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Guichard reçut plusieurs bulles du pape Innocent II, d'Adrien IV et d'Alexandre III. Innocent II, dans une bulle de l'année 1138, commence par remercier le Dieu tout-puissant des grâces dont il a comblé l'abbaye de Pontigny, où les vertus chrétiennes brillent dans tout leur éclat. « J'apprends, dit-il, que ce ne sont pas seulement les pays voisins qui s'excitent au bien par de si beaux exemples, mais que vos religieux portent le baume de votre charité jusque dans les contrées les plus éloignées. C'est pourquoi, notre très-cher fils en Dieu, l'abbé Guichard, nous vous pressons sur notre cœur, en vous accordant toutes vos demandes; nous mettons, avec joie, sous la protection du Saint-Siége votre abbaye, que vous savez si bien gouverner avec l'aide de Dieu. Nous voulons que ce lieu chéri de Dieu et des hommes, possède en propre tout ce que la divine Providence voudra bien lui donner, par la concession des souverains pontifes, les largesses des rois et des princes, l'offrande des fidèles et toute autre voie juste. » Le pape cite la terre de Duchy et celle de Crécy, données en partie l'une et l'autre par les. chanoines de Saint-Florentin.

Dans une autre bulle, le pape exhorte ceux qui habitent cette maison de Dieu à n'avoir qu'un cœur et qu'une âme, à conserver l'union de l'esprit par le lien de la paix; « Car, dit-il, la religion d'une âme droite, affermie par le lien indissoluble de l'amour divin, nous rend favorable l'esprit très-clément du Créateur, par la ferveur de ses continuelles prières, et unit le ciel à la terre. Comme nous. savons que les frères du monastère de Pontigny sont

Voyez pièces justificatives.

libres de toute affaire du siècle, qu'ils vivent avee piété, uniquement occupés à vaquer à la contemplation, nous nous faisons un devoir de satisfaire à toutes les justes demandes de notre cher fils en Jésus-Christ, l'abbé Guichard; nous lui confirmons la possession de tous les biens qu'il possède selon les lois de l'Église, et en particulier l'usage dans toute la forêt d'Othe, droit qui lui a été accordé par Henri, archevêque de Sens, et par Atton, évêque de Troyes. » Ensuite le pape ajoute : « Afin que vous puissiez vous abandonner librement à l'esprit de Dieu, car cet esprit veut être libre, et satisfaire uniquement aux devoirs de la vie religieuse, qu'aucun évêque ou archevêque ne se permette de faire de la peine, soit à vous, soit à vos successeurs, à l'occasion de votre règle, ou pour tout autre motif injuste; qu'aucun évêque ou abbé ne se permette également d'ouvrir, sans votre permission, l'entrée d'un monastère à un religieux qui aurait fait profession dans le vôtre, lors même que ce ne serait qu'un frère convers ».

les

Le pape, parlant ensuite de l'hospitalité que l'on exerçait dans l'abbaye, cite le bienheureux pape Grégoire, qui dit en établissant Augustin évêque d'Angleterre, que ceux qui vivaient en communauté faisaient déjà des portions d'aumônes pour pauvres, logeaient les étrangers, et exerçaient d'autres œuvres de miséricorde; car, ajoute-t-il, dans les établissemens religieux, tout le superflu doit être distribué en bonnes œuvres, selon ces paroles. du divin Maître : Donnez votre superflu aux pauvres, et vos péchés vous seront remis.

Nous voulons aussi, continue le pape, que personne ne réclame la dime des champs que vous et toute votre communauté cultivez de vos propres mains, ni sur le bétail que vous nourrissez, ni sur tout autre travail que vous pourriez faire. Cette bulle est datée de Latran, le dix des calendes de janvier de l'année 1142. Les évêques voisins avaient prévenu l'intention du pape, en exemptant de la dime les biens de l'abbaye. Henri, archevêque de Sens, cite en particulier les moissons, les légumes, les fruits, et en général tout ce que l'on confie au sein de la terre.

En 1139, l'archevêque de Sens, cédant un droit Cart. de Pont., d'usage dans la forêt d'Othe, dit : « Le vénérable t. II, p. 55. Hugues, évêque d'Auxerre, Bernard, abbé de Clairvaux, et Guichard, abbé de Pontigny, personnages saints et pieux, nous ont prié d'accorder aux moines qui servent Dieu dans l'abbaye de Pontigny l'usage de nos bois dans la forêt d'Othe: ne pouvant rien refuser à des hommes d'une vie aussi sainte, et dans un but aussi louable, nous accédons à leur demande, car on ne remplit pas seulement le précepte de l'écriture en faisant du bien à ceux qui nous ont fait du mal, mais principalement en répandant des bienfaits sur ceux qui affligent, chaque jour, leur chair pour expier leurs propres fautes, et pour obtenir la conversion de leurs frères égarés. Enfin, on doit venir au secours de ces hommes généreux, qui font sans cesse à Dieu le sacrifice de tout eux-mêmes avec un cœur contrit et humilié ».

Le roi Louis-le-Gros, sous le règne duquel l'abbaye de Pontigny fut fondée, déclare qu'en se

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T. III, p. 8.

prêtant aux prières des ecclésiastiques, soit qu'ils demandent pour soulager les membres souffrans de Jésus-Christ, soit qu'ils veuillent venir au secours de quelque établissement religieux, non-seulement il s'acquitte d'une fonction royale, mais encore qu'il attire sur lui les bénédictions de l'époux de la sainte Église notre mère. En conséquence, il défend à tous juges, prevôts et autres officiers de son royaume, d'exiger aucun tribut des moines de Pontigny (1). Son fils Louis VII confirma et étendit ce privilége. Philippe-Auguste, dans une charte de 1181, dictée par le même esprit de piété, étend l'exemption des tributs sur toutes les maisons de la filiation de Pontigny. C'est en vue de Dieu, dit-il, pour le repos de l'âme de mon père et de celles de mes ancêtres, que je fais avec joie ces pieuses munificences.

En 1158, Garnier de Ligny et son épouse Ermengarde, firent plusieurs donations et échanges de biens. L'acte fut passé à la grange du Beugnon, en présence de Hugues, évêque d'Auxerre et premier abbé de Pontigny, de Milon, doyen, et de plusieurs autres témoins. Garnier accorda encore quelques gratifications dans une charte passée à Chablis par devant l'évêque de Langre, Ponce, archidiacre, Pierre, abbé de Saint-Jean, Guillaume, moine et médecin, et Constance de Ligny-la-Ville.

Comme les établissemens trop rapprochés les uns des autres, pouvaient fatiguer la charité des

(1) La charte distingue les trois cas ordinaires le péage, L'exportation et l'importation des denrées. Pedagium, Rotagium ou Rotaticum, et Teloneum.

fidèles, ou occasionner des différens à l'occasion des propriétés, les abbés voisins se réunissaient pour dresser des réglemens sur la conduite qu'ils devaient tenir à cet égard. C'est pourquoi, en 1142, Guichard, abbé de Pontigny, saint Bernard, abbé de Clairvaux, et quatre abbés de Prémontré, convinrent ensemble que pour le bien de la religion, l'ordre de Cîteaux et celui de Prémontré ne feraient point d'établissemens plus près de quatre lieues les uns des autres; que les granges seraient à une lieue de distance, et que les maisons des religieuses seraient éloignées au moins de deux lieues de celles des religieux.

Un accord passé à Belle-Cire en 1146, entre les T. II, p. 145. moines de Pontigny et les chanoines de Dilo, nous apprend les vastes possessions de ces deux maisons au-delà des rives de l'Armançon. On y voit aussi que les riches prairies de cette contrée étaient en yaine pâture, sans valeur, dédaignées même des serfs et abandonnées gratuitement aux moines, qui y faisaient paître des troupeaux de gros et de menu bétail. Les frères de Dilo ne devaient pas construire de granges, ni conduire de bétail dans la vallée qui s'étend de Cancicuria (c'est le nom latin de la charte) vers la Vanne par la Brétonnerie, et depuis la Vanne en revenant vers Chailley et retournant vers le ruisseau qui coule de Cérilly dans la même rivière. Ils n'avaient également pas de droits dans les pâturages qui s'étendaient de Cancicuria vers l'Auson, de là vers Coursan, et de Coursan à Neuvy et à Soumaintrain, en revenant par Germigny, et de là en suivant l'Armançon jusque à Brienon. De

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