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/ T. II, p. 72.

politiques; mais la détresse où elle se trouva réduite les années suivantes, fait juger des épreuves qu'elle eut à subir. En 1566, Etienne d'Irancy et Humbert T. III, p. 247. de Sarmage, procureurs du prieur, jurèrent, sur les saints Evangiles, qu'il leur était impossible d'acquitter la décime imposée par le pape, en sorte que Pierre Aymon, évêque d'Auxerre, chargé de cette collecte, déclara que, prenant en considération la pauvreté de l'abbaye, il lui faisait grâce, pour l'amour de Dieu, du premier paiement qui devait échoir au 1er mars 1566. L'année suivante, l'évêque d'Auxerre fut encore obligé de leur faire une pareille grâce.

P. 238.

La même année, Nicolas, se trouvant au chapitre général qui se tenait à Dijon, à cause de la guerre, obtint la permission de faire des baux à loyer pour neuf ans et au-delà. On lui permit également de donner à bail emphyteotique perpétuel les terres inutiles ou stériles (c'est l'expression de la charte). L'abbé prit cette mesure pour ranimer la confiance des cultivateurs. Les gens de guerre avaient pillé les fermes et enlevé le bétail; les vignes n'étaient pas cultivées faute d'ouvriers; la plupart des terres étaient en friche. L'abbaye n'avait plus les moyens de suppléer au pillage successif des divers partisT. II, p. 133. qui déchiraient le sein de la France, en sorte que la plupart des fermes demeuraient désertes. Dans ces temps de désolation générale, toutes les fermes isolées étaient fermées de murs garnis de meurtrières, pour repousser les attaques des détachemens qui couraient la campagne. Dans ces rencontres, si on se trouvait en nombre, on repoussait la force par

la force; si on était trop faible, on abandonnait la ferme, qui était pillée et souvent incendiée. Le successeur de Nicolas se plaignait, en 1372, que Jes vignes de Chablis demeuraient en partie incultes, à cause des guerres et de la rareté des ouvriers, en sorte que ces vignes ne produisaient pas même cinq muids de vin. C'était la rente que l'on en payait à l'abbaye de Saint-Germain, c'est pourquoi il fut convenu que l'on paierait quatre sous de rente par arpent au lieu de cinq muids de vin. Faut-il s'étonner si l'abbaye de Pontigny ne pouvait pas même payer ses impôts? Les principaux moines étaient alors, Jean d'Esnon, prieur; Hugues de Ligny, sous-prieur; Etienne d'Irancy, portier; Jean de Pacy, célérier; Jean de Chablis, sous-célérier; Humbert de Gendrey, trésorier; Jean de Brienon, chantre; Guillaume d'Avrolles, Jean de Senevoy, Jean d'Ervy, Jean Gamache, Andrey de Rosoy, Thomas de Saint-Maurice et Drouhin de Lichères.

Après onze ans d'une administration sage, à travers des temps calamiteux, l'abbé Nicolas termina sa vie par la mort la plus édifiante. Peu de jours avant, il reçut les derniers sacremens avec une foi vive et une tendre piété. Les religieux, assemblés à cette cérémonie, furent touchés jusqu'aux larmes. Il leur donna sa bénédiction, et dès-lors il ne s'occupa plus que de son éternité. La mort n'était point pour lui un objet d'horreur; il l'envisagea comme le terme de ses maux avec ce calme et cette tranquillité d'âme que donnent une foi sincère, une conscience pure et le souvenir d'une vie passée dans la pratique de toutes les vertus religieuses. Il ne cessa pas de prier,

et rendit le dernier soupir en prononçant ces paroles du Psalmiste: In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum. «Seigneur, je remets mon esprit entre Vos mains. Quelle consolation pour l'Eglise de compter parmi ses enfans des hommes qui ne tiennent plus à la terre que par les plus indispensables besoins du corps! Il fut enterré dans le chapitre, avec cette épitaphe en latin : « Ici repose dom Nicolas, vingt-quatrième abbé de cette église (1), homme d'une humilité rare et d'une mortification continuelle. Il mourut le jour de la Toussaint, en 1570, que son âme repose en paix! »

T. I, p. 28.

T. III, p. 331.

JEAN VI.

APRÈS la mort de Nicolas, le comte de Tonnerre, à l'aide de l'ascendant que son prétendu droit de garde gardienne lui donnait sur l'abbaye, parvint à faire élire Jean, religieux de l'abbaye de Villeneuve, dans le diocèse de Nantes. Il était de l'illustre famille de Châlons, et son parent.

Une charte de 1594 le qualifie de frère Jean, par la permission divine, humble abbé de l'église de Pontigny, de l'ordre de Citeaulx.

(1) Cet abbé est le vingt-sixième dans les Cartulaires de Poutigny, le vingt-quatrième dans les manuscrits du père Viole, et le vingt-septième dans la Gaule chrétienne. Dom Robinet a reconnu que les inscriptions tumulaires étaient fautives, parce que plusieurs abbés, élus dans un âge avancé, n'avaient fait que paraître, et avaient été oubliés sur la liste des abbés que l'on fit dans lá suite.

En 1392, il députa un religieux de Pontigny, docteur en théologie, en cour de Rome, pour sa tisfaire à la visite annuelle que les abbés de Pontigny devaient au Saint-Siége. Ce religieux revint peu satisfait de son voyage. Il avait payé au camérier du sacré collége cent florins d'or au mouton, pour le service ordinaire.

PIERRE III.

CET abbé est appelé Pierre de Juilly dans la Gaule chrétienne, et dans les chartes du temps: Ré- T. III, p. 324. vérend père en Dieu, frère Péare, abbé de l'église de Pontigny et du couvent de ce même lieu. Il donna sa démission au chapitre général, en 1389, et demanda une pension pour passer le reste de ses jours dans la retraite, ce qui lui fut accordé, parce qu'il avait passé toute sa vie au service de l'ordre de Citeaux. Il mourut en 1400, et fut inhumé dans l'ancienne église de l'abbaye, qui depuis l'érection de la nouvelle église, avait pris le nom de Chapelle de SaintThomas-l'Apôtre. Elle se trouvait, comme on l'a vu ailleurs, au couchant de la nouvelle église, dont elle était détachée. Son épitaphe l'établissait le vingtsixième abbé du monastère.

En 1389, Amé de Joinville, seigneur de Méry, T. n, p. 417. qualifié de noble et puissant seigneur, fit une donation importante; il légua, par testament, sept cents francs d'or, pour acheter soixante livres tournois de rente pour l'abbaye de Pontigny. En reconnais

sance de ce don, les religieux doivent chanter et célébrer, chaque jour de l'année, deux messes, l'une à notes, et l'autre basse, pour le salut de l'âme de messire Amé, et pour celui de ses parens et de ses

amis.

Lebœuf, Mém.,

JEAN DE LA PAIX.

LES auteurs de la Gaule chrétienne placent avant lui un abbé du nom de Jean de Flogny, qui fut ensuite abbé de Cîteaux.

L'abbaye de Pontigny est toujours gouvernée par des hommes recommandables par leurs talens et leurs vertus. Jean de la Paix passait pour un grand orateur, et un des plus habiles théologiens de son temps. Le Pape, qui connaissait sa réputation, le fit venir au concile de Pise, en 1401, pour soutenir les intérêts de l'Eglise.

Il était réservé à un abbé de Pontigny de faire 11, pr., p. 311. abolir la fête des fous, qui se célébrait à Auxerre, par des danses, des déguisemens, des orgies, qui avaient lieu jusqu'au pied des autels, fête que l'ignorance et la superstition avait créée. L'abbé, dans un discours plein de véhémence, qu'il prononça dans le chapitre de la cathédrale d'Auxerre, prouva que jamais Dieu ni l'Eglise n'avaient approuvé une fête aussi scandaleuse, que sa solennisation était en opposition à tous les canons, qu'il était de l'honneur du chapitre de ne pas la tolérer plus long-temps, même qu'elle n'aurait jamais dû l'être; il conclut

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