CHANT II. Cependant cet oiseau qui prône les merveilles, 1 1 1. Eneide, liv. IV, v. 173. (BOILEAU, 1713.)- Voici quelques-uns de ces vers: Extemplo Libyæ magnas it fama per urbes Fama, malum quo non aliud velocius ullum,... Monstrum horrendum, ingens, cui quot sunt corpore pluma, Tot vigiles oculi subter (mirabile dictu). Tot linguæ, totidem ora sonant, tot subrigit aures;... Hæc tum multiplici populos sermone replebat Gaudens, et pariter facta atque infecta canebat. Ovide, dans les Métamorphoses, liv. XII, Stace, dans la Théb., liv. III, Valerius Flaccus, dans les Argonaut., liv. II, Jean-Baptiste Rousseau, dans POde au prince Eugène, str. 1 et 2, Voltaire, dans la Henriade, liv. VIII, v. 477 à 484, ont fait un portrait de la Renommée. Voici les vers de Voltaire : Du vrai comme du faux la prompte messagère, Du héros de la France annonçait la victoire. On remarquera que Voltaire, en empruntant un vers à Boileau, l'a enrichi d'un mot et d'une idée. - Desmarets disait : « On n'a jamais appelé la Renommée un oiseau. Cela n'est point de la fiction poétique. D Va d'un mortel effroi glacer la perruquière;1 3 A ce triste récit, tremblante, désolée, " o Elle accourt, l'œil en feu, la tête échevelée, Et trop sûre d'un mal qu'on pense lui celer : Oses-tu bien encor, traître, dissimuler? 4 Dit-elle et ni la foi que ta main m'a donnée, Ni nos embrassements qu'a suivi l'hyménée, 5 15 Ni ton épouse enfin toute prête à périr, Ne sauroient donc t'ôter cette ardeur de courir! 1. Dans les éditions de 1674 à 1698, il y avait : D'une course légère, Va porter la terreur au sein de l'horlogère. 2. Dans les éditions de 1674 à 1682, après ce vers, il y avait ceux-ci : Que, sous ce piége adroit, cet amant infidèle El porte en d'autres lieux le tribut qu'il lui doit. Boileau trouvait trop long l'épisode de la perruquière tel qu'il l'avait d'abord composé, et il en retrancha quelques vers. Il disait, en effet, dans la IVe préface, en annonçant les deux derniers chants du Lutrin : « Je me persuade qu'ils consoleront aisément les lecteurs de quelques vers que j'ai retranchés à l'épisode de l'horlogère qui m'avoit toujours paru un peu trop long. » Il ajoute dans une note inédite qui est parmi les papiers de Brossette: « Et il y avoit quelque chose tendant à saleté. » 3. De 1674 à 1682: A ce triste récit, tremblante et désolée. 4. Énéide, liv. IV, v. 305-308. (BOILEAU, 1713.) - Voici ces vers; c'est Didon qui parle : Dissimulare etiam sperasti, perfide tantum Posse nefas? tacitusque mea decedere terra? Nec moritura tenet crudeli funere Dido! 5. Dans toutes les éditions avouées par Despréaux, de 1674 à 1713, il y a qu'a suivi, nous avons cru devoir respecter ce texte. Il faudrait aujourd'hui qu'a suivis. Perfide! si du moins, à ton devoir fidèle, 1 Tu veillois pour orner quelque tête nouvelle, 1 25 Quoi! d'un œil sans pitié vois-tu couler mes larmes? 1. De 1674 à 1698 : Tu veillois pour régler quelque horloge nouvelle. Didon se consolerait du départ d'Énée s'il la quittait pour relever les murs de Troie : Quid? Si non arva aliena domosque (Eneide, liv. IV, v. 310.) 2. Dans les fragments de 1673, on lisait : Oh! si ta main du moins, sous un rasoir fidèle, 3. « Je voudrois bien savoir, dit Pradon, quel nom avoient les baisers de l'horlogère et de l'horloger; cela seroit assez curieux à apprendre. Desmarets en pensait autant.- Quels redoutables censeurs! 4. Mene fugis? per ego has lacrymas dextramque tuam, te En achevant ces mots, cette amante enflammée Ma femme, lui dit-il d'une voix douce et fière, Je ne veux point nier les solides bienfaits 40 Dont ton amour prodigue a comblé mes souhaits;3 Oro, si quis adhuc precibus locus, exue mentem. (VIRGILE, Eneide, liv. IV, v. 314-319.) Amar fait observer que dans le premier chant Boileau semble avoir voulu surtout se régler sur Homère, et que dans celui-ci c'est avec Virgile qu'il rivalise surtout. Voilà bien ce nouveau genre de burlesque qu'il annonçait à ses lecteurs. 1. Place!, petit siége qui n'a ni bras ni dossier. « Prends ce banc, ce placet ou cette chaise à bras.» (NOUGUIER, Odyssée à la mode, p. 59.) « Un lit et deux placets composoient tout son bien.» (BOILEAU, sat. I.) — « Douze placets de bois de noyer, dont six grands et six moyens. » (Inventaire de Gabrielle d'Estrées.) - D'après Ménage, c'est, avec un changement de genre, un diminutif de place. xvIe siècle : « Aucunes maisonnettes, petites ou grandes boutiques, ny aussi aucune eschelle, banc ou placette. (Nour. Coust. gen., t. I, p. 1007.) — (E. LITTRÉ, Dict. de la langue française.) Racine à son fils : « J'ai fait mettre un petit placet dans le car rosse, afin que Henri revienne avec vous. » (Lettre XII.) 2. Marmontel et Andrieux ne trouvent pas irréprochable cet épisode de la perruquière. Andrieux proposait le plan que l'auteur du Lutrin aurait dù suivre. D'abord le secret aurait été imposé aux champions du trésorier; la discrétion du perruquier aurait éveillé la jalousie de la perruquière. Le soir même de l'entreprise, elle se montrerait plus parée, plus aimable que de coutume, et cependant c'est dans un tel moment qu'il faut s'arracher de ses bras. Le perruquier oublierait à table l'heure du rendezvous, quand ses deux compagnons, Boirude et Brontin, viendraient frapper à sa porte pour le rappeler à son devoir, comme les chevaliers viennent pour arracher Renaud au pouvoir d'Armide. C'est alors que la perruquière ferait ses efforts pour retenir son mari, qui, lié par ses serments, ne pourrait plus ici, comine dans le plan de Boileau, calmer d'un seul mot les inquiétudes de son épouse, et qui, partagé entre l'amour conjugal et le devoir, ferait enfin triompher le devoir. 3. Ego te, quæ plurima fando 3 Et le Rhin de ses flots ira grossir la Loire Promeritam; nec me meminisse pigebit Elisæ, Dum memor ipse mei, dum spiritus hos regit artus... |