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l'église dénoncée, comme chapelle de couvent, allait subir le même sort, sans les réclamations et l'opposition généreuse des habitans; tandis que l'on enlevait les débris de l'abbaye, le temps critique s'écoula et l'église se trouva avoir conservé les reliques de saint Edme, ses tableaux, ses orgues (1), ses autels, ses magnifiques stalles et ses grilles de fer. La commune Pontigny (2), qui n'est composée que d'environ sept cents âmes, ne pourra suffire à l'entretien de cet édifice, si le gouvernement ne vient à son secours. Ainsi cette belle basilique, qui a été sanctifiée par des noms et des souvenirs des tinés à vivre dans notre histoire nationale, est me

difficulté de décrire avec intérêt et exactitude un édifice dont les pierres sont dispersées.

(1) C'est en touchant de l'orgue dans cette basilique que M. Cabias, desservant de Pontigny, fit, en 1828, la découverte de l'orgue simplifié, au moyen duquel un enfant, qui connaît seulement les chiffres, peut donner une messe solennelle.

(2) Cette commune prit naissance auprès de l'abbaye, après l'an 1114. Venousse a été la mère-paroisse jusqu'en 1792. Alors Pontigny, devenu important par sa population, fut érigé en commune. Il comprend les villages de la rue Feuillée, du Pont, de la Tuilerie; les fermes du Beugnon, de Sainte-Porcaire, de Sainte-Radegonde, de Roncenay, et deux maisons de la Mouillère, successivement détachées de Ligny-le-Châtel et de Vergigny. La route d'Auxerre à Saint-Florentin traverse Pontigny, et présente dans cette commune une rue bordée de belles maisons, La ferme de Roncenay, Roncenniacum, Runcennaicum, t. 11, p. 422; Rontonicum, autrefois de Vergigny, a été vendue en 1790. AuLeboeuf, Mém., jourd'hui, c'est un hameau de trois feux. En 925, Betton, évêt. I, p. 211. Cart. que d'Auxerre, donna cette terre, avec Venousse, aux chanoines de Pont., t. II, de la cathédrale. On l'appelait alors Rontoniacum. Elle passa à p. 19 et 73. l'abbaye de Pontigny vers 1120; elle est nommée dans la charte terra Runcinaci, terre de Roncenay.

Lab. Bibl. mss.

nacée de voir ses voûtes crouler et ses colonnes

tomber dans la poussière.

Le voyageur qui parcourt ces lieux, autrefois si florissans et si animés par le concours des chrétiens, sent son âme partagée entre le respect, la tristesse et l'effroi. S'il porte ses pas autour de l'église, il ne voit que des ruines; s'il pénètre dans la basilique, il voit, dans le silence de ce vaste édifice, le salpêtre et la mousse couvrir le sol des chapelles et le pied des murs; il voit les autels, qui rappellent le sublime sacrifice du Sauveur, renversés ou demiruinés, les tableaux déplacés, les lambris qui se dégradent, les vitraux entr'ouverts, et au milieu de ces dépérissemens, il remarque des restes magnifiques qui attestent la foi et la grandeur d'âme des enfans de saint Etienne. Le corps de saint Edme occupe toujours son ancienne place, mais on ne voit aucune lampe devant la châsse du saint archevêque, aucun cierge qui répande sous les arceaux une lueur pieuse et recueillie. Cette terre de bénédiction, l'asile de la piété de nos pères, possède à peine un prêtre pour célébrer sur les tombeaux de ces hommes qui ont si bien mérité de la société toute entière. S'il faut tout dire sur les ruines de cette noble fille de Citeaux, qui avait apporté en dot à nos pays l'Evangile et la civilisation, sur cette terre sacrée où reposa saint Edme, saint Thomas de Cantorbéry, saint Louis, et tant d'autres, un nouveau propriétaire éleva, en 1795, une chapelle et une statue à l'impudique Vénus, et sur le seuil, deux autres statues dignes de la déesse. La statue a été enlevée en 1814, et les peintures qui l'environnaient effacées.

L'étranger qui aborde ces lieux croit encore entendre l'injonction miraculeuse qui sortit du buisson ardent, quand le libérateur d'Israël fut en présence du Très-Haut : Ote ta chaussure, car le lieu où tu te trouves est sacré. L'église est un vaste et lugubre mausolée où une foule de saints reposent dans le sommeil de la paix. Le sol de l'emplacement du chapitre et de la chapelle de saint Thomas, si vénérable à cause des sépultures qu'il renferme, a été livré par la révolution de 1789 à des mains séculières; c'est pourquoi on verra un jour outrager la religion des tombeaux, on foulera aux pieds la cendre des Saints. Se trouvera-t-il assez de foi chez nos neveux pour arrêter de telles profanations? Chaque commune du voisinage, chaque hameau peut revendiquer, dans cette terre sacrée, le corps d'un homme de bien, on peut dire d'un saint.

Les institutions meurent, mais la religion qui les a produites est immortelle. Malgré l'indifférence passagère de notre siècle pour tout ce qui n'est pas du domaine des intérêts positifs, espérons que la main du Tout-Puissant saura susciter d'autres institutions, appropriées aux besoins de notre époque, qui donneront à la religion le soutien et l'éclat dont elle a besoin pour accomplir ses glorieuses destinées.

NOTICE

CHRONOLOGIQUE ET TOPOGRAPHIQUE

DES ABBAYES DE LA FILIATION

DE PONTIGNY,

AVEC LES FILIATIONS MÉDIATES ET IMMÉDIATES.

t. 1, p. 115, 433

L'ORDRE de Citeaux comptait au dix-huitième Cart. de Pont. siècle sept cent soixante-seize maisons, ou abbayes et suiv. de sa filiation; cent cinq de la filiation de Citeaux; quinze de celle de la Ferté, première maison sortie de Cîteaux; quarante-cinq de Pontigny, sa seconde fille, non compris celles qui avaient été détruites; trois cent quatre-vingt-cinq de Clairvaux, et deux cent vingt-six de Morimon.

La filiation de l'abbaye de Pontigny s'étendait en France, en Italie, en Pologne et en Angleterre. Le schisme et l'hérésie lui enlevèrent les monastères d'Angleterre; d'autres causes séparèrent ceux de Pologne. Pendant les guerres, les abbés n'ayant pu correspondre avec sûreté avec la France, avaient la plupart abandonné leur maison-mère et avaient érigé leurs monastères en différentes congrégations. Ils ne paraissaient plus aux chapitres-généraux que par députés. Dans les derniers temps, il ne restait à

l'abbaye de Pontigny que trente-six maisous : vingtcinq de la commune observance, neuf de l'étroite, et deux de filles, l'abbaye de la Chassagne et celle de Bons, dépendantes immédiatement de l'abbé de Saint-Sulpice, qui était un abbé régulier, avec celui du Pin et celui du Rivet. Ainsi, l'abbaye de Pontigny n'avait que trente maisons sous sa juridiction immédiate. Voici les noms de tous ces établissemens avec l'année de leur fondation et le département où se trouvent les débris qui en peuvent rester encore. Ceux qui sont en tête de la première accolade dési gnent les abbayes-mères qui ont produit celles qui suivent.

En 1114, PONTIGNY, département de l'Yonne.

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1119, BOURAS, département de la Nièvre.

1138, CHALIVOIS, département de la Nièvre.

1119, CADOUIN, département de la Dordogne.
1123, GONDOм, département de Lot-et-Garonne.
1128, FONTGUILLEM, département de la Gironde.
1124, BONNEVAUX, département de la Vienne.
1130, SAINT-MARCEL, département du Lot.
1133, LA RHODE, département du Tarn.
(1147, CLARIANNE, dans le Roussillon espagnol.
1147, FAIZE, département de la Gironde.

1120, DALON, département de la Corrèze.

1121, BONLIEU, département de la Creuse.

1123, BEUIL, département de la Haute-Vienne.

1139, SAINT-LEONARD, départ. de la Charente-Inférieure.
1134, Loc-DIEU, département de l'Aveyron.
1138, AUBIGNAO, département de l'Indre.
1140, PREBENOIT, département de la Creuse.
1163, LE PALAIS, département de la Creuse.

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