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banalité, tout en multipliant les dangers de la possession, désenchante souvent l'égoïsme.

» L'homme fait, souvent trompé, mais devenu juge plus habile, élargit peu à peu le cadre de ses goûts la beauté qu'il révère se trouverait trop à l'étroit dans l'enceinte ovale d'un médaillon, son ambition alors embrasse le buste tout entier. Tout homme de trente à quarante ans devient généralisateur comme Boufflers:

De la ceinture en haut, ce n'est que volupté. »

« Il n'y a pas jusqu'à la transpiration superficielle et insensible qui n'ait dans les personnes du sexe des caractères très-tranchées, et une odeur que notre Henri IV avait grande raison de préférer aux parfums réputés les plus exquis. Tant est saisissante et caractéristique l'odeur dont nous parlons, qu'un chimiste moderne a prétendu qu'il était facile de discerner le sang de la femme d'avec celui de l'homme : « Le moyen consiste, dit-il, à verser de l'acide sulfurique sur le sang, dans le but d'en dégager cette sorte d'arome si significatif. » M. Barruel, qui est l'inventeur de ce moyen, n'a pas hésité à fonder sur cette base des témoignages judiciaires d'une importance capitale. »

XXIX

La Fontaine, et d'autres, ont célébré la beauté des femmes qui pleurent. Il dit, je ne sais où : Une belle, alors qu'elle est en larmes, En est plus belle de moitié.

Choderlos de Laclos, ou Valmont, son héros, dans les Liaisons dangereuses, écrit à madame de Merteuil :

<< Ensuite j'ai été chez la fille. Vous ne sauriez croire combien la douleur l'embellit. Pour peu qu'elle prenne de coquetterie, je vous garantis qu'elle pleurera souvent. Pour cette fois elle pleurait sans malice... Frappé de ce nouvel agrément que je ne lui connaissais pas, et que j'étais bien aise d'observer, je ne lui donnai d'abord que de ces consolations gauches qui augmentent plus les peines qu'elle ne les soulagent, et, par ce moyen, je l'amenai au point d'être véritablement suffoquée. Elle ne pleurait plus, et je craignis un moment les convulsions. Jè lui conseillai de se coucher, ce qu'elle accepta;

je lui servis de femme de chambre : elle n'avait point fait de toilette, et bientôt ses cheveux épars tombèrent sur ses épaules entièrement découvertes je l'embrassai; elle se laissa aller dans mes bras, et ses larmes recommencèrent à couler sans effort. Dieu! qu'elle était belle! Ah! si Madeleine était ainsi, elle dut être bien plus dangereuse pénitente que pécheresse >>

Moratin, poëte espagnol :

« Les yeux d'une femme qui pleure sèment des perles.

La vérité, dépouillée de tout ornement poétique, déclarerait peut-être, contrairement à ces auteurs, que le beau sexe, quand il pleure, est aussi vilain que le sexe laid.

XXX

Mais n'a-t-on pas vu déjà que la laideur, la laideur elle-même, a eu ses panégyristes?

N'a-t-on pas nommé parmi eux Descartes, qui aimait les louches; Montesquieu et Benjamin

Constant, qui préféraient, pour plus de sécurité, la femme disgraciée de la nature quant au visage?

De plus, au dire d'un très-grand nombre d'écrivains modernes, romanciers, vaudevillistes et chansonniers, la laideur a cet avantage sur la beauté, que la beauté passe et la laideur reste.

Ce n'est pas l'avis de P.-J. Stahl. Selon lui, tout passe, même la laideur :

« Il y a un âge, dit-il, où la laideur passe comme le reste. C'est l'àge où les femmes qui ont été jolies cessent de l'être, et où celles qui ont été laides commencent à oser dire qu'elles ont été jolies.

» Bien peu se refusent cette innocente satisfaction quand la quarantaine leur arrive; semblables en cela aux chauves, qui, s'il fallait les en croire, seraient toujours les gens qui ont cu le plus de cheveux. »

Stahl dit ailleurs :

<< La laideur a encore un autre avantage sur

son ennemie la beauté. C'est qu'il est aussi difficile à une femme laide d'être calomniée qu'à une jolie de ne pas l'être. »

Le même auteur prétend qu'en général la laideur donne de l'esprit :

« Quand on parle des femmes d'esprit, on en arrive forcément à parler des laides.

» Une femme laide peut être méchante, elle n'est jamais tout à fait bête. Il en est, au contraire, un grand nombre qui ont beaucoup d'esprit. Il n'en est pas cependant qui en aient assez pour prendre leur parti de leur laideur, et aucune ne refuserait de troquer tout son esprit, c'està-dire un avantage durable, contre quelques années de beauté éphémère et sans esprit. >>

« Il n'est pas indispensable qu'une femme soit bossue pour avoir de l'esprit. Il suffit qu'elle soit laide. La laideur, le manque de beauté, ont une telle influence sur la vie d'une femme du monde, qu'il est rare que ce défaut ne développe pas chez elle les qualités d'esprit et de malice

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