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consoler tout ce qui pleure, pour recueillir tout ce qui est repoussé du monde, et pour guérir tout ce qui souffre.

Au milieu de ses travaux apostoliques, Hugues fut élu évêque d'Auxerre : le désir de servir l'église l'emporta sur celui de la solitude. Il avait été vingtdeux ans abbé de Pontigny. Aussi zélé sur le siége d'Auxerre qu'il l'avait été dans son abbaye, il employa son crédit à étendre le règne de Dieu et à affermir son ancienne abbaye. Il eut toujours près de sa personne deux religieux et un frère convers pour donner l'hospitalité aux étrangers. Sa mort arriva en 1151. L'Eglise lui a donné le titre de bienheureux. Son corps fut déposé dans un cercueil de pierre, et inhumé plus tard dans le sanctuaire de la grande église de Pontigny. Il se conserva sans corruption jusqu'en 1567, lorsque les Calvinistes ou Huguenots le tirèrent de son tombeau et le brûlèrent, croyant que c'était le corps de saint Edme.

Saint Bernard employa souvent l'abbé Hugues dans des négociations importantes. Ils se joignirent ensemble pour écrire au pape Honoré II en faveur d'Etienne, évêque de Paris, et de Henri, archevêque de Sens, persécutés injustement par le roi Louis-le-Gros. Le chapitre général de l'ordre, tenu en 1127, envoya Hugues en députation vers le même roi Louis-le-Gros pour des affaires de l'ordre.

Saint Etienne, saint Bernard, Hugues et d'autres abbés composèrent alors la Carte de charité ou réglement de l'ordre c'est sur cette base que furent appuyés ces édifices religieux qui firent, pendant plusieurs siècles, l'admiration de la chré

tienté. La règle de saint Benoît y fut adoptée comme le code des devoirs à remplir par tous les religieux, et des principes d'après lesquels chaque abbaye, prise isolément, devait être gouvernée. Pour l'administration générale, ils sentirent le danger de laisser à un seul supérieur le pouvoir sur une corporation qui allait devenir nombreuse. Il eût fallu dans le chef, vertus, lumières, talens, l'absence des passions: l'humanité n'est pas toujours aussi parfaite.

Tous les abbés réunis convinrent que chacun d'eux, selon la règle de saint Benoît, resterait chef de sa maison, mais qu'il serait surveillé, repris et corrigé par son père immédiat, c'est-à-dire par l'abbé du monastère qui avait produit le sien. L'abbé de Citeaux, qui était le premier supérieur, puisque son abbaye avait produit toutes les autres, eut pour visiteurs les abbés de ses quatre premières filles : la Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimon (1). Enfin, les visiteurs et les visités furent soumis au conseil-général, composé de tous les abbés de l'ordre; ainsi personne ne fut au-dessus des lois. Comme les ordonnances des évêques, dans les différens diocèses, pouvaient troubler les exercices de la discipline et le régime des maisons, il fut convenu qu'il ne serait établi aucun nouveau monastère, si l'évêque du lieu ne consentait expressément à ce que l'ordre y eût une juridiction pleine et entière. Cette constitution fut approuvée et confirmée par le pape Calixte II, en 1119 (2).

(1) Le monastère de la Ferté fut fondé en 1113, celui de Pontigny en 1114, et ceux de Clairvaux et de Morimon en 1115. (2) Saint Etienne fit faire ensuite un recueil des cérémonies

Ce serait ici l'occasion de parler de la règle de Citeaux. Comme elle se trouve ailleurs, et qu'elle nous entraînerait trop loin, nous ne nous y arrêterons point. Ces lois religieuses, tirées en partie de la règle de saint Benoit et élaborées avec la plus grande maturité, sont un chef-d'œuvre de civilisation pour les siècles où elles parurent: car à une époque où le pouvoir se morcelait en fractions mal définies, sans lien, sans unité, ce fut un grand événement que la constitution claire et forte de l'ordre monastique, sous une dictature élective.

La pauvreté, l'obéissance et la chasteté, sous la sauve-garde de l'humilité, étaient les grandes vertus pratiquées par les moines. Voici comment l'obéissance était recommandée : « Si par hasard quelque

et des coutumes qui s'observaient à Cîteaux, pour les conserver à la postérité. C'est ce qu'on appelle les us de Citeaux. Il fit aussi écrire une histoire abrégée du commencement de l'ordre, qui est connue sous le nom d'Exordium de Citeaux.

Le liber ad usum, ou le livre des us de Citeaux, est attribué tantôt à saint Etienne, tantôt à saint Bernard. C'est un recueil de toutes les observances régulières de Citeaux, divisé en cinq parties qui comprennent cent quatre-vingts chapitres. La meilleure édition que nous en ayons, est celle que le père Julien Pâris en a donnée dans le Nomasticon Cistercience, Paris 1664.

L'Exordium parvum, ou histoire abrégée des commencemens de Citeaux, fut écrite par l'ordre de saint Etienne. C'est un livre fort édifiant, que l'annaliste de l'ordre appelle, avec raison, un livre d'or. Il a été inséré dans le Bibliotheca patrum Cisterciensium, publié par Tissier, en 1660, en trois vol. in-folio.

L'Exordium magnum Cisterciense est une histoire plus étendue des commencemens de l'ordre de Citeaux, écrite dans le treizième siècle. On la trouve aussi dans le Bibliot. patr. Cisterc.

que

chose de difficile ou d'impossible est ordonné à un
frère, qu'il reçoive, en toute douceur et obéissance,
le commandement qui le lui ordonne; s'il voit
la chose passe tout-à-fait la mesure de ses forces,
qu'il expose convenablement et patiemment la rai-
son de l'impossibilité à celui qui est au-dessus de
lui, ne s'enflant pas d'orgueil, ne résistant pas, ne
contredisant pas. Que si après son observation, le
premier persiste dans son avis et dans son comman-
dement, que le disciple sache qu'il en doit être ainsi,
et que se confiant en l'aide de Dieu, il obéisse ».

Les cérémonies de l'Église, les prières, les chants, la psalmodie, recommençaient presque à toutes les heures du jour et de la nuit. Au dortoir, au réfectoire, à la cuisine, la règle commandait un silence absolu, en sorte que dans les occasions nécessaires, les moines s'étaient accoutumés à s'entendre par signes. Les heures où il était permis de parler étaient soigneusement réglées. La nourriture quotidienne, dans ces premiers temps, était des fèves et des herbes; les œufs et le fromage étaient permis seulement à certaines époques de l'année; on ajoutait quelquefois du poisson et des fruits.

De graves pénitences étaient infligées aux plus coupables par l'abbé. Une surveillance continuelle, exercée à toutes les heures, dans tous les lieux de la maison, par des moines qu'on nommait circateurs, ne laissait pas à la moindre faute le temps de se commettre sans témoins. Les enfans qu'on avait coutume d'offrir alors aux couvens dès leurs premières années, recevaient à Pontigny l'éducation la

Nomastic. Cisterc., p. 58.

plus chaste et la plus attentive. Ils étaient élevés à part. Séparé dans ses études, dans le dortoir, dans toutes ses actions, l'enfant ne faisait pas un pas sans être accompagné d'un maître. Les novices et les jeunes profès avaient aussi leurs custodes, et devenaient l'objet de précautions presque égales. Une éducation aussi soignée et aussi suivie, soutenue par tant de beaux exemples, ne pouvait manquer d'enfanter des saints.

GUICHARD DE BEAUJEU.

GUICHARD, élu par les moines de Pontigny, ses confrères, succéda au bienheureux Hugues en 1136. Il avait été élevé dans le cloitre et formé de bonne heure à l'exercice des vertus religieuses; le jeûne, la prière, la méditation des livres saints, partageaient le temps que lui laissait le gouvernement de son monastère. Sous un tel homme, l'abbaye de Pontigny continua de prospérer et de grandir. Le nombre des fidèles qui y accouraient pour se mettre à l'abri de la contagion du siècle allait toujours croissant. L'abbé Guichard les recevait tous, et envoyait les plus parfaits habiter ailleurs en fondant de nouveaux monastères.

Le chapitre général donna alors à l'abbaye de Pon tigny la paternité de Chalisvois, qu'il ôta à l'abbaye de Bouras, parce qu'elle n'avait pas corrigé certains désordres qui y étaient arrivés..

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