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la plupart de nos communes dans le deuil et la misère. En 1434, les religieux occupés dans leur monastère à fléchir le courroux de la vengeance divine, éprouvaient toutes sortes de privations. Ils adressèrent une réclamation à Philippe-le-Bon (1), duc de Bourgogne, pour être payés de dix émines de froment que leur avait léguées Eudes III, aussi duc de Bourgogne. On voit dans cette charte que les campagnes étaient telement destruites et domagiez par le fait des guerres, que l'on manquait de subsistances. Le duc Philippe, en ordonnant que l'on payât la rente, dit : « Considéré la poureté des diz religieux, et que la dite rente est rente d'aumosne, et aussi qu'il n'y a aucun empeschement, ne cause raisonable pourquoy elle ne doye estre paiée. » L'état de gêne dans laquelle se trouve l'abbaye était le triste résultat des guerres civiles. La France gémissait, sillonée par des bandes de brigands qui ravageaient les campagnes, pillaient les fermes, prélevaient des contributions de guerre, ce qui, joint aux impôts déjà établis, réduisait le peuple à la dernière misère.

Au milieu de la détresse et de l'affliction géné– rale, l'abbaye saisit avec empressement les occasions qui se présentèrent pour remplir la mission de charité qu'elle avait reçue d'en haut. Les moines oublièrent souvent leurs malheurs particuliers pour venir au secours de leurs frères. Cinq habitans de

(1) Philippe-le-Bon est qualifié de duc de Bourgogne, de Lotier, de Brabant, de Limbourg, comte de Flandre, d'Artois, de Bourgogne, palatiu de Hainaut, de Hollande, de Zélande et de Namur; marquis du Saint-Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines.

Venousse, les seuls qui eussent échappé au fer des ennemis et à la contagion (car la peste s'était jointe à la guerre pour décimer la population), vinrent au mois de janvier 1448 se jeter aux pieds de l'abbé et des religieux pour exposer leur état de misère. L'abbé assembla le chapitre, et d'un commun accord, on réduisit les impôts de cette commune, on accorda aux habitans des droits de pacage dans les bois, enfin on décida que l'on prendrait tous les moyens possibles pour venir à leur secours.

Villeneuve-sous-Buchin, ou sur Buchin, village dépendant de Venousse, situé entre cette commune et Rouvray, fut détruit durant ces temps calamiteux. Il ne reste aujourd'hui de ce village que deux maisons, au levant, que l'on nomme simplement Buchin. Il fallait que ce lieu fut important, car il y avait une église dédiée à Sainte Pallaie, compagne de sainte Porcaire, dont le tombeau est à une demi-lieue de cet endroit (1).

Comme le besoin était général, les religieux se réservaient à peine le nécessaire. Une charte d'immunités, accordée par le roi Charles VII, en 1447, parle de la pauvreté de l'abbaye, du tumulte des

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(1) En 1247, Guy, dit le Roux, chevalier, fils de Jean de T. III, p. 27. Venousse, donna une rente de quatre bichets de froment à l'abbaye de Pontigny sur son four de Venousse, situé à Villeneuvesous-Buchin. Guido, dictus Rufus, de Venussiâ, miles, et Elisabeth uxor ejus... recognoverunt se dedisse et concessisse ecclesiæ Pontiniacensi et fratribus ibidem deo servientibus, quatuor bichetos frumenti boni et legitimi ad mensuram Legniaci Castri, super furnum suum situm apud Venussiam, in villâ nová super Bouchain. Dans une charte de 1284, on lit: Villa nova super Bouchein, in parochia de Fenussia.

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guerres, de la peste, et d'autres calamités qui tenaient le pays plongé dans l'affliction depuis quarante ans. Dans une autre charte, le même roi dit : que « la rare piété des rois ses prédécesseurs a déployé beaucoup de zèle pour combler de bienfaits et enrichir de priviléges les monastères dédiés au Fils de Dieu, afin de donner aux religieux toute la liberté possible pour vacquer aux emplois de leur haute vocation, dont le but est de procurer la gloire de Dieu et le salut de tout le peuple chrétien. Parmi tous les monastères du royaume, continue-t-il, celui de Pontigny a toujours tenu un rang distingué et a fourni dans ses membres des exemples admirables de sainteté. Notre illustre père (que son âme repose en paix avec les bienheureux!) a déjà accordé des bienfaits à l'abbé et aux religieux de ce monastère. Désirant marcher sur les traces de nos ancêtres, et avoir part, nous et notre postérité, aux biens spirituels que la divine grâce répand sur le monastère de Pontigny, nous approuvons et ratifions toutes les donations qui lui ont été faites; nous mandons à tous les baillis de Sens, de Troyes, et autres officiers de justice, qu'ils veillent à la conservation de ses biens, et qu'ils lui fassent restituer tout ce qu'on pourrait lui avoir enlevé. »

Tant de malheurs semblaient ranimer la ferveur des moines et réveiller la charité des fidèles en leur faveur. Jean de Gaubusin, seigneur de Cérilly et de Milly-les-Chablis, vint aussi au secours de l'abbaye en 1446. Les expressions pleines de foi et de sentiment dont il accompagne ses bienfaits méritent d'être rapportées : Et nous, dit-il, aiens

...

notre propos de dévocion à Dieu et la glorieuse dame de Paradis, et au benoist corps saint, monseigneur saint Edmon, le quel repose en la dite église de Pontigny, et afin que iceulx monseigneur l'abbé et convent puissent plus proprement et seurement servir Dieu, et ainsin que nous demoriens en la protection et saulve garde amprès Dieu et la glorieuse Vierge Marie, de mon dit seigneur saint Edmon, et que nous soiens accompagnés és messes, prières, oraisons, aulmosnes et bienffais de la dite Eglise et des religieux à présent et ou tems advenir, nous départons de icelle rente.......

Etienne, après avoir gouverné l'abbaye de Pontitigny pendant trente-deux ans, et avoir montré une grande prudence durant les temps orageux de nos guerres civiles, rendit son âme à son Créateur. Il demanda à être enterré à Citeaux, où il avait fait profession.

GUY D'AUTUN.

GUY, né à Sens, fut d'abord religieux de Fontenay, ensuite abbé de Châlis, puis abbé de Pontigny, en 1453. Le chapitre général confirma son élection T. I, p. 32. en 1458. Enfin, ses vertus et ses mérites personnels, attirèrent sur lui les regards de la communauté de Cîteaux qui l'élut pour son abbé, sur la fin de la même année. Il mourut quatre ans après.

1

THOMAS DE LIGNON OU DE LIMON.

IL était religieux de La Ferté et bachelier en Ibid.

théologie, lorsqu'il fut élu abbé des Vaux-de-Cernay; peu après, il fut abbé de Pontigny. Son règne fut celui de la piété et de la régularité. Il donnait l'exemple de toutes les vertus chrétiennes et religieuses. Attentif à tout, en 1460, il obtint du roi Charles VII des lettres d'amortissement pour tous les biens de l'abbaye.

Thomas se rendait à l'élection des abbés de la filiation de Pontigny, et employait son influence à appeler au gouvernement la vertu, éclairée de la science. Il se trouva au chapitre général tenu en 1462, et mourut le 11 février 1474. Son corps fut inhumé dans le chapitre. Il était représenté sur sa tombe les mains jointes, sa crosse dans ses bras, avec le grand chapeau et la coule, comme on les porta dans la suite. Il paraît que la forme de l'habit fut changée de son temps. Le capuce, ou chaperon, était auparavant attaché à la coule. Les religieux gardèrent long-temps le souvenir de ce digne abbé, dont l'aspect seul appelait la vénération et le respect. Son ardente charité, sa science et son esprit, laissèrent une impression profonde sur ceux qui étaient en rapport avec lui.

lbid.

PIERRE DE LAFFIN.

A peine Thomas est-il dans le tombeau, que ses cendres sont troublées par l'élection de deux abbés qui se disputent son héritage: Pierre de Laffin et Jean d'Auxerre. L'un était abbé de la Benissons

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