Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

grâce de montrer leurs dents jusques au-dessous des racines. Au Pérou, les plus grandes oreilles sont les plus belles ; et les étendent autant qu'ils peuvent par artifice; et un homme d'aujourd'hui dit avoir vu, en une nation orientale, ce soin de les agrandir en tel crédit, et de les charger de pesants joyanx, qu'à tous coups il passait son bras vêtu au travers d'un trou d'oreille.

<< Il est ailleurs des nations qui noircissent les dents avec grand soin, et ont à mépris de les voir blanches. Ailleurs ils les teignent de couleur rouge.

» Non-seulement, en Basque, les femmes se trouvent plus belles la tête rase; mais assez ailleurs, et, qui plus est, en certaines contrées glaciales, comme dit Pline1. Les Mexicaines comptent entre les beautés la petitesse du front; et tandis qu'elles se font le poil par tout le reste du corps, elles le nourrissent au front et peuplent par art. Et ont en si grande recommandation la grandeur des seins, qu'elles affectent de pouvoir donner la mamelle à leurs enfants par-dessus l'épaule. Nous formerions ainsi la laideur.

» Les Italiens façonnent la beauté grosse et massive; les Espagnols, vidée et estrillée (mince et svelte) et entre nous, l'un la fait blanche,

Hist. nat., liv. VI, chap. 43.

l'autre brune; l'un molle et délicate, l'autre forte et vigoureuse. Qui y demande de la mignardise et de la douceur; qui, de la fierté et majesté. »

XXIV

Tout Paris a pu voir, il y a une quarantaine d'années, une femme Saabe à qui son étrange beauté avait valu le nom de Vénus Hottentote. Elle se faisait remarquer d'abord par une particularité qu'on a désignée sous le nom de tablier naturel, et dont le grand physiologiste Cuvier a donné une description que nous ne rapporterons pas ici; ensuite par ce genre de grâces, moins contestables, que les Grecs nommaient callipyges, et les Indiens nitambinî.

[ocr errors]

XXV

Dans la jolie pièce de Sacountala, du poëte Calidasà, qui florissait à la cour du roi Vieramaditya, l'un des plus grands souverains de l'Inde, justement vers la même époque que Virgile à la cour de l'empereur Auguste,―cette particularité que nous venons de désigner, aide un

amant à retrouver la trace de la femme qu'il aime. Et savez-vous de quelle manière? — La belle malice! direz-vous; elle s'était assise sur - Non, monsieur; elle y avait marché

[ocr errors]

le sable. seulement.

Le

Alors, comment done? voici. Notez bien que c'est vous qui me le demandez.

En voyant sur le sable l'empreinte du pied de Sacountalà, plus profondément marquée au talon qu'à la pointe, Douchmanta, avec une perspicacité au moins égale à celle de Zadig, reconnaît la trace de la beauté nitambinî de sa maîtresse.

Puisque je tiens cette œuvre charmante, je veux encore en citer un passage.

Douchmanta suit Sacountalà de loin sur cette piste bien heureuse; enfin il l'aperçoit, et se cache pour la regarder.

DOUCHMANTA, à part.

« Retirons-nous doucement derrière ces grands arbres, pour la voir à notre aise sans lui donner le moindre soupçon qu'elle puisse être aperçue.

SACOUNTALA, parlant à ses femmes.

Vois, Anousoûyâ: cette chère Priyamvadâ a

tellement serré sur mon sein ce tissu d'écorce, que je puis à peine respirer. De grâce, relâchele un peu.

Anousouya le délie.

PRIYAMVADA, Souriant.

Ne t'en prends en cela, ma douce amie, qu'à cette fleur de jeunesse qui est cause de l'admirable extension de ton sein.

DOUCHMANTA, à part.

Oh! qu'elle dit vrai! quoique formé de petits nœuds très-serrés, ce tissu d'écorce, jeté négligemment sur ces belles épaules, et voilant à peine le double contour de son sein élevé, ne peut dérober l'éclat de ses formes ravissantes. >>

Dans un autre pièce indienne, le Chariot de terre cuite, un des personnages, Mêtréya, fait cet éloge d'une femme :

« C'est une femme d'un port très-imposant. Mais comment a-t-elle pu entrer dans cette chambre?... Ah! je suppose qu'on l'a d'abord placée là, et qu'ensuite on a bàti les murs autour d'elle, comme on fait pour les statues gigantesques de Mahâdêva. »

XXVI

Un seul petit fait indiquera bien de quelle manière différente les Orientaux et les Occidentaux entendent la beauté et ce qui s'y rapporte : Le fard des Indiens est jaune.

La couleur jaune n'est-elle pas celle que les Françaises, sans parler des Français, redoutent le plus ?

XVII

Le Cantique des Cantiques, cette agréable idylle d'amour attribuée à Salomon, nous fournira d'autres images de la beauté féminine exotique. Je cite, d'après la traduction de Le Maistre de Sacy, quelques-uns des passages les plus pittoresques dans lesquels l'auteur, quel qu'il soit, décrit les grâces singulières de sa bien-aimée la Sulamite.

CHAPITRE PREMIER.

L'ÉPOUSE.

4. « Je suis noire, mais je suis belle, ô filles

« ZurückWeiter »