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mandie, religieux de Savigny, et prieur de Pontigny. Dom Legrand et sa cabale s'opposèrent à son élection comme à celle de l'abbé précédent, tellement, que le Pape crut devoir adresser un bref à l'archevêque de Sens et à l'évêque d'Auxerre pour examiner cette élection. Le roi, instruit de ce qui se passait, envoya des lettres clauses à ces évêques pour les prier de ne faire aucune démarche. Dom Legrand fut condamné par arrêt du parlement. On lui fit une pension, avec laquelle il se retira dans l'abbaye de Vauluisant, où il mourut. C'était le troisième abbé qu'il inquiétait dans son élection. Il venait de faire rendre un arrêt pour empêcher une coupe de bois que l'abbé de la Varande avait obtenue.

Le nouvel abbé, doué d'une volonté ferme, sut mettre l'économie dans les dépenses; quoiqu'il ne cessât de faire travailler, il augmenta les revenus de deux mille livres. On voit, par un état de comptes rendus en 1688, que les revenus montaient alors à quatorze mille quatre cent vingt livres en argent, non compris le sel qui venait d'Auxerre, les prés, les vignes, les fermes et les métairies, ou amodiations en grains; les censives des terres de Pontigny et de Venousse, dont on n'avait pas encore fait la recette, et les coupes de bois. L'histoire ne parle plus de ces vastes pâturages que l'abbaye de Pontigny partageait avec l'abbaye de Dilo. Elle les avait abandonnés successivement aux communes voisines, à mesure qu'elles s'étaient adonnées à élever du bétail et à cultiver la terre. L'abbaye de Dilo (1) n'en conserva pas davantage.

(1) L'abbaye de Dilo, Dei locus, de l'ordre de Prémontré,

P 250 et suiv.

des archev. de Sens.

De la Varande fit réparer le dortoir, les infir

meries, l'ancien noviciat, fit faire des alcôves pour

Gall. chr. t. XII, fut fondée par le roi Louis-le-Gros en 1132, derrière la forêt d'Othe, à deux lieues de Brienon. Ce prince, pour donner à cette Feel, Hist. ms maison tout le développement dont elle était susceptible, pria Jobert, qui en était abbé, et ses chanoines, de disposer de tout ce qui pourrait leur être utile dans la forêt d'Othe, comme d'y couper du bois, d'y faire pacager leur bétail, et de défricher ce qu'ils jugeraient convenable de mettre en culture. Henri-Sanglier, archevêque de Sens, qui les avait engagés à s'établir dans son diocèse, leur permit aussi d'arracher la partie de la forêt qui resserrait leur habitation; en sorte que ces lieux, auparavant couverts de broussailles, la retraite des voleurs et des bêtes sauvages, devinrent fertiles et agréables.

En 1155, les religieux élurent pour abbé Ornulf, moine de Val-Secret, d'une rare piété et d'une grande prudence. La répu tation de ce saint abbé, la régularité des chanoines, l'esprit de piété et de retraite qui les animait, répandit au loin la bonne odeur de Jésus-Christ, et leur attira beaucoup de disciples. Les grandes aumônes qu'ils répandaient, les instructions qu'ils adressaient au peuple, altira successivement auprès de leur monastère des habitans qui donnèrent naissance à la commune de Dilo.

Les archevêques de Sens comblèrent cette maison de bienfaits. En 1151, Hugues de Toucy lui donna l'église de Paroy. En 1176, Guillaume de Champagne lui remit celle de Bussy. En 1192, les chanoines de Dilo recurent de Guy de Noyers l'église de SaintPaul-les-Sens, qui ne tarda pas à devenir une abbaye fille de Dilo.

Saint Thomas, archevêque de Cantorbéry, vint plusieurs fois s'édifier avec ces religieux, durant le séjour qu'il fit à Pontigny et à Sainte-Colombe. Il consacra solennellement l'église de leur monastère le 10 mai 1168. Eudes de Villemaure fut inhumé à Dilo en 1154; sa veuve fonda son obit en donnant un moulin. Guillaume, comte de Joigny, y fut aussi inhumé en 1179; Gaucher, comte de la même ville, y fonda une messe des morts à perpétuité.

Une des portes de Saint-Florentin portait le nom de Dilo, d'un prieuré de ce nom, situé près de là, dans le faubourg. Il fut détruit vers l'an 1370.

séparer les lits des novices, acheva les stalles du chœur qu'il avait commencées étant prieur. Ces stalles sont sur quatre lignes, au nombre de cent; elles présentent un ouyrage admirable de boiserie sculptée. Aux deux côtés des portes du chœur, en dehors, l'abbé de la Varande fit faire deux autels: celui de l'Assomption et celui de saint Bernard. En. suite, il fit enlever du chœur et du sanctuaire toutes ces tombes de hauteur et de grandeur inégales, dont la plupart remontaient aux premiers siècles de l'abbaye. Par là il embellit l'église, mais il fit disparaître bien des objets intéressans pour la postérité.

Le 8 avril 1669, comme on travaillait sous la T. III, p. 235. lampe du grand autel, on découvrit le corps de Guillaume de Ludan, archevêque d'Yorck, qualifié de bienheureux. Il était Anglais de nation. Le Pape avait été obligé d'employer son autorité pour lui faire accepter le siége d'Yorck, que son humilité lui faisait refuser. Après avoir passé cinq ans dans cette dignité, il donna sa démission, et résolut de s'ensevelir dans la retraite d'un monastère, pour y passer ses jours dans la prière et la pénitence. Comme il avait souvent entendu parler de la régularité de l'abbaye de Pontigny, il traversa la mer et vint y prendre l'habit de simple religieux. Après avoir édifié les moines de cette maison pendant deux ans, il mourut en odeur de sainteté, et fut inhumé dans un cercueil de plomb avec tous les honneurs dus à son rang. Dieu ne tarda pas à manifester la sainteté de son serviteur par des miracles rapportés par des auteurs dignes de foi (1)..

(1) Voyez Nicolas de Espeldinez, Histoire d'Angleterre ;

Le procès-verbal de la découverte de son corps rapporte, qu'en travaillant dans le chœur, au-dessous de la lampe du grand autel, on rencontra une tombe, ou table de pierre, qu'il fallait déplacer; on remarqua que cette tombe avait été couverte en cuivre avant le pillage des Huguenots. On trouva au-dessous un cercueil de plomb qui avait deux pieds de largeur environ, sur six pieds de longueur, enchâssé dans un cercueil d'une seule pierre. Le cercueil de plomb fut ouvert en présence de l'abbé, des religieux et de plusieurs séculiers. On reconnut aussitôt à l'inscription, placée derrière le chef sur une lame de plomb, que c'étaient les restes d'un prélat; elle était ainsi conçue: Hic jacet Guillelmus, Eboracensis archiepiscopus, Angliæ primas, c'est-àdire : « Ici repose Guillaume, archevêque d’Yorck, primat d'Angleterre. » A droite des oɛsemens, étaient un petit calice et une patène d'argent doré; à gauche, une crosse de cuivre doré et un anneau d'or, encore attaché au doigt. On lisait alentour: Ave Maria gratiâ plena, et autour du chef se trouvaient des petites feuilles d'argent doré qui avaient servi d'ornemens à la mitre. On voyait en outre sur l'estomac son pallium, qui avait la forme d'un petit scapulaire. On dressa un acte authentique de l'ouverture de ce tombeau, afin, y est-il dit, que la postérité sache la vénération qu'elle doit avoir pour les restes mortels de ce grand archevêque.

Parmi les travaux de l'abbé de la Varande, on re

Barnabé de Montauban, Chronique, t. I, l. I, chap, 31; Henriquez, Menolog. Cistercience.

marque l'éloignement du moulin (1), placé auparavant au milieu du jardin, vis-à-vis le palais des comtes de Champagne. Il fit aussi passer sous le dortoir le bras du Serain, nécessaire à ce moulin; car, d'après la règle de saint Benoît, la rivière, le moulin, le jardin, la boulangerie et les arts les plus nécessaires devaient se trouver, autant qu'il était possible, dans la clôture du monastère, pour éviter les sorties des frères et les tenir séparés du monde. La maison de Pontigny réunissait tous ces avantages.

La mort enleva l'abbé de la Varande au milieu de ses entreprises, un dimanche, neuvième jour de novembre 1687, à l'âge de cinquante-six ans, après une administration qui avait duré seize ans. Il rencontra bien des difficultés, mais les ressources de son esprit supérieur l'en tirèrent avec honneur. Il fut inhumé près de Guillaume de Ludan, dans le sanctuaire à gauche (2). La communauté fut, de son temps, de vingt-cinq religieux, sans compter les novices.

ORONCE FINÉ DE BRIANVILLE.

ORONCE naquit à Briançon. Étant clerc dans une

(1) L'écluse en maçonnerie qui élève les eaux du Serain et les fait passer à Pontigny, est la plus belle et la plus considérable qui soit sur cette rivière : c'est l'ouvrage des abbés de Pontigny. Colbert en fit faire une du même genre pour les moulins à foulon de Seignelay.

(2) On mit sur sa tombe une longue et pompeuse inscription, que je ne rapporterai pas, parce qu'elle ressent l'adulation des épitaphes de nos temps modernes. Voy. Gall. chr. t. XII.

P. 50.

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