quant au Coran, ce qui s'y trouve de saint et de juste est emprunté presque mot pour mot de nos livres sacrés; le reste est une compilation rabbinique.

que ces lois ne peuvent émaner que du ciel ? Nous
les avons, ces préceptes divins: et quels précep-
tes pour le sage! et quel tableau pour le poëte!

Voyez cet homme qui descend de ces hauteurs
brûlantes. Ses mains soutiennent une table de
pierre sur sa poitrine, son front est orné de deux
rayons de feu, son visage resplendit des gloires
du Seigneur, la terreur de Jéhovah le précède :
à l'horizon se déploie la chaîne du Liban avec
ses éternelles neiges et ses cèdres fuyant dans
le ciel. Prosternée au pied de la montagne, la
postérité de Jacob se voile la tête dans la crainte
de voir Dieu et de mourir. Cependant les ton-
nerres se taisent, et voici venir une voix :

Écoute, ô toi Israël, moi Jéhovah, tes Dieux',
(5) qui t'ai tiré de la terre de Mitzraïm, de la
maison de servitude.

1 Il ne sera point à toi d'autres Dieux devant
ma face.

2 Tu ne te feras point d'idole par tes mains,
ni aucune image de ce qui est dans les éton-
nantes eaux supérieures, ni sur la terre
au-dessous, ni dans les eaux sous la terre.
Tu ne t'inclineras point devant les images,
et tu ne les serviras point, car moi, je suis
Jéhovah, tes Dieux, le Dieu fort, le Dieu
jaloux, poursuivant l'iniquité des pères, l'i-
niquité de ceux qui me haïssent, sur les
fils de la troisième et de la quatrième gé-
nération, et je fais mille fois grâce à ceux
qui m'aiment et qui gardent mes comman-
dements.

3 Tu ne prendras point le nom de Jéhovah,
tes Dieux, en vain; car il ne déclarera point
innocent celui qui prendra son nom en vain.
4 Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanc-
tifier. Six jours tu travailleras, et tu feras
ton ouvrage, et le jour septième de Jéhovah,
tes Dieux, tu ne feras aucun ouvrage,
toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur,
ni ta servante, ni ton chameau, ni ton hôte,

ni

On donne le Décalogue mot à mot de l'hébreu, à cause de cette expression, tes Dieux, qu'aucune version n'a rendue.

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fit les merveilleuses eaux supérieures', la
terre et la mer, et tout ce qui est en elles,
et se reposa le septième : or Jéhovah le bé-
nit et le sanctifia.

devant tes portes; car en six jours Jéhovah | Tout-Puissant, la majesté et la grâce des formes.
Le Brahmane exprime lentement les trois pré-
sences de Dieu; le nom de Jéhovah les énonce
en un seul mot; ce sont les trois temps du verbe
étre, unis par une combinaison sublime: havah,
il fut; hovah, étant, ou il est; et je, qui, lors-
qu'il se trouve placé devant les trois lettres radi-
cales d'un verbe, indique le futur, en hébreu, il

5 Honore ton père et ta mère, afin que tes jours
soient longs sur la terre, et par delà la terre
que Jéhovah, tes Dieux, t'a donnée.
6 Tu ne tueras point.

7 Tu ne seras point adultère.

8 Tu ne voleras point.

9 Tu ne porteras point contre ton voisin un
faux témoignage.

10 Tu ne désireras point la maison de ton voisin,
ni la femme de ton voisin, ni son serviteur,
ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni
rien de ce qui est à ton voisin.

sera.

Enfin, les législateurs antiques ont marqué dans leurs codes les époques des fêtes des nations, mais le jour du repos d'Israël est le jour même du repos de Dieu. L'Hébreu, et son héritier le Gentil, dans les heures de son obscur travail, n'a rien moins devant les yeux que la création successive de l'univers. La Grèce, pourtant si poétique, n'a jamais songé à rapporter les soins du laboureur ou de l'artisan à ces fameux instants où Dieu créa la lumière, traça la route au soleil, et anima le cœur de l'homme.

Lois de Dieu, que vous ressemblez peu à celles des hommes! Éternelles comme le principe dont vous êtes émanées, c'est en vain que les siècles s'écoulent; vous résistez aux siècles, à la persécution, et à la corruption même des peuples. Cette législation religieuse, organisée au sein des légis

Voilà les lois que l'Éternel a gravées, non-seu-
lement sur la pierre de Sinaï, mais encore dans
le cœur de l'homme. On est frappé d'abord du
caractère d'universalité qui distingue cette table
divine des tables humaines qui la précèdent. C'est
ici la loi de tous les peuples, de tous les climats,
de tous les temps. Pythagore et Zoroastre s'adres-
sent à des Grecs et à des Mèdes; Jéhovah parle
à tous les hommes on reconnoît ce père tout-lations politiques (et néanmoins indépendante de
puissant qui veille sur la création et qui laisse leurs destinées), est un grand prodige. Tandis
également tomber de sa main le grain de blé qui que les formes des royaumes passent et se modi-
nourrit l'insecte et le soleil qui l'éclaire.
fient, que le pouvoir roule de main en main au
Rien n'est ensuite plus admirable, dans leur gré du sort, quelques chrétiens, restés fidèles au
simplicité pleine de justice, que ces lois morales milieu des inconstances de la fortune, continuent
des Hébreux. Les païens ont recommandé d'ho- d'adorer le même Dieu, de se soumettre aux
norer les auteurs de nos jours: Solon décerne la mêmes lois, sans se croire dégagés de leurs liens
mort au mauvais fils. Que fait Dieu? il promet la par les révolutions, le malheur et l'exemple.
vie à la piété filiale. Ce commandement est pris Quelle religion dans l'antiquité n'a pas perdu son
à la source même de la nature. Dieu fait un pré-influence morale en perdant ses prêtres et ses
cepte de l'amour filial; il n'en fait pas un de l'a- sacrifices? Où sont les mystères de l'antre de
mour paternel; il savoit que le fils, en qui vien- Trophonius et les secrets de Cérès - Éleusine?
nent se réunir les souvenirs et les espérances du Apollon n'est-il pas tombé avec Delphes, Baal
père, ne seroit souvent que trop aimé de ce der- avec Babylone, Sérapis avec Thèbes, Jupiter
nier mais au fils il commande d'aimer, car il
avec le Capitole ? Le christianisme seul a souvent
connoissoit l'inconstance et l'orgueil de la jeu- vu s'écrouler les édifices où se célébroient ses
pompes sans être ébranlé de la chute. Jésus-Christ
n'a pas toujours eu des temples, mais tout est
temple au Dieu vivant, et la maison des morts,
et la caverne de la montagne, et surtout le cœur
du juste; Jésus-Christ n'a pas toujours eu des
autels de porphyre, des chaires de cèdre et d'i-
voire, et des heureux pour serviteurs: mais une
pierre au désert suffit pour y célébrer ses mys-

nesse.

A la force du sens interne se joignent, dans le
Décalogue, comme dans les autres œuvres du

' Cette traduction est loin de donner une idée de la magnificence du texte. Shamajim est une sorte de cri d'admiration, comme la voix d'un peuple qui, en regardant le firmament, s'écrieroit: Voyez ces eaux miraculeuses suspendues en voûtes sur nos téles! ces domes de cristal et de diamant! On ne peut rendre en françois, dans la traduction d'une loi, cette poésie qu'exprime un seul mot.

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