RITUEL

DU

DIOCESE DE SOISSONS.

SECONDE PARTIE.

Ordre des cérémonies à obferver dans l'administration du Baptême des Enfans.

P

OUR le Baptême folemnel, on aura foin de préparer les chofes fuivantes.

1o. Les vafes de l'huile des Catéchumenes & du faint Chrême.

2o. Un petit vase dans lequel il y ait du fel, pour mettre dans la bouche de celui qu'on baptifera. Ce fel doit être fec, broyé, bien net, & béni d'une bénédiction propre pour fervir au Baptême. Quand il a été béni, il n'en faut donner à perfonne, ni le rendre à ceux qui Soiffons. Tom. Ile

A

l'auroient apporté ; mais on doit le conserver pour s'en fervir une autre fois au Baptême ; & quand il eft fondu, il faut le jetter dans la Pifcine.

3°. Un vafe d'argent ou d'autre métal propre, uniquement destiné à prendre l'eau dans les Fonts, & à la verfer fur la tête des perfonnes qu'on baptife. S'il eft de cuivre, il faut qu'il foit étamé par dedans.

40. Un baffin pour recevoir l'eau qui coule de la tête de celui qu'on baptise, à moins qu'elle ne tombe immédiatement dans la Pifcine.

5o. Du coton ou des étoupes pour effuyer les endroits où l'on aura fait les ondtions.

60. De la mie de pain & une aiguiere pour laver les mains du Prêtre, & une ferviette pour les effuyer.

7°. Deux Etoles, une violette, & l'autre blanche, ou une feule qui foit violette d'un côté & blanche de l'autre, pour en changer, comme il fera marqué ci après.

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8°. Un petit vêtement blanc en forme de voile, qu'on nomme Chrêmeau, pour être mis fur la tête de l'enfant. 9°. Un cierge de cire blanche.

10°. Ce Rituel avec les deux Regiftres des Baptêmes, pour écrire les noms de ceux qu'on baptife.

Lorfqu'on trouve la lettre N. dans l'ordre qui fuit, on doit toujours nommer la perfonne qu'on baptife, foit gargon, foit fille, felon le cas & le genre qui lui conviennent.

Tout étant difpofé pour la cérémonie, le Prétre qui doit baptifer, ayant lavé fes mains · pris fon Surplis & une Etole violette, ira précédé d'un Clerc, ou autre perfonne qui l'affifte, à la porte de l'Eglife, au dehors s'il y a un Forche, ou au-dedans s'il n'y en a point, où ceux qui ont ap

porté l'enfant doivent l'attendre. Y étant arrivé, il demeurera debout, le dos tourné à l'Autel, ayant à fa gauche l'affiftant qui tiendra le cierge allumé. Enfuite s'étant couvert, il fera les demandes fuivantes.

D. Quel enfant présentez-vous à l'Eglife?
Un n garçon, ou Une fille.

B2.

D. Eft-il, ou Eft-elle de cette Paroiffe?
. Oui, Monfieur.

Si on répondoit, Non, il faudroit le renvoyer à fon propre Curé, à moins qu'il n'y eût néceffité preffante ou permiffion de le baptifer, comme il eft expliqué dans la premiere Partie, pag. 7.

D. Que demande-t-il ? ou Que demande-t-elle ?
B. Le Baptême.

D. N'a-t-on pas ondoyé cet enfant ?

B. Non, Monfieur.

Si on répondoit, Oui, le Prêtre doit examiner de quelle maniere la chofe s'est passée, & obferver les regles que nous avons données dans la premiere Partie, pag. 15. D. Etes-vous le Parrain & la Marraine ?

B. Oui.

D. Voulez-vous vivre & mourir en la foi de l'Eglife Catholique, Apoftolique & Romaine?

B. Oui, moyennant la grace de Dieu.

S'ils refufoient de répondre ainfi à cette interrogation, il faudroit les renvoyer.

Ici le Prêtre fera aux affiftans l'Exhortation fuivante, qui ne fera omife fous aucun prétexte, s'il n'y supplée de lui-même par une autre à peu près femblable.

A

EXHORTATIO N.

Vant que d'accorder à cet Enfant ce que vous demandez pour lui à l'Eglife, il eft de mon devoir de faire avec vous un moment de réflexion fur le déplorable état où il eft, & fur l'heureux changement qui va fe faire en lui par le Baptême. Enfant infortuné d'un pere criminel, il a hérité de fon péché en recevant la vie ; il eft né ennemi de Dieu, & l'objet de fa colere ; il eft fous la puiffance du Démon, & fon esclave: & fi Dieu étoit jufte fans être miféricordieux, cet enfant feroit exclus pour toujours du Royaume da Ciel, & la mort éternelle feroit fon partage. C'eft ce que la foi nous enfeigne touchant le péché originel; & la pratique perpétuelle de l'Eglise de baptifer les enfans qui n'ont pu encore pécher par leur propre volonté, & d'employer fur eux les Exorcifmes pour en chaffer le Démon, eft une preuve de ce dogme, éga lement fenfible & fans replique. Notre foible raifon ne fçauroit le comprendre; mais fi nous fommes fidéles, au lieu d'interroger la juftice de Dieu, & de lui demander comment cet enfant a pu mériter un fort fi rigoureux, admirons plutôt fa miféricorde fur lui, & le choix gratuit qu'elle en fait pour lui accorder la grace du Baptême, qui eft refusée fans injustice à tant d'autres. Il eft coupable en Adam; il va être justifié en Jefus Chrift; & fa propre volonté n'a pas plus de part à fa justification qu'elle en a eu à fa condamnation. Il a été vendu gratuitement, & il eft racheté fans argent, comme parle un Prophéte, c'est-à-dire, fans

apporter aucune difpofition à la grace qu'il va recevoir, fans fçavoir même ce que la divine miféricorde va opérer en lui; mais quelle grace & quelle miféricorde! Il va paffer de la puiffance des ténébres au Royaume du Fils bien-aimé de Dieu. Il va être fait enfant de Dieu, & fon héritier : oui, héritier de Dieu & cohéritier de Jesus-Chrift. L'Eglife, cette Mere féconde de tous les enfans de Dieu, l'a déja conçu dans fon fein, & elle va lui donner, par mon ministère, une feconde naissance, qui réparera avantageusement le malheur de la premiere. Il va renaître pour le ciel, & acquérir un droit à la vie éternelle, qui ne pourra lui être ôté malgré lui.

Occupez-vous de ces grands objets pendant cette augufte cérémonie ; & en béniffant au nom de cet enfant le Dieu de miféricorde qui l'adopte, qui le fanctifie, & qui en fait l'objet de son amour, souvenezvous que vous avez reçu vous-mêmes la même grace, & qu'elle exige de vous toute la reconnoiffance & toute la fidélité dont vous êtes capables. Que fr vous aviez eu le malheur d'y être infidéles, & de la perdre par le péché mortel, comprenez ici la grandeur de cette perte: & fi vous ne l'avez pas encore réparée, ne différez plus de recourir à un autre Baptême qui peut encore fauver ceux dont l'innocence a fait naufrage, mais qui ne les fauvera que par un nouveau & fincére renoncement à Satan, à fes pompes, & à ses œu vres, c'est-à-dire, au péché, & par les travaux & les larmes de la pénitence.

Mais foit que vous ayez confervé ou recouvré la