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pressions, qu est-ce que cela peut faire à M. Guinot? Le climat belge n'aura jamais d'influence sur lui. Certes, la politique de son pays ne nous regarde point, et nous ne nous en mêlons guère, heureux que nous sommes de pouvoir vivre et parler librement dans le nôtre ! mais il est évident que l'homme qui attaque des gens qui ne peuvent pas lui répondre n'est pas de ceux qui se brouillent avec les pouvoirs qui savent se faire craindre.

M. Guinot fait métier de savoir ce qui se passe dans les lieux bizarres : sous le titre de Revue de Paris, il raconte les secrets des coulisses des petits théâtres ou les splendeurs des salons fantastiques où il se eroit admis; il sait ce qui se passe chez quelques confiseurs; il court, à l'heure qu'il est, après un article qu'il intitulera : Le jour de l'An. C'est là son travail. Sa vie se passant dans ces hautes préoccupations, nous ne nous étonnons donc pas qu'il ignore que la Belgique a plus d'une fois sauvé l'enjeu littéraire, philosophique et artistique de la France, et que ces petits pays qu'on appelait les Pays-Bas, et qu'on appelle aujourd'hui la Belgique et la Hollande, ont presque toujours servi d'asile à la liberté d'écrire ou de penser, quand cette liberté était forcée de s'exiler de son terrain naturel, la France. M. Guinot serait bien étonné si nous lui donnions la nomenclature, comme il dit, de tous les grands livres français qui ont trouvé chez nous le droit de naître et de se répandre sur le monde, et si à cette liste nous ajoutions celle de tous les hommes illustres qui ont trouvé en Belgique le repos qu'ils avaient perdu dans leur pays.

Qui sait! M. Guinot ignore peut-être aussi que la Belgique sert ou vient de servir d'asile à quelquesuns de ses plus glorieux compatriotes dont le nom ne

peut être prononcé dans les journaux qui acceptent encore ses services.

Ou bien, peut-être, M. Guinot le sait-il, et est-ce cela qui vaut à la Belgique les malices de ce père noble des mauvais propos!

PROSPER CRABBE.

1

Catalani dit quelque part :

Pour que la louange donnée à une femme soit juste et noble, il faut que celui qui la loue n'ait rien à espérer d'elle.

» Homère fait louer Hélène par des vieillards qui admirent ses charmes et qui gémissent sur leurs effets. Qu'elle est fine et délicate cette idée du père de la poésie !

» Théocrite réussit encore mieux puisqu'il

met les éloges de la même Hélène dans la bouche de ses rivales et de ses compagnes. >>

Sans être dans le cas des vieillards d'Homère, et sans avoir, en louant les femmes, le mérite qu'avaient les compagnes d'Hélène en louant leur rivale, puisque je me trouve avoir recueilli par passe-temps le MAL qu'on a dit des femmes, il est juste que je recueille aussi le BIEN.

Je souhaite que les femmes elles-mêmes montrent autant d'empressement à rechercher le Bien qu'elles en ont montré à rechercher le Mal.

Sur le Bien comme sur le Mal, je me bornerai provisoirement au simple rôle de rapporteur, sauf à conclure plus tard, s'il y a lieu.

Toutefois je n'ai pas voulu que ces éloges parussent fades à force d'uniformité; et je me suis rappelé qu'une femme d'esprit, pour critiquer la douceur monotone des bergeries de Florian, disait :

« Je les aimerais assez, s'il y mettait des loups. »

Le bien qu'on a dit des femmes se rapporte :

Soit à leurs qualités physiques, telles que leur grace, leur beauté, leur laideur, leur gentillesse,

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leur coquetterie, leur gourmandise, la douceur de leur voix, le charme insinuant de leur seule présence et, comme dit si bien Rousseau, l'agrément qu'on a d'être auprès d'elles;

Soit à leurs qualités intellectuelles, telles que leur finesse, leur esprit, leur facilité à parler, à mentir, à employer les transitions et les synonymes, leur souplesse, leur ruse, leur aptitude naturelle à la diplomatie;

Soit à leurs qualités morales, telles que leur sensibilité, leur charité, leur modestie, leur tendresse, leur fragilité, leur courage, leur abnégation, leur héroïsme, leur folie, leur enthousiasme.

Chacune de ces trois divisions formera une partie de ce petit livre.

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