sûrement en eux une défense et un abri; ils sont ma plus belle parure. J'ai le menton retroussé et tel que ceux où les physionomistes voient l'indice de la volupté je doute que personne fût plus faite pour elle et l'ait moins goûtée. » La femme qui se peignait ainsi, madame Roland, devait monter quelques jours après sur l'échafaud, où ne l'accompagnait aucune crainte; elle mourut en héroïne. Mais elle n'avait pas voulu qu'on perdit le souvenir de sa figure, car les femmes tiennent à leurs périssables attraits plus qu'à toute chose au monde. Uniquement pour rester belles, souvent elles se résignent à des douleurs qu'elles fuiraient s'il ne s'agissait que de la vie. Même au sein des sérails où elles sont captives, elle s'occupent sans relâche d'une beauté qui seule les retient esclaves. Que leur importe la liberté, pourvu qu'elles vivent préférées! Que leur fait l'esclavage, si elles trouvent à qui donner des chaînes ! » XVII Presque tous les poëtes ont célébré les femmes et les ont aimées. Chez les Grees, Homère et Sophocle. Chez les Latins, Lucrèce, Catulle, Horace, Gallus, Virgile, Tibulle, Properce, Ovide. Chez les Italiens modernes, Dante, Pétrarque, Boccace. Chez les Espagnols, Lope de Vega, Guillen de Castro, Calderon, Moratin. Chez les Français, Régnier, Malherbe, Bertaut, Corneille, Racine, Molière, et cent autres. Chez les Anglais, Shakspeare, Milton, Sheridan, Sterne, Otway, Byron. Chez les Allemands, le ménestrel Henri de Meissen, mort au XIVe siècle, et à qui ses poésies méritèrent le surnom de Frauenlob (ami des femmes); Jean-Paul, Goëthe, Schiller. Chez les Hollandais, Vondel, poëte du XVIe siècle, qui, dans sa tragédie de Lucifer, s'exprime ainsi : «Non, dans toute l'étendue des sphères sublimes, il n'y a pas un séraphin que l'on puisse comparer à la femme... Quand elle parait, on dirait qu'elle sort du sein de la lumière et que sa présence donne au jour un nouvel éclat. La perle et la nacre sont l'image de la pureté ; mais la femme est plus pure que la nacre et plus blanche que la perle. »> Dante : « Il voltige autour d'elle un souffle d'amour qui dit à l'âme : « Soupire. >> Goëthe dit que les Allemands du XVIe siècle désignaient la femme qu'ils aimaient par cette expression : « Petite ivresse d'homme. » Le même poëte rapporte qu'à Hiodensée, « Chère petite âme bien lavée » est la parole la plus tendre qu'on puisse adresser à une femme. Lessing: La femme est le chef-d'œuvre de l'uni vers. » Otway: « Pour représenter la beauté des anges, on les peint à la ressemblance des femmes. >> Byron : <<< J'aime les femmes, et quelquefois je retournerais volontiers la pensée de ce tyran qui aurait voulu que le genre humain n'eût qu'une tête, afin de pouvoir la faire tomber d'un seul coup. Mon désir est aussi vaste, mais pas aussi méchant, et beaucoup plus tendre surtout que féroce. J'ai souvent désiré, dis-je (pas à présent, mais quand j'étais garçon), que le sexe féminin n'eût qu'une bouche de rose, pour baiser toutes les femmes à la fois depuis le Nord jusqu'au Midi. » André Chénier : Accours, jeune Chromis, je t'aime et je suis belle; Et me suivant des yeux, disent: « Comme elle est belle!» De peur d'être déesse, et que les matelots La blanche Galatée et la blanche Néère. Alfred de Mussel : J'étais seul, l'autre soir au Théâtre-Français, Ou presque seul; l'auteur n'avait pas grand succès: Enfoncé que j'étais dans cette rêverie, Un vers d'André Chénier chanta dans ma mémoire, Sa grande ombre à coup sûr ne s'en offensa pas; Puis je songeais encore (ainsi va la pensée) |