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cette ville, la limite suit le chemin public jusqu'au pont d'Avrolles, en passant devant une croix; elle se dirige ensuite le long du Créanton jusqu'au ruisseau de Lonvas, et de là elle suit le cours de l'eau jusqu'à la fontaine de Becherel. Cependant les frères de Dilo, dit la charte, pourront conduire leurs porcs dans les bois compris dans cette étendue, lorsqu'il y aura du gland; et s'ils veulent construire une grange à Putéolot, ils pourront y entretenir du bétail et le conduire dans les pâturages, pourvu qu'il puisse rentrer le même jour dans les étables ei y passer la nuit. Ils pourront aussi faire paître leurs veaux et leurs poulains dans les pâturages de SaintFlorentin, depuis la Saint-Martin jusqu'à Pâques. Les pâturages de Crécy et de Mercy demeurèrent communs pour les bœufs des deux maisons.

La plaine de Jongete, qui s'étend entre le Créanton, les champs de Champlost et le pont d'Avrolles jusqu'au ruisseau de Lonvas, était commune au bétail des deux monastères. Depuis ces limites jusqu'à Joigny, les frères de Pontigny n'avaient aucun droit de vaine pâture, si ce n'est pour les porcs, lorsqu'il y avait du gland. Ils n'avaient également aucun droit depuis Villemaure jusqu'à l'Auson et la Seine. Norpaud, abbé de Vauluisant, et Landry, abbé des Escharlis, signèrent cet accord comme arbitres. Guichard, abbé de Pontigny, ne put s'y trouver à cause de ses infirmités; mais deux moines, Guy de Seignelay et Gaultier, dit Botte-Sacrée, l'un et l'autre de la famille des barons de Seignelay, et Gaultier, dit le Berger, frère convers, s'y trouvè rent à sa place. Garnier, abbé de Dilo, s'y était

rendu avec Etienne, prieur, trois chanoines et trois frères convers. Ces deux maisons, les plus puissantes de la contrée, divisent entre elles, sans opposition, des pâturages qui s'étendent à plus de dix lieues du midi au nord, sur une pareille étendue du levant au couchant.

Dans un accord passé en 1155 entre Norpaud, abbé de Vauluisant, et Guichard, abbé de Pontigny, il fut convenu que les maisons bâties entre Sevie et Cérilly seraient démolies; qu'il ne serait permis à personne d'en construire de nouvelles; qu'on pourrait édifier, pour un an seulement, des cabanes pour les bergers. Après avoir indiqué les pâturages respectifs des deux maisons, ils ajoutent que si un frère convers enfreint leur convention, c'est-à-dire s'il conduit son bétail dans les pâturages de l'autre monastère, il jeûnera trois jours au pain et à l'eau. Si le prévaricateur est séculier, il sera frappé ou chassé. Si le maître d'une grange a connaissance d'un pareil délit, et qu'il n'y apporte pas de remède, il subira la même peine.

Les abbés des différens monastères avaient coutume alors de construire des bergeries, dans les prairies éloignées de leur maison, et d'y envoyer des frères convers pour avoir soin du bétail. Si les paroisses voisines étaient à une trop grande distance, ils bâtissaient des chapelles où ces frères allaient entendre la messe. Plusieurs paroisses ont dû leur origine à ces circonstances. L'exemple des religieux stimula la cupidité des seigneurs et l'indolence des serfs; ils voulurent aussi avoir quelques troupeaux de bétail, et reprirent la jouissance d'une partie de ces prairies qu'ils avaient dédaignées.

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En 1146, Gilbert, vicomte de Ligny, remit aux habitans plusieurs droits de main-morte, et laissa entrevoir à ses serfs un avenir plus heureux. L'anT. III, p. 23. née suivante, Milès, dit cou-gelé, remit à l'abbaye de Pontigny plusieurs droits de cens qu'elle lui payait, à Soumaintrain, à Germigny et dans l'Isle de Duchy. Deimbert de Seignelay et Alpace, son épouse, seigneurs suserains de Duchy, approuvèrent cette dernière donation. Milès accorda la même grâce pour les bois de la forêt d'Othe, qu'il tenait d'Herbert-le-Gros. L'acte fut passé à Brienon par l'archevêque de Sens, en présence de Guillaume, · son archidiacre, de Mathieu, préchantre, de Bovo, doyen, de Gérard de Champlost et de Bochard.

! T. II, p. 82.

T. III, p. II.

Guillaume, comte d'Auxerre, de Nevers et de Tonnerre, fit donation, en 1153, de tout ce qu'il possédait à Sainte-Porcaire, en bois, en terre et en eau. Gaufride, évêque de Langre, duquel relevait le fief, donna main-levée de tous les droits qu'il pouvait avoir sur ces biens. Deux ans après, le même comte fit don de tout ce que Guyard-le-Rusé et Barthélemi, alors vicomte de Ligny, tenaient de lui dans cette contrée, en bois, en terre, en prés ou en eau. Guyard retint cinq sous de cens pour la concession de l'eau. Il fut encore convenu que les moines n'auraient pas le droit d'arracher le bois de Revisy, celui de la vallée païenne, celui de SaintEtienne et celui de Contest pour les livrer à l'agriculture. Ce passage révèle une des plaies sociales de cette époque. Les religieux, plus éclairés sur le bien de l'humanité, mettaient en culture les friches et les broussailles qui leur tombaient entre les

mains, et occupaient ainsi les bras des serfs qu'ils tiraient de la misère. Les seigneurs, au contraire, voulaient conserver les bois pour y prendre le plaisir de la chasse, passion dominante de la noblesse de ce siècle.

Cependant les moines trouvant quelque chose de T. II, p. 347. ] barbare à chasser les habitans de Sainte-Porcaire de leurs maisons pour en prendre possession, selon le don qui venait de leur en être fait, le comte Guillaume vint au secours de leur charité en dédommageant tous les habitans, de sorte qu'ils sortirent de leur plein. gré, et furent remplacés par des frères convers, ou de simples métayers des religieux. Le village de Sainte-Porcaire fut ainsi détruit. (1). La

(1) Sainte-Porcaire, Sancta Porcaria, Sancta Porcharia, est présentement une ferme entre les Baudières et Pontigny, sur le penchant d'un côteau. Elle tire son nom et son origine d'une vierge d'Italie, nommée Porcaire, qui vint jusqu'à Auxerre à la suite du corps de saint Germain, mort à Ravenne. Aussitôt qu'il fut déposé dans le tombeau, elle se retira dans un lieu solitaire au-delà du Serain, et y bâtit un hermitage, où elle passa ses jours dans l'exercice de toutes les vertus. Après sa mort, les fidèles du voisinage élevèrent une chapelle sur son tombeau. On croit encore en remarquer les ruines dans une grange. Sa fête se célèbre le 8 octobre. Héric écrivait au neuvième siècle que le corps de sainte Porcaire reposait à environ neuf milies d'Auxerre apud lab. t. 1, dans une chapelle célèbre par les miracles dus à son intercession. p. 540.4 Ainsi le corps de cette sainte doit reposer encore sous les ruines de cette chapelle, daus un tombeau de pierre. Une charte de 1119 donne à cette chapelle le titre d'église. Ecclesia sanctæ Porcariæ.

Heric de mirac.

Au douzième siècle, un village s'était formé autour de la cha- Cart. de Pont., pelle de sainte Porcaire. On y voyait une garenne, des vignes, t. II, p. 368 et des jardins et des terres labourables. En 1119, Geoffroy du Mou- 186. lin, Jean et Milon, ses frères, donnèrent à l'abbaye de Pontigny T. III, p. 230 les terres qu'ils possédaient en alleu à Sainte-Porcaire, et emme- et 50.

Voyez pièces

justificatives.

route qui passait près de l'abbaye, en cotoyant la rivière, fut aussi reportée plus haut où nous la voyons aujourd'hui.

Le pape Adrien IV confirma les principales possessions de l'abbaye par une bulle de 1156 : il cite les granges de Sainte-Porcaire, du Beugnon, de Crécy, de Chailley, de Burs, de Villers, d'Aigremont, de Champtrouvé, de Fouchère et d'Egriselle. Il défend expressément de bâtir plus près d'une demi-lieue de ces granges sans la permission de l'abbé de Pontigny. Il leur confirme aussi la possession des plaines, des prés, des eaux dont ils

nèrent les habitans ailleurs. Le comte Guillaume en fit autant, de sorte que le village de Sainte-Porcaire ne fut plus qu'une grange de l'abbaye de Pontigny, dont le domaine de Revisy faisait partie. En 1288, Marguerite, reine de Jérusalem et comtesse de Tonnerre, défendit aux moines de Pontigny de construire de nouveau une maison-forte dans leur vigne de Sainte-Porcaire, où elle avait une garenne et la haute justice. La même charte dit cependant que la terre relevait en premier lieu de l'évêque de Langre.

Les carrières de Sainte-Porcaire, aujourd'hui oubliées, étaient connues au treizième siècle : c'est près de là que l'on tira la belle pierre de grès dont on se servit pour bâtir le château de Seignelay.

A six cents pas de Sainte-Porcaire, au levant, sur le même coteau et dans une pareille position, on voit la chapelle de sainte Radegonde. Jusqu'en 1789, cette chapelle était le but d'un pélerinage renommé, surtout le jour de la fête; les friches environnantes étaient pleines de voitures couvertes, dans lesquelles on avait amené des infirmes qui venaient demander leur guérison. Aujourd'hui cette chapelle sert de grange, et la fête passe inaperçue parmi les enfans de ceux qui accouraient pour implorer le secours de la sainte. On trouve cette chapelle pour la première Cart. de Pont. fois en 1543. Une ferme a été bâtie au-dessous; elle dépend de la commune de Pontigny, ainsi que Sainte-Porcaire. Le cimetière de Saint-Florentin renferme une chapelle de sainte Radegonde.

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