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Jean-Baptiste Colbert, en 1673. Les seigneurs de Seignelay ne semblaient le conserver qu'à cause des souvenirs historiques qu'il rappelait dans la contrée. Il fut vendu et démoli en 1793. On ne peut s'empêcher de regretter ces débris imposans d'un autre âge. Il fallait une époque barbare pour vendre comme bâtiment propre à la démolition un monument auquel se rattachaient des événemens qui ont leur importance dans notre histoire. Chaque jour fait disparaître les vestiges de ses ruines, dérobées jusqu'ici au marteau mercenaire du maçon. En 1358, lorsque les Anglais se furent emparés de Leb., Mém., t. Ligny-le-Châtel et de son château, ils attachèrent assez d'importance à cette possession pour l'excepter du traité par lequel ils rendirent la ville d'Auxerre. Ce ne fut qu'au bout de deux ans et demi que le roi d'Angleterre consentit à remettre cette place au roi de France.

II, p. 227.

En 1366, le chapitre de Langre, comme curé de Ligny, fit construire dans cette ville une église dont une grande partie subsiste encore (1). Cet édifice nous donne une idée du goût grossier qui précéda ces conceptions sublimes et hardies que le génie du christianisme enfanta depuis, et qu'il avait déjà montré dans l'érection des cathédrales. Les deux bas côtés de cette ancienne église ont chacun onze pieds de largeur; les piliers carrés sont à huit

(1) On lit cette inscription au-dessus de la porte latérale : 1.5.6.6. HOC. ORATORIVM. FIERI. CVRAVIT. 10. CANTORIVS. PRIM. C'est-à-dire, Jean, premier chantre (de l'église de Langres), a dirigé la construction de cet oratoire en 1366.

pieds de distance et en pierres du pays; la voûte, à plein cintre, est basse et les ouvertures étroites. Les restes de l'ancienne église de Toucy, que l'on remarque à l'entrée de la nouvelle église, présentent les mêmes dimensions que celle de Ligny. Les églises des petits villages, n'ayant qu'une seule nef, avaient plus de grâce que ces édifices sombres et matériels qui distinguaient alors les grosses communes et même les villes.

Cependant, en 1554, le chapitre de Langre se réunit aux habitans pour reconstruire cette église dans un style plus relevé et plus convenable à la majesté de nos saints mystères. On en jeta les fondemens au levant de l'ancienne église et dans le même alignement. Après avoir prolongé la construction l'espace de quatre-vingt-sept pieds, on la mit en communication avec l'ancienne église, qui lui sert aujourd'hui de nef. Alors on arrêta les travaux pour les reprendre plus tard, avec le projet de démolir l'ancien bâtiment au fur et à mesure que l'on avancerait le nouveau. L'ancienne nef ayant encore quatre-vingt-trois pieds de longueur, l'édifice a dans son ensemble cent soixante-dix pieds d'étendue. La vieille église a quarante-six pieds de largeur, la nouvelle en a soixante-six. La hauteur de ses voûtes est de cinquante pieds. Les connaisseurs admirent le travail extérieur, la hardiesse des voûtes et la légèreté des colonnes. La première pierre fut posée le 7 août 1554, comme l'indique cette inscription, gravée sur un pilastre sous l'orgue:

Le. vingt. septiesme. jovr. d'Aovst.

Chart. et titr,

des hab. de Tonn. p. 7, 28 et 116.

Isles, et autant à l'abbaye de Pontigny, pour l'entretien d'une lampe. Sa fille Aliénor eut trois fils: Pierre et Guy, qui se consacrèrent au service des autels, et Eudes, qui fut vicomte de Ligny-le-Châtel et seigneur de Lignorelles. Colin de Ligny se croisa en 1239, et fit des legs pieux avant son départ. Le four de Vergigny lui appartenait.

On remarque encore parmi les seigneurs de Ligny Renaud de Ligny, écuyer, neveu et héritier de Colin; Ermengarde, vicomtesse (1257); Marie d'Ervy, aussi vicomtesse (1259); Mabile, dame de Savoisy, veuve de Hugues, seigneur de Charny, près Saulieu, lequel était fils de Pons de Mont-SaintJean et de Sibile de Noyers. Mabile descendait sans doute d'André de Savoisy, possesseur de grands biens à Ligny, en 1227.

Vers cette époque, la terre de Ligny passa toute entière aux comtes de Tonnerre. Marguerite, reine de Jérusalem et de Sicile, comtesse de Tonnerre, donna plusieurs biens situés à Ligny pour l'hôpital de Tonnerre, qu'elle fonda en 1293. On remarque son étang de Ligny, le moulin des Fées, les fiefs dépendans de Ligny, la rivière, les prés, et la justice qu'elle y possède. Outre son château, elle avait à Ligny une belle maison que l'on voit encore adossée à la rivière. Ses armes sont disséminées de toutes parts à l'intérieur. On vient de reconstruire la porte d'entrée, que sa vieille architecture rendait si intéressante. Guillaume de Châlons, neveu de Marguerite, eut ensuite la terre de Ligny. Jeanne de Châlons, comtesse de Tonnerre, dame de Bonrepos et de Ligny, porta cette seigneurie dans la famille

de la Baume-Montrevel (1), par son mariage avec un gentilhomme de cette maison en 1400.

Vers 1535, Jean de la Baume, comte de Montrevel et vicomte de Ligny, regardé comme fauteur de l'hérésie de Calvin, commit des brigandages inouis dans l'abbaye de Pontigny. Accompagné de ses satellites, il enfonça les portes de l'abbaye, parcourut l'église et les appartemens à main armée, comme aurait fait un féroce vainqueur; il frappa même avec l'épée ceux qui s'opposèrent à son passage. Le sang fut répandu. Après cette scène atroce, il courut à Sens, dénonça les religieux comme lui ayant fermé les portes de leur abbaye, lorsqu'il s'y rendait d'après un ordre du duc de Guise, ajoutant qu'on avait maltraité les gens de sa suite. Les tribunaux s'étant saisis de cette affaire, ne tardèrent pas à reconnaître toute la perfidie du comte de Montrevel. Il fut condamné à donner douze cents livres aux religieux, pour réparations civiles, dépens, dommages et intérêts, et à huit cents livres d'amende envers le roi. Le comte en appela à Auxerre, où il subit l'interrogatoire sur la sellette, avec ses complices. La première sentence y fut confirmée, ainsi qu'à Villeneuve-le-Roi, où il en appela encore. Enfin le parlement, par un arrêt définitif, le condamna à satisfaire dans les trois jours aux peines portées contre lui, sous peine d'être chassé du royaume.

(1) De l'illustre maison de la Baume-Montrevel (département de l'Ain) sont sortis deux cardinaux, archevêques de Besançon, deux maréchaux de France, un maréchal et amiral de Savoie, un vice-roi de Naples, et dix-sept gouverneurs et lieutenans-généraux de province. On voyait à Dijon l'hôtel de Montrevel, appelée vulgairement l'hôtel Maurevert. Voy. Courtép., t. 11, p. 120.

ajourna tout-à-fait l'achèvement de l'église. Toutè cette petite ville fut dévorée par les flammes, et n'offrit bientôt plus qu'un monceau de cendres. On ne peut ni peindre, ni même se figurer par l'imagination, tout ce que cet incendie présenta d'horrible et de désespérant, surtout dans un temps où la plupart des maisons étaient en bois, et dont il ne resta que la place. Outre l'église, on montre encore trois maisons situées en différens quartiers, que les flammes ont épargnées, et on a remarqué comme un fait extraordinaire, que ces trois maisons avaient au-dehors une niche où se trouvait une statue de la sainte Vierge. Les habitans établirent alors, en forme de vœu, une procession annuelle, pour supplier le Seigneur d'éloigner de dessus leurs têtes une aussi déplorable calamité; ce qui s'observe encore religieusement, chaque année, le 14 d'octobre. Vers l'an 1720, tout le nord de la ville qui s'étend entre le château et la maison de Marguerite de Sicile devint encore la proie des flammes. Le feu prit par l'imprudence d'un particulier, qui tirait des coups de fusil pour faire les honneurs d'une noce.

Ces calamités ruinèrent le commerce, les manufactures se trouvèrent anéanties, beaucoup d'habitans émigrèrent, de sorte qu'aujourd'hui la population est réduite à moitié de ce qu'elle était alors. Ce décroissement est constaté indirectement dans une pétition que les habitans de Ligny présentèrent au chapitre de Langre, le 25 avril 1655, pour le supplier de placer à Ligny un vicaire perpétuel, désigné comme pasteur, et six prêtres pour l'aider dans le service de la paroisse. Ils exposèrent que la ville renfermait

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