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Per auparavant (1181), Milès I, seigneur de Noyers, avait donné la grange de Villers. Milès II, son fils, y ajouta des pâturages pour les brebis. Odeline son épouse, ses fils, Hugues, trésorier de l'église d'Auxerre, Guy et Clarembault, applaudirent à cet acte de bienfaisance. Trois ans après, ce T. 11, p. 420. même Clarembault déclare, avec la loyauté des chevaliers de son temps, qu'il a résolu, pour la gloire de Dieu, de protéger de son bras, et de soutenir de sa fortune l'abbaye de Pontigny, à l'exemple de son père et de son aïeul. En même temps, il prend l'engagement de lui faire compter quatre-vingt livres, monnaie de Provins. Il ajouta dans la suite ses prés de la noue de Montet. Il avait épousé Ada, et avait deux filles, Odeline et Sibille. Il se croisa en 1189; en 1192 il était à Noyers.

P. 423.

Milès III suscita bien des peines aux religieux, à l'occasion des biens qu'ils possédaient à Noyers. Cependant il ne tarda pas à reconnaître ses torts. Il dit dans une charte de 1231 « Si j'ai enlevé quelque chose dans les bois de l'abbaye de Pontigny; si j'ai exigé d'elle des droits de coutume, je reconnais l'avoir fait injustement. Je remercie les frères de cette maison de m'avoir pardonné de bonne foi les torts et les vexations que je leur ai causés. C'est pourquoi je confirme aujourd'hui les donations de mes prédécesseurs dans toute leur étendue. » Milès IV remit à la même abbaye plusieurs droits de mouvance et de justice sur la terre de Venousse, qui lui appartenait en partie, ainsi qu'un droit de péage à Chablis. Les moines, par reconnaissance, s'obligèrent à lui donner un poulain chaque année;

mais il voulut que ce don cessât à sa mort. H vivait encore en 1264.

Angalon de Seignelay donna alors tous les droits de fief dont il jouissait sur la rivière d'Armançon.

André de Brienne, seigneur de Venisy, après T. III, p. 149.; avoir été long-temps en guerre avec l'abbaye de Pontigny, opéra, en 1184, une réconciliation pleine et entière. « Désirant, dit-il, pour l'amour de Dieu, revenir de mes égaremens, je déclare me désister entièrement de toutes les prétentions que j'avais soulevées contre les frères de Pontigny, et en particulier contre dom Ménars, leur abbé; car je m'étais emparé, pour moi et pour mon fils Gaultier, de la justice du bois de Saint-Etienne, quoique je n'y eusse aucun droit. Je reconnais que les habitans de Séant ont un droit d'usage dans ce bois, et que ceux de Venisy n'en ont aucun. J'avais déjà eu des contestations avec l'abbé Pierre pour un étang que je voulais creuser; je renonce à ce projet, pour ne point nuire aux propriétés des frères. >> Ensuite le seigneur de Venisy promet que lui et ses héritiers s'en rapporteront dorénavant à l'archevêque de Sens dans tous les différens qui pourront s'élever entre l'abbaye de Pontigny et eux-mêmes.

JEAN Ier.

JEAN ne fit que paraître; il mourut peu de mois après son élection, emportant les regrets de la communauté. La règle était toujours suivie avec

zèle les jeûnes, les abstinences, la psalmodie, le silence presque absolu, le travail, remplissaient les journées des frères. Les restes du pain et du vin, distribués au réfectoire, étaient donnés aux pauvres pélerins. On nourrissait tous les pauvres des environs. En carême, la charité plus abondante s'appliquait encore à soulager les familles indigentes.

GÉRARD.

Le zèle religieux des fidèles prend une direction nouvelle, en s'alliant aux passions belliqueuses qui poussent les générations armées contre l'Asie. Cet amour de la guerre et de la religion, qui aspire, par sa double énergie, à la conquête de la Terre-Sainte, fait naître les ordres militaires plus appropriés aux besoins de l'Europe chrétienne et croisée. C'est à Citeaux que les chevaliers empruntent leur règle T. I, p. 19. austère. Le chapitre général, tenu en 1193, nomma Gérard avec l'abbé de Citeaux et les trois autres premiers pères, pour composer ensemble une règle plus exacte que la première pour les chevaliers de P. 85 et suiv. Calatrava. Onze ordres de chevaliers suivaient la règle de Citeaux : c'étaient l'ordre des Templiers, celui de Calatrava, d'Alcantara, d'Avis, de Montesa, de Christ, de Saint-Maurice et de Saint-Lazare, de Saint-Michel, de Montjoie, de Saint-Bernard et de Trugillo (1). Gérard écrivit au pape Innocent III

(1) L'abbé de Morimond était supérieur immédiat de l'ordre de Calatrava, d'Alcantara, de Montesa, d'Avis et de Christ. Un arrêt du Conseil d'état, du 19 septembre 1681, le maintint dans le droit de prendre cette qualité.

pour l'abbé de Morimond et les religieux de cette maison, inquiétés par l'abbé de l'Echelle-Dieu.

justificatives.

L'abbé Gérard employa tous les moyens qui Voyez pièces étaient en son pouvoir pour protéger son abbaye contre les prétentions de la puissance seigneuriale. Il avait adressé plusieurs lettres au pape Innocent III pour réclamer sa protection, au milieu des vexations dont son abbaye était la victime. Pour remédier à ces maux, le 19 mai de l'an 1200, le pape adressa une bulle aux archevêques, aux évêques, aux abbés, aux prieurs, aux doyens, aux archidiacres et aux curés des églises, pour leur recommander de protéger l'abbaye de Pontigny. On va voir, par l'exposé du pape, dans quel état déplorable se trouvaient nos contrées. Elles étaient en proie à la rapacité de seigneurs. violens et de serfs avides et cruels.

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<< Notre cœur, dit-il, a été profondément ému en apprenant combien la censure ecclésiastique et la sévérité des lois sont énervées, en beaucoup d'endroits, au point que des religieux, que le SaintSiége avait pris sous sa protection, et qui jouissaient en paix de la liberté des enfans de Dieu, sont pillés et insultés par des malfaiteurs. A peine si quelqu'un daigne leur tendre une main secourable, et se présenter, comme un mur d'airain, pour prendre la défense des pauvres qui sont abandonnés je veux surtout parler, nos chers fils, des frères de Pontigny, de l'ordre de Citeaux, qui se plaignent des mauvais traitemens qu'ils reçoivent chaque jour, et de ce qu'on ne leur rend jamais justice. Ils vous ont fait part de nos lettres apostoliques, pour vous engager à prendre promptement et généreusement leur dés

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fense contre leurs ennemis, afin qu'avec votre appui ils puissent au moins respirer, au milieu des angoisses et des tribulations auxquelles ils sont en proie. C'est pourquoi nous vous enjoignons sérieusement à tous, par nos lettres apostoliques, et en vertu de l'obéissance que vous nous devez, de rechercher ceux qui auraient frappé quelqu'un des frères, ou qui se seraient emparés, par violence, de leurs biens, de leurs fermes, de leurs serfs; qui retiendraient injustement ce qui leur aurait été légué par testament, ou qui exigeraient des dîmes de leurs travaux, au mépris de nos lettres apostoliques. Si ces malfaiteurs sont laïques, allumez les cierges et excommuniez-les avec leurs fauteurs; s'ils sont clercs, chanoines ou moines, qu'ils soient suspendus de leurs fonctions, privés de leurs bénéfices, et qu'ils ne puissent en appeler nulle part. Ne retirez pas votre sentence avant qu'on ait fait aux frères une satisfaction pleine et entière. Quant à ceux qui auraient maltraité les frères, l'excommunication ne pourra être levée que lorsqu'ils seront venus euxmêmes se présenter à Rome, avec des lettres favorables de leur évêque diocésain. Vous frapperez aussi d'interdit les fermes dont les biens et les serfs sont détenus injustement, et dont les déprédateurs font cause commune avec des frères fugitifs, qui sont des moines ou des frères convers. Ceux qui occupent ces fermes ne seront déliés de l'interdit qu'autant qu'ils se seront séparés des malfaiteurs, en les chassant de leur habitation ».

Cet exposé nous donne une idée de l'anarchie qui régnait dans nos pays sur la fin du douzième siècle.

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