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mille des vicomtes de Ligny. Il donna en mariage sa fille Isabelle à Itier d'Ormoy, chevalier (1199). Simon-le-Rusé, chevalier, descendait de cette famille. Guillaume, fils de Jean de Laegny, chevalier, suscita bien des peines à l'abbaye de Pontigny. Enfin, il revint de ses préventions (1184), il approuva les donations que son père et sa mère avaient faites à cette maison, et fit réparation des torts qu'il lui avait causés. Sa veuve Nicolas, de bonne mémoire, disent les actes du temps, et Gile, son fils, vivaient encore en 1259; Renaud Godard de Ligny donna alors une rente en argent, en avoine et en cire, que le sacristain de Ligny devait percevoir, chaque année, sur ses ouches (1) de Mérey, pour l'entretien du grand autel. Mathilde, comtesse d'Auxerre, fit revivre les li- Leb., Mém., t. II, p. 151, pr. bertés accordées aux Auxerrois par son père. Elle p. passa à Ligny, en 1223, la charte par laquelle elle les affranchit (2). Cette petite ville fut comme le berceau de la liberté pour Auxerre; ce fut dans le sein de ses murs que l'on discuta ses franchises, qui furent promulguées ensuite dans cette charte célèbre, qui fit tant de sensation dans le temps. A cette époque, les comtes d'Auxerre séjournaient fréquemment à Ligny, comme on le voit par les chartes datées de cette ville.

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Jeanne, vicomtesse de Ligny, recommandable par Cart. de Pont., ses bonnes œuvres, était morte en 1239; elle avait t. III, p. 15. donné un setier de froment de rente à l'abbaye des

(1) On appelait ainsi l'enclos qui tenait à la maison.

(2) Actum apud Ligniacum castrum meum. Passé daus mon château de Ligny.

Chart. et titr,

p. 7, 28 et 116.

Isles, et autant à l'abbaye de Pontigny, pour l'entretien d'une lampe. Sa fille Aliénor eut trois fils: Pierre et Guy, qui se consacrèrent au service des autels, et Eudes, qui fut vicomte de Ligny-le-Châtel et seigneur de Lignorelles. Colin de Ligny se croisa en 1239, et fit des legs pieux avant son départ. Le four de Vergigny lui appartenait.

On remarque encore parmi les seigneurs de Ligny Renaud de Ligny, écuyer, neveu et héritier de Colin; Ermengarde, vicomtesse (1257); Marie d'Ervy, aussi vicomtesse (1259); Mabile, dame de Savoisy, veuve de Hugues, seigneur de Charny, près Saulieu, lequel était fils de Pons de Mont-SaintJean et de Sibile de Noyers. Mabile descendait sans doute d'André de Savoisy, possesseur de grands biens à Ligny, en 1227.

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Vers cette époque, la terre de Ligny passa toute entière aux comtes de Tonnerre. Marguerite, reine de Jérusalem et de Sicile, comtesse de Tonnerre, des hab. deTonn. donna plusieurs biens situés à Ligny pour l'hôpital de Tonnerre, qu'elle fonda en 1293. On remarque son étang de Ligny, le moulin des Fées, les fiefs. dépendans de Ligny, la rivière, les prés, et la justice qu'elle y possède. Outre son château, elle avait à Ligny une belle maison que l'on voit encore adossée à la rivière. Ses armes sont disséminées de toutes parts à l'intérieur. On vient de reconstruire la porte d'entrée, que sa vieille architecture rendait si intéressante. Guillaume de Châlons, neveu de Marguerite, eut ensuite la terre de Ligny. Jeanne de Châlons, comtesse de Tonnerre, dame de Bonrepos et de Ligny, porta cette seigneurie dans la famille

de la Baume-Montrevel (1), par son mariage avec un gentilhomme de cette maison en 1400.

Vers 1535, Jean de la Baume, comte de Montrevel et vicomte de Ligny, regardé comme fauteur de l'hérésie de Calvin, commit des brigandages inouis dans l'abbaye de Pontigny. Accompagné de ses satellites, il enfonça les portes de l'abbaye, parcourut l'église et les appartemens à main armée, comme aurait fait un féroce vainqueur ; il frappa même avec l'épée ceux qui s'opposèrent à son passage. Le sang fut répandu. Après cette scène atroce, il courut à Sens, dénonça les religieux comme lui ayant fermé les portes de leur abbaye, lorsqu'il s'y rendait d'après un ordre du duc de Guise, ajoutant qu'on avait maltraité les gens de sa suite. Les tribunaux s'étant saisis de cette affaire, ne tardèrent pas à reconnaître toute la perfidie du comte de Montrevel. Il fut condamné à donner douze cents livres aux religieux, pour réparations civiles, dépens, dommages et intérêts, et à huit cents livres d'amende envers le roi. Le comte en appela à Auxerre, où il subit l'interrogatoire sur la sellette, avec ses complices. La première sentence y fut confirmée, ainsi qu'à Villeneuve-le-Roi, où il en appela encore. Enfin le parlement, par un arrêt définitif, le condamna à satisfaire dans les trois jours aux peines portées contre lui, sous peine d'être chassé du royaume.

(1) De l'illustre maison de la Baume-Montrevel (département de l'Ain) sont sortis deux cardinaux, archevêques de Besançon, deux maréchaux de France, un maréchal et amiral de Savoie, un vice-roi de Naples, et dix-sept gouverneurs et lieutenans-généraux de province. On voyait à Dijon l'hôtel de Montrevel, appelée vulgairement l'hôtel Maurevert. Voy. Courtép., t. 1, p. 120.

Moréry, Dict. Courtép,, t H, p. 192.

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Cart. de Pon

Ce même Jean de la Baume avait épousé Françoise de Vienne. Il vivait encore en 1543. Françoise de la Baume, sa fille, épousa, en 1546, Gaspard de Saulx, sire de Tavannes, maréchal de France. Après la bataille de Renti, en 1554, Henri II, encore à la tête de son armée, ôta de son cou le cordon de ses ordres et le mit dans celui de Gaspard de Saulx, en lui disant : Vous êtes un lion, il faut vous enchaîner. Il mourut à Sully en 1573, et fut inhumé à Dijon dans la sainte chapelle. Il eut deux fils, Guillaume et Jean de Saulx, vicomte de Tavannes et de Ligny. Ce dernier vivait toujours en 1627. Cette branche finit en la personne d'Eléonore de Saulx-Tavannes, épouse de Michel de Saulx, qui vendit la terre de Ligny au grand Colbert, marquis de Seignelay, en 1673.

Les seigneurs de la Baume ont conservé la vicomté de Ligny sous leur nom pendant cent quarante-six ans. Ils s'allièrent ensuite aux seigneurs de Saulx, qui demeurèrent cent vingt-sept ans en possession de cette même terre. Elle passa à Colbert par un contrat de vente, en 1673. Au bout de trenteneuf ans, les descendans de Colbert s'allièrent aux Montmorency, auxquels la vicomté de Ligny est demeurée jusqu'à nos jours.

Une charte de 1446 parle d'une forteresse neuve tigny, t. I, p. bâtie à Ligny, de la construction d'une halle pour les jours de marchies, foires et autrement, comme anciennement soloit estre en la grant ville que basse du dit Ligny ou temps ancien. On voit aussi que l'on percevait à ces foires des droiz, prouffis et émolumans accoutumés d'ancienneté. Il est aussi parlé

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d'une léproserie en 1263; un prêtre, nommé Barthélemy, était alors chargé du gouvernement de cette maison. Elle était hors de la ville, au nord. Un autre établissement, appelé la Maladerie, en 1284, et nommé depuis la Maison-Dieu, était dans l'enceinte des murs. Pierre Fléhit, prêtre, était maître, c'està-dire économe et chapelain de cette maison, en 1350. L'écluse de Boy, au-dessus de Pontigny, et les prés qui l'environnent, dépendaient de la Maladerie de Ligny en 1284. Cet établissement s'est trouvé remplacé dans la suite des siècles par une maison de charité, qui jouit encore aujourd'hui de quinze à seize cents francs de rente.

Le château de Ligny, rebâti vers l'an 1400, formait une enceinte de murs flanqués de tourelles. Durant les guerres civiles du quinzième et du seizième siècle, les habitans, sans cesse aux prises avec l'ennemi, avaient creusé des couloirs souterrains en tous sens sous cette ville. On montre encore deux puits et plusieurs caves où ces souterrains aboutissent. On y remarque des espèces de salles. On y a trouvé du charbon, des chenets, des lampes. Ces réduits obscurs, dans lesquels nos pères passaient quelquefois des semaines entières, avaient été ménagés par la prudence. Prenait-on un village ou un château de vive force? l'incendie et le massacre des habitans formaient le trophée du vainqueur. Malheur à celui que les soldats rencontraient dans les rues ou sous le toit paternel. De pareils souterrains avaient aussi été pratiqués au château de Seignelay, pour servir de refuge aux habitans dans les crises politiques.

Le château de Ligny ne fut plus habité depuis

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