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étaient nés ou allaient naître, qui pouvaient opposer à l'abbaye de Pontigny des rivalités puissantes; aucun d'eux ne devait persévérer pendant de longues années dans son austérité première. L'abbaye de Pontigny les vit naître, tomber, et demeura toujours debout. A travers tant d'événemens, qui changeaient la face de l'Europe et de la France, c'était beaucoup que l'abbaye de Pontigny se fût maintenue si long-temps puissante et révérée; elle le devait surtout à la sagesse des hommes recommandables qui l'avaient gouvernée.

RENAUD ou RÉGNARD.

UNE activité incessante, un zèle infatigable pour Cart. de Pont., soutenir l'honneur et les intérêts de son ordre, for- t. I, p. 23. ma le caractère distinctif de l'abbé Renaud. Il s'opposa avec l'abbé de Clairvaux à l'élection de Jacques, abbé de Citeaux en 1262, parce qu'elle avait été faite sans la participation des quatre premiers pères. Il veillait continuellement sur le bien temporel et spirituel de son abbaye. Plusieurs affaires furent terminées, à son instance, par les papes Urbain IV et Clément IV. Étant décédé vers l'an 1272, il fut enterré dans le chapitre avec cette inscription: Ici repose l'abbé Regnaud, que Dieu lui donne le repos éternel (1).

(1) Híc jacet abbas Pontiniaci Regnaudus, det ei Dominus sedem requieï.

¡T. II,
P. 109.

Hist. ms. de
Pég. d'Aux.

L'abbaye de Pontigny était devenue chère aux évêques d'Angleterre. L'accueil favorable qu'ils y avaient trouvé dans les temps de persécution, vivait toujours dans leurs cœurs, et les maisons de la filiation de Pontigny, qui étaient dans ce royaume, en recevaient une heureuse influence. Boniface, archevêque de Cantorbéry, vint plusieurs fois à Pontigny; il y passa l'été de 1264. Le bienheureux Guillaume de Ludan, archevêque d'Yorck, en Angleterre, renonça, au bout de cinq ans, à son ar chevêché pour venir passer le reste de ses jours à Pontigny. I prit l'habit de l'ordre, et voulut être traité comme un simple religieux. Il mourut deux ans après, le 18 décembre 1272, laissant l'abbaye remplie de la bonne odeur de ses vertus. Son corps fut inhumé au-dessous de celui de Guérin, archevêque de Bourges, et levé de terre, en 1669, comme on le verra dans la suite.

A toutes les inhumations remarquables qui avaient déjà eu lieu dans l'abbaye de Pontigny, il convient d'ajouter celle du bienheureux Edme, religieux de Pontigny, mort au douzième siècle, et enterré près de Guillaume de Seignelay. Le ménologe de Cîteaux en parle ainsi au 12 mars : « En ce jour, le moine Edme, entièrement mort aux choses de ce monde, a terminé sa très-sainte vie, et a reçu la sépulture à Pontigny. >>

Aanor, ou Aliénor, parente de saint Bernard, morte à Esnon en odeur de sainteté, vers l'an 1200, fut transportée solennellement à Pontigny pour y être inhumée. Elle était fille d'André, seigneur de Montbart, et avait épousé Bochard, de Seignelay,

seigneur d'Esnon. C'était un homme ferme, courageux, fidèle à son prince, et d'une foi à toute épreuve; il était mort en 1180, et avait été inhumé à Pontigny. La maison d'Aanor offrait une de ces familles éminemment chrétiennes, telles qu'on en rencontrait communément alors. Elle-même avait déposé tout le faste de ses glorieux ancêtres pour se conduire comme une humble servante de JésusChrist, distribuant son bien aux pauvres et les servant de ses mains. Elle était toujours dans l'église, livrée à une prière continuelle. Ses obsèques se firent avec un appareil magnifique. Toute la population d'Esnon voulut accompagner jusqu'à Pontigny le corps de celle qu'elle regardait comme une bienfai- L'ab. Bibl. mss. trice et comme une mère. Les auteurs du temps rap- t. 1, portent un miracle opéré pendant la route.

Jourdain, premier abbé de Cercamp, après avoir gouverné saintement son abbaye, se rendit à Pontigny, dans sa première maison de profession, et y mourut en simple religieux, en 1142. Helselin, quatrième abbé, et Artaud, septième abbé du même monastère, se retirèrent aussi à Pontigny, dans leur maison de profession, pour y finir leurs jours. Aubert, abbé de Pinu, est enterré dans le chapitre. Richard, abbé de Mireval; Honoré, abbé de Trizay, reposent aussi à Pontigny.

Guy, frère aîné de saint Bernard, religieux de Clairvaux, vint à Pontigny pour des affaires de l'ordre, et y mourut, selon la prédiction de saint Bernard, qui lui avait dit qu'il ne mourrait point à Clairvaux. Son épitaphe se terminait par ces

t. I, p. 479.

Viole, mis

mots en latin :

la mort. »

« Il se montra obéissant, même à

ROBERT.

QUELQUES auteurs, comme Yepesius, Manrique, Jean de Senlis, parlent de Gérard et de Bernard, comme abbés de Pontigny, vers l'an 1278; les cartulaires de Pontigny n'en font aucune mention.

Le pape Grégoire X, dans une bulle de 1275, cite avec éloge l'abbaye de Pontigny. Il admire la dévotion des religieux envers la sainte Vierge, ce qui les a toujours distingués parmi ceux des autres ordres. Il loue leur persévérance à travailler à leur avancement spirituel. Il s'étend sur leur charité, leur tempérance, et leur application à garder leur règle. « Les observateurs de cet ordre pieux, dit-il, uniquement occupés à répondre à leur vocation, se tiennent sans cesse en la présence du roi des rois et de la reine des cieux, pour leur offrir l'encens de leurs prières, et pour se rendre agréables à leurs yeux par toutes sortes de bonnes œuvres. L'hospitalité et l'aumône sont si sacrées dans cette maison, qu'on y est pauvre pour soi, riche et consolant pour les malheureux. Les religieux travaillent de leurs mains et mangent leur pain à la sueur de leur front; ils se contentent de peu pour leur nourriture, et rien ne manque pour subvenir aux nécessités des pauvres. Ces vertus, ajoute-t-il, vous con

cilient l'affection de tout le monde et mettent à vos

pieds tous les cœurs pieux, »

L'abbé Robert était très-instruit; il avait étudié la Cart. de Pont. théologie avec la plus grande distinction, et avait ↳ L., p. 24. été reçu docteur en cette faculté. Le pape Nicolas IV lui écrivit, en 1288. Cinq ans après, il fut élu abbé de Cîteaux, et l'année suivante, créé cardinal, du titre de sainte Prudentiane, par Célestin IV. II mourut à Parme. Son corps fut d'abord enterré dans l'église d'une maison de l'ordre, à Saint-Martinhors-Parme, et transféré peu après à Citeaux, où ik fut inhumé auprès du grand autel. Cet abbé accrut les biens de l'abbaye, acheta la terre de Venousse de Jean de Vergy et de Marguerite de Noyers, sa femme, pour la somme de quinze cents livres tournois.

A cette époque, Marguerite, reine de Jérusalem et de Sicile, vivait à Tonnerre, dont elle était comtesse, et où elle a laissé un nom célèbre et cher à la fois, par la fondation de l'hôpital de cette ville. Elle a aussi laissé des souvenirs à Ligny-le-Châtel; on montre encore la maison qu'elle habitait, lorsqu'elle y faisait quelque séjour. Plusieurs, biens de cette commune furent désignés, par son testament, pour la fondation de l'hôpital de Tonnerre.

Cette comtesse fit tous ses efforts pour affermir le pouvoir féodal, déjà ébranlé par la marche des idées vers une liberté plus grande. Elle eut plusieurs démêlés avec les seigneurs du comté. Elle en eut un considérable avec l'abbaye de Pontigny, en T. II, p. 369. 1291, au sujet de la justice de Pontigny, des granges de Sainte-Porcaire, du Beugnon, de Beauvais et d'Aigremont. L'affaire fut même portée devant le

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