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et Diderot, dans le cinquième volume, article Encyclopédie, ont fait eux-mêmes la satire la plus amère de leur ouvrage.

NOTE 2.

Il est curieux de rapprocher de ce fragment de l'Apologie de saint Justin le tableau des mœurs des chrétiens, que l'on trouve dans la fameuse lettre de Pline le jeune à Trajan. Cette lettre, ainsi que la réponse de l'empereur, prouve que l'innocence des chrétiens étoit parfaitement reconnue, et que leur foi étoit leur seul crime. On y voit aussi la merveilleuse rapidité de la propagation de l'Évangile, puisque dès lors, dans une partie de l'empire, les temples étoient presque déserts: Pline écrivoit cette lettre un an ou deux après la mort de saint Jean l'évangéliste, et environ quarante avant que saint Justin publiât son Apologie.

Quoique cette lettre soit extrêmement connue, on a cru qu'il ne seroit pas hors de propos de l'insérer ici.

PLINE, proconsul dans la Bithynie et le Pont, à l'empereur TRAJAN..

« Je me fais une religion, seigneur, de vous exposer tous mes scrupules; car « qui peut mieux me déterminer ou m'instruire? Je n'ai jamais assisté à l'ins«truction et au jugement du procès d'aucun chrétien; ainsi, je ne sais sur quoi << tombe l'information que l'on fait contre eux, ni jusqu'où on doit porter leur « punition. J'hésite beaucoup sur la différence des âges. Faut-il les assujettir tous « à la peine, sans distinguer les plus jeunes des plus âgés? Doit-on pardonner à «< celui qui se repent ? ou est-il inutile de renoncer au christianisme, quand une « fois on l'a embrassé? Est-ce le nom seul que l'on punit en eux ? ou sont-ce les ⚫ crimes attachés à ce nom? Cependant, voici la règle que j'ai suivie dans les ac«< cusations intentées devant moi contre les chrétiens. Je les ai interrogés s'ils « étoient chrétiens: ceux qui l'ont avoué, je les ai interrogés une seconde et une « troisième fois, et les ai menacés du supplice: quand ils ont persisté, je les y « ai envoyés ; car, de quelque nature que fût ce qu'ils confessoient, j'ai cru que « l'on ne pouvoit manquer à punir en eux leur désobéissance et leur invincible « opiniâtreté. Il y en a eu d'autres, entêtés de la même folie, que j'ai réservés « pour envoyer à Rome, parcequ'ils sont citoyens romains. Dans la suite, ce «< crime venant à se répandre, comme il arrive ordinairement, il s'en est préa senté de plusieurs espèces. On m'a mis entre les mains un mémoire sans nom « d'auteur, où l'on accuse, d'être chrétiens différentes personnes qui nient de « l'être et de l'avoir jamais été. Ils ont, en ma présence, et dans les termes que « je leur prescrivois, invoqué les dieux, et offert de l'encens et du vin à votre image, que j'avois fait apporter exprès avec les statues de nos divinités ; ils se « sont encore emportés en imprécations contre le Christ; c'est à quoi, dit-on, a l'on ne peut jamais forcer ceux qui sont véritablement chrétiens. J'ai donc cru « qu'il les falloit absoudre. D'autres, déférés par un dénonciateur, ont d'abord « reconnu qu'ils étoient chrétiens, et aussitôt après ils l'ont nié, déclarant que «< véritablement ils l'avoient été, mais qu'ils ont cessé de l'être, les uns il y avoit << plus de trois ans, les autres depuis un plus grand nombre d'années, quelques<< uns depuis plus de vingt. Tous ces gens-là ont adoré votre image et les statues a des dieux; tous ont chargé le Christ de malédictions. Ils assuroient que toute « leur erreur ou leur faute avoit été renfermée dans ces points: qu'à un jour marqué ils s'assembloient avant le lever du soleil, et chantoient tour à tour des

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« vers à la louange du Christ, comme s'il eût été Dieu; qu'ils s'engageoient par « serment, non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d'adula tère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt ; qu'après « cela, ils avoient coutume de se séparer, et ensuite de se rassembler pour man«< ger en commun des mets innocents; qu'ils avoient cessé de le faire depuis mon édit, par lequel, selon vos ordres, j'avois défendu toute sorte d'assemblées. « Cela m'a fait juger d'autant plus nécessaire d'arracher la vérité par la force des a tourments à des filles esclaves, qu'ils disoient être dans le ministère de leur « culte; mais je n'y ai découvert qu'une mauvaise superstition portée à l'excès; « et, par cette raison, j'ai tout suspendu pour vous demander vos ordres. L'af<< faire m'a paru digne de vos réflexions, par la multitude de ceux qui sont ena veloppés dans ce péril; car un très grand nombre de personnes de tout âge,

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<< tout ordre, de tout sexe, sont et seront tous les jours impliquées dans cette ac«cusation. Ce mal contagieux n'a pas seulement infecté les villes, il a gagné les villages et les campagnes. Je crois pourtant que l'on y peut remédier, et qu'il « peut être arrêté. Ce qu'il y a de certain, c'est que les temples qui étoient pres<< que déserts sont fréquentés, et que les sacrifices longtemps négligés recom« mencent: on vend partout des victimes, qui trouvoient auparavant peu d'ache«teurs. De là on peut juger quelle quantité de gens peuvent être ramenés de << leur égarement, si l'on fait grace au repentir. »

L'empereur lui fit cette réponse :

TRAJAN A PLINE.

« Vous avez, mon très cher Pline, suivi la voie que vous deviez dans l'instruc- · « tion du procès des chrétiens qui vous ont été déférés ; car il n'est pas possible « d'établir une forme certaine et générale dans cette sorte d'affaire : il ne faut « pas en faire perquisition. S'ils sont accusés et convaincus, il les faut punir; « si pourtant l'accusé nie qu'il soit chrétien, et qu'il le prouve par sa conduite, « je veux dire en invoquant les dieux, il faut pardonner à son repentir, de quel« que soupçon qu'il ait été auparavant chargé. Au reste, dans nul genre de crime, l'on ne doit recevoir des dénonciations qui ne sont souscrites de per«sonne; car cela est d'un pernicieux exemple et très éloigné de nos maximes. »

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NOTE 3.

On peut encore voir un résultat bien effroyable de l'excès de population à la Chine, où l'on est obligé de jeter pour ainsi dire les enfants aux pourceaux. Plus on examine la question, plus on est porté à croire que Jésus-Christ fit un acte digne du législateur universel, en invitant quelques hommes, par son exemple, á vivre dans la chasteté. Le libertinage a pu sans doute profiter du conseil de saint Paul, pour voiler des excès attentatoires à la société, et des esprits superficiels ont pu prendre, l'abus pour le défaut du conseil même; mais de quoi la corruption n'abuse-t-elle pas ? et de quelle institution un génie médiocre, qui n'embrasse pas toutes les parties d'un objet, ne peut-il pas trouver à médire? D'ailleurs, sans les solitaires chrétiens qui parurent dans le monde trois cents ans après le Messie, que seroient devenus les lettres, les sciences et les arts? Enfin, les économistes modernes confirment eux-mêmes l'opinion que j'ai avancée, puisqu'ils prétendent (et entre autres Arthur Young) que les grandes propriétés sont plus favorables que les petites à tous les genres de culture, la vigne

peut-être exceptée. Or, dans tout pays peu livré au commerce et essentiellement agricole, si la population est excessive, les propriétés seront nécessairement très à moins toutefois divisées, ou bien ce pays sera exposé à d'éternelles révolutions; que le paysan ne soit esclave comme chez les anciens, ou serf comme en Russie et dans une partie de l'Allemagne.

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NOTE 4.

M. de Ramsay, Écossois, passa de la religion anglicane au socinianisme, de là au pur déisme, et il tomba enfin dans un pyrrhonisme universel. Il vint chercher la vérité auprès de Fénelon, qui le convertit au christianisme et à la religion catholique. C'est M. de Ramsay lui-même qui nous a conservé le précieux entretien dont sa conversion fut le fruit. Nous en citerons la partie dans laquelle Fénelon fixe les bornes de la raison et de la foi. Il avoit prouvé à M. de Ramsay l'authenticité des livres saints, et lui avoit montré la beauté de la morale qu'ils contiennent. « Mais, monseigneur, reprit M. de Ramsay (c'est lui-même qui parle), « pourquoi trouve-t-on dans la Bible un contraste si choquant de vérités lumi« neuses et de dogmes obscurs? Je voudrois bien séparer les idées sublimes, << dont vous venez de me parler, d'avec ce que les prêtres appellent mystères. » Il me répondit ainsi : « Pourquoi rejeter tant de lumières qui consolent le cœur, << parcequ'elles sont mêlées d'ombres qui humilient l'esprit ? La vraie religion ne doit-elle pas élever et abattre l'homme, lui montrer tout ensemble sa grandeur a et sa foiblesse ? Vous n'avez pas encore une idée assez étendue du christiaanisme. Il n'est pas seulement une loi sainte qui purifie le cœur, il est aussi une « sagesse mystérieuse qui dompte l'esprit. C'est un sacrifice continuel de tout soi« même en hommage à la souveraine raison. En pratiquant sa morale, on renonce « aux plaisirs pour l'amour de la beauté suprême. En croyant ses mystères, on « immole ses idées par respect pour la vérité éternelle. Sans ce double sacrifice « des pensées et des passions, l'holocauste est imparfait, notre victime est dé«fectueuse. C'est par là que l'homme tout entier disparoît et s'évanouit devant VÊtre des étres. Il ne s'agit pas d'examiner s'il est nécessaire que Dieu nous a révèle ainsi des mystères pour humilier notre esprit; il s'agit de savoir s'il « en a révélé ou non. S'il a parlé à sa créature, l'obéissance et l'amour sont inséparables. Le christianisme est un fait. Puisque vous ne doutez plus des « preuves de ce fait, il ne s'agit plus de choisir ce qu'on croira et ce qu'on ne a croira pas. Toutes les difficultés dont vous avez rassemblé des exemples s'é« vanouissent dès qu'on a l'esprit guéri de la présomption. Alors on n'a nulle peine à croire qu'il y ait dans la nature divine, et dans la conduite de sa pro«vidence, une profondeur impénétrable à notre foible raison. L'Être infini doit «< être incompréhensible à la créature. D'un côté, on voit un législateur dont la a loi est tout à fait divine, qui prouve sa mission par des faits miraculeux dont on ne « sauroit douter par des raisons aussi fortes que celles qu'on a de les croire. « D'un autre côté, on trouve plusieurs mystères qui nous choquent. Que faire « entre ces deux extrémités embarrassantes d'une révélation claire et d'un obscur incompréhensible? On ne trouve de ressource que dans le sacrifice de l'esprit, «et ce sacrifice est une partie du culte dù au souverain Être.

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« Dieu n'a-t-il point des connoissances infinies que nous n'avons point? « Quand il en découvre quelques-unes par une voie surnaturelle, il ne s'agit plus d'examiner le comment de ces mystères, mais la certitude de leur révé

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a lation. Ils nous paroissent incompatibles, sans l'être en effet ; et cette incom

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patibilité apparente vient de la petitesse de notre esprit, qui n'a pas de con

« noissances assez étendues pour voir la liaison de nos idées naturelles avec ces « vérités surnaturelles. >>

NOTE 5.

La Polyglotte d'Antoine Vitré donne, Vulgate :

Ego sum Dominus Deus tuus;

Septante:

Εγω εἰμὶ κύριος ὁ Θεὸς σοῦ.

Latin du texte chaldaïque :

Ego Dominus tuus.

La Polyglotte de Walton porte,

Vulgate et Septante, comme ci-dessus;

Latin de la version syriaque :

Ego sum Dominus Deus tuus.

Version latine interlignée sur l'hébreu :

Et e terra Egypti eduxi te, qui tuus Dominus Deus ego.

Latin de l'hébreu samaritain:

Ego sum Dominus Deus tuus.

Latin de la version arabe :

Ego sum Deus Dominus tuus.

NOTE 6.

Les vérités de l'Écriture se retrouvent jusque chez les Sauvages du NouveauMonde.

« Vous avez pu voir, dit Charlevoix, dans la fable d'Atahensic chassée du ciel, quelques vestiges de l'histoire de la première femme exilée du paradis terrestre, en punition de sa désobéissance, et la tradition du déluge aussi bien que l'arche dans laquelle Noé se sauva avec sa famille. Cette circonstance m'empêche d'adhérer au sentiment du père d'Acosta, qui prétend que cette tradition ne regarde pas le déluge universel, mais un déluge particulier à l'Amérique. En effet, les Algonquins, et presque tous les peuples qui parlent leur langue, supposant la création du premier homme, disent que sa postérité ayant péri presque tout entière par une inondation générale, un nommé Messou, d'autres l'appellent Saketchack, qui vit toute la terre abîmée sous les eaux par le débordement d'un lac, envoya un corbeau au fond de cet abîme pour lui en rapporter de la terre; que, ce corbeau ayant mal fait sa commission, il y envoya un rat musqué qui réussit mieux ; que, de ce peu de terre que l'animal lui avoit apporté, il rétablit le monde dans son premier état; qu'il tira des flèches contre les troncs des arbres qui paroissoient encore, et que ses flèches se changèrent en branches; qu'il fit plusieurs autres merveilles, et que, par reconnoissance du service que lui avoit rendu le rat musqué, il épousa une femelle de son espèce, dont il eut des enfants qui repeuplèrent le monde ; qu'il avoit communiqué son immortalité à un certain Sauvage, et la lui avoit donnée dans un petit paquet, en lui défendant de l'ouvrir, sous peine de perdre un don si précieux. »

Le père Bouchet, dans sa lettre à l'évêque d'Avranches, donne les détails les plus curieux sur les rapports des fables indiennes avec les principales vérités de notre religion et les traditions de l'Écriture: les Mémoires de la Société angloise de Calcutta confirment tout ce que dit ici le savant missionnaire françois.

« La plupart des Indiens assurent que ce grand nombre de divinités qu'ils adorent aujourd'hui ne sont que des dieux subalternes, et soumis au souverain Être, qui est également le Seigneur des dieux et des hommes. Ce grand Dieu, disentils, est infiniment élevé au-dessus de tous les êtres, et cette distance infinie empêchoit qu'il eût aucun commerce avec de foibles créatures. Quelle proportion en effet, continuent-ils, entre un être infiniment parfait et des êtres créés, remplis comme nous d'imperfections et de foiblesse ? C'est pour cela même, selon eux, que Parabaravastou, c'est-à-dire le Dieu suprême, a créé trois dieux inférieurs; savoir: Bruma, Wishnou et Routren. Il a donné au premier la puissance de créer; au second, le pouvoir de conserver; et au troisième, le droit de détruire.

« Mais ces trois dieux qu'adorent les Indiens sont, au sentiment de leurs savants, les enfants d'une femme qu'ils appellent Parachatti, c'est-à-dire la Puissance suprême. Si l'on réduisoit cette fable à ce qu'elle étoit dans son origine, on y découvriroit aisément la vérité, tout obscurcie qu'elle est par les idées ridicules que l'esprit de mensonge y a ajoutées.

« Les premiers Indiens ne vouloient dire autre chose, sinon que tout ce qui se fait dans le monde, soit par la création qu'ils attribuent à Bruma, soit par la conservation qui est le partage de Wishnou, soit enfin par les différents changements qui sont l'ouvrage de Routren, vient uniquement de la puissance absolue du Paribaravastou, ou du Dieu suprême. Ces esprits charnels ont fait ensuite une femme de leur Parachatti, et lui ont donné trois enfants, qui ne sont que les principaux effets de la toute-puissance. En effet, chatti, en langue indienne, signifie puissance, et para, suprême ou absolue.

« Cette idée qu'ont les Indiens d'un être infiniment supérieur aux autres divinités, marque au moins que leurs anciens n'adoroient effectivement qu'un Dieu, et que le polythéisme ne s'est introduit parmi eux que de la manière dont il s'est répandu dans tous les pays idolâtres.

« Je ne prétends pas, monseigneur, que cette première connoissance prouve d'une manière bien évidente le commerce des Indes avec les Égyptiens ou avec les Juifs. Je sais que, sans un tel secours, l'auteur de la nature a gravé cette vérité fondamentale dans l'esprit de tous les hommes, et qu'elle ne s'altère chez eux que par le déréglement et la corruption de leur cœur. C'est pour la même raison que je ne vous dis rien de ce que les Indiens ont pensé sur l'immortalité de nos ames, et sur plusieurs autres vérités semblables.

« Je m'imagine cependant que vous ne serez pas fâché de savoir comment nos Indiens trouvent expliquée, dans leurs auteurs, la ressemblance de l'homme avec le souverain Être. Voici ce qu'un savant Brame m'a assuré avoir tiré, sur ce sujet, d'un de leurs plus anciens livres. Imaginez-vous, dit cet auteur, un million de grands vases tous remplis d'eau, sur lesquels le soleil répand les rayons de sa lumière : ce bel astre, quoique unique, se multiplie en quelque sorte et se peint tout entier, en un moment, dans chacun de ces vases; on en voit partout une image très ressemblante. Nos corps sont ces vases remplis d'eau ; le soleil est la figure du souverain Être, et l'image du soleil, peinte dans chacun de ces vases, nous

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