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gouvernent successivement au nombre de treize pendant l'espace de 579 ans (de 1132 à 753). Sous leur gouvernement. l'ancienne aristocratie conserve sans doute sa prépondérance et ses priviléges politiques. Possesseurs des plus belles parties du territoire, les Eupatrides, puissants par leurs richesses, sont toujours seuls admissibles aux fonctions publiques. Cependant la classe moyenne, à la tête de laquelle se trouvent les principaux Démotes, prend par degrés une plus large place dans l'état.

En 755, l'archontat, attaqué de nouveau par les factions, subit une grave restriction. De perpétuel qu'il était, il est réduit à dix ans. Pendant près de 70 ans (de 755 à 684), sept archontes décennaux sont successivement investis de l'autorité.

En 684, une nouvelle révolution provoquée par les Eupatrides s'opère à leur profit dans le pouvoir. Au lieu d'être pour dix ans conféré à un seul magistrat toujours pris dans la même famille (celle des Médontides), l'archontat, restreint à une seule année, se partage entre neuf Eupatrides, dont les attributions divisées s'exercent séparément dans la limite assignée à chacun d'eux. Dans cette république aristocratique, les nobles restent en jouissance de tous les priviléges que leur avait attribués Thésée. Trop souvent aussi, sans égard pour les démotes, ils usent et abusent de leur puissance, qui dégénère en oppression.

Par suite, les dissensions intestines que l'inégalité des conditions et l'opposition des intérêts fomentaient d'ancienne date, éclatent avec violence. On voit aux prises trois partis opiniâtres : ce sont les Pediens, riches propriétaires de la plaine; les Diacrides, simples pâtres ou vignerons qui demeurent dans les montagnes du sud; les Paraliens, ou habitants de la côte, sorte de classe moyenne qui a pour professions le commerce, l'exploitation des mines, la pêche et la navigation.

La république travaillée par ces trois factions acharnées marchait rapidement à sa dissolution, lorsqu'en 624, Dracon est nommé archonte. Par des lois écrites dont la rigueur impitoyable est connue, il essaie de mettre un terme à l'arbitraire et à l'anarchie; mais ses efforts sont impuissants. Appartenant à l'ordre privilégié des Eupatrides, ce législateur ne donne point aux nouveaux intérêts populaires une légitime satisfaction. L'excessive sévérité de ses lois, écrites en caractères de sang, les rend impraticables; elles tombent bientôt d'elles-mêmes. La dis

corde, un moment comprimée, se réveille alors avec plus de fureur. En 594, un mouvement populaire dirigé par Cylon reste sans succès; le démagogue et ses adhérents paient de leur vie cette tentative; mais la férocité implacable avec laquelle se vengent les Eupatrides exaspérés met le comble à l'irritation: telle était l'orageuse situation d'Athènes lorsque parut en 595 le fameux législateur Solon.

§ 3. Legislation de Solon. Cette législation, que nous ne pouvons analyser ici dans ses détails, est un des monuments les plus remarquables de l'antiquité. Elle porte surtout le caractère de transaction et tend à concilier les partis dont elle ménage les intérêts. A la distinction de naissance, elle substitue la distinction de fortune, et sans s'arrêter aux anciens priviléges dont jouissaient les nobles ou Eupatrides, elle divise les citoyens en quatre classes d'après l'importance de leurs revenus (1). Les membres des trois premières classes sont seuls admissibles aux emplois publics; mais tous les Athéniens ont le droit d'assister aux assemblées du peuple et de siéger dans les tribunaux. Un sénat de quatre cents membres tempère à la fois l'autorité des archontes et la turbulence de la démocratie. L'aréopage, jadis conseil des rois et tribunal suprême de l'état, reçoit quelques nouvelles prérogatives qui doivent en faire un pouvoir conservateur et l'appui de la constitution. Indépendamment de ces institutions générales, Solon s'immortalise par une foule de lois particulières qui s'appliquent à divers objets.

Ce simple fragment de prolégomènes que nous arrêtons à l'avènement de Cyrus (av. J.-C. 560), permet déjà d'apprécier jusqu'à quel point l'histoire approfondie des institutions politiques et civiles des anciens peuples serait intéressante, et sous combien d'aspects nouveaux elle pourrait être envisagée même dans ses époques les plus reculées.

Postérieurement à Cyrus, cette histoire devrait présenter et faire ressortir :

(1) A quelque temps de là, vers 570, Servius Tullius établit à Rome des institutions analogues et fonde également sur la propriété une nouvelle distribution du peuple romain.

Les changements que subissent les institutions politiques et religieuses dans les grandes théocraties dont nous avons parlé;

Les causes d'altération, les éléments de décadence dont se trouvent atteints les gouvernements fédératifs-républicains, notamment ceux de Tyr et de Carthage;

La vaste organisation de l'empire des Perses sous Darius, fils d'Hystapes, le tableau du gouvernement central et des satrapies de cet empire, qui dans l'ordre des temps offre le premier modèle d'une hiérarchie administrative et d'une division territoriale habilement combinées;

Les révolutions politiques de la Grèce;

Les nombreuses vicissitudes de la république d'Athènes comme état démocratique et comme puissance maritime, les mutations, les transformations successives qui s'accomplissent dans son gouvernement dans son organisation politique et judiciaire, dans son droit public et privé;

La splendeur de Sparte, sa domination aristocratique et continentale, son ascendant sur le Péloponèse, sa corruption et son déclin, les réformes qui y sont vainement tentées, les tyrannies sous lesquelles elle finit par tomber;

La monarchie militaire des Macédoniens, race neuve et vigoureuse qui surgit tout à coup, les conquêtes d'Alexandre, les deux partis qui se forment autour de lui, l'un national, européen, l'autre étranger et asiatique, les plans d'organisation conçus par ce grand homme avant sa mort;

L'introduction, l'influence toujours croissante des institutions et des mœurs grecques dans les royaumes composés des débris de l'empire macédonien;

Sur le sol de la Grèce, la décadence accélérée des anciens états, quelle que soit la forme aristocratique ou populaire de leurs gouvernements; la formation de la double ligue des Achéens et des Etoliens, les institutions de ces deux derniers peuples de la grande race hellénique,

leurs efforts héroïques, mais infructueux, pour défendre l'indépendance nationale menacée par les Romains; puis la soumission par ces derniers de tous les états de la Grèce.

Enfin, pour couronner cette esquisse, viendrait un tableau rapide des améliorations sociales, des institutions et des lois qui, de l'Orient et de la Grèce, ont passé dans le monde romain et de là ont pénétré dans nos sociétés modernes.

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ESS I

SUR

L'HISTOIRE DES INSTITUTIONS

DES PRINCIPAUX PEUPLES.

Chapitre préliminaire.

1. Division du sujet.

2. Intérêt d'une étude générale des législations sous le point de vue

historique.

3. Lois historiques et providentielles qui régissent les sociétés.

4. Quelles sont ces lois : sociabilité, rènovation, progrès.

5. Lois correspondantes: unité, diversité, harmonie ou équilibre. 6. Corrélation de ces lois entr'elles.

7. Leur action sous l'empire d'une double force, physique et morale. 8. Réaction des transformations sociales sur les législations.

1. Division du sujet. L'histoire des progrès du genre humain, sous le point de vue des institutions et des lois, pourrait offrir un tableau d'un haut intérêt. Ce serait un sujet vaste et fécond. Sans aborder cette œuvre immense qui excèderait nos faibles forces, essayons du moins d'en présenter l'esquisse. Etudions dans les transformations successives

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