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LVI

Il s'agit maintenant des qualités morales de la femme. Sur ce seul sujet, je répète qu'on rassemblerait une bibliothèque entière.

Plutarque est, avec Homère et Sophocle, une glorieuse exception, parmi tous les écrivains grecs, qui ont tant maltraité les femmes.

Il a écrit un traité des Actions 'vertueuses des femmes, adressé à l'une d'elles, Cléa. Au commencement de cet ouvrage, il blâme ceux qui ont voulu priver les femmes des justes hommages qui leur sont dus:

« On pourrait, dit-il, faire le parallèle d'Ana

créon et de Sappho, de Sémiramis et de Sésostris, de Tanaquil et de Servius, de Brutus et de Portia. Les talents et les vertus sont modifiés par les circonstances et les personnes ; mais le fond est le même; il n'y a, pour ainsi dire, que la surface et la couleur qui diffèrent. »

Plutarque parle ensuite d'un grand nombre de femmes de toutes les nations qui ont donné des exemples de courage et d'un généreux mépris de la mort.

A ces qualités généreuses et altières, par lesquelles il semble, dit Thomas, que les femmes se soient élevées au-dessus d'elles-mêmes, Plutarque en joint de plus douces, et qui tiennent de plus près au charme comme au mérite naturel de leur sexe. Il loue les femmes d'une île de l'Archipel, où, en sept cents ans, dit-il, on ne put citer un exemple ni de faiblesse de la part d'une jeune fille, ni d'adultère de la part d'une femme ; et les jeunes Milésiennes, dont il cite un trait remarquable.

Elles se donnaient la mort en foule, sans doute dans cet âge où l'àme, étonnée de ses nouveaux désirs, sent succéder la mélancolie au calme et aux jeux de l'enfance. Rien ne pouvait arrêter les suicides. On fit une loi condamnant la première qui se tuerait à être portée nue et exposée dans la voie publique. Ces jeunes filles

bravaient la mort; aucune n'osa braver la honte après la mort mème; et les suicides cessèrent.

Plutarque, outre cet ouvrage, en a laissé un autre en l'honneur des femmes spartiates, où il cite d'elles une foule de mots qui annoncent le courage et la force.

LVII

Parmi les Latins, Valère-Maxime a loué, en plusieurs endroits, les femmes romaines. Il ne célèbre pas moins leurs talents que leurs vertus. Il nous apprend qu'au second triumvirat, les trois assassins maîtres de Rome, avides d'or autant que de sang, s'avisèrent de taxer les femmes. Ils leur imposèrent par tête une trèsforte contribution. Les femmes cherchèrent un orateur pour les défendre et n'en purent trouver. Personne, dit Thomas, n'est tenté d'avoir raison contre ceux qui proscrivent. La fille du célèbre Hortensius se présenta seule; elle fit revivre les talents de son père, et défendit avec intrépidité la cause des femmes et la sienne. Les tyrans révoquèrent leurs ordres.

Hortensia fut reconduite en triomphe; « et une femme eut la gloire d'avoir donné dans le même jour un exemple de courage aux hommes, un modèle d'éloquence aux femmes, et une leçon d'humanité aux tyrans. >>

Thomas, résumant Valère-Maxime, continue ainsi :

« Plusieurs Romains déployèrent les vertus que le stoïcisme inspirait; et les femmes, plus susceptibles d'habitudes que de principes, et presque toujours gouvernées par les mœurs qui les frappent de plus près, imitèrent les vertus de leurs maris ou de leurs pères. Portia avait donné l'exemple. Fille de Caton et femme de Brutus, elle s'était montée à la hauteur de leurs ames. Dans la conspiration contre César, elle se montra digne d'être associée au secret de l'État. Après la bataille de Philippes, elle ne put survivre ni à la liberté ni à Brutus, et mourut avec l'intrépidité féroce de Caton. Son exemple fut suivi par cette Aria, qui voyant son époux hésiter à mourir, pour l'encourager, se perça le sein, et lui remit le poignard; par sa fille, épouse de Thraséas, et par la fille de Thraséas, épouse

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