ŒUVRES COMPLÈTES DE BOILEAU SATIRE VII.1 (4663.) LE GENRE SATIRIQUE. Muse, changeons de style, et quittons la satire; A coûté bien souvent des larmes à l'auteur. 1. Composée en 1663. 2. Cf. HORACE, livre II, satire I. (MARTIAL, livre II, épigr. XXII.) On sait que M. de Montausier se levait tous les matins avec le projet de faire repentir Boileau de ses traits satiriques; il ne s'adoucissait qu'après avoir fait sa prière. Un éloge ennuyeux, un froid panégyrique, Un discours trop sincère aisément nous outrage : 20 Qui dans le fond de l'âme et vous craint et vous hait.3 Muse, c'est donc en vain que la main vous démange: ' 2. On verra dans cette variante avec quel soin Boileau se corrigeait : 3. Mais un auteur plaisant qui court par tout le monde, Qui contrôle les mœurs, qui nous mord et nous gronde, Dans sa critique ardeur qui se croit tout permis, Des lecteurs en tous lieux se fait des ennemis. Quum sibi quisque timet, quanquam est intactus, et odit. (HORACE, livre II, satire I, v. 23.) Horace dit encore de la satire : ... Doluere cruento Dente lacessiti; fuit intactis quoque cura Conditione super communi... (Livre II, épître 1, v. 151.) 4. Saint-Marc et Le Brun trouvent cette expression un peu basse; c'est vouloir trop de noblesse dans un genre qui admet beaucoup de liberté. Molière dit dans le Misanthrope, acte I, scène : Qu'il faut qu'un galant homme ait toujours grand empire Sur les démangeaisons qui nous prennent d'écrire. |