Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Est-ce que ce cri de la fidélité, échappé d'une âme sincère, n'est pas près de vous attendrir?

« Madame Brisard, célèbre par ses galanteries, étant à Plombières, plusieurs dames de la cour ne voulaient point la voir. La duchesse de Gisors était du nombre; et, comme elle était très-dévote, les amis de madame Brisard comprirent que, si madame de Gisors la recevait, les autres n'en feraient aucune difficulté. Ils entreprirent cette négociation et réussirent. Comme madame Brisard était aimable, elle plut bientôt à la dévote, et elles en vinrent à l'intimité. Un jour, madame Gisors lui fit entendre que, tout en concevant très-bien qu'on eût une faiblesse, elle ne comprenait pas qu'une femme vînt à multiplier à un certain point le nombre de ses amants.« Hélas! lui dit madame Brisard, c'est qu'à chaque fois j'ai cru que celui-là serait le dernier. »

<< A propos d'une fille qui avait fait un mariage avec un jeune homme jusqu'alors réputé

assez honnête, madame L... disait : « Si j'étais une catin, je serais encore une fort honnête femme; car je ne voudrais point prendre pour amant un homme qui serait capable de m'épou

ser. >>

« Duclos disait un jour à madame de Rochefort et à madame de Mirepoix que les courtisanes devenaient bégueules, et ne voulaient plus entendre le moindre conte un peu vif. Elles étaient, disait-il, plus timorées que les femmes honnêtes; et là-dessus il enfile une histoire fort gaie, puis une autre encore plus forte; enfin, à une troisième qui commençait encore plus vivement, madame de Rochefort l'arrête et lui dit : « Prenez donc garde, Duclos, vous nous croyez aussi par trop honnêtes femmes. >>

« M*** disait de mademoiselle ***, qui n'était point vénale, n'écoutait que son cœur et restait fidèle à l'objet de son choix : « C'est une personne charmante, et qui vit le plus honnêtement qu'il est possible hors du mariage et du célibat. »

«On proposait un mariage à M***; il répon

dit : « Il y a deux choses que j'ai toujours aimées à la folie, ce sont les femmes et le célibat. J'ai perdu la première passion, il faut que je conserve la seconde. »>¡

LXXXIII

J.-J. Rousseau :

« Une femme hardie, effrontée, intrigante, qui ne sait attirer ses amants que par la coquetterie ni les conserver que par les faveurs, les fait obéir comme des valets dans les choses viles et communes; dans les choses importantes et graves, elle est sans autorité sur eux. Mais la femme à la fois honnête, aimable et sage, celle qui force les siens à la respecter, celle qui a de la réserve et de la modestie, celle en un mot qui soutient l'amour par l'estime, les envoie, d'un signe, d'un bout du monde à l'autre, au combat, à la gloire, à la mort, où il lui plaît. Cet empire est beau, ce me semble, et vaut bien la peine d'être acheté. »

Bernis :

LXXXIV

« Aimez une femme qui ne sera que belle,

votre amour finira les grâces, les agréments du corps sont limités; la mesure de votre curiosité sera celle de votre tendresse. Joignez de l'esprit à ces charmes extérieurs, à ces charmes que la jouissance détruit, vous les verrez se multiplier, se répandre et s'animer: l'esprit est à la beauté ce que la rosée du matin est aux fleurs. Mais, si vous découvrez, entre l'esprit et les grâces, des caprices, de la bizarrerie, de la vanité, de la jalousie, de l'humeur, fermez les yeux sur vos occupations et sur vos devoirs; je vous le prédis, vous aimerez toute la vie : c'est jouir de trois personnes en une seule que d'avoir une maîtresse qui rassemble les agréments, l'esprit et les caprices. »>

LXXXV

Louis Desnoyers :

« Une femme sera laide, mal faite, méchante, ignare, sotte et bête, mais ridicule presque jamais.

« A mesure que les caractères honnêtes, rêveurs, délicats et moroses, se désenchantent et se désaffectionnent des hommes, on les voit au

contraire reporter vers les femmes tout ce qu'ils ont de facultés aimantes, d'estime, de respect et d'admiration. Les femmes sont, en effet, la dernière illusion qu'on puisse perdre, si tant est qu'on la perde jamais tout entière; c'est le dernier bonheur où l'âme se blase, c'est la dernière passion qui se dessèche au cœur, c'est la dernière ivresse dont on se désenivre. »

«< Quand on accuse la perfidie des femmes, c'est bien moins elles qui vous ont trompé, en réalité, que ce n'est vous qui vous êtes trompé vous-même. Votre erreur, voilà souvent l'unique perfidie.

[ocr errors]

Quand on les accuse de légèreté, n'est-ce pas s'accuser soi-même d'impuissance à les fixer?

[ocr errors]

Quand on les accuse de faiblesse, n'est-ce pas sa propre force qu'on accuse?

» L'exigence des hommes ne leur demandet-elle pas, d'ailleurs, des qualités qu'ils seraient fort en peine de leur offrir en échange?

» Les défauts mêmes dont on les blame ne sont-ils pas ceux-là surtout pour lesquels on les aime?

>> Il n'est pas d'homme au cœur aimant, à l'esprit sincère, à la raison expérimentée, qui ne

« ZurückWeiter »