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T. II, p. 256.

tigny, où il repose dans le sanctuaire, entre celui de l'abbé Hugues et celui de l'abbé Garmont, son successeur. Son épitapheĝle faisait cinquième abbé de Pontigny et évêque d'Arras. C'est de son temps que Gaultier, archevêque de Rouen, s'obligea de donner, chaque année, à l'abbaye de Pontigny, dix milliers de harengs.

Nos rois, non-contens d'apprendre ce que la renommée publiait de l'abbaye de Pontigny, voulurent en être témoins eux-mêmes. Louis VII, dit le Jeune, y vint en 1177. Philippe-Auguste vint aussi, peu après, s'agenouiller dans la basilique de Pontigny, et réclamer le secours des prières des moines. L'histoire ne nous a pas conservé l'effet que durent produire ces visites royales, non-seulement daus l'abbaye, mais surtout parmi les seigneurs du pays car les princes ont dû accueillir les plaintes des religieux contre des voisins ambitieux, faire droit aux réclamations des petits vassaux, plaider la cause des malheureux. Leur présence dut influer puissamment pour tempérer le régime féodal. Tous, les seigneurs du voisinage, attirés aux pieds de la majesté royale, étaient obligés de lui faire hommage de leurs fiefs, comme au premier seigneur suzerain.

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On voit, en effet, que le roi Louis VII fit droit aux plaintes des religieux. « Voulant, dit-il, pourvoir à la paix de ceux qui se sont donnés totalement au service de Dieu, notre sollicitude royale, en les couvrant de sa protection, a voulu mériter d'avoir part aux ferventes prières qu'ils répandent sans cesse en la présence du Seigneur. C'est pourquoi nous voulons que l'abbé Pierre et les religieux qui

servent Dieu sous sa direction, jouissent en paix des biens qu'ils possèdent présentement, et qu'aucun de leurs voisins ne se permette de les inquiéter. » Déjà, en 1151, ce même prince avait été témoin T. III, p. 223, d'une donation d'Anceau de Trainel, ainsi que

Bochard de Montmorency, Eudes, doyen de Sens, Simon, trésorier de la même église, et Manassès, archidiacre de Troyes.

Mahault, comtesse d'Auxerre, de Nevers et de T. II, p. 352. Tonnerre, dans une donation de 1176, rappelle les droits que les maîtres avaient sur leurs serfs. Elle donna à l'abbaye de Pontigny, pour fonder à perpétuité l'anniversaire de Gui, son mari, trois personnes ou trois serfs: Bossel de Tonnerre, son mari, Etienne leur fils et leurs biens. S'ils commettent quelques crimes, la comtesse ne veut pas qu'ils puissent se justifier par le prévôt ou par quelqu'autre personne : elle veut parler des combats en champ clos, , pour lesquels on pouvait choisir un champion ; mais ils doivent être directement justiciables des religieux, et leur obéir en toutes leurs volontés. Pierre de Courtenay II donna également, en 1210, une famille, ne réservant sur elle ni droit de justice, ni aucune espèce de coutume. Il ajouta à cette donation cent arpens de bois dans la forêt de Bar (1204), pour le salut de son âme, de celle d'Yolande, son épouse, de celles de ses enfans, et pour l'âme de sa très-chère épouse Agnès, autrefois très-illustre comtesse de Nevers (c'était sa première femme). Il ajoute que son épouse Yolande et lui ont choisi l'abbaye de Pontigny pour le lieu de leur sépulture. Dans un autre endroit, il appelle l'abbé de Pontigny

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et ses religieux ses très-chers amis en Jésus-Christ. Les seigneurs d'Ervy ne voulurent point être redevables à une maison que tous les grands du pays comblaient de bienfaits. En 1142, Milès ou Mile I, étant à Sens, dans le palais de Hugues, archevêque de cette ville, renouvela toutes les donations qu'il avait déjà faites. Les témoins furent Hugues, évêque d'Auxerre, Etienne, abbé de Regny, Herbert, abbé de Saint-Pierre-le-Vif, Manassès, archidiacre de Sens, Simon, trésorier, Simon, célérier, Symond, archidiacre du Gâtinois, Rainaud, archidiacre de Provins, Guillaume, archidiacre de Meaux, Rainaud, archidiacre d'Auxerre, Boson, doyen de Saint-Florentin, Hildueric d'Ervy et autres. Milès III, Elisabeth son épouse, Milès leur fils, et Marguerite, épouse de ce dernier, donnèrent un moulin et des pâturages. En 1213, Milès III était remarié avec Alienor. Blanche, comtesse de Champagne, et Thibault, son fils, avaient donné à Alienor trois cents livres en mariage; elle en donna cent à l'abbaye de Pontigny pour le remède de son âme et de celles de ses ancêtres. Elle voulut aussi que l'on distribuât une pitance générale dans le couvent le jour de son anniversaire. Cette pitance. était un repas que l'on donnait ordinairement à ceux qui venaient de célébrer un service. Milès III fit encore don de soixante sous de rente pour fonder l'anniversaire de sa première épouse, et quarante sous pour fonder le sien. Ces sommes devaient être perçues sur le péage d'Ervy, aux foires de saint Jean-Baptiste et de saint Remi. Il veut aussi que l'on donne une pitance au couvent, le jour de chaque

anniversaire. Milès IV et Marguerite, son épouse, obtinrent d'être inhumés à Pontigny, avec l'approbation de Pierre et d'Isabel, leurs enfans.

Haganon, seigneur d'Ervy, voulut aussi avoir sa sépulture à Pontigny. Il fit un testament remarquable, vers l'an 1200 il donna la moitié de son mobilier aux pauvres, son cheval, estimé dix livres, monnaie de Provins, à l'abbaye de Pontigny. Il donna encore cent sous au procureur de cette maison, cent sous au portier, pour faire des triennats, c'est-à-dire des services qu'on célébrait tous les trois ans; vingt sous pour acheter du pain pour distribuer aux pauvres, vingt sous à l'infirmerie des moines, pour la pitance des malades. Il ajouta une vigne située à Dannemoine, et trois serfs, avec leur famille, pour faire célébrer son anniversaire. Ces serfs doivent payer à l'abbaye chacun dix sous par an. Le doyen de Saint-Florentin eut soixante sous, maître Canone d'Ervy son lit de soie verte, sa couverture, deux draps, un oreiller et vingt sous. Son chapelain eut vingt sous, le clerc Odin dix sous, les lépreux d'Ervy dix sous, saint Etienne et saint Pierre de Troyes, chacun vingt sous, les religieuses de Sainte-Marie de la même ville et de Fusse, chacune vingt sous; la Maison-Dieu, qui appartient au comte, vingt sous; les autres Maisons-Dieu qui sont à Troyes, chacune dix sous; le frère Hubert de Troyes, dix sous, et les vingt prêtres qui sont avec lui, chacun vingt sous. Il donna vingt sous à la dame Mahot, à toutes ses nièces qui sont religieuses, chacune dix sous; à ses deux neveux de Celle et de Molesme, chacun dix sous; à Parrenot

de la Celle, dix sous; aux vingt léproseries qui sont entre Troyes et Pontigny, chacune vingt sous; au curé de Sommevalle, sa chappe pluviale; à Milon d'Ervy, son petit-fils, vingt sous; au doyen de Saint-Etienne d'Auxerre, vingt sous; aux couvens de Saint-Germain et de Saint-Etienne d'Auxerre, chacun quarante sous, et aux quarante églises de la châtellenie d'Ervy et de Saint-Florentin, qui sont les plus proches, chacune dix sous; autant de rente aux lépreux, à prendre sur les revenus du four.

Après avoir réglé ces dons, Haganon établit des rentes à perpétuité dans les paroisses où il veut qu'on célèbre son anniversaire. Ainsi il légua à cette intention dix sous à l'église d'Ervy, un setier d'avoine à celle de Sommevalle, le quart d'un muid de vin à celle de Dannemoine, trois quartiers de pré à la maison de Chancicur, quarante sous à l'église de Saint-Etienne de Troyes; à la Maison-Dieu de Troyes qui appartient au comte, dix sous; à l'église de Saint-Pierre d'Auxon, un arpent de pré et un arpent de bois, s'ils veulent le défricher. Il termine en apposant son sceau à ce testament, et en priant l'abbé de Pontigny, celui de Saint-Michel de Tonnerre et le doyen de Saint-Florentin d'y mettre aussi leur sceau. Dans toutes les familles, dans toutes les paroisses on rencontrait des donations aussi éclatantes. Elles peignent mieux que tous les discours la foi vive des seigneurs et des peuples. C'est le riche qui partage sa fortune entre sa famille, l'Eglise et les pauvres. L'égoïsme de notre siècle industriel fait ressortir admirablement ce qu'il y a de grave et d'élevé dans çe désintéressement que la foi seule pouvait inspirer.

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