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Dieu, de la filiation de Citeaux, et l'autre était religieux de Pontigny; ce dernier avait réuni une partie des suffrages, et prétendait aussi a 'abbaye. C'était comme le prélude des maux que le génie du mal allait faire au monastère. Pour éviter le scandale, le Pape et le chapitre général, tenu en 1474, confirmèrent la demande de Jean d'Auxerre. Il abandonnait ses prétentions, pourvu qu'on lui remît, pendant sa vie seulement, vingt livres tournois de rente, la jouissance de trois arpens de vigne, et une chambre à l'abbaye, pour y demeurer. s'il le voulait.

Pierre de Laffin signala son entrée dans l'abbaye par la reconstruction du logis abbatial, qu'il transporta dans la cour du palais des comtes de Champagne, c'est-à-dire à l'entrée, vers l'angle que forment la route et la rivière. Il était auparavanta l'orient du côté de la chapelle de saint Thomasl'Apôtre. Ces travaux épuisèrent toutes ses ressources. Il engagea même plusieurs biens par baux emphytéotiques. On en compte quatorze de son -temps. Il engagea aussi trois calices d'argent pour trente livres tournois, qui furent rendus trois ans après. Il fit mettre ses armes partout à côté de celles de l'ab-, baye. (1):

(1) Les armes de l'abbaye de Pontigny étaient d'azur au pont d'argent de trois arches, surmonté d'un arbre de Sinople, au haut duquel était un nid d'argent, le tout accompagné de deux, fleurs de lys d'or, une et une (une en pointe et une en chef). On dit que l'origine de ces armes vient d'un arbre qui se trouvait anciennement sur le pont, et sur lequel les oiscaux faisaient leurs. nids.

Les abbés ont pris quelquefois pour armes une Notre-Dame

L'abbé de Laffin fut employé plusieurs fois dans les affaires de l'ordre. Il souscrivit à la transaction entre l'abbé de Citeaux et celui de Clairvaux, omologuée au parlement en 1487. L'année suivante, il fut choisi pour concilier une affaire entre les mêmes abbés, celui de Clairvaux et celui de Cîteaux. Il était bachelier en théologie, conseiller et aumônier du roi. L'abbaye fut environ vingt ans sous sa direction.

Voyez pièces Le 12 avril 1481, Innocent VIII adressa une justificatives. longue bulle à l'abbé de Cîteaux et aux quatre premiers pères. Il rappelle les faveurs qui leur ont

assise sur un pont de trois arches. Le pont de Pontigny a en effet i trois arches très-élevées, selon le goût de nos ancêtres.

Le Serain, qui passe à Pontigny, est appelé dans les anciennes chartes: Amne Saneen, Senaen, Saina, Sedana, Senana, Serenum, Senyn, Seneien, Senain et Sen-ain. Aïn, en arabe et en hébreu, veut dire source, puits. Le nom usité en langue Voyez Hist. de vulgaire était autrefois Senain; ce n'est que depuis un siècle que Seig., t. I, p. 85. l'on écrit Serain. Sen est le nom d'un dieu que les Gaulois adoraient.

Le Serain prend sa source entre Arcancey et Beurey (Côted'Or), proche le mont Chevrot, à cinq lieues au-delà de Saulieu et à une lieue de la source de l'Armançon. Il passe à Noyers, à Chablis, à Ligny, et se jette dans l'Yonne à Bonnart, après un cours de vingt lieues. Il reçoit dans son cours l'Argentalet, le ruisseau de la Planchette et différens rus. Les deux rives du Serain, surtout depuis Ligny jusqu à l'Yonne, sont bordées de saules et de peupliers, qui y croissent avec une force de végétation admirable.

En 1529 et en 1551, les habitans de Chablis firent parvenir des pétitions jusqu'au pied du trône, pour qu'on rendît le Serain navigable depuis Noyers jusqu'à l'Yonne. Leur démarche eût été couronnée du succès, saus l'opposition de quelques propriétaires riverains. La route qui cotoie aujourd'hui les bords du Serain et le canal de Bourgogne, qui n'en est éloigné que d'une ou de deux lieues, rendront désormais cette navigation inutile.

déjà été accordées, comme de donner les ordres mineurs, de bénir les pierres sacrées des autels, les ornemens sacerdotaux, les ciboires, les images,. de consacrer les calices, les autels, de porter la mitre et l'anneau pastoral, de donner la bénédiction solennelle, de réconcilier les églises et les monastères, pourvu qu'ils n'aient pas été souillés par un homicide et qu'on se servit d'eau bénite par un évêque. Il ajoute à tous ces priviléges, celui de donner les ordres sacrés aux sous-diacres et aux diacres du monastère, pour les exempter d'aller ça et là pour les ordinations. « Nous, dit-il, qui chérissons votre ordre par-dessus tous les autres, nous. nous faisons gloire de le combler de faveurs et de priviléges à l'exemple de nos prédécesseurs. >>

Louis XI, qui vivait alors, vint plusieurs fois en dévotion vers le tombeau de saint Edme. En 1477, il donna à l'abbaye de Pontigny douze cents livres de rente sur son domaine dans les baillages d'Auxerre, de Troyes, de Vitry, de Meaux et de Sens. Ill lui donna encore, en pleine propriété, les vignes de Talen, près de Dijon; l'acte est de 1482.

Au mois d'octobre 1478, Louis XI entreprit un nouveau voyage à Pontigny; mais la peste qui régnait dans Auxerre l'arrêta. Il écrivit au clergé de la ville de faire en son nom une procession extraordinaire au tombeau de saint Edme, pour apaiser la colère de Dieu. Il envoya deux cierges, pesant chacun trente livres. La ville en joignit deux autres de vingt livres chacun. Les religieux des différens ordres, les autorités civiles et militaires, représentant le roi, ajoutèrent à la pompe de cette procession

T. II, p. 320.

solennelle à laquelle on était accouru de toutes parts. C'était au mois de mai 1479. Les cierges furent déposés aux pieds du tombeau de saint Edme.

Cette même année, l'abbaye de Pontigny acheta la terre de Vergigny de Milès, de Bourbon, pour la somme de quatre cent cinquante livres tournois; en outre, le chevalier de Bourbon veut avoir part aux prières, aux oraisons, aux suffrages et aux autres biens spirituels des religieux. Dans l'acte de vente, il cède terre, seigneurie, justice, juridiction, avec les cens, censives, coutumes, lods et ventes, défauts, amendes, eaux, rivières, péages, fiefs, arrièresfiefs, terres, prés, terrage, bois, buissons; justice, haute, moyenne, basse, mère, mixte, forfaitures, confiscations, biens vacans, bâtards, et autres droits attachés à cette seigneurie.

T. p. 34.

JACQUES DE VIRY.

LES auteurs de la Gaule chrétienne placent deux abbés avant Jacques de Viry: Jean de Laffin, neveu du précédent, et Pierre de Laffin. Les Cartulaires de Pontigny n'en font aucune mention. C'est à cette époque seulement que la Gaule chrétienne et les Mémoires du père Viole sont d'accord sur le nombre et la suite des abbés.

Jacques de Viry, de famille noble, bachelier en théologie, religieux de la Bénissons-Dieu, dans le diocèse de Lyon, vint à Pontigny, où il fut élu abbé de Fontaine-Jean. Les religieux de Pontigny qui

avaient apprécié ses vertus, lorsqu'il était parmi eux, l'élurent ensuite pour leur abbé. Les commencemens de son administration furent louables; mais bientôt, se confiant trop en ses lumières, il géra mal les affaires, engagea les biens de l'abbaye, et lui fit un tort irréparable. On remarque cependant qu'il acheta deux arpens de prés pour le prix de quatorze livres et quatorze sous pour les vins. Sa mort arriva en 1517; il fut enterré dans le chapitre.

LOUIS DE FERRIÈRE.

Louis de Ferrière, homme savant, pieux et pru- Idem. p. 36. dent, devint précieux pour l'abbaye dans les circonstances où elle se trouvait. Il était frère du seigneur de Maligny, qui confirma, à sa demande, toutes les possessions de l'abbaye dans l'enclave de la terre de Maligny.

Il découvrit, en 1519, une fourberie des plus noires, exécutée sous son prédécesseur. Un habitant de Ligny-le-Châtel, nommé Edme Brissonnet, corrompit un notaire, appelé Gervais Maréchal; il lui fit faire de faux baux pour plusieurs terres, et y appliqua de vieux sceaux qu'il avait volés. Le crime fut découvert. Gervais fut condamné à avoir le poing coupé, au bannissement, et à la confiscation de ses biens. Brissonnet obtint des lettres de rémission ou d'exemption de ses peines. L'abbé de Pontigny les fit annuler comme subreptices. Enfin, il se laissa fléchir; il accepta, en compensation des

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