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à Sens et à Villeneuve-le-Roy. Philippé de Valois ordonna que l'on fit une enquête, et finit par condamner l'abbé et les religieux, par un arrêt du parlement, le 24 avril 1335. Quelle gloire pouvait réfléter sur la couronne d'un comte, la vaine prérogative d'un droit de justice acquise par l'abaissement d'une noble abbaye, qui se trouvait à six lieues de sa demeure? Tandis que ce droit devenait vexatoire et oppressif pour les religieux, qui étaient sans cesse exposés aux tracasseries des prévôts, des sergens, des gardes forestiers et autres agens du comte. L'abbé Thomas se soumit au jugement. Le comte en fut si satisfait, qu'il lui fit grâce des dommages et intérêts qui s'élevaient à deux mille livres. Nous, dit-il, mehuz en pitié et considéranz la poureté de la dite abbaye, et la bonne voulenté que li diz religieux ont à nons, leur avons faite grâce des diz dépenz. Cette grâce et ces paroles flatteuses étaient un nouveau piége tendu à la bonne foi de l'abbé : le comte le pria de mettre son abbaye sous sa sauve-garde, lui promettant qu'il veillerait avec un soin particulier à la conservation de ses biens, et qu'ils vivraient désormais en bonne intelligence. L'abbé eut l'imprudence de condescendre à sa demande, ce qui fut pour ses successeurs une source de tribulations, comme on va le voir. Thomas ne survécut pas longtemps aux peines que lui avait causées le comte de Tonnerre. Il mourut en 1339; son corps fut déposé dans le chapitre.

L'importance des abbés dans les affaires civiles commence à se perdre au milieu du mouvement général de décomposition de l'ancien ordre de chose,

qui allait enfanter la monarchie absolue. Les abbés, et les chefs des principaux ordres religieux, comme grands propriétaires fonciers, avaient droit de délibérer et de se défendre dans les grandes assemblées du pays, tant civiles qu'ecclésiastiques; cependant, on ne les voit plus figurer d'une manière distincte; ils rentrent sagement dans les attributions de leur état saint. Tandis qu'ils se livrent à la prière, leurs puissans voisins convoitent leurs richesses, les droits féodaux que leur ont légués les seigneurs du pays. A l'aide de leur crédit à la cour, ils les subjuguent, et ils ne prévoient pas qu'euxmêmes sont à la veille d'être dépouillés par la puissance royale, qui va insensiblement absorber, dans sa souveraineté immense, toutes les souverainetés locales.

JEAN V.

JEAN, dont la vertueuse jeunesse avait été enri- T. 1, p. 27. chie dans le cloitre de tous les trésors d'une éducation. sainte, se distinguait par une piété tendre, une douceur, une discrétion admirable. On ne sait ni l'année, ni le jour de sa mort. Il repose dans le chapitre, près de l'abbé Symon. Les abbés de cette époque, ne le cèdent point en lumières et en vertus à ceux des premiers âges de l'abbaye. Les adversités du déhors, qui viennent si souvent mettre leur vertu à l'épreuve, les tiennent à l'abri de la vaine gloire et du relâchement.

GUILLAUME II.

GUILLAUME est le seul abbé illettré que l'on rencontre dans l'histoire de l'abbaye de Pontigny; il ne savait pas même écrire; mais, ce qui était infini ment plus précieux, il était animé de l'esprit de Dieu, et possédait la plus belle des sciences, celle des choses spirituelles; c'est ce qui fit jeter les yeux sur lui pour remplir le vide que laissait l'abbé Jean, son prédécesseur. Il fallait que la considération de ses vertus fût bien grande, pour que l'on ait dérogé à l'usage établi de ne mettre à la tête de l'abbaye que des hommes qui réunissaient la science à la vertu.

Guillaume commença à ressentir les effets des funestes concessions de Thomas envers le comte de Tonnerre. Il avait brisé les scellés qui avaient été posés à la mort de son prédécesseur, en disant que l'abbaye n'avait jamais été sous la tutelle d'un comte laïque. Jeanne de Châlons, veuve de Robert de Bourgogne, comtesse de Tonnerre, intenta à cette occasion un nouveau procès au monastère, et malgré les efforts de l'abbé pour défendre les droits de son abbaye, la comtesse gagna, en prouvant que Robert de Bourgogne avait été reçu, dix ans auparavant, par Thomas, en qualité de gardien de l'abbaye. Ce procès endetta le monastère de dix mille livres, qu'on emprunta à l'abbé de Clairvaux. Le droit de garde gardienne consistait à poser les scellés à la mort de l'abbé, à veiller à la conservation des biens, meubles et im

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meubles pendant la vacance du siége. Ainsi, à la mort d'un abbé, les agens du comte de Tonnerre arrivaient tumultuairement, s'emparaient de l'abbaye, posaient les scellés, et prenaient la régie des biens. Cette vexation exécutée officiellement et de sangfroid, au mépris des religieux, était en opposition à tous les réglemens de l'ordre.

En 1340, Guillaume prêta serment de fidélité à l'évêque d'Auxerre, en qualité d'abbé de Pontigny. La cérémonie eut lieu dans la cathédrale, près du grand autel. Il s'excusa d'abord de donner son serment par écrit, parce qu'il ne savait pas écrire; comme on insistait sur cette nécessité, il fit écrire son serment par un clerc, et le lut ainsi en latin : « Je promets, frère Guillaume, abbé de Pontigny, de l'ordre de Citeaux, de conserver toujours envers vous, vénérable évêque; envers vos successeurs, établis selon les canons, et envers le saint-siége d'Auxerre, la soumission, la révérence et l'obéissance que prescrivent les Pères de l'Eglise et la règle de saint Benoît, sauf les priviléges de notre ordre. >> Le livre des obits met sa mort au 1er, octobre, sans indiquer l'année.

(1) Ego Guillelmus, abbas Pontiniacencis, Cisterciencis ordinis, subjectionem, reverentiam, obedientiam a sanctis patribus institutam, secundum regulam sancti Benedicti, tibi Domine, pater episcope, tuisque successoribus canonicè substituendis et sanctæ sedi Autissiodorensi, salvo ordine nostro, perpetuò me exhibiturum promitto.

JEAN DE ROUGEMONT.

SA naissance ne fut pas étrangère à s car il appartenait à la noble famille de qui donna trois archevêques à Besanç des temps et les embarras financiers d trouva l'abbaye, traversèrent les in avait pour le bien. Ce qui honore 1. moire, c'est l'affranchissement des ha tigny-le-Roy, en 1345. On sait qu'à l'esclavage étendait son vaste résea France. Il fallait que la religión chrét des cieux pour réhabiliter les esclav dignité humaine. Avant 1345, or quelques affranchissemens partiels : bruit dans tout le pays. L'affranch nousse, accordé l'année suivant résolution toute d'humanité, dictée religion chrétienne. Les seigneur bientôt la nécessité leur arrachera blables, s'ils ne la prévenaient på généreuses. Le christianisme étai la société en voie de progrès. San de charité qu'il émettait dans le tisme finissait inévitablement p France et dans la vieille Europe.

Voici les principales clauses chissement de Montigny-le-Roy étonnement, jusqu'où les abbés

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