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T. II, p. 65..

souvenir de l'accueil généreux que ses enfans avaient trouvé à Pontigny. Plus de cinquante ans après

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1264), Boniface, archevêque de Cantorbery disait « Ce qui nous a le plus frappé dans ces temps modernes, ce sont les services qui ont été rendus à nous et à nos prédécesseurs, dont la mémoire est demeurée en vénération. Allons donc offrir des remercimens, et rendre aussi des bienfaits temporels, à ceux qui nous en ont prodigué les premiers; que notre siècle ne nous accuse pas d'ingratitude, nous qui avons d'ailleurs un si grand besoin de secours temporels et de prières. Que notre exemple et nos exhortations excitent les fidèles à soulager aussi les malheureux de leurs biens. Rappelons à notre mémoire les prodiges de charité que le proviseur du monastère de Pontigny et les frères ont exercés envers le glorieux martyr, le bienheureux Thomas, le célèbre confesseur, le bienheureux Edme et Etienne, d'heureuse mémoire, autrefois archevêques de Cantorbery, lorsque, exilés de leur patrie, ils se présentèrent à Pontigny. Comment peindrai-je avec quelles marques d'honneur, avec quelle cordialité nous y avons tous été reçus ? C'est donc avec raison que nous nous reconnaissons redevables envers les frères qui servent Dieu dans cette abbaye. C'est pourquoi nous leur confirmons toutes les donations de nos prédécesseurs, nous leur restituons ce que le malheur des temps leur avait en partie enlevé, et nous voulons que l'église de Rumenal, sur laquelle ils ont déjà soixante marcs sterling, donnés en partie par l'archevêque Etienne, soit entièrement entre leurs mains.

Robert de Meun, évêque du Puy, chassé de son siége et de son église par des seigneurs qui s'étaient érigés en souverains, se réfugia aussi à Pontigny, en 1217, et y demeura trois ans.

Pierre, évêque d'Arras, vint visiter les religieux en 1202, et demeura quelque temps parmi eux.

Dans le chapitre-général (1) tenu en 1205, l'abbé T. III, p. 417. Jean fut repris sévèrement pour avoir introduit des femmes dans l'intérieur du monastère pour entendre un sermon dans le chapitre, et pour assister à une procession dans le cloître. De ce nombre étaient la reine Adèle et d'autres dames de qualité. Pour être introduites, elles avaient allégué une permission du pape, et une autre de l'abbé de Citeaux. Le chapitre-général dit hautement que ni le pape, ni l'abbé de Citeaux, n'avaient jamais accordé de semblables permissions. Comme on allait déposer l'abbé pour punir une faute qui retombait sur l'ordre entier, les évêques réclamèrent en sa faveur ; il fut seulement interdit jusqu'à Pâques, et condamné à six jours de pénitence. Il devait en faire trois à Citeaux et trois à Pontigny, et jeûner au pain et à l'eau alternativement pendant trois de ces six jours. On le blâma aussi d'avoir paré l'église d'une manière trop élégante. On voulait que la pauvreté dont les religieux avaient fait vou, parût jusque dans le sanc

(1) L'annaliste de Citeaux dit que c'est saint Etienne, abbé de Citeaux, qui institua les chapitres-généraux ; que les assemblées d'abbés, qui se tinrent quelquefois avant lui, sous le règne de Charlemagne, sous celui de Louis le Débonnaire, etc., étaient des espèces de synodes extraordinaires, et non des chapitres réguliers.

tuaire. Du temps de saint Bernard, l'église de Clairvaux avait une croix de bois, des chandeliers aussi de bois, et des ornemens de l'étoffe la plus commune. Apol. c. II, n. 31 « Je n'ai garde, disait le même saint Bernard, de condamner les richesses et les embellissemens dans les églises; les premiers pasteurs se proposent par-là d'exciter la dévotion d'un peuple grossier et charnel; mais qu'est-ce que toutes ces superfluités ont de commun avec des personnes qui ont fait vœu de pauvreté, avec des religieux, avec des hommes. spirituels? >>

Nomastic. Cist., p. 279.

Il était expressément défendu de laisser pénétrer les femmes dans la cloture des monastères, excepté pendant neuf jours, lors de la dédicace d'une église. Les femmes étaient également exclues des granges gouvernées par des frères convers; ils devaient se Ibid. p. 343. suffire dans toutes les nécessités de leur maison. Un

abbé qui avait permis l'entrée du monastère à des femmes, devait jeùner au pain et à l'eau, tous les vendredis, jusqu'au chapitre-général, où il devait être jugé. Un prieur ou un célérier, qui était tombé dans une pareille faute, était cassé de sa charge et condamné à trois jours de jeûne. Si c'était un moine ou un frère convers, on le changeait de maison, et il ne pouvait rentrer dans la première qu'avec la Cart. de Pont., permission du chapitre-général. Comme les seigneurs de Venisy rendaient, chaque année, un hommage. à l'abbaye de Pontigny dans le chapitre même, il fut convenu, en 1241, que si la terre de Venisy tombait entre les mains d'une femme, ce même hommage serait rendu, par elle, à la porte du mo

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nastère. On voit quelle était la sévérité de la discipline.

Jean II assista au chapitre tenu en 1214, et mourut le 20 mars de la même année. Il a laissé à Pontigny l'exemple d'une charité rare. Les soins et les égards qu'il avait constamment déployés envers les exilés d'Angleterre, lui méritèrent la grâce de mourir, de la mort des justes. Il n'avait pas cru faire une grande faute en introduisant dans le monastère des dames du premier rang, parmi lesquelles se trouvait une reine de France. En cédant à leur pieux désir, il avait cru servir la cause de la religion, et mériter leur haute protection pour le monastère qu'il dirigeait. Cependant le chapitre - général se trouva dans la nécessité de punir une faute qui touchait de si près à la discipline de l'ordre.

En dehors des ordres religieux déjà établis, on vit s'élever, au douzième siècle, d'autres ordres brûlant du désir de procurer la gloire de Dieu. Car l'Église, selon les temps, a toujours eu recours à divers moyens pour procurer le salut de ses enfans. A la voix de saint Dominique et de saint François d'Assises, les ordres mendians couvrent l'Europe. Ils raniment la ferveur des peuples, envoient des missions dans les pays étrangers, purifient le clergé monastique, donnent de sévères exemples au clergé séculier, et à l'un et à l'autre de grands modèles de désintéressement. La création des ordres des Frères Prêcheurs et des Frères Mineurs devient aussi comme une sorte de protestation sublime contre les grandes richesses des vieux monastères.

Cart. de Pont., t. I, p. 20.

justificatives.

GAULTIER.

Il était abbé de Preuilly lorsqu'il fut élu abbéde Pontigny. La primauté du père de Citeaux sar les quatre premiers pères était toujours contestée. Ce différend semblait se renouveler à l'élection de chaque abbé. Gaultier se joignit à l'abbé de Morimond pour réveiller cette querelle, qui fut enfin réglée au concile de Latran, tenu en 1215, et auquel Gaultier assista. L'année suivante, comme quelques esprits inquiets voulaient revenir sur ce sujet, le pape Honoré III se hâta de leur écrire en Voyez pièces ces termes : « L'affection sincère que nous avons portée à votre ordre, même avant que nous ne fussions élevé sur la chaire de saint Pierre, n'a fait que s'accroître depuis que, malgré notre indignité, nous avons été chargé de la sollicitude pastorale de toutes les églises. Nous avons voulu savoir si vous marchiez toujours dans la simplicité et la pureté de votre première institution. Nous avons craint que l'homme ennemi n'eût trouvé entrée au milieu de vous, pour y semer la zizanie, lui qui ne se réjouit qu'à la vue du mal. C'est pourquoi nous vous prions, nous vous exhortons, par nos lettres apostoliques, de considérer, en la présence du Seigneur, que notre Dieu est le Dieu de la paix et non le Dieu de la dissention. C'est lui qui fait habiter dans la même maison les serviteurs unis dans le même esprit par le lien de la paix. Faites le bien non-seulement de

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