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elle étoit couronnée d'une branche de chêne. La blancheur de ses bras et de son teint, ses yeux bleus, ses lèvres de rose, ses longs cheveux blonds, qui flottoient épars, annonçoient la fille des Gaulois, et contrastoient, par leur douceur, avec sa démarche fière et sauvage. Elle chantoit d'une voix mélodieuse des paroles terribles, et son sein découvert s'abaissoit et s'élevoit comme l'écume des flots.

« Je la suivis à quelque distance. Elle traversa d'abord une châtaignerie dont les arbres, vieux comme le temps, étoient presque tous desséchés par la cime. Nous marchâmes ensuite plus d'une heure sur une lande couverte de mousse et de fougère. Au bout de cette lande, nous trouvâmes un bois, et au milieu de ce bois une autre bruyère de plusieurs milles de tour. Jamais le sol n'en avoit été défriché, et l'on y avoit semé des pierres, pour qu'il restat inaccessible à la faux et à la charrue. A l'extrémité de cette arène s'élevoit une de ces roches isolées que les Gaulois appellent dolmin, et qui marquent le tombeau de quelque guerrier. Un jour le laboureur, au milieu de ses sillons, contemplera ces informes pyramides: effrayé de la grandeur du monument, il attribuera peut-être à des puissances invisibles et funestes ce qui ne sera que le témoignage de la force et de la rudesse de ses aïeux.

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"A l'instant, je vis briller dans la profondeur du bois mille lumières; chaque chêne enfanta pour ainsi dire un Gaulois; les Barbares sortirent en foule de leur retraite : les uns étoient complétement armés; les autres portoient une branche de chêne dans la main droite, et un flambeau dans la gauche. A la faveur de mon déguisement, je me mêle à leur troupe : au premier désordre de l'assemblée succèdent bientôt l'ordre et le recueillement, et l'on commence une procession solennelle.

« Des eubages marchoien à la tête, conduisant deux taureaux blancs qui devoient servir de victimes; les bardes suivoient en chantant sur une espèce de guitare les louanges de Teutatès; après eux venoient les disciples; ils étoient accompagnés d'un héraut d'armes vêtu de blanc, couvert d'un chapeau surmonté de deux ailes,

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et tenant à sa main une branche de verveine entourée de deux serpents. Trois senanis', représentant trois druides, s'avançoient à la suite du héraut d'armes : l'un portoit un pain, l'autre un vase plein d'eau, le troisième une main d'ivoire. Enfin, la druidesse (je reconnus alors sa profession) venoit la dernière. Elle tenoit la place de l'archidruide dont elle étoit descendue.

« On s'avança vers le chène de trente ans, où l'on avoit découvert le gui sacré. On dressa au pied de l'arbre un autel de gazon. Les sénanis y brûlérent un peu de pain, et y répandirent quelques gouttes d'un vin pur. Ensuite un eubage vêtu de blanc monta sur le chêne, et coupa le gui avec la faucille d'or de la druidesse; une saye blanche étendue sous l'arbre reçut la plante benite; les autres eubages frappèrent les victimes, et le gui, divisé en égales parties, fut distribué à l'assemblée.

« Cette cérémonie achevée, on retourna à la pierre du tombeau; on planta une épée nue pour indiquer le centre du mallus ou du conseil : au pied du dolmin étoient appuyées deux autres pierres qui en soutenoient une troisième couchée horizontalement. La druidesse monte à cette tribune. Les Gaulois debout et armés l'environnent, tandis que les sénanis et les eubages élèvent des flambeaux: les cœurs étoient secrètement attendris par cette scène qui leur rappeloit l'ancienne liberté. Quelques guerriers en cheveux blancs laissoient tomber de grosses larmes qui rouloient sur leurs boucliers. Tous penchés en avant et appuyés sur leurs lances, ils sembloient déjà prêter l'oreille aux paroles de la druidesse.

« Elle promena quelque temps ses regards sur ces guerriers représentants d'un peuple qui le premier osa dire aux hommes : « Malheur aux «< vaincus ! » mot impie retombé maintenant sur sa tête! On lisoit sur le visage de la druidesse l'émotion que lui causoit cet exemple des vicissitudes de la fortune. Elle sortit bientôt de ses réflexions, et prononça ce discours :

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